Panthéoniser Josephine Baker, réponse de Macron aux extrêmes

Symbole à la fois mémoriel et politique, cette panthéonisation consensuelle coche toute les cases de la "réconciliation" que prône le chef de l'Etat: Américaine qui a choisi la France, militante contre toutes les discriminations et engagée dans la Résistance. (Photo/AFP)
Symbole à la fois mémoriel et politique, cette panthéonisation consensuelle coche toute les cases de la "réconciliation" que prône le chef de l'Etat: Américaine qui a choisi la France, militante contre toutes les discriminations et engagée dans la Résistance. (Photo/AFP)
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Publié le Lundi 15 novembre 2021

Panthéoniser Josephine Baker, réponse de Macron aux extrêmes

  • Avec Joséphine Baker, il casse les codes en élargissant le profil un peu figé des "panthéonisés", pour la plupart hommes d'Etat, héros de guerre ou écrivains
  • C'est la troisième «panthéonisation» décidée par Emmanuel Macron, qui a déjà fait entrer dans la nécropole laïque Simone Veil en 2018 puis en 2020 l'écrivain Maurice Genevoix et «Ceux de 14» tombés pendant la Grande Guerre

PARIS: En décidant de panthéoniser Joséphine Baker, Emmanuel Macron lance un message anti-raciste et célèbre aussi une apôtre du vivre-ensemble, comme une réponse aux extrêmes de gauche comme de droite.

Symbole à la fois mémoriel et politique, cette panthéonisation consensuelle coche toute les cases de la "réconciliation" que prône le chef de l'Etat: Américaine qui a choisi la France, militante contre toutes les discriminations et engagée dans la Résistance. 

C'est l'écrivain Régis Debray qui en décembre 2013 avait lancé l'idée : "Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ?", écrivait-il dans Le Monde. "Des Folies-Bergère au suprême sanctuaire ? De la ceinture de bananes à la couronne de lauriers ? Profanation ! Le Front national accusera. Le burgrave gémira. La vertu hoquettera". 

François Hollande avait refusé cette proposition audacieuse -- "il jugeait l'idée farfelue", s'amuse un proche de son successeur. Mais cela fait plus de dix-huit mois que l'idée cheminait à l'Elysée, poussée par la famille qui a fait le siège des conseillers. "A force de se dire que ça aurait de la gueule, on a décidé de le faire", explique l'un d'entre eux. 

Le "comité Joséphine" qui défendait sa panthéonisation a été reçu à l'Elysée en mai dernier. Emmanuel Macron se convainc et le 21 juillet annonce sa décision aux membres du comité de soutien qu'il reçoit au Palais. Parmi eux, raconte Le Parisien, le romancier Pascal Bruckner, le chanteur Laurent Voulzy, l’entrepeneure Jennifer Guesdon, l’essayiste Laurent Kupferman - qui a lancé la pétition "Osez Joséphine" - et Brian Bouillon-Baker, un des fils adoptifs de Joséphine Baker.

"Nous rendons hommage à son engagement pour les valeurs républicaines", explique l'entourage du président, en rappelant qu'elle avait dit de la France: "Ici on me prend pour une personne et on ne me regarde pas comme une couleur".  

Au point, rappellent les conseillers de l'Elysée, que lorsqu'elle accompagne la marche de Martin Luther King pour les droits civiques à Washington en 1963, elle porte son uniforme de l'armée française, avec ses décorations. Et lance: "En France, je n'ai jamais eu peur". 

"C'est un message de fraternité universelle. Un choix de l'imaginaire qui entraîne, contre un identitaire qui enchaîne", lance un conseiller de l'Elysée, une allusion à la montée des discours politiques identitaires. Mère adoptive d'une "tribu arc-en-ciel" de douze enfants de toutes origines, elle incarne cet idéal même dans sa vie privée.

Avec Joséphine Baker, six femmes au Panthéon

L'artiste franco-américaine Joséphine Baker, deviendra le 30 novembre la sixième femme à entrer au Panthéon, après Sophie Berthelot, la physicienne Marie Curie, les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ainsi que Simone Veil, figure de la vie politique.

