Réunion de crise à Béthune sur la fermeture de l’usine Bridgestone

Manifestation devant l’usine Bridgestone de Béthune après l’annonce de la fermeture su site (Photo, Denis CHARLET/AFP).
Manifestation devant l’usine Bridgestone de Béthune après l’annonce de la fermeture su site (Photo, Denis CHARLET/AFP).
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Publié le Lundi 21 septembre 2020

Réunion de crise à Béthune sur la fermeture de l’usine Bridgestone

  • Le gouvernement, les élus locaux et les syndicats de l'usine Bridgestone de Béthune veulent faire pression sur la direction pour tenter d'éviter la fermeture du site du géant japonais
  • Premier employeur de cette ville de 25.000 habitants, la multinationale avait brutalement annoncé mercredi la « cessation définitive » de l'activité du site à l'horizon 2021

BETHUNE: « L'espoir d'un plan B » : le gouvernement, les élus locaux et les syndicats de l'usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais) entendent faire pression lundi sur la direction pour tenter d'éviter la fermeture du site du géant japonais du pneumatique, qui emploie 863 personnes.

Moins d'une semaine après l'annonce choc, les ministres Agnès Pannier-Runacher (Industrie) et Elisabeth Borne (Travail) sont arrivées à 14H00 à Béthune pour une réunion en deux temps au siège de la communauté d'agglomération. 

Elles s'entretiendront d'abord avec les élus du territoire, dont le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, et la direction Europe de Bridgestone - en visioconférence - avant une seconde réunion avec des représentants du personnel et élus.

Direction et syndicats ont signé vendredi « un accord de méthode » donnant cinq mois à la discussion et rouvrant « des scénarios alternatifs à la fermeture », s'est réjouie dimanche Mme Pannier-Runacher.

« On sait bien qu'il y aura de la casse sociale, mais on veut pouvoir discuter d'autres solutions (...) et Bridgestone a décidé de nous donner le temps », a aussi salué l'avocat du CSE Me Stéphane Ducrocq.

« On va demander aux autorités de mettre la main à la poche, pour inciter Bridgestone à investir et moderniser ce site, abandonné depuis des années » au profit d'autres usines, a renchéri Stéphane Lesix, secrétaire CFDT du CSE. « On nous a jetés comme des mouchoirs, on nous prend vraiment pour de la merde.

On se battra jusqu'au bout », a lancé de son côté le secrétaire adjoint CGT devant l'usine lundi, où le député LFI François Ruffin est aussi venu dénoncer « cette folie de la mondialisation », la « complicité des politiques » et appelé le gouvernement à « refuser d'homologuer le plan social » pour « mettre Bridgestone au pied du mur ».

Premier employeur de cette ville de 25.000 habitants, la multinationale avait brutalement annoncé mercredi la « cessation définitive » de l'activité du site à l'horizon 2021, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coût.

« Humiliation », « coup de massue », « assassinat » : salariés et élus de tous bords avaient aussitôt dénoncé la destruction d'un des « symboles » de la ville, dans un bassin miné par la désindustrialisation. 

« Sur le ring »

La colère a grondé jusqu'au gouvernement, regrettant une « trahison de confiance ». « Ce qui est inadmissible (...) c'est de ne pas avoir ouvert la discussion en amont », indique Agnès Pannier-Runacher, alors qu'on « savait que l'usine était en perte de vitesse ». 

Avec sa production des pneus de petit calibre, elle serait ainsi selon Bridgestone « la moins performante » parmi la dizaine de ses sites européens. En une décennie, ses effectifs ont chuté de 40%.

« C'était écrit ! Depuis des années on répète qu'il faut investir, faire des pneus de gros calibre, à forte valeur ajoutée, pour rester compétitifs ! La direction refuse et met des millions en Pologne », s'insurge Stéphane Lesix (CFDT), rejoint lundi par le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Sur France Inter, ce dernier a « dénoncé les subventions de l'UE », soit 24 millions d'euros sur les 140 millions pour « agrandir le site de Poznan », réclamant « les remboursements des aides qui ont appauvri, tué le site de Béthune ». « L'UE organise la concurrence déloyale », a-t-il encore martelé.   

Les autorités doivent désormais « montrer à Bridgestone qu'ils ont plutôt intérêt à investir enfin, plutôt que de partir », à la fois « pour leur image » et « leur chéquier », a plaidé dimanche Xavier Bertrand sur Europe 1. 

Il faut « essayer ce qui s'est produit en 2013 », pour l'usine de Bari (Italie) promise à la fermeture, a-t-il proposé : après un « bras de fer terrible », l'Etat a « accepté de financer une très large partie des investissements nécessaires » et « 60% des emplois ont été maintenus ».

En cas d'échec, le gouvernement envisage la réindustrialisation du site et veut une « solution cohérente et acceptable » pour chaque ouvrier. Certains élus militent pour que Bridgestone « rembourse » les aides publiques récemment versées, dont 1,8 million d'euros de CICE, ou 620.000 euros d'aides régionales.

« Au premier round, Brigdestone a tout lâché, c'était violent. Mais quand le boxeur d'en face sait s'écarter, il peut tenir cinq rounds. Et on est toujours sur le ring, avec l'espoir du plan B ! », assure le maire UDI de Béthune Olivier Gacquerre.

Il salue « l'union sacrée » et « complète » des élus, syndicats et habitants. Dimanche à 18H00, une pétition mise en ligne par la mairie recueillait quelque 37.000 signatures. 


Mort de Nahel: une reconstitution aura lieu dimanche

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
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  • Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime
  • La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes

NANTERRE: Près d'un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", souligne Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes.

A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d'infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros, selon le Sénat.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime.

Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Policier libéré

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire.

Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu'il existait encore "des divergences entre les différentes versions données", mais que "le risque de concertation" apparaissait désormais, "dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

"Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs", estime Me Boudi, son conseil.

L'avocat de Florian M. n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.


Occupé par des étudiants pro-Gaza, Sciences Po ferme ses principaux locaux vendredi

Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne -- qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique. (AFP).
Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne -- qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique. (AFP).
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  • "Suite au vote de l'occupation des étudiants, les bâtiments du 25, 27, 30, rue Saint-Guillaume et du 56, rue des Saints-Pères, resteront fermés demain, vendredi 3 mai. Nous invitons à rester en télétravail"
  • Après un débat interne sur le Proche-Orient jeudi matin qu'ils ont jugé "décevant, mais sans surprise", les étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont annoncé jeudi après-midi le lancement d'un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école

PARIS: La direction de Sciences Po Paris a décidé la fermeture de ses principaux locaux vendredi en raison d'une nouvelle occupation par quelques dizaines d'étudiants mobilisés pour Gaza, au moment où le gouvernement redouble de vigilance face aux actions sur les campus français.

"Suite au vote de l'occupation des étudiants, les bâtiments du 25, 27, 30, rue Saint-Guillaume et du 56, rue des Saints-Pères, resteront fermés demain, vendredi 3 mai. Nous invitons à rester en télétravail", indique un message aux salariés, envoyé jeudi soir par la direction des Ressources humaines de Sciences Po.

Après un débat interne sur le Proche-Orient jeudi matin qu'ils ont jugé "décevant, mais sans surprise", les étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont annoncé jeudi après-midi le lancement d'un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école et le début d'une grève de la faim par six étudiants "en solidarité avec les victimes palestiniennes".

Jeudi soir, l'occupation du campus a été votée par une centaine d'étudiants réunis en assemblée générale, a indiqué à l'AFP une membre du comité Palestine, qui n'a pas donné son nom.

Les grèves de la faim continueront jusqu'à "la tenue d'un vote officiel non anonyme au conseil de l'Institut pour l'investigation des partenariats avec les universités israéliennes", a déclaré Hicham, du comité Palestine.

Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne -- qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique.

"Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotion", a indiqué Jean Bassères, l'administrateur provisoire de Sciences Po, qui accueille quelque 2.000 étudiants à Paris selon le site de l'école. Il a appelé au "calme" avant le début des examens lundi.

300 personnes à la Sorbonne 

M. Bassères a indiqué avoir "pris des positions assez fermes sur certains sujets", en refusant "très clairement la création d'un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes".

Il en a appelé "à la responsabilité de chacun", dans un contexte de plusieurs actions en France, en écho à la mobilisation des campus aux Etats-Unis où la police s'est déployée sur plusieurs sites.

Non loin de Sciences Po, devant la Sorbonne, où la police était déjà intervenue lundi pour évacuer des manifestants, près de 300 étudiants venus de différents campus se sont réunis jeudi après-midi et ont organisé un campement d'une vingtaine de tentes.

