Les raisons de l’actuelle poussée de fièvre américano-chinoise

A part les F-16 américains et les Mirages 2000 français, Taiwan a développé son propre chasseur, le F-CK-1. (Photo, AFP)
A part les F-16 américains et les Mirages 2000 français, Taiwan a développé son propre chasseur, le F-CK-1. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Les raisons de l’actuelle poussée de fièvre américano-chinoise

  • Un nombre record d'incursions d'avions de guerre chinois au large de Taiwan alors que Pékin est désormais en mesure d'envahir l’île et d'en prendre le contrôle
  • Dans un contexte de confrontation grandissante avec Pékin, cette nouvelle donne a poussé Washington et ses alliés à s'activer pour dissuader la Chine de passer à l'acte
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Moderne est bien équipée, l'armée taïwanaise a toujours bénéficié de la technologie occidentale, américaine, mais aussi française et européenne. (Photo, AFP)

 

WASHINGTON : Déjà vives, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine connaissent une nouvelle poussée autour de la question de Taïwan, qui ressurgit avec acuité.

Quelles sont les positions traditionnelles?

Après avoir perdu la guerre civile face aux communistes, les forces nationalistes chinoises se sont installées à Taïwan en 1949, créant leur gouvernement aujourd'hui régi par un système démocratique.

Les Etats-Unis, d'abord fidèles à cette République de Chine retranchée sur l'île, ont finalement instauré des relations diplomatiques en 1979 avec le pouvoir communiste de Mao contrôlant l'énorme territoire continental -- au détriment de Taïwan.

Mais parallèlement, le Congrès américain a imposé à Washington de fournir à Taipei des armes pour son autodéfense.

C'est ce que l'on appelle "l'ambiguïté stratégique" des Américains.

Elle consiste à aller aussi loin que possible dans leurs liens avec Taïwan, sans pour autant traiter ce territoire comme un Etat souverain. Une doctrine qui a permis de préserver le statu quo, même si elle agace la Chine, déterminée à opérer une "réunification" avec ce qu'elle considère comme une de ses provinces.

 

Que se passe-t-il?

Dans un contexte de confrontation sino-américaine sans précédent autour des ambitions grandissantes de Pékin sur la scène internationale, le dernier accès de fièvre semble aller au-delà des précédentes poussées.

Ce qui a attiré l'attention très récemment: un nombre record d'incursions d'avions de guerre chinois dans la zone d'identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan, un périmètre qui commence à 200 km des côtes taïwanaises.

Les Etats-Unis ont dénoncé des "provocations". Surtout, leur président Joe Biden a affirmé que les Américains avaient "un engagement" à défendre militairement Taipei en cas d'attaque chinoise, semblant rompre avec "l'ambiguïté stratégique" -- même si son équipe a ensuite nié tout changement de politique.

En fait, "l'activité militaire de la Chine autour de Taïwan s'est renforcée au cours des deux dernières années", relève Bonnie Glaser, du cercle de réflexion German Marshall Fund of the United States, évoquant aussi des manœuvres simulant des débarquements ou des bombardements de ports taïwanais.

 

Pourquoi maintenant?

Pour cette analyste, un changement de taille a modifié les équilibres: "Cette dernière année, il a été constaté que l'armée chinoise est désormais en mesure, ou est sur le point de l'être, d'envahir Taïwan et d'en prendre le contrôle".

Un haut responsable du Pentagone avait affirmé en mars que la Chine pourrait envahir l'île d'ici 2027.

Cette nouvelle donne a poussé les Etats-Unis et leurs alliés à s'activer pour dissuader Pékin de passer à l'acte.

Un responsable américain a ainsi reconnu début octobre la présence de soldats de l'US Army sur l'île pour former l'armée taïwanaise -- confirmée pour la première fois cette semaine par la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen.

Sur le plan diplomatique, l'administration Biden tente de renforcer le statut de Taipei au sein des institutions de l'ONU.

Le précédent hongkongais a aussi joué un rôle déterminant.

En imposant sa domination sur l'ex-colonie britannique qui bénéficiait jusque-là d'une large autonomie, la Chine a semblé pour certains démontrer sa détermination à contrôler ce qu'elle considère comme son pré-carré. Dans ce scénario, Taïwan risquerait d'être le prochain domino.

D'autant que "la démolition dramatique par Pékin du modèle de Hong Kong" a "durci les dispositions de beaucoup de monde à Taïwan" contre le pouvoir chinois, dit Carl Minzner, de l'institut de recherche Council on Foreign Relations.

Sur les deux rives du détroit, les positions se sont donc radicalisées, comme aux Etats-Unis, qui ont vivement haussé le ton à l'égard de la Chine depuis la présidence de Donald Trump (2017-2021).

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Le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden. (Photos, AFP)

 

Que peut-il se passer?

Pour Carl Minzner, "avec Pékin qui augmente le nombre et l'intensité de ses activités militaires -- aériennes, navales, sous-marines -- dans les eaux autour de Taïwan, et avec d'autres puissances qui répondent par des activités similaires, il y a un risque accru d'affrontement accidentel qui pourrait échapper à tout contrôle et déclencher un conflit plus vaste".

Le sort de Taïwan est de fait considéré comme le seul susceptible de faire glisser la confrontation actuelle au parfum de Guerre froide entre les deux superpuissances nucléaires vers une vraie guerre.

Certains experts redoutent que le président chinois Xi Jinping veuille pousser son avantage.

"La Chine prend garde depuis des années d'éviter une confrontation militaire avec les Etats-Unis", souligne toutefois Bonnie Glaser, estimant qu'en cas de conflit, elle "mettrait en danger tous ses autres objectifs".

Pour elle, le risque de guerre, s'il existe, reste donc "faible". Mais la Chine, prévient-elle, va continuer à "instiller la peur parmi les Taïwanais" dans l'espoir qu'ils finissent par se résigner à une "réunification".

 

 

 

Plus de 50 ans d'antagonisme

 

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Le bureau de Sun Yat Sen, fondateur de la première république chinoise en 1911, sur les ruines de l'Empire de Chine, tel qu'on le voit dans un musée qui lui est consacré à Nanjing. Pour les communistes comme pour les nationalistes de Taiwan, Sun Yat Sen est le "le fondateur de la Chine moderne". (Photo, AFP)

 

Les relations entre la Chine et Taïwan sont tendues depuis leur séparation de facto en 1949.

La séparation

Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame l'avènement de la République populaire de Chine à Pékin.

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L'omniprésent portrait de Mao Zedong (Mao Tsé Toung) domine toujours la Place Tian'anmen à Pékin. (Photo, AFP)

 

Réfugiés sur l'île de Taïwan (ex-Formose), les nationalistes du Kuomintang emmenés par Tchang Kaï-chek (1887-1975) forment un gouvernement le 7 décembre et interdisent tout lien entre l'île (officiellement la "République de Chine") et la Chine communiste.

En décembre, première d'une série de tentatives de l'Armée populaire chinoise (APC) de s'emparer des îlots de Quemoy et Matsu.

Taïwan devient en 1950 un allié de Washington en guerre contre la Chine en Corée.

 

Le siège à l'ONU attribué à Pékin

Le 5 octobre 1971, le siège de la Chine à l'ONU, occupé par Taïwan, est attribué à Pékin.

En 1979, Washington rompt ses relations diplomatiques avec Taipei pour reconnaître Pékin, mais le Congrès américain impose de fournir des armes à Taïwan pour son autodéfense.  

Depuis, comme presque toute la communauté internationale, les Etats-Unis s'en tiennent à la politique d'une seule Chine, avec Pékin comme gouvernement légitime. Washington reste cependant l'allié le plus puissant de l'île et son premier fournisseur de matériel militaire.

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Un musée en plein air dédié au chef des nationalistes chinois, Tchang Kaï-chek, réfugiés à Taiwan après leur déroute face aux Communistes de Mao. (Photo, AFP)

 

Loi antisécession

Le 2 novembre 1987, les Taïwanais sont autorisés à se rendre en Chine continentale pour des réunions de famille, ouvrant la voie aux échanges commerciaux. En 1991, Taipei abroge les dispositions instaurant l'état de guerre avec la Chine.

Mais en 1995, Pékin suspend des négociations vers une normalisation pour protester contre un voyage du président Lee Teng-hui aux Etats-Unis. En 1996, la Chine tire des missiles près des côtes taïwanaises peu avant la première élection présidentielle au suffrage universel le 23 mars à Taïwan.

Le 14 mars 2005, Pékin adopte une loi antisécession prévoyant des moyens "non pacifiques" si Taïwan déclare l'indépendance.

 

Dialogue inédit

En 2008, Pékin et Taipei reprennent leur dialogue suspendu en 1995. En 2010, ils signent un accord-cadre de coopération économique, puis nouent, quatre ans plus tard, un dialogue entre gouvernements.

Le 7 novembre 2015, les présidents chinois et taïwanais se rencontrent à Singapour, une première depuis 1949.

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Célébrations officielles avec le drapeau de la "République de Chine", le nom officiel de leur pays pour les Taiwanais. (Photo, AFP)

 

Tensions

En 2016, Tsai Ing-wen, issue d'un parti favorable à l'indépendance, devient présidente. Pékin suspend toute communication avec Taïwan, le nouveau gouvernement n'ayant pas reconnu le concept d'"une seule Chine".

En 2017, Donald Trump autorise une importante vente d'armes à Taïwan. L'année suivante, les Etats-Unis adoptent une loi renforçant leurs liens avec Taïwan.

 

Pressions

En 2019, Xi Jinping affirme qu'il ne renoncera pas à la force pour récupérer Taïwan, puis avertit Washington de "ne pas jouer avec le feu" après une nouvelle vente d'armes à Taïwan. Plusieurs contrats d'armes suivront.

En janvier 2020, Tsai Ing-wen, réelue, affirme que Taïwan est "un pays en tant que tel".

Début octobre, Xi Jinping demande à l'armée de "se préparer à la guerre".

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En 2016, Tsai Ing-wen, issue d'un parti favorable à l'indépendance, devient présidente de Taiwan. (Photo, AFP)

 

Incursions records

Le 12 avril 2021, 25 avions militaires chinois, un record ensuite dépassé, pénètrent dans la zone d'identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan, à quelque 200 km des côtes. Au total, de janvier à début octobre, plus de 600 avions chinois ont été détectés dans cette zone.

Le 7 octobre, Washington, "très inquiet" de la "provocation" de Pékin, reconnaît entraîner l'armée taïwanaise depuis des mois.

Alors que Xi Jinping a promis une "réunification" inéluctable avec Taïwan par des moyens "pacifiques", le président américain Joe Biden affirme, le 22, que les Etats-Unis sont prêts à défendre militairement Taïwan en cas d'attaque chinoise.

Le 27, la Chine rejette une proposition américaine d'accorder à Taïwan une "participation significative" à l'ONU.

Le lendemain, la présidente de Taïwan reconnaît publiquement, une première depuis 1979, la présence de troupes américaines sur son sol. La Chine "s'oppose fermement" à ces contacts militaires.

 

 


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.