Biden soutient un candidat démocrate en Virginie, dans une élection locale à gros enjeux

A quelques jours du scrutin, prévu le 2 novembre, le président des Etats-Unis s'est montré à Arlington aux côtés de Terry McAuliffe, 64 ans, gouverneur de l'Etat de l'est du pays de 2014 à 2018, qui voudrait en reprendre les rênes. (AFP)
A quelques jours du scrutin, prévu le 2 novembre, le président des Etats-Unis s'est montré à Arlington aux côtés de Terry McAuliffe, 64 ans, gouverneur de l'Etat de l'est du pays de 2014 à 2018, qui voudrait en reprendre les rênes. (AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Biden soutient un candidat démocrate en Virginie, dans une élection locale à gros enjeux

  • «Vous avez eu le courage et la sagesse de rejeter l'extrémisme qui domine désormais le parti républicain à travers l'Amérique», a lancé Joe Biden à la foule réunie à Arlington
  • Le scrutin en Virginie sera donc un test de la faculté de Joe Biden à séduire la classe moyenne, mais aussi à mobiliser les électeurs afro-américains

ARLINGTON: Joe Biden a fait campagne mardi pour le candidat démocrate au poste de gouverneur de Virginie, un Etat américain clé, exhortant les électeurs à battre "l'extrémisme" républicain lors d'une élection qui a valeur de test pour le président fragilisé.


A quelques jours du scrutin, prévu le 2 novembre, le président des Etats-Unis s'est montré à Arlington aux côtés de Terry McAuliffe, 64 ans, gouverneur de l'Etat de l'est du pays de 2014 à 2018, qui voudrait en reprendre les rênes.


"Vous avez eu le courage et la sagesse de rejeter l'extrémisme qui domine désormais le parti républicain à travers l'Amérique", a lancé Joe Biden à la foule réunie à Arlington, ville de la banlieue de la capitale américaine, Washington, très orientée démocrate. 


"Aujourd'hui le parti républicain ne défend rien si ce n'est continuer à réduire les impôts des plus riches et des entreprises les plus puissantes", a-t-il poursuivi. 

Aux Etats-Unis, la Covid au coeur d'un scrutin clé

Le scrutin oppose Terry McAuliffe, vieux routier démocrate soutenu par le président Biden, au républicain pro-Trump Glenn Youngkin, et fait figure de répétition générale environ un an avant les élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis.

«Microcosme de l'Amérique»
Traditionnellement acquise aux républicains, la Virginie penche depuis le début du siècle en faveur des démocrates.


Quatre des cinq derniers gouverneurs, dont l'influence sur la politique locale est considérable, étaient démocrates, et Joe Biden a largement remporté l'Etat face à Donald Trump lors de la présidentielle de 2020.


Mais ces dernières semaines, l'avance du candidat soutenu par le président démocrate a largement fondu face à son rival.


Terry McAuliffe a fait de la course un référendum sur Donald Trump, quand son opposant a concentré ses efforts sur des sujets chers aux républicains -- éducation et Covid en tête.


La Virginie, composée à la fois de villes, de banlieues, mais aussi de comtés très ruraux, est une sorte de "microcosme de l'Amérique", pour le maire de Richmond, Levar Stoney.


"Nous sommes préoccupés par ce qui anime les débats aux Etats-Unis en ce moment: le Covid et l'impact que le virus et la pandémie ont eu sur notre économie, nos emplois, l'éducation et notre mode de vie", analyse pour l'AFP le démocrate.


Nul doute pour lui que ce scrutin reflète donc fidèlement les préoccupations nationales: le Covid, le Covid et le Covid...


"La situation a été un peu chaotique depuis mars dernier, et beaucoup de personnes souffrent encore", assure l'édile.


Durant les heures les plus sombres de la pandémie, le propriétaire du bar de Richmond, Terry O'Neill n'a évité de mettre la clé sous la porte que grâce aux aides du gouvernement.


"Nous n'aurions jamais réussi à être là où nous sommes sans les aides qu'ils nous ont envoyées. C'était mon cauchemar", confie-t-il à l'AFP.


A une semaine de l'élection, le camp de Terry McAuliffe vante ces chèques comme la preuve d'une action concrète du gouvernement démocrate -- mais son équipe s'inquiète d'une faible participation au scrutin.