Sophie Berthelot, première à y reposer, au côté de son mari, le scientifique Marcellin Berthelot qu'elle avait assisté dans ses recherches, avait été distinguée "en hommage à sa vertu conjugale". 

Sophie Berthelot

Marcellin Berthelot (1827-1907) était chimiste, biologiste et homme politique. De nombreuses rues, places, écoles ou lycées portent le nom de celui qui déposa plus de 1.000 brevets scientifiques et fut ministre des Affaires étrangères et de l'Instruction publique.

Quand sa femme, Sophie (née Niaudet), qui l'assistait dans ses recherches, tomba malade, il dit à ses six enfants qu'il ne pourrait pas lui "survivre". Il décéda quelques instants après elle. Les causes de sa mort n'ont pas été clairement élucidées.

La famille a accepté de le "panthéoniser" à la condition que Sophie soit enterrée avec lui. Le ministre Aristide Briand dit, dans son éloge, en 1907: "Elle avait toutes les qualités rares qui permettent à une femme belle, gracieuse, douce, aimable et cultivée d'être associée aux préoccupations, aux rêves et aux travaux d'un homme de génie".

Marie Curie

Née à Varsovie en 1867, Marya Salomea Sklodowska vient à Paris étudier physique et mathématiques. Elle épouse le physicien Pierre Curie en 1895. Ils trouvent deux nouveaux atomes, radioactifs, baptisés polonium et radium, et obtiennent le Nobel de Physique en 1903, avec Henri Becquerel.

En 1906, Pierre Curie meurt, écrasé par un camion. Veuve, Marie Curie a une liaison avec le physicien Paul Langevin, qui lui aussi repose au Panthéon. Mais l'épouse trompée porte plainte contre elle et le scandale éclate en 1911, mettant fin à leur romance. Cette même année, elle reçoit le Nobel de Chimie. Seule femme au monde deux fois nobellisée, elle meurt en 1934.

En 1995, ses cendres sont transférées au Panthéon avec celles de son mari, en présence du président polonais Lech Walesa. Une décision du président François Mitterrand prise sur la suggestion de Simone Veil et d'autres personnalités.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz

Première femme décorée de la Grand-croix de la Légion d'honneur, Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002) était la nièce du général de Gaulle. Étudiante en histoire, elle rejoint le célèbre Réseau de résistance du Musée de l'Homme, un des premiers créés à Paris. Dénoncée et arrêtée en 1943, elle est déportée en janvier 1944 à Ravensbrück où elle côtoie Germaine Tillion. 

Revenue de l'enfer, elle travaille un temps au ministère de la Culture auprès d'André Malraux avec son mari Bernard Anthonioz. Mais, fin 1958, elle rencontre le père Joseph Wresinski, créateur du mouvement "Aide à toute détresse", qui deviendra ATD Quart-Monde. En 1964, elle prend la tête de l'association. En 1996, elle plaide devant les députés en faveur d'un projet de loi de cohésion sociale finalement adopté en 1998.

Germaine Tillion

Ethnologue, Germaine Tillion (1907-2008) a été une inlassable combattante des droits de l'homme. Élève du sociologue Marcel Mauss, elle part en 1934 enquêter dans les Aurès sur la population berbère. Mi-historienne, mi-reporter, elle y effectue quatre missions.

Pendant la guerre, elle participe à la création du Réseau du Musée de l'Homme. Elle aussi est déportée à Ravensbrück, en même temps que sa mère Émilie qui n'en reviendra pas. Titulaire de nombreuses décorations pour ses actes héroïques durant la Guerre, elle est la deuxième femme à devenir Grand-croix de la Légion d'Honneur.

A son retour des camps, elle travaille au CNRS et à l'École pratique des Hautes études, rédigeant plusieurs livres sur Ravensbrück, l'Algérie ou son métier.

Son cercueil et celui de Geneviève de Gaulle-Anthonioz ont été installés au Panthéon en 2015, sans leurs dépouilles, à la demande de leurs familles qui ont souhaité les garder dans les cimetières où elles sont inhumées.

Simone Veil

Simone Veil, rescapée d'Auschwitz, ministre de la Santé (1974-1978) et présidente du Parlement européen (1979-1982), était l'une des personnalités préférées des Français.

Également académicienne, elle a été présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (2001-2007).

Sa notoriété et sa popularité doivent beaucoup à sa lutte pour faire adopter en 1975 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), malgré l'opposition alors d'une grande partie de la droite.

Elle a été panthéonisée en 2018, un an après son décès. Son mari Antoine, décédé en 2013, repose à ses côtés.

Le goût du Panthéon

C'est la troisième "panthéonisation" décidée par Emmanuel Macron, qui a déjà fait entrer dans la nécropole laïque Simone Veil en 2018 puis en 2020 l'écrivain Maurice Genevoix et "Ceux de 14" tombés pendant la Grande Guerre. 

Avec Joséphine Baker, il casse les codes en élargissant le profil un peu figé des "panthéonisés", pour la plupart hommes d'Etat, héros de guerre ou écrivains.

Mais ce choix inattendu a réussi à faire finalement consensus dans toute la classe politique, unanime à saluer l'artiste engagée pour la France, de Marine Le Pen (RN) à Anne Hidalgo (PS) et Fabien Roussel (PCF). 

Un exemple qui va dans le sens du "dépassement" politique et de la "réconciliation des mémoires" revendiqués par Emmanuel Macron, à cinq mois de la présidentielle. 

Les panthéonisations refusées révèlent aussi en creux d'autres choix politiques. Et le désir de ne pas susciter de polémiques. Le chef de l'Etat a ainsi écarté l'idée d'y faire entrer l'avocate féministe Gisèle Halimi, militante pour l'avortement et contre la guerre d'Algérie, dont l'entrée au Panthéon était réclamée par des associations féministes ou la Ville de Paris. 

Ce sera finalement un hommage national aux Invalides en 2022, a annoncé le président de la République cet été. Celle qui avait dénoncé les tortures pratiquées pendant la guerre d'Algérie et été l'avocate de militants du FLN a été jugée trop clivante, selon son entourage.


Assurance chômage: les syndicats demandent au gouvernement de renoncer formellement à une réforme globale

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Syndicats et organisations patronales (sauf Medef) réclament le retrait du cadrage financier sur l’assurance chômage
  • Ils veulent ouvrir une négociation sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles sans nouvelles économies imposées

PARIS: Les cinq syndicats représentatifs de salariés et deux organisations patronales, à l'exception du Medef, demandent au gouvernement de renoncer formellement à son projet de nouvelles négociations sur l'assurance chômage, dans un courrier commun consulté par l'AFP.

Dans ce courrier adressé vendredi soir au Premier ministre Sébastien Lecornu, la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, côté syndicats, et la CPME et l'U2P (artisans), côté patronal, lui demandent de retirer le cadrage financier qui avait été communiqué en août par le gouvernement Bayrou pour fixer les économies souhaitées sur l'assurance chômage.

Ce retrait doit leur permettre, expliquent-elles, d'ouvrir, "dans les prochaines semaines, une négociation interprofessionnelle portant sur la question des contrats courts". Une négociation qui "sera également l’occasion d'examiner la question des ruptures conventionnelles", selon leur courrier.

Depuis la chute du gouvernement Bayrou, Sébastien Lecornu a semblé abandonner l'idée d'une nouvelle réforme globale de l'assurance chômage pour cibler "les ruptures conventionnelles (qui) peuvent donner lieu à des abus".

Le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou a souligné jeudi avoir "proposé aux partenaires sociaux" de s'"emparer" de ce sujet. "On voudrait aller assez vite pour trouver quelques centaines de millions d’euros d’économies", a-t-il dit au Parisien.

Une telle discussion se ferait, plaident les syndicats dans leur courrier, "dans une approche globale et équilibrée, avec l’objectif partagé de renforcer la qualité de l'emploi et de sécuriser les parcours professionnels".

