L'ONU affirme que l'Ethiopie retient 72 chauffeurs du PAM dans le nord en guerre

L'acheminement d'aide humanitaire est indispensable au Tigré, région ravagée par la guerre et la famine (Photo, AFP).
L'acheminement d'aide humanitaire est indispensable au Tigré, région ravagée par la guerre et la famine (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 11 novembre 2021

L'ONU affirme que l'Ethiopie retient 72 chauffeurs du PAM dans le nord en guerre

  • «Nous sommes en contact avec le gouvernement éthiopien afin de comprendre les raisons de leur détention», a affirmé un porte-parole de l'ONU
  • Ces arrestations font suite à l'état d'urgence décrété la semaine dernière par le gouvernement d'Abiy Ahmed, alors que les combattants rebelles ont menacé de marcher sur la capitale

ADDIS ABEBA: L'ONU a affirmé mercredi que l'Ethiopie retenait 72 chauffeurs du Programme alimentaire mondial (PAM) dans une ville du nord du pays située sur la seule route permettant l'acheminement d'aide humanitaire au Tigré, région ravagée par la guerre et la famine.

"Nous confirmons que 72 chauffeurs contractuels engagés par le PAM sont détenus à Semera. Nous sommes en contact avec le gouvernement éthiopien afin de comprendre les raisons de leur détention", a affirmé un porte-parole de l'ONU.

La veille, 22 employés éthiopiens de l'ONU avaient été arrêtés après un coup de filet ciblant des Tigréens dans la capitale Addis Abeba, en pleine intensification des efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit qui oppose depuis un an rebelles tigréens et forces pro-gouvernementales.

Plusieurs d'entre eux ont été libérés mais au moins neuf restaient en détention mercredi soir, selon le porte-parole de l'organisation à New York, Stéphane Dujarric.

Ces arrestations font suite à l'état d'urgence décrété la semaine dernière par le gouvernement d'Abiy Ahmed, alors que les combattants rebelles ont menacé de marcher sur la capitale.

Selon des avocats, des milliers de Tigréens sont détenus de manière arbitraire depuis l'annonce de ces mesures, qui permettent aux autorités de détenir sans mandat toute personne soupçonnée de soutenir des "groupes terroristes".

Aucune information sur l'origine ethnique des chauffeurs détenus à Semera n'était disponible, mais l'ONU a par le passé engagé des Tigréens pour transporter de l'aide vers la région, où plusieurs centaines de milliers de personnes souffrent de la faim.

Seule 15% de l'aide nécessaire a pu parvenir au Tigré, via Semera, selon l'ONU. 

«Siège»

La guerre a débuté le 4 novembre 2020 quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Le prix Nobel de la paix 2019 a rapidement déclaré victoire mais les combattants du TPLF ont repris en juin l'essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, où se trouve Semera.

Le TPLF, et ses alliés de l'Armée de libération oromo (OLA), affirment désormais se trouver à environ 300 kilomètres au nord d'Addis Abeba.

La guerre, qui a fait des milliers de morts et déplacé plus de deux millions de personnes, est jalonnée d'exactions perpétrées par les deux camps. 

Mercredi, Human Rights Watch (HRW) a affirmé dans un rapport que le "siège effectif" mené par le gouvernement sur le Tigré empêchait les femmes victimes de viols d'accéder à des soins médicaux. 

S'appuyant sur des témoignages de victimes âgées de six à 80 ans, HRW accuse les belligérants de violences sexuelles généralisées et d'avoir délibérément ciblé des structures médicales.

«Actes ignobles»

Amnesty International a également publié mercredi une enquête affirmant que des combattants tigréens avaient violé, battu et volé des femmes en août dans la localité de Nifas Mewcha, en Amhara.

Ces "actes ignobles (...) constituent des crimes de guerre et potentiellement des crimes contre l'humanité", estime la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard.

Le TPLF a dénoncé "les conclusions radicales" de cette enquête, menée à ses yeux selon une "méthodologie erronée" via des entretiens vidéo à distance. Si ces faits sont avérés, "le gouvernement du Tigré traduira les auteurs en justice", ajoute l'organisation dans un communiqué.

Le gouvernement éthiopien a, lui, estimé que ces actes devaient "être condamnés par tous", évoquant "beaucoup d'autres actes inhumains commis dans les territoires" contrôlés par le TPLF.

Les efforts diplomatiques, menés notamment par l'Union africaine (UA) avec le soutien de l'ONU et des Etats-Unis, se sont intensifiés ces derniers jours pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. 

Lundi, l'envoyé spécial de l'UA, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, a évoqué une "fenêtre" à exploiter, au lendemain d'une visite dans la capitale tigréenne.

Washington a indiqué mercredi avoir "bon espoir" de voir les efforts de l'UA aboutir.

"Il y a une opportunité, j'espère, pour que chacun fasse marche arrière, s'assoie à la même table pour stopper ce qui se passe sur le terrain et, in fine, parvienne à un cessez-le-feu", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui s'est entretenu au téléphone avec M. Obasanjo et a apporté son "soutien" à sa médiation.

Le secrétaire d'Etat a aussi parlé avec son homologue éthiopien Demeke Mekonnen auprès duquel il a souligné "l'urgence de prendre des mesures concrètes pour la paix".

Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, avait déclaré auparavant sur Twitter que "la plupart des +initiatives de paix+" visaient "principalement à sauver Abiy".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.