Un bonus pour travailler dans le département le plus pauvre de France: suffisant?

«Je veux que demain les fonctionnaires et les agents viennent faire carrière en Seine-Saint-Denis», avait dit le Premier ministre Jean Castex fin septembre dans le département francilien pour marquer les deux ans du plan «Un État fort en Seine-Saint-Denis». (AFP)
«Je veux que demain les fonctionnaires et les agents viennent faire carrière en Seine-Saint-Denis», avait dit le Premier ministre Jean Castex fin septembre dans le département francilien pour marquer les deux ans du plan «Un État fort en Seine-Saint-Denis». (AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Un bonus pour travailler dans le département le plus pauvre de France: suffisant?

  • Pour l'éducation, les effets incitatifs de cette mesure ne seront visibles que dans «dix ans», juge Antoine Chaleix, cadre supérieure dans l'Education nationale. 
  • Pour le député François Cornut-Gentille, la prime est un «effort significatif mais pas une mesure miracle»

BOBIGNY: Travailleriez-vous en Seine-Saint-Denis pour 10 000 euros de prime? Instauré il y a un an pour fidéliser les fonctionnaires qui boudent le département le plus pauvre de France, ce bonus s'avère attrayant mais insuffisant, estiment des agents.


"Je veux que demain les fonctionnaires et les agents viennent faire carrière en Seine-Saint-Denis", avait dit le Premier ministre Jean Castex fin septembre dans le département francilien pour marquer les deux ans du plan "Un État fort en Seine-Saint-Denis".


Une des mesures phares est la mise en place depuis octobre 2020 d'une prime de fidélisation de 10 000 euros pour les fonctionnaires et contractuels s'ils y exercent cinq ans.


Éducation, justice, police, santé: la Seine-Saint-Denis reste sous-dotée comparée aux autres départements. Un rapport parlementaire de 2019 avait mis en lumière une série d'inégalités, notamment parce que les fonctionnaires y sont moins nombreux et moins expérimentés qu'ailleurs.


"Cette prime crée un attrait", constate Erwan Guermeur, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police 93. Lors des dernières mutations, "on observe que les collègues du Val-d'Oise ou des Hauts-de-Seine vont faire le choix de la Seine-Saint-Denis". 


Mais, "il est trop tôt pour faire un bilan", met-il en garde.


Selon le rapport de 2019, des communes comme Bondy et Stains avaient moins d'un policier pour 400 habitants, alors que le XVIIIe arrondissement de Paris, moins frappé par la délinquance, bénéficiait d'un policier pour 315 habitants.


Globalement, "les jeunes collègues choisissent le 93 car c'est là où ça se passe", explique M. Guermeur. Sauf que "le pouvoir d'achat n'est pas le même que celui de nos collègues de province et on travaille dans un environnement où la violence est exacerbée", alors "on doit se faire payer plus qu'ailleurs", réclame-t-il.

«Choix militant»
"On se croit dans un magasin avec une carte de fidélité ! Entre un burn-out et 10 000 euros, les calculs sont vite faits", peste Cyril Papon, greffier au tribunal de Bobigny et secrétaire général de la CGT des chancelleries et services judiciaires. 


"10 000 euros sur cinq ans, c'est 166,66 euros brut par mois. Ce qu'on gagne, on le perd en coût et qualité de vie et c'est sans compter la charge de travail, avec des comparutions immédiates qui peuvent se terminer à 02H00 du matin", détaille-t-il.


Le système est surtout attractif pour les Franciliens. "En sortie d'école, la juridiction de Bobigny est choisie en dernier. Avec cette prime, elle sera préférée à Créteil ou Versailles", analyse M. Papon. 


Mais pour fidéliser les greffiers, il faudrait "un avancement d'échelon plus rapide", dit-il.


Pour l'éducation, les effets incitatifs de cette mesure ne seront visibles que dans "dix ans", juge Antoine Chaleix, cadre supérieure dans l'Education nationale. 


La demande de mouvement des enseignants dans le premier degré, réalisée en juin pour la rentrée 2021 a certes baissé de 20%. "Nous verrons si ce chiffre se confirme pour 2022", ajoute-t-il.


En Seine-Saint-Denis, un élève perd en moyenne un an sur l'ensemble de sa scolarité en raison de la difficulté à remplacer les professeurs absents et près de la moitié des enseignants du secondaire restent moins de deux ans dans leur établissement, selon le rapport.


Y travailler est "presque un choix militant", confie Antoine, professeur d'arts plastiques dans un collège au Blanc-Mesnil, lui-même "sûr" de rester au moins cinq ans.


"Cette prime est un plus, on ne va pas cracher dessus mais ce n'est pas aussi solide qu'une revalorisation des salaires", souligne l'enseignant de 25 ans dont la rémunération s'élève à 1.950 euros nets.


Selon lui, les professeurs ne sont "pas assez préparés" à enseigner sur un territoire pauvre "où on fait plus qu'enseigner": "On nous jette dans le bain sans savoir mener une classe, certains subissent leur classe et finissent par abandonner". 


Pour le député François Cornut-Gentille, co-auteur du rapport accablant de 2019, la prime est un "effort significatif mais pas une mesure miracle": "il faut faire de la Seine-Saint-Denis un laboratoire des nouveaux modes d'action de l’État en matière de police, justice et éducation, l'argent ne suffit pas".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.