Nouveau variant du Covid-19: le monde se ferme à l'Afrique du Sud

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait une déclaration aux médias sur la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 26 novembre 2021. (Johanna Geron/ Pool / AFP)
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait une déclaration aux médias sur la pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19) au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 26 novembre 2021. (Johanna Geron/ Pool / AFP)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Nouveau variant du Covid-19: le monde se ferme à l'Afrique du Sud

  • Plusieurs pays européens ont décidé vendredi de suspendre les vols en provenance d'Afrique australe, d'autres nations, comme le Japon instaurant une quarantaine
  • Les craintes liées à ce nouveau variant, décelé à un moment où les restrictions sanitaires suscitent des tensions sociales et où la défiance envers la vaccination persiste, ont fait chuter les prix du pétrole et entraîné de fortes baisses des bourses mond

BRUXELLES, Belgique : Un nouveau variant du Covid-19 en Afrique du Sud et les frontières se referment: plusieurs pays européens ont décidé vendredi de suspendre les vols en provenance d'Afrique australe, d'autres nations, comme le Japon instaurant une quarantaine.

Potentiellement très contagieux et aux mutations multiples, la détection de ce nouveau variant du Covid-19 a été annoncé jeudi en Afrique du Sud.

En dépit des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déconseillé de prendre des mesures de restriction aux voyages, la Grande-Bretagne, la France et les Pays-bas ont interdit les vols en provenance d'Afrique du Sud et cinq pays voisins à compter de vendredi midi.

Des décisions jugées "hâtives" par le gouvernement sud-africain, et qui constituent un nouveau coup dur pour le tourisme, juste avant l'été austral quand les parcs animaliers et hôtels font normalement le plein.

"Notre préoccupation immédiate est le préjudice que cette décision va causer aux industries du tourisme et aux entreprises", a expliqué la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor dans un communiqué.

La Commission européenne doit proposer dans l'après-midi aux États membres d'activer le frein d'urgence pour interrompre les voyages aériens en provenance de l'Afrique australe.

- Chute des bourses mondiales -

Des équipes européennes de l'United Rugby Championship veulent quitter l'Afrique du Sud, où elles devaient disputer la 6e journée du championnat qui réunit des clubs écossais, gallois, italiens, irlandais et sud-africains.

Et une quinzaine de joueurs britanniques et irlandais ont déclaré forfait pour la suite de l'Open de Johannesburg, comptant pour le circuit européen de golf, qui a débuté jeudi.

Les craintes liées à ce nouveau variant, décelé à un moment où les restrictions sanitaires suscitent des tensions sociales et où la défiance envers la vaccination persiste, ont fait chuter les prix du pétrole et entraîné de fortes baisses des bourses mondiales.

Tokyo perdait 2,53% à la clôture et Francfort et Londres plus de 3% à l'ouverture. L'indice vedette CAC 40 de la Bourse de Paris reculait de 3,33% à 11h10 GMT.

L'Italie a déjà interdit vendredi son territoire à toute personne ayant séjourné en Afrique australe "au cours des 14 derniers jours". En Asie, Singapour a annoncé une interdiction similaire à compter de dimanche, sauf pour ses ressortissants et résidents.

En Allemagne, où la barre des 100.000 décès imputés au Covid-19 a été franchie jeudi, seuls les citoyens allemands seront autorisés à rentrer d'Afrique du Sud à partir de vendredi soir, et à condition de respecter une quarantaine de 14 jours, même s'ils sont vaccinés, a annoncé le ministre sortant allemand de la Santé Jens Spahn.

"La dernière chose dont nous avons besoin maintenant, c'est l'introduction d'un nouveau variant qui cause encore plus de problèmes", a justifié le ministre allemand. Certains hôpitaux allemands sont saturés et le débat sur une obligation vaccinale pour tous en Allemagne, comme vient de le décider l'Autriche, est sur la table.

- «Potentiel de propagation très rapide» -

Il faudra "plusieurs semaines" pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant détecté en Afrique du Sud et nommé B.1.1.529, a indiqué un porte-parole de l'OMS vendredi.

A ce jour, 22 cas ont été signalés, touchant principalement des jeunes, selon l'Institut national sud-africain des maladies transmissibles (NICD). Des cas ont également été signalés au Botswana voisin et à Hong Kong, sur une personne de retour d'un voyage en Afrique du Sud.

Israël a également annoncé un cas de ce nouveau variant: "Il s'agit d'une personne revenue du Malawi", a indiqué le ministère israélien de la Santé disant craindre "deux cas supplémentaires de personnes revenues de l'étranger" et placées en confinement.

Ces trois personnes étaient vaccinées contre le Covid-19, a précisé dans son communiqué le ministère de la Santé sans toutefois préciser le nombre de doses ou le type de vaccin.