Dans sa lettre de cadrage, en août, le gouvernement Bayrou avait demandé aux partenaires sociaux de négocier une nouvelle convention d'assurance chômage en réalisant 2 à 2,5 milliards d'euros d'économies par an entre 2026 et 2029.

Elle fixait le 15 novembre comme date butoir pour un accord, mais les discussions n'ont jamais eu lieu.

Les partenaires sociaux sont chargés de négocier les règles de l'indemnisation du chômage mais s'il ne parviennent pas à un accord, l'État définit les règles par décret.

Cette lettre avait été jugée inacceptable par les syndicats notamment en raison de l'ampleur des efforts demandés, alors que les principales règles de la dernière réforme, datant de novembre 2024, étaient entrées en vigueur en avril dernier, en théorie pour quatre ans.

"On n'a pas arrêté de demander au gouvernement de renoncer à la lettre de cadrage et on continue à leur demander de l'abandonner explicitement par un écrit, sinon ce sera une épée de Damoclès avec des décrets qui pourraient nous arriver très prochainement ou avec un autre gouvernement qui nous dirait qu'on n'a pas respecté la lettre de cadrage", s'inquiète auprès de l'AFP le secrétaire confédéral de la CGT, Denis Gravouil.


Le sommet Choose France se décline pour pousser les entreprises tricolores à "investir davantage"

Le président français Emmanuel Macron gesticule alors qu'il prononce un discours lors de l'inauguration de la cinquième édition du Grand Salon du Made in France, à l'Élysée, à Paris, le 14 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron gesticule alors qu'il prononce un discours lors de l'inauguration de la cinquième édition du Grand Salon du Made in France, à l'Élysée, à Paris, le 14 novembre 2025. (AFP)
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  • Avec « Choose France », le gouvernement met cette année à l’honneur les entreprises françaises pour encourager leurs investissements sur le territoire
  • L’exécutif attend plusieurs milliards d’euros d’annonces dans des secteurs stratégiques: énergie, IA, santé, chimie, spatial

PARIS: Avec le sommet Choose France "édition France", organisé lundi, le gouvernement entend mettre à l'honneur les entreprises françaises qui investissent dans le pays, et les inciter à le faire "davantage", en particulier dans les secteurs stratégiques de l'industrie.

"Pour la première fois, ce qu'on fait depuis huit ans en attirant les investisseurs internationaux à venir sur tous nos territoires et, année après année, à bâtir des investissements, construire des usines... On va le faire pour accompagner nos entreprises françaises et nos grands groupes pour investir davantage sur notre propre territoire", s'est félicité vendredi soir Emmanuel Macron.

Dans un contexte marqué par la "brutalité des échanges commerciaux" et "une concurrence déloyale", le président a appelé à "assume(r) une politique de protection de (notre) industrie", lors du discours d'inauguration de la cinquième édition de la Grande exposition du "Fabriqué en France" à l'Élysée.

Lancé par Emmanuel Macron en 2018, le sommet Choose France est destiné chaque année à attirer les investissements d'entreprises étrangères en France.

Plus d'une dizaine de milliards d'euros d'investissements ont été annoncés lors de chacune des trois dernières éditions de l'événement. En mai, le 8e sommet Choose France avait battu un nouveau record avec 20 milliards d'euros de projets annoncés sous les ors du château de Versailles.

- "Milliards d'euros" -

Pour la première déclinaison franco-française, baptisée "Choose France - Édition France", le ministère de l'Économie et Matignon ont affirmé, lors d'un échange téléphonique avec la presse, tabler sur des annonces d'investissement dans la "fourchette haute" de ces précédentes éditions, sans préciser le montant.

Ces "milliards d'euros d'investissements" seront "listés" et "dévoilés" lundi matin à Paris, à la Maison de la Chimie, a déclaré le ministre de l'Économie, Roland Lescure, lors d'une visite dans l'Ain destinée à lancer l'événement.

A Saint-Vulbas, chez Speichim Processing, l'un des leaders européens du recyclage des déchets et produits chimiques, il a annoncé un investissement de "près de 30 millions d'euros". Destiné à construire une "troisième ligne de distillation", il permettra d'augmenter "d'un peu moins de 50%" la capacité de production de cette filiale du groupe français Séché Environnement.

