Il y a 65 ans, la première occupation de Gaza par Israël

Le Palestinien Bassam Barbakh, qui était un enfant lors de la première incursion militaire d'Israël à Gaza il y a 65 ans, marche devant le château de Barquq du 13ème siècle de Khan Younès. EMMANUEL DUNAND / AFP.
Le Palestinien Bassam Barbakh, qui était un enfant lors de la première incursion militaire d'Israël à Gaza il y a 65 ans, marche devant le château de Barquq du 13ème siècle de Khan Younès. EMMANUEL DUNAND / AFP.
Short Url
Publié le Mercredi 03 novembre 2021

Il y a 65 ans, la première occupation de Gaza par Israël

  • Le 3 novembre 1956, Israël a pris le contrôle de la bande de Gaza, alors aux mains de l'Egypte
  • Après des pressions américaines, Israël s'est retiré de Gaza en mars 1957. Mais cet épisode reste chevillé au corps de Bassam Barbakh

KHAN YOUNES, Territoires palestiniens : Assis sur son canapé dans une chambre sans fenêtre, se tenant légèrement vers l'avant en s'appuyant sur sa canne, Bassam Barbakh assure se souvenir de la première occupation de Gaza par Israël il y a 65 ans.

"Quand j'étais gamin, je me suis promis que même si je vivais un millier d'années, je n'oublierais jamais ce qui s'est passé", lance ce Palestinien de 73 ans dans sa maison de Khan Younès, à la pointe sud de la bande de Gaza.

Le 3 novembre 1956, Israël a pris le contrôle de la bande de Gaza, alors aux mains de l'Egypte.

Le Moyen-Orient était en pleine crise du canal de Suez, que le président égyptien Gamal Abdel Nasser venait de nationaliser au grand dam des Britanniques et des Français. L'Etat hébreu avait soutenu ces deux pays occidentaux face à son voisin égyptien.

A l'époque, Israël craignait de voir l'Egypte masser ses troupes dans la bande de Gaza voisine et "déstabiliser" le pays créé huit ans plus tôt, souligne Eyal Zisser, professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv. 

"Du point de vue israélien, il s'agissait d'une situation inacceptable", dit-il à l'AFP. 

«Résistance féroce»

Après des pressions américaines, Israël s'est retiré de Gaza en mars 1957. Mais cet épisode reste chevillé au corps de Bassam Barbakh.

Marchant au pied du château de Barquq, attenant au souk de Khan Younès, le septuagénaire pointe un lieu du doigt: "là", dit-il pour désigner l'endroit où les corps de Palestiniens tués par l'armée israélienne auraient été abandonnés.

Il montre les photos de deux de ses frères tués lors de ces "terrifiantes" violences, affirmant que les soldats israéliens avaient voulu "punir" la population de Khan Younès en raison de la "férocité de sa résistance". 

Selon l'armée israélienne, "environ 4.000 soldats égyptiens et (...) des combattants palestiniens" se trouvaient dans la bande de Gaza, dont certains "vêtus en civil".

Les opérations dans la bande de Gaza ont "causé du tort à des civils car les soldats ne pouvaient faire la différence entre combattants et civils", a ajouté l'armée à l'AFP.

Dans un rapport en 1956, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) avait fait état "d'un grand nombre de civils tués" le 3 novembre à Khan Younès, ajoutant toutefois "qu'un différend persistait sur les causes de ces morts".

Vendredi, le président israélien Isaac Herzog a demandé "pardon" au nom de son pays pour la mort de 49 Arabes dans le village israélien de Kafr Qassim dans le cadre de la campagne de Suez. 

Les autorités israéliennes chiffrent à 231 le nombre de soldats morts lors de cette opération et à sept le nombre de civils israéliens tués lors de confrontations autour de la bande de Gaza pendant la première semaine de novembre 1956.

Pressions américaines

A l'époque, le gouvernement du Premier ministre David Ben Gourion voulait faire de Gaza une "partie intégrante d'Israël", soutient Lior Yavne, directeur exécutif d'Akevot, une organisation israélienne spécialisée dans les archives du conflit israélo-palestinien.

"Israël a déclaré une zone militaire sur une portion de la bande de Gaza avec pour objectif d'y construire une colonie", dit-il à l'AFP, traçant un parallèle avec les colonies juives aujourd'hui en Cisjordanie occupée, où vivent 475.000 Israéliens.

"La position de certains (responsables, ndlr) était: si les Américains l'autorisent, nous resterons sur place", estime l'historien Eyal Zisser, précisant qu'au final Washington n'était pas favorable au maintien de l'occupation de Gaza.

Le conseiller juridique de la diplomatie israélienne, Shabtai Rosenne, avait même dû intervenir après avoir lu une ébauche d'une proclamation de l'armée qui aurait pu être comprise comme une annexion illégale de Gaza.

Les pays étrangers auraient le droit de considérer "l'annexion de la bande de Gaza (...) comme contraire au droit international", avait-il averti.

Le ministère de la Défense avait finalement fait marche arrière mais la question de l'annexion s'est imposée des années plus tard avec le rattachement à Israël d'une partie du plateau du Golan syrien et de Jérusalem-Est, des annexions qui restent non reconnues par la majorité de la communauté internationale.

Israël a de nouveau occupé militairement l'enclave palestinienne de 1967 à 2005, soit pendant près de 40 ans, avant d'y imposer en 2007 un blocus toujours en vigueur. 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
Short Url
  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Short Url
  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
Short Url
  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.