A ce stade, les scientifiques sud-africains ne sont pas certains de l'efficacité des vaccins existants contre la nouvelle forme du virus.

Le nouveau variant présente un nombre "extrêmement élevé" de mutations et "nous pouvons voir qu'il a un potentiel de propagation très rapide", a expliqué jeudi le virologue Tulio de Oliveira, lors d'un point presse du ministère sud-africain de la Santé.

-«Système immunitaire» -

Son équipe de l'institut de recherche KRISP, adossé à l'Université du Kwazulu-Natal, avait déjà découvert l'année dernière le variant Beta, très contagieux.

En Afrique du Sud, officiellement le pays le plus touché du continent par le virus, 23,8% des habitants sont complètement vaccinés.

Les métamorphoses du virus initial peuvent potentiellement le rendre plus transmissible, jusqu'à rendre le variant dominant. "Ce qui nous préoccupe, c'est que ce variant pourrait non seulement avoir une capacité de transmission accrue, mais aussi être capable de contourner certaines parties de notre système immunitaire", a déclaré un autre chercheur, le professeur Richard Lessells.

A l'OMS, les experts chargés du suivi de l'évolution du virus donnant le Covid-19 doivent se réunir vendredi à la mi-journée pour déterminer la dangerosité du nouveau variant.

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a expliqué attendre "au plus tard dans deux semaines" les premiers résultats d'études qui permettront de déterminer si le nouveau variant détecté en Afrique du Sud est capable d'échapper à la protection vaccinale.

La pandémie du nouveau coronavirus a fait plus de 5,180 millions de morts dans le monde depuis la détection de la maladie en Chine fin décembre 2019, selon des chiffres officiels. L'OMS estime, en prenant en compte la surmortalité directement et indirectement liée au Covid-19, que le bilan pourrait être deux à trois fois plus élevé.

Le Japon va durcir ses restrictions aux frontières à l'encontre de six pays d'Afrique australe

Face à l'apparition d'un nouveau variant du Covid-19, le Japon va durcir ses restrictions d'entrée pour les voyageurs en provenance de six pays d'Afrique australe dont l'Afrique du Sud, où il a d'abord été détecté, a annoncé vendredi le gouvernement nippon.

Outre l'Afrique du Sud, les personnes en provenance du Botswana, d'Eswatini, du Lesotho, de Namibie et du Zimbabwe arrivant sur le sol nippon à partir de samedi seront soumis à une quarantaine de dix jours dans un lieu choisi par le gouvernement, a annoncé le Japon.

Ils devront se soumettre à un test de Covid à leur arrivée au Japon, et à trois autres durant cette quarantaine, a précisé le gouvernement.

Le Japon a décidé "de prendre toutes les précautions", a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno lors d'une conférence de presse, évoquant "des informations selon lesquelles l'efficacité des vaccins contre (ce variant) est incertaine".

"Ce nouveau variant n'a pas encore été identifié au Japon. Nous faisons tous nos efforts pour gérer cette situation", a-t-il ajouté.

Ce variant aux multiples mutations est potentiellement très contagieux, ont annoncé jeudi des scientifiques en Afrique du Sud, y voyant les signes d'une nouvelle vague de pandémie.

Ces derniers ne savent toutefois pas encore quelle sera l'efficacité des vaccins existants contre ce variant, dont la dangerosité est le sujet d'une réunion vendredi de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Plusieurs pays européens comme le Royaume Uni, l'Italie ou l'Allemagne ont déjà pris des mesures, en interdisant la venue de voyageurs venant d'Afrique australe.

Le Japon, qui a mis en place des restrictions à ses frontières dès le début de la pandémie, a annoncé début novembre un assouplissement pour les voyageurs d'affaires, les étudiants et les stagiaires étrangers, mais reste fermé aux touristes.

A ce jour, un variant Delta hégémonique

Un nouveau variant inquiète la planète. Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, ils sont nombreux à avoir émergé au fil des mois, et c’est le dénommé Delta, identifié pour la première fois en Inde en octobre 2020, qui est à ce jour largement prédominant.

Le variant Delta a ainsi surpassé tous les autres variants dans la plupart des pays, pour représenter 99,8% des cas séquencés au cours des 60 derniers jours, selon le dernier bulletin hebdomadaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Arrive ensuite le variant Gamma (0,1%), Alpha (moins de 0,1%), Beta (moins de 0,1%) puis quelques autres variants dont le Mu et le Lambda.

Des variations au niveau sous-régional et national continuent toutefois d'être observées, souligne l'OMS, notamment au sein de certains pays d'Amérique du Sud, où la progression du variant Delta a été plus progressive.

L'apparition ces derniers jours d'un nouveau variant, d'abord détecté en Afrique du Sud, pourrait peut-être renverser la donne. 