«Passionnées»
Car nombre des habitants de Richmond sondés par l'AFP ont assuré être engagé politiquement, sans nécessairement soutenir des candidats traditionnels. 


"Je côtoie surtout des étudiants", confie Kayla Fluitt, 19 ans, interrompue par l'AFP lors d'une répétition de danse en extérieur. "Beaucoup d'entre eux sont très intéressés par ce qu'il se passe en politique et dans la région."


Son camarade Chandler Dmitri Bradley, assure être entouré de personnes "passionnées" par les problématiques locales.


Mais beaucoup considèrent que l'humeur à Richmond reflète celle du pays, et croient déceler d'encourageants signes -- pour Terry McAuliffe et Joe Biden --  que les positions trumpistes de Glenn Youngkin pourraient lui porter préjudice.


"Je pense qu'il est facile d'imiter Trump, ce que le candidat (Glenn Youngkin, ndlr) est en train de faire, parce que les gens adorent les hommes forts et populistes, et voteront pour lui. C'est extrêmement dommage", raconte Beth Schmierer, venue rendre visite à sa famille à Richmond. Et de prédire: "Donc je doute que ce soit la fin de l'ère Trump, ou celle de ses partisans."

Avant Joe Biden, Barack Obama, la Première dame Jill Biden et la vice-présidente Kamala Harris sont déjà venus faire campagne pour M. McAuliffe que les sondages donnent au coude-à-coude avec le républicain pro-Trump Glenn Youngkin, 54 ans.


Ce défilé de poids lourds du parti démocrate en dit long sur les enjeux du scrutin, qui fait figure de répétition générale un an environ avant les "midterms", les élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis.


"Votez, votez, votez", a ainsi martelé Joe Biden. Car si la Virginie s'est prononcée majoritairement pour le président démocrate lors de l'élection présidentielle, il y a un an, le vent a tourné.


La cote de confiance du président ne cesse de s'effriter depuis un retrait chaotique d'Afghanistan cet été.


Ses promesses d'éradiquer rapidement la pandémie de Covid-19 n'ont pas été tenues, poussant la Maison Blanche à prendre des mesures contraignantes, qui creusent encore des clivages déjà béants dans le pays à propos de la vaccination ou d'autres gestes sanitaires.


En Virginie, Glenn Youngkin, qui veut capitaliser sur la popularité de Donald Trump auprès de l'électorat républicain sans endosser tout à fait ses prises de position les plus outrancières, a d'ailleurs fait campagne contre le port obligatoire du masque.


Par ailleurs, Joe Biden tarde à sceller son vaste programme d'investissements dans les infrastructures et les prestations sociales.

Classe moyenne et électorat afro-américain 
Le président démocrate, qui promet des décennies de prospérité pour l'Amérique, veut dépenser des milliers de milliards de dollars pour construire des ponts, rénover des routes, aider à la garde de jeunes enfants, baisser le prix des médicaments...


Des mesures populaires, mais bloquées pour l'instant par des discussions internes entre démocrates, arides pour le grand public.


Si le parti présidentiel contrôle les verrous du pouvoir exécutif et législatif, sa majorité au Sénat est tellement mince qu'il ne peut se permettre aucune défection.


Or quelques démocrates refusent jusqu'ici de voter pour les projets présidentiels, trop dispendieux à leur goût, forçant la Maison Blanche à raboter ses ambitions et à refaire sans cesse ses calculs.


Le scrutin en Virginie sera donc un test de la faculté de Joe Biden à séduire la classe moyenne, mais aussi à mobiliser les électeurs afro-américains, dans cet Etat du sud où le passé esclavagiste fait régulièrement l'objet de débats brûlants.


Le président démocrate a pu s'appuyer sur les voix afro-américaines pour entrer à la Maison Blanche, mais des militants lui reprochent d'avoir perdu de vue ses grandes promesses sur l'accès des minorités au vote ou sur la réforme de la police.


La semaine dernière, Joe Biden a expliqué sur CNN qu'il n'avait pas eu le temps de s'en saisir à cause des interminables négociations sur les réformes économiques et sociales.


Mais le président démocrate a assuré qu'il n'avait pas oublié ses promesses. Il s'est ainsi engagé à soutenir une révision des règles de majorité parlementaire, indispensable pour faire passer une loi sur l'accès au vote. C'est là une revendication de longue date des militants des droits civiques.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.