Ils ont été délogés une heure plus tard par plus d'une centaine de membres des forces de l'ordre, selon une journaliste de l'AFP.

La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi matin aux présidents d'université de veiller au "maintien de l'ordre" public, en utilisant "l'étendue la plus complète des pouvoirs" dont ils disposent, lors d'une intervention en visioconférence au conseil d'administration de France Universités.

Actions de Lille à Lyon 

France Universités, qui fédère 116 établissements d'enseignement supérieur dont 74 universités, a "salué la détermination de la ministre à porter une voie équilibrée et ferme pour un retour au calme".

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) organise vendredi une "table du dialogue" place de la Sorbonne, pour "débattre avec les étudiants juifs", "lutter contre la polarisation du débat" et "montrer que l'on peut se mobiliser sans insulter et invectiver".

Les actions se sont multipliées ces derniers jours dans l'Hexagone, principalement sur les sites de Sciences Po à Paris et en régions, et dans quelques universités, dans un contexte politique électrique, La France insoumise étant notamment accusée par la droite d'"instrumentalisation" du mouvement.

Le campus Jourdan de l'Ecole normale supérieure (ENS) a été bloqué jeudi par des étudiants. A Lille, l'Institut d'études politiques a été fermé jeudi et les accès à l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) bloqués.

A Sciences Po Lyon, "une petite centaine" de personnes occupaient jeudi soir un amphithéâtre, a indiqué une représentante du syndicat étudiant Unef à l'AFP. La cheffe des députés LFI Mathilde Panot est venue leur "apporter son soutien" en fin de soirée après un meeting à Vénissieux, a-t-elle indiqué sur X. "Gloire à la jeunesse de ce pays qui défend notre humanité commune", a-t-elle ajouté.

A Saint-Etienne, une poignée d'étudiants ont bloqué jeudi matin les accès à un site universitaire, avant d'être évacués par la police.


Relations UE/Chine: Macron insiste sur la protection des «intérêts stratégiques» de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
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  • La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales
  • Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises

PARIS: L'Europe doit défendre ses "intérêts stratégiques" dans ses relations économiques avec la Chine, a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron dans une interview à The Economist, à quelques jours d'une visite d'Etat en France du président chinois XI Jinping.

"Il faut être d'un grand pragmatisme et regarder cette question avec nos intérêts stratégiques", dit le chef d'Etat français, interrogé sur l'ouverture ou non du marché européen à la Chine.

"C'est un de mes objectifs principaux en accueillant le président Xi Jinping, il faut tout faire pour engager la Chine sur les grandes questions mondiales et avoir un échange sur nos relations économiques qui reposent sur la réciprocité", ajoute le président, qui accueillera son homologue chinois les 6 et 7 mai.

Et de citer le cas des voitures électriques chinoises, selon lui "taxées à 10%" sur le marché européen alors que leur production est "massivement aidée" par l'exécutif chinois. A l'inverse, les véhicules électriques européens, pour lesquels "l'Europe a des règles qui limitent les aides" à leurs producteurs, sont "taxés à 15%" sur le marché chinois.

Plan

"Aujourd'hui nous devons avoir sur le plan commercial avec la Chine un comportement respectueux, mais de défense de nos intérêts, de réciprocité et de sécurité nationale", insiste M. Macron, qui dit soutenir les enquêtes ouvertes par la Commission européenne sur le véhicule électrique, le photovoltaïque, l'éolien concernant des subventions chinoises soupçonnées de fausser la concurrence.

"Il ne faut pas oublier les enjeux de sécurité nationale", souligne M. Macron. "Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose."

La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales. Il s'agira du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de Covid-19, qui avait vu le géant asiatique couper longuement nombre d'interactions avec le reste du monde.

Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises.

"Notre intérêt est d'obtenir de la Chine qu'elle pèse pour la stabilité de l'ordre international. Ce n'est pas l'intérêt de la Chine aujourd'hui d'avoir une Russie déstabilisatrice de l'ordre international, d'avoir un Iran qui peut se doter de l'arme nucléaire et d'avoir un Moyen-Orient plongeant dans une forme de chaos. Il faut donc travailler avec la Chine pour construire la paix", affirme M. Macron.