Des experts de l'OMS, chargés de suivre les évolutions du virus Covid, se réunissent vendredi pour déterminer si ce variant, nommé B.1.1.529, doit être classifié comme "préoccupant" ou "à suivre", même s'ils ont prévenu qu'il faudra "plusieurs semaines" pour comprendre son niveau de transmissibilité et sa virulence.

A ce stade, selon la classification de l'OMS, quatre variants sont considérés comme "préoccupants" au niveau mondial: l'Alpha, le Beta, le Gamma et le Delta. 

Ils appartiennent à cette catégorie à cause de leur transmissibilité et/ou leur virulence accrues, qui aggravent l'épidémie et la rendent plus difficile à contrôler, selon la définition de l'OMS.

La catégorie juste en-dessous est celle des "variants d'intérêt", dont les caractéristiques génétiques potentiellement problématiques justifient une surveillance. L'OMS en retient désormais deux au niveau mondial: le Lambda et le Mu.

Quel que soit leur statut, tous ces variants sont classés par famille, ou "lignée". Selon les mutations qu'ils ont acquises, ils occupent une place précise dans l'arbre généalogique du virus SARS-CoV-2 d'origine.

En soi, l'apparition de variants est tout sauf une surprise. C'est un processus naturel, puisque le virus acquiert des mutations au fil du temps, pour assurer sa survie.

Sont-ils plus contagieux ou dangereux? 

Tout dépend des mutations qu'ils portent. La plupart n'ont que peu ou pas d’incidence sur les propriétés du virus. Cependant, certaines mutations peuvent affecter les propriétés du virus et influer, par exemple, sur la facilité avec laquelle il se propage, la gravité de la maladie qu’il entraîne ou l’efficacité des vaccins

Le variant Delta est ainsi environ deux fois plus contagieux que les précédents variants et il a réduit d'environ 40% l'efficacité des vaccins contre la transmission de la maladie.

Covid-19 - Nouveau variant: des craintes inédites depuis l'avènement de Delta

Jamais un nouveau variant n'avait provoqué autant d'inquiétude depuis Delta: le point sur ce qu'on sait de celui détecté en Afrique du Sud, dont le monde se demande s'il est plus transmissible et plus résistant aux vaccins actuels.

- Pourquoi inquiète-t-il?

"Celui-ci est inquiétant, et c'est la première fois que je dis ça depuis Delta", a assuré sur Twitter le virologue britannique Ravi Gupta au sujet de ce variant appelé B.1.1.529.

Les inquiétudes viennent d'une part de ses caractéristiques génétiques, et de l'autre de ce qu'on observe dans la région d'Afrique du Sud où il a d'abord été décrit.

Du point de vue génétique, il possède un nombre de mutations inhabituellement élevé, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d'entrée du virus dans l'organisme.

En se fondant sur l'expérience des précédents variants, on sait que certaines de ces mutations peuvent être associées à une plus grande transmissibilité et à une baisse d'efficacité des vaccins.

"Si on se base sur la génétique, en effet c'est quelque chose de très particulier qui peut être inquiétant", dit à l'AFP Vincent Enouf, du Centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur à Paris.

D'autre part, le nombre de cas et la part attribuée à ce variant augmentent très rapidement dans la province sud-africaine de Gauteng (qui comprend Pretoria et Johannesburg), où il a d'abord été décrit.

Il faudra "plusieurs semaines" pour mieux comprendre le nouveau variant et savoir s'il est plus transmissible, plus dangereux et plus résistant aux vaccins, a souligné l'OMS vendredi.

"Il faut rester raisonnable, continuer à le surveiller et ne pas complètement alarmer la population", plaide Vincent Enouf.

"Les virologues - dont moi - sont préoccupés. Mais je ne crois pas que qui que ce soit puisse conclure que tout est fichu uniquement en se basant sur les données dont on dispose", a renchéri sur Twitter l'Américaine Angela Rasmussen.

Un message difficilement audible par les marchés mondiaux qui, paniqués, plongeaient tous vendredi.

- Va-t-il détrôner Delta?

C'est LA question centrale, à laquelle on n'est pas encore en mesure de répondre.

Delta est aujourd'hui quasi-hégémonique dans le monde grâce à ses caractéristiques qui lui ont permis de remplacer Alpha.

Dans cette grande compétition entre variants, ceux qui sont apparus ces derniers mois - Mu ou Lambda - n'ont pas réussi à lui ravir la première place.

A tel point que ces dernières semaines, la plupart des scientifiques pensaient que le prochain variant préoccupant serait issu d'une évolution de Delta. Or, B.1.1.529 appartient à une souche complètement distincte.

La situation dans la province de Gauteng laisse craindre que ce nouveau variant soit capable de surpasser Delta. Mais ça n'est pas une certitude.

"Il se peut qu'un gros événement de super-propagation (un seul événement qui entraîne un grand nombