Une ville en Tunisie se révolte contre les montagnes de déchets

Les forces de sécurité tunisiennes affrontent des manifestants dans la ville d'Agareb, le 11 novembre 2021. (Photo, AFP)
Les forces de sécurité tunisiennes affrontent des manifestants dans la ville d'Agareb, le 11 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 14 novembre 2021

Une ville en Tunisie se révolte contre les montagnes de déchets

  • Sous la pression populaire, les autorités avaient promis de fermer définitivement le site complètement saturé
  • Mais lundi, ils l'ont rouvert, faute de trouver un autre lieu de stockage, déclenchant une série de manifestations et d'affrontements avec la police

AGAREB : Les fumées de gaz lacrymogène et les cris saturent l'atmosphère de la petite ville d'Agareb, dans centre-est de la Tunisie. Imperturbable, Mabrouka Ben Ibrahim manifeste au nom de sa fille dont elle attribue la mort à des émanations toxiques provenant d'une décharge toute proche.

Il y a deux ans, Yousra a succombé à l'âge de 21 ans à une piqûre de moustique. Sa mère est convaincue que l'insecte lui a transmis une maladie ou une toxine mortelle provenant des ordures de l'énorme décharge d'Agareb, qui s'étend sur 35 hectares, près de chez eux.

"J'ai perdu ma fille, je ne veux pas que d'autres familles soient endeuillées à cause de cette décharge", explique Mme Ben Ibrahim, 59 ans. Elle figure parmi les habitants qui manifestent depuis lundi contre la réouverture de la décharge.

Les tonnes d'ordures enfouies sur le site d'Agareb, qui dessert un million d'habitants de la région de Sfax, contiennent aussi des déchets industriels et médicaux dangereux, selon les riverains. Des habitants et médecins dénoncent une incidence plus forte qu'ailleurs de certains types de cancers, de problèmes de vue et d'infertilité. 

Sous la pression populaire, les autorités avaient promis de fermer définitivement le site complètement saturé. Mais lundi, ils l'ont rouvert, faute de trouver un autre lieu de stockage, déclenchant une série de manifestations et d'affrontements avec la police.

Mardi, un manifestant est mort des suites des gaz lacrymogènes tirés par les forces de l'ordre, selon sa famille, une version contestée par les autorités.  

Quand la décharge d'Agareb a fermé provisoirement fin septembre, les municipalités de la région ont arrêté de ramasser les ordures, provoquant une crise des déchets à Sfax, qui s'est retrouvée 40 jours plus tard envahie de sacs poubelles.

Les autorités ont donc rouvert en catastrophe Agareb, située à une trentaine de km de la grande métropole industrielle, mais cela n'a fait que déplacer le problème. 

Les riverains de la décharge, située non loin du centre-ville, se plaignent des pestilences du site depuis son ouverture en 2008.

"Deux ans après, nous recensions déjà une hausse des allergies, des maladies respiratoires et fausses couches comme effet direct d'incendies (sauvages) d'ordures et de l'émission de gaz toxiques", explique le docteur Bassem Ben Ammar, installé à Agareb depuis plus de 20 ans, et qui constate aussi une forte hausse des cas de cancer.

Il dit avoir vu arriver sur la décharge "des déchets en tous genres, des membres humains amputés et même des foetus", alors que le ministère de l'Environnement assure que les déchets hospitaliers sont traités au préalable.

Fenêtres fermées

Y sont stockés aussi les résidus des nombreuses usines de cette région industrielle.

Même après la dissipation des gaz lacrymogènes, la puanteur des ordures continue de planer sur Agareb, ville de 40 000 habitants.

"Toute l'année, on est envahis par les moustiques et par cette odeur répugnante. On ne peut même pas ouvrir nos fenêtres", dénonce Adel Ben Faraj, l'un des manifestants.

La décharge, située au milieu d'une réserve naturelle, reçoit plus de 620 tonnes de déchets par jour, indique Ines Labiadh, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Il s'agit de l'un des 13 sites officiels d'enfouissement en Tunisie, à côté de dizaines de décharges anarchiques. Dans le pays, une majorité des déchets sont enfouis ou stockés à ciel ouvert, parfois incinérés et une infime quantité (moins de 10% selon le FTDES) est recyclée. 

Les riverains rappellent que la décharge d'Agareb ne devait initialement être ouverte que pendant cinq ans mais que son utilisation a été prolongée en 2013 et qu'elle a continué de fonctionner malgré une ordonnance de fermeture immédiate prononcée en 2019.

"Aujourd'hui, les manifestations ont lieu à Agareb, demain, elles pourraient être organisées près de Tunis", souligne Mme Labiadh, en notant qu'une partie du pays profite "d'un air propre" tandis que "les habitants de certaines zones pauvres sont privés des droits fondamentaux".

Pour sensibiliser d'autres populations, des habitants d'Agareb se sont organisés au sein du collectif artistique "Maneche Msabb"(Je ne suis pas une décharge), dont est membre Maamoun Ajmi, un architecte de 29 ans. 

Même s'il faisait partie d'un groupe d'activistes qui ont rencontré le président Kais Saied jeudi à Tunis, pour M. Ajmi, la question de la décharge n'a rien à voir avec la politique. 

"Nous ne sommes que des citoyens tunisiens qui revendiquons notre droit à un environnement propre", dit-il.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".