Tout comprendre à l'effondrement de la livre turque

M. Erdogan a limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la Banque centrale et remplacé son ministre des Finances à deux reprises depuis juillet 2018. (Photo, AFP)
M. Erdogan a limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la Banque centrale et remplacé son ministre des Finances à deux reprises depuis juillet 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 24 novembre 2021

Tout comprendre à l'effondrement de la livre turque

  • La monnaie a perdu plus de 43% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, et des observateurs redoutent que la chute se poursuive
  • A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation

ANKARA: La livre turque s'est à nouveau effondrée mardi à un niveau historiquement bas, conséquence de la politique monétaire menée par le président Recep Tayyip Erdogan, qui défend la baisse des taux d'intérêt malgré l'inflation galopante et l'hostilité des marchés.

La monnaie a perdu plus de 43% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, et des observateurs redoutent que la chute se poursuive.

Pourquoi cet effondrement ?

A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.

Conformément au souhait du président, la Banque centrale turque - officiellement indépendante - a ainsi abaissé de nouveau son taux directeur la semaine dernière (de 16 à 15%) pour la troisième fois en moins de deux mois, sous le niveau d'inflation, qui frôle les 20% sur un an.

M. Erdogan a limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la Banque centrale et remplacé son ministre des Finances à deux reprises depuis juillet 2018.

Le président Erdogan balaie cependant toute responsabilité dans la chute de la livre : "Je rejette les politiques qui condamneront notre peuple au chômage, à la faim et à la pauvreté", a-t-il déclaré lundi pour justifier sa politique de croissance à tout prix.

Quelles conséquences ?

Si de nombreux observateurs estiment que le secteur bancaire turc est plus solide depuis la crise économique de 2001, la situation des banques suscite des inquiétudes.

"Le risque est que la livre souffre de nouvelles chutes brutales et provoque des problèmes dans le secteur bancaire. Un resserrement du crédit pourrait s'ensuivre, et cela pèsera lourdement sur l'activité économique", estime Jason Tuvey, analyste de Capital Economics. 

"Une menace majeure réside également dans les dépôts en devises. Le signe d'une hausse des demandes de retrait pourrait provoquer une embardée vers des formes plus agressives de contrôle des capitaux", ajoute l'économiste, spécialiste des marchés émergents. Plus de la moitié des dépôts dans les banques turques sont en devises étrangères, principalement en dollars.

La chute de la livre nourrit aussi l'inflation, la Turquie étant très dépendante des importations, pour l'énergie et les matières premières notamment. L'inflation annuelle officielle était de 19,89 % en octobre, un taux quatre fois supérieur à l'objectif initial du gouvernement.

A dix-huit mois de la prochaine échéance présidentielle, une dégradation durable de l'économie risquerait par ailleurs de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.

Que cherche Erdogan ?

Le président Erdogan semble faire le pari de la croissance à tout prix (l'économie turque devrait croître de 9% en 2021, et de 3,5% en 2022) et évacue les craintes d'une crise monétaire, affirmant que le gouvernement "encourage l'investissement, la production et les exportations".

Au cours de la crise monétaire de 2018, la Banque centrale avait rehaussé très nettement son principal taux d'intérêt, mais une telle éventualité paraît aujourd’hui peu probable puisque le chef de l'Etat semble plus déterminé que jamais à maintenir des taux bas.

Certains experts estiment que le président cherche ainsi à renforcer l'attractivité de la Turquie et à encourager les entreprises étrangères à venir produire dans le pays du fait du faible coût du travail. Le salaire minimum mensuel net en Turquie (2.825,90 livres) équivalait au 1er janvier à environ 380 dollars. Il n'en valait plus que 222 mercredi.

"Jusqu'à récemment, les 'objectifs 2023' de l'équipe Erdogan incluaient de devenir une puissance post-industrielle et un leader de la haute technologie. Maintenant, il s'agit de faire de la Turquie une source de main-d'œuvre ultra-bon marché", a commenté sur Twitter Timur Kuran, professeur d'Economie à l'université Duke (Etats-Unis).


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com