Avec ses services de santé obsolètes, la région Mena peu armée face à la Covid-19

Une jeune fille réagit au moment où un professionnel de la santé effectue un prélèvement nasal dans une clinique à l’occasion d’un dépistage de Covid-19 dans la ville de Gaza. (AFP/File Photo)
Une jeune fille réagit au moment où un professionnel de la santé effectue un prélèvement nasal dans une clinique à l’occasion d’un dépistage de Covid-19 dans la ville de Gaza. (AFP/File Photo)
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Publié le Mardi 09 novembre 2021

Avec ses services de santé obsolètes, la région Mena peu armée face à la Covid-19

Une jeune fille réagit au moment où un professionnel de la santé effectue un prélèvement nasal dans une clinique à l’occasion d’un dépistage de Covid-19 dans la ville de Gaza. (AFP/File Photo)
  • Le rapport de la Banque Mondiale constate que les autorités se sont montrées trop optimistes dans leur autoévaluation du niveau de vigilance de leurs systèmes de santé
  • Sur les seize pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, treize présentent en 2021 des niveaux de vie inférieurs à ceux qui ont été observés avant la pandémie

DUBAÏ: La Banque mondiale vient de publier un rapport dans lequel elle souligne le caractère fragile et disparate du redressement observé dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord au lendemain de la pandémie de Covid-19. Cette situation est imputable à la fois au sous-financement chronique des services de santé publique et à la persistance des tendances socio-économiques.

Ce rapport s'intitule Overconfident: How economic and health fault lines left the Middle East and North Africa ill-prepared to face COVID-19Excès de confiance : comment les failles économiques et sanitaires ont empêché le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d’affronter la Covid-19»). Il met en évidence les pressions que subissaient les systèmes de santé de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avant même que la pandémie n'éclate.

L'étude constate en effet que le secteur public pléthorique et la dette nationale excessive ont freiné les investissements dans les services sociaux tels que la santé – un symptôme que le rapport qualifie de «myopie fiscale». Cette situation a eu pour effet de contraindre les particuliers à couvrir eux-mêmes une partie des coûts liés à la santé.

Les faibles dépenses publiques allouées aux soins de santé préventifs constituent un autre indicateur de la précarité de la santé publique et contribuent à accroître les taux de maladies transmissibles et non transmissibles.

Le rapport constate que les services de santé publique de la région sont peu préparés à absorber le choc de la pandémie et que les autorités se montrent trop optimistes dans leur autoévaluation du niveau de vigilance de leurs systèmes de santé. L'enquête parle d’«excès de confiance».

Pour les experts, le rapport de la Banque mondiale fait ressortir l'ampleur des inégalités sociales et économiques dans la région, imputables en grande partie aux mauvaises gouvernances et aux politiques biaisées. Ils appellent toutefois à ne pas généraliser ce problème, ce qui aurait pour conséquence d’occulter les écarts observés entre les pays.

Dans un entretien accordé à Arab News, le Dr Theodore Karasik, conseiller principal chez Gulf State Analytics, affirme: «La leçon à tirer est la suivante: il faut revoir les priorités des budgets gouvernementaux et des autres aides étrangères et mettre en place un système de santé plus performant.»

«Cependant, on observe que les expériences varient d'un pays à l'autre et que chaque État a tiré une leçon particulière de la pandémie», précise-t-il.

Les gouvernements des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont répondu à la Covid-19 chacun à sa manière et en fonction des ressources et des infrastructures disponibles. Un grand nombre de ces pays ont collaboré avec les organismes internationaux ou coopéré avec des donateurs régionaux afin d’obtenir des vaccins et des équipements médicaux.

Grâce à leurs systèmes solides et à leur capacité de réagir, certains États ont pu répondre rapidement à la pandémie, notamment les pays exportateurs de pétrole du Conseil de coopération du Golfe (CCG). «Les mécanismes établis dans le Golfe servent de modèle de comparaison», affirme le Dr Karasik.

Saudi Arabia

«Ces modèles sont efficaces et on constate qu'ils sont appliqués dans d'autres pays. Les dirigeants adoptent donc les méthodes qui leur semblent les plus appropriées.»

Certains gouvernements du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont été lents à réagir à la flambée du virus dans le monde. Ils ont par la suite intégré des pratiques similaires à celles qu’utilisaient leurs homologues du CCG et ils ont compris que la lutte contre la pandémie constituait une priorité absolue.

À la lumière des grandes disparités socio-économiques qui existent dans la région – dont certains pays figurent dans la catégorie des États fragiles ou défaillants –, le fait de copier les méthodes du CCG ne constituaient pas une solution miracle. Les Émirats arabes unis (EAU) et le Liban, par exemple, ont déployé les vaccins de manières très différentes.

«Les disparités entre les environnements urbains et ruraux et la manière dont la violence peut entraver les soins de santé représentent un enjeu de taille, dont les gouvernements et les professionnels de la santé [doivent tenir compte]», confie le Dr Karasik à Arab News.

Les pertes cumulées en termes de produit intérieur brut (PIB) dans la région Mena s'élèveront à près de 200 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) d'ici à la fin de l’année 2021. Selon le rapport de la Banque mondiale, le PIB de cette région a subi une contraction de 3,8% en 2020 et la croissance prévue pour l'année en cours ne dépassera pas 2,8%.

Sur cette photo prise le 24 mai 2020, on voit un homme qui traverse une rue déserte à Rabat lors du confinement imposé au pays pour enrayer la propagation de Covid-19. (AFP/File Photo)
Sur cette photo prise le 24 mai 2020, on voit un homme qui traverse une rue déserte à Rabat lors du confinement imposé au pays pour enrayer la propagation de Covid-19. (AFP/File Photo)

 

Quelques chiffres

 

  • 3,8 %, la contraction du PIB de la région Mena en 2020.
  • 2,8 %, la croissance prévue pour la région en 2021.

(Source : Banque mondiale)

Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, estime que «la paralysie de l'économie dans la région, sur fond de pandémie, nous rappelle malheureusement à quel point le développement économique et la santé publique sont inextricablement liés».

«La triste réalité montre également que la crise a fait vaciller les systèmes de santé de la région Mena, qui étaient relativement développés jusque-là», ajoute-t-il.

En 2021, sur les seize pays de la région, treize présentent des niveaux de vie inférieurs à ceux qui ont été observés avant la crise, indique le rapport. Mais le taux de croissance du PIB par habitant, en 2021, varie d'un pays à l'autre. Il se situe entre -9,8% au Liban (qui traverse une période de récession prononcée) et 4% au Maroc.

Roberta Gatti est l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Mena. Il explique que «l’on constate au cours des deux dernières années que la lutte contre la pandémie est indispensable pour sauver des vies, mais aussi pour accélérer la reprise économique, qui est désormais précaire et irrégulière dans la région Mena».

Pour le Dr Albadr al-Shateri, ancien professeur de sciences politiques au National Defense College (Collège de défense nationale, NDLR) d’Abou Dhabi, les événements survenus ces deux dernières années révèlent que la région Mena, mais aussi le monde dans son ensemble, sont peu préparés à affronter les pandémies.

«On n'accorde pas à la sécurité sanitaire la même priorité que celle qui est attribuée aux enjeux de sécurité traditionnels. Les gouvernements consacrent de gros investissements aux systèmes d'armes de toutes sortes, mais ils investissent moins dans la sécurité sanitaire», confie-t-il à Arab News.

Pour que la catastrophe de la Covid-19 ne se répète pas, le Dr Al-Shateri invite la communauté internationale, et notamment le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, à coordonner leurs efforts.

«Il est nécessaire de créer un centre chargé de contrôler les maladies dans la région, en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'autres organismes spécialisés. Les puissances mondiales et régionales se doivent de soutenir cette initiative», déclare-t-il.

Ce type de lutte contre les maladies infectieuses profitera à l'ensemble de la région Mena, selon le Dr Al-Shateri. Plus particulièrement, il faut que les pays développés et riches apportent leur aide aux nations moins fortunées. Par ailleurs, il est nécessaire de créer un forum régional chargé de combattre les maladies, ce qui renforcera la sécurité sanitaire.

employé Municipalité
Au Maroc, un employé de municipalité désinfecte l'extérieur d'une maison dans une rue fermée de la ville portuaire de Safi, dans le sud du pays, le 9 juin 2020. (AFP/File Photo)

Pour conclure, M. Al-Shateri avertit que «nous sommes menacés de pandémies de toutes sortes, et leurs conséquences seront catastrophiques pour la région et pour le monde. Le Moyen Orient et l'Afrique du Nord doivent rassembler leurs efforts pour enrayer les maladies au plus vite».

Les conclusions de la Banque mondiale n'ont guère surpris les experts dans la mesure où un grand nombre des défaillances fondamentales soulignées dans le rapport – faibles dépenses allouées à la santé publique, déficits considérables au niveau des infrastructures sanitaires, insuffisance des ressources humaines et des équipements – ne se limitent pas à la région Mena.

«Rien de nouveau dans tout cela», confie à Arab News le Dr Richard Sullivan, directeur du groupe de recherche sur les conflits et la santé au sein du King's College de Londres, qui est par ailleurs chercheur principal et président du programme R4HC-Mena.

«[Il convient de] développer une résilience aux épidémies et aux pandémies, de renforcer les systèmes de santé publique de base de manière intrinsèque et de dresser un tableau détaillé et hétérogène de la région», souligne-t-il.

Le Dr Adam Coutts, chercheur au Weatherhead Center for International Affairs, à Harvard, évoque la principale leçon à tirer de ces dix dernières années: la santé publique et le bien-être social dans des pays comme le Liban ne sont que des priorités secondaires pour les politiciens.

«On ne se trompe pas en affirmant qu'ils ne se soucient ni de la santé ni du bien-être de la population», lance le Dr Coutts.

Test Covid
Une tige reliée au prototype de robot télécommandé Cira-03 s'approche de la bouche d'un volontaire pour prélever un échantillon dans sa gorge. Cette opération est effectuée dans le cadre d'un projet autofinancé qui a pour but de permettre aux médecins de procéder à des tests de dépistage sur des patients suspectés d'être atteints du coronavirus (Covid-19) afin de restreindre l'exposition aux porteurs du virus, dans un hôpital privé de Tanta, dans le delta du Nil, en Égypte. (AFP/File Photo)

«En outre, depuis des dizaines d'années, les pays donateurs et les agences multinationales n'ont accordé à des pays comme le Liban, l'Irak et la Syrie qu'un maigre financement pour les services publics. Ainsi, des millions de personnes restent privées de soins de santé en raison de leurs coûts élevés», poursuit-il.

Il semblerait que les habitants de pays comme le Liban dépensent autant que l'Allemagne pour les soins médicaux en proportion du PIB. Une grande partie de cet argent est toutefois injecté dans les établissements de santé privés.

«Doter la région de systèmes de santé universels ne constitue qu'un slogan publicitaire. À ce jour, aucune mesure concrète n'a été prise, que ce soit au niveau de la volonté politique, des investissements ou encore des réformes concrètes», signale le Dr Coutts.

Il ajoute que la pandémie a révélé à quel point les infrastructures de certains pays de la région Mena étaient délabrées avant même la pandémie. Si ces pays pâtissent aujourd'hui de conflits et de crises humanitaires, la «corruption interne» remonte à plusieurs années.

«La crise nous apprend, par-dessus tout, que l'économie de la santé est un sujet essentiel qui mérite d'être abordé lorsqu'on examine la région et qu'on élabore des politiques de relance.»

syriens à l'hopital
Des Syriens suspectés d'être infectés par la Covid-19 sont soignés à l'hôpital Mouwasat, à Damas, la capitale, le 31 mars 2021. (AFP/File Photo)

Aux yeux du Dr Coutts, la Jordanie et les pays du CCG ont montré que l'État de droit, la stabilité et la Sécurité sociale sont des facteurs essentiels pour qu'une nation résiste à un choc comme celui qu’a provoqué la Covid-19.

La plupart des pays de la région Mena n'ont toutefois pas retrouvé le rythme d'avant la pandémie. Le Dr Coutts pense que le Liban, par exemple, ne pourra pas se relever dans les prochaines années car il se trouve dans une situation «trop dégradée et malade sur le plan politique».

Compte tenu de ces circonstances, il estime que les donateurs et les organismes multilatéraux sont tenus de conditionner l'aide à la réalisation de réformes sociales et économiques profondes, qui impliquent des politiques de protection sociale efficaces.

«Les politiciens des pays les moins avancés disent essayer de faire des changements, mais ce n'est pas le cas», constate le Dr Coutts.

«La seule solution, en de telles circonstances, consiste malheureusement à prendre des mesures punitives; sinon, la situation ne changera pas», conclut-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".