D'autres annonces seront distillées dimanche, lundi et mardi par les ministres.

D'après Bercy et Matignon, ce sommet réunira 150 entreprises (grands groupes, PME, start-ups, ETI...) mais également des fédérations professionnelles et des organisations syndicales et patronales.

Les secteurs représentés seront variés, allant de l'énergie à l'agroalimentaire, en passant par la santé, la chimie ou le spatial. Des secteurs considérés comme "stratégiques" seront mis en avant: "la transition écologique et énergétique, l'intelligence artificielle, le numérique", notamment.

Les investissements annoncés concerneront les douze derniers mois, mais tous ne seront pas nouveaux, une partie ayant déjà été dévoilée par les entreprises.

- Attractivité -

C'est notamment le cas du groupe industriel français Urgo, marque emblématique du pansement qui a annoncé vendredi la construction d'une nouvelle usine dans la Loire, fruit d'un investissement de 60 millions d’euros d'ici à 2029.

Sera aussi mis en avant la construction d'une usine de freins carbone par Safran dans l'Ain, un investissement de plus de 450 millions d'euros à terme.

Les grands groupes profitent de cette séquence pour mettre en avant leurs investissements. Danone a ainsi communiqué vendredi sur ses prévisions d'investissement de 300 millions d'euros et la relocalisation de la production de plus de 45.000 tonnes de produits d'ici 2028.

Le lundi après-midi sera consacré à plusieurs tables rondes présidées par des ministres avec des entreprises, qui ne seront pas ouvertes à la presse.

Lors de l'une d'elles, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, fera part à une dizaine d'entreprises des négociations budgétaires en cours.

La journée sera clôturée par un dîner à l'Élysée, hors presse.

Pour l'exécutif, c'est l'occasion de mettre en avant le "renfort de l'attractivité de la France", dont les entreprises tricolores sont "le moteur".

Pour la sixième année consécutive, la France a été sacrée cette année premier pays européen en termes d'investissements étrangers par le baromètre du cabinet EY, avec 1.025 projets, un nombre toutefois en baisse.


France: à Marseille, un écologiste perd un deuxième frère dans un assassinat

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
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  • L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence
  • Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes

MARSEILLE: Un jeune militant écologiste de 22 ans, Amine Kessaci, engagé aux côté des victimes du narcobanditisme à Marseille, dans le sud de la France, a perdu un deuxième frère cette semaine dans un assassinat, a appris l'AFP auprès de sources concordantes.

Jeudi, aux alentours de 14H30 (13H30 GMT), un jeune homme de 20 ans, inconnu des services de police et de justice, a été abattu par balle dans le 4e arrondissement de Marseille, à deux pas de la plus grande salle de concert de la ville, a indiqué dans un communiqué le procureur de la ville, Nicolas Bessone, sans donner l'identité de la victime.

L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence.

Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes.

"Une moto s'est portée à hauteur du véhicule de la victime qui venait de se garer. Le passager arrière de la moto a tiré à plusieurs reprises sur la victime, qui était toujours dans son véhicule. Plusieurs étuis de 9 mm ont été retrouvés sur place", détaille le procureur.

Christine Juste, adjointe écologiste au maire de Marseille et proche d'Amine Kessaci, a confirmé à l'AFP, en pleurs, l'identité de la jeune victime. "J'ai énormément de peine pour mon ami et sa maman, aucune mère ne devrait vivre cela, la perte de deux enfants".

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade.

En 2020, Brahim, le grand frère d'Amine Kessaci a été abattu lors d'un triple assassinat par arme à feu et son corps a été retrouvé carbonisé dans un véhicule près de Marseille.

Les violences liées au narcotrafic sont fréquentes à Marseille et la consommation de drogue, notamment dans la rue, est en hausse. Un phénomène expliqué selon des élus locaux par une "précarisation générale" dans ce qui se trouve être également la métropole la plus pauvre du pays.

Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans le département français des Bouches-du-Rhône, où se trouve Marseille.