Google et l'AFP signent un accord «pionnier» au terme d'âpres négociations

Le PDG de l'Agence France Presse Fabrice Fries (à droite) en compagnie du vice-président et directeur général de Google France Sébastien Missoffe au siège de l'AFP à Paris, le 17 novembre 2021. (Photo, AFP)
Le PDG de l'Agence France Presse Fabrice Fries (à droite) en compagnie du vice-président et directeur général de Google France Sébastien Missoffe au siège de l'AFP à Paris, le 17 novembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 18 novembre 2021

Google et l'AFP signent un accord «pionnier» au terme d'âpres négociations

  • Le géant américain payera pendant cinq ans l'agence de presse internationale pour utiliser ses contenus en ligne au titre des «droits voisins du droit d'auteur»
  • La question du partage des revenus générés sur le web par les géants de la tech est au coeur de vives tensions avec les médias dans le monde

PARIS : C'est "l'aboutissement d'un long combat" ainsi qu'une volonté de "tourner la page": au terme d'âpres négociations sur l'application des "droits voisins", Google et l'AFP ont conclu un accord pour rémunérer pendant cinq ans les contenus de l'agence de presse internationale présentés par le géant américain.

Il s'agit du premier partenariat conclu par une agence de presse au titre des droits voisins du droit d'auteur, une directive européenne que la France a été la première à transposer dans son droit national en 2019. La question du partage des revenus générés sur le web par les géants de la tech est au coeur de vives tensions avec les médias dans le monde.

L'accord "couvre toute l'UE, dans toutes les langues de l'AFP, y compris dans les pays qui n'ont pas transposé la directive", s'est réjoui mercredi le PDG de l'Agence France-Presse, Fabrice Fries, qui a qualifié de "pionnier" cet accord négocié depuis 18 mois. L'AFP produit et diffuse des contenus multimédia dans six langues auprès de ses clients en France et dans le monde.

Pour M. Fries, cette signature est "l’aboutissement d’un long combat. (...) On a bataillé pour que les agences soient pleinement éligibles aux droits voisins. La différence avec un partenariat commercial, c’est qu’un contrat de droits voisins a vocation à être durable", a poursuivi le PDG de l’AFP.

"On signe cet accord pour tourner la page et avancer. On est là pour montrer que les acteurs peuvent s'entendre et que l'on a trouvé une solution", a souligné de son côté Sébastien Missoffe, le directeur général de Google en France, interrogé conjointement par des journalistes de l'AFP.

Le montant de l'accord, forfaitaire, n'a pas été dévoilé. Il "permettra de contribuer à la production d'une information de qualité et au développement de l’innovation au sein de l’Agence", a indiqué M. Fries.

"Le précédent créé, nous allons pouvoir engager des négociations similaires avec d’autres plateformes", a précisé Fabrice Fries dans un message interne aux salariés de l'agence.

L'accord avec Google doit être complété "très prochainement" par "un programme portant sur la lutte contre la désinformation", ont affirmé les deux entreprises dans un communiqué commun. L'AFP proposera notamment des formations au fact-checking.

Dans son message aux salariés, Fabrice Fries a ajouté que Google allait "ainsi devenir un des tout premiers clients de l'Agence, aux côtés de Facebook." Le groupe américain Meta, propriétaire du réseau social, rémunère plus de 80 médias dans le monde, dont l'AFP, au titre d'un programme de vérification des contenus.

La notion de droits voisins du droit d'auteur permet aux journaux, magazines ou agences de presse de se faire rémunérer lorsque leurs contenus sont réutilisés sur la Toile. Elle a été instituée pour les plateformes en ligne par l'article 15 de la directive européenne sur le droit d'auteur, adoptée en mars 2019 par le Parlement européen après plus de deux ans de débats acharnés.

Après avoir d'abord rechigné à rémunérer les journaux français pour l'utilisation de leurs contenus, Google a fini par signer début 2021 un accord-cadre, suspendu depuis, avec une partie de la presse en France pour une durée de trois ans.

Saisie par les éditeurs de presse, l'Autorité française de la concurrence lui a infligé mi-juillet une amende de 500 millions d'euros pour n'avoir pas négocié "de bonne foi". Google a fait appel, et poursuit parallèlement les négociations avec certains groupements de médias français.

De son côté, Facebook a annoncé en octobre plusieurs accords, dont un accord-cadre avec l'Alliance pour la presse d'information générale (Apig) qui prévoit de rémunérer pendant deux ans les éditeurs français de presse quotidienne pour l'utilisation de leurs contenus. Cet accord prévoit une participation de ces éditeurs à Facebook News, un service dédié à l'information, déjà lancé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et que Facebook va déployer en France en janvier 2022.

Les négociations et tensions sont nombreuses autour des Gafam et des droits d’auteur. En Espagne, Google vient d'annoncer la réouverture début 2022 de son service Google News, fermé il y a sept ans dans ce pays en réaction à l'adoption d'une loi sur la propriété intellectuelle l'obligeant à rétribuer les médias. Au Danemark, les principaux médias ont annoncé en juin qu’ils allaient s’unir pour négocier leurs droits d’auteur avec les géants du web. En Australie, une loi a été adoptée pour obliger les géants de la tech à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus.

Les droits voisins, une nouvelle source de revenus pour la presse

Comment mieux rémunérer les éditeurs de presse pour l'utilisation en ligne de leurs articles ou photos par les plateformes ? C'est tout l'objectif des droits voisins du droit d'auteur, comme l'illustre mercredi l'accord entre l'AFP et Google.

La bataille n'était pas gagnée et elle a d'abord fait l'objet d'âpres négociations à Bruxelles sur fond de lobbying intense. Les géants américains du numérique, peu enclins à mettre la main à la poche pour des contenus qu'ils utilisaient jusqu'alors gratuitement, faisaient face aux éditeurs de presse européens, bien décidés à être payés à leur juste valeur.

Tout a commencé en septembre 2016, quand la Commission européenne a présenté une vaste réforme du droit d'auteur, destinée à adapter à l'ère du numérique une législation datant de 2001, quand Facebook n'existait pas encore.

Après des discussions acharnées entre les 27 Etats membres de l'UE, ainsi qu'au Parlement européen, la directive européenne sur les droits voisins du droit d'auteurs est adoptée en mars 2019.

Reste alors aux 27 pays de l'Union à la transposer dans leur droit national. La France, très en pointe sur le sujet, est le premier pays européen à appliquer ces nouvelles règles: une loi est adoptée dès juillet 2019, et elle entre en vigueur trois mois plus tard.

La balle est ensuite dans le camps des éditeurs et agences de presse, comme l'Agence France-Presse (AFP): ils doivent négocier avec les plates-formes comment et à quels prix leur production, protégée pendant deux ans après publication, peut être utilisée.

Google a longtemps considéré qu'il n'avait pas à payer pour les extraits repris sur ses pages de résultats, faisant valoir que le trafic qu'il génère sur les sites internet des éditeurs les rémunère déjà.

Les discussions ont lieu entre Google et l'Alliance de la presse d'information générale (APIG), qui représente la presse quotidienne nationale et régionale, ainsi qu'avec le Syndicat des éditeurs de la presse magazine et l'Agence France-Presse.

En revanche, le syndicat de la presse indépendante d'information en ligne --qui regroupe des médias comme Contexte, Mediapart, NextINpact, l'agence de presse médicale APM-- refuse le principe des droits voisins, qu'il qualifie de "chimère". Il réclame plutôt "une vraie égalité de traitement dans la diffusion numérique de la presse".

Après avoir renâclé, Google et Facebook ont commencé à signer des accords avec les journaux français pour rémunérer l'utilisation de leurs contenus.

Ceci n'a pas empêché Google d'écoper en juillet dernier d'une amende de 500 millions d'euros de la part de l'Autorité française de la concurrence pour ne pas avoir négocié "de bonne foi" avec la presse française. Google a fait appel en septembre.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com