Putsch au Soudan: des hommes politiques libérés, les ministres pro-civils démissionnent

Malgré une répression sanglante qui a fait 41 morts et des centaines de blessés, ainsi qu'une longue coupure des communications, les Soudanais ont défilé par dizaines de milliers ces dernières semaines contre le pouvoir militaire, réclamant notamment la liberté pour leurs responsables civils. (Photo, AFP)
Malgré une répression sanglante qui a fait 41 morts et des centaines de blessés, ainsi qu'une longue coupure des communications, les Soudanais ont défilé par dizaines de milliers ces dernières semaines contre le pouvoir militaire, réclamant notamment la liberté pour leurs responsables civils. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 23 novembre 2021

Putsch au Soudan: des hommes politiques libérés, les ministres pro-civils démissionnent

  • Le Premier ministre est réapparu en public pour la première fois pour signer avec le général Burhane un accord en 14 points
  • Le général Burhane a renouvelé lundi encore, lors d'une réunion avec l'armée et des paramilitaires, sa promesse de mener le Soudan vers des «élections libres en juillet 2023»

KHARTOUM : Plusieurs hommes politiques détenus depuis le coup d'Etat militaire du 25 octobre au Soudan ont été libérés, a indiqué lundi l'un d'eux à l'AFP, au lendemain d'un accord critiqué entre l'armée et le Premier ministre Abdallah Hamdok censé relancer la transition au Soudan.

"J'ai été libéré tard (dimanche soir) alors que j'étais détenu à l'isolement depuis le 25 octobre, complètement coupé du monde", a déclaré Omar al-Daguir, chef du parti du Congrès, une des nombreuses formations de la société civile soudanaise à avoir rejeté l'accord de dimanche. 

D'autres politiques ont recouvré la liberté, selon M. Daguir, à l'instar de Sedig al-Sadeq al-Mahdi, un dirigeant du parti al-Oumma --le plus grand du pays-- qui est depuis apparu dans les médias. Yasser Arman également, conseiller de M. Hamdok et figure centrale des Forces de la liberté et du changement (FLC), bloc pro-civil né de la révolte qui a chassé le dictateur Omar el-Béchir du pouvoir en 2019.

Mais il n'y a toujours aucune nouvelle des dirigeants civils ayant participé avec l'armée aux institutions politiques intérimaires durant plus de deux ans.

Tous avaient été arrêtés à l'aube le jour du coup d'Etat, avant l'annonce par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, de la dissolution des institutions du pays et de la mise en place de l'état d'urgence.

Dimanche, après environ un mois en résidence surveillée, le Premier ministre est lui réapparu en public pour la première fois pour signer avec le général Burhane un accord en 14 points, prévoyant notamment sa réinstallation dans ses fonctions et la libération des "détenus politiques". 

«Revers»

Malgré une répression sanglante qui a fait 41 morts et des centaines de blessés, ainsi qu'une longue coupure des communications, les Soudanais ont défilé par dizaines de milliers ces dernières semaines contre le pouvoir militaire, réclamant notamment la liberté pour leurs responsables civils.

Et s'ils avaient brandi des photos de M. Hamdok, longtemps resté le seul dirigeant "légitime" du Soudan à leurs yeux, les manifestants déchiraient dimanche le portrait du Premier ministre, désormais perçu comme un traître à la "révolution" de 2019.

"Nous ne doutons pas de son intégrité (...) mais ce qui s'est passé hier constitue un revers", a estimé l'ex-cheffe de la diplomatie Mariam al-Sadeq al-Mahdi, balayant l'éventualité que l'accord Burhane-Hamdok soit un nouveau "point de départ".

La diplomate fait partie des 12 ministres (sur 17) issus des FLC à avoir annoncé lundi leur démission, après avoir réaffirmé la veille l'impossibilité de négocier ou d'établir un partenariat avec les putschistes.

Seul le ministre du Commerce Ali Geddo a "refusé de démissionner", selon le texte publié par les responsables. MM. Khaled Omar Youssef et Ibrahim al-Cheikh, respectivement ministres des Affaires parlementaires et de l'Industrie, demeurent eux en détention tandis que deux autres n'ont pas participé à la réunion.

«Suicide politique»

Autre fer de lance de la révolte anti-Béchir, l'Association des professionnels soudanais a dès dimanche accusé M. Hamdok de "suicide politique" via son accord avec le général Burhane.

Tous deux ont pourtant affirmé s'allier pour remettre la transition démocratique sur les rails.

Le général Burhane a renouvelé lundi encore, lors d'une réunion avec l'armée et des paramilitaires, sa promesse de mener le Soudan vers des "élections libres en juillet 2023", dans ce pays sous dictature militaire quasiment en continu depuis 65 ans.

Une promesse cosmétique, selon des experts, pour qui le chef de l'armée a réussi, grâce à l'accord de dimanche, à consacrer sa mainmise sur la transition, tout en satisfaisant la communauté internationale.

La Troïka – les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège – à la manoeuvre sur le dossier soudanais, l'Union africaine, l'Union européenne ainsi que d'autres pays occidentaux ont salué l'accord, tout comme l'Egypte et l'Arabie saoudite, deux alliés arabes de l'armée soudanaise. 

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui s'est entretenu avec MM. Burahne et Hamdok lundi, a toutefois réclamé davantage de "progrès" avant de reprendre l'aide financière au pays qui a été suspendue après le coup d'Etat. 

Volker Perthes, représentant des Nations unies pour le Soudan, s'est lui réjoui de la libération des hommes politiques, mettant toutefois en garde: "Tous les détenus devraient être libérés immédiatement pour que l'accord politique soit pris au sérieux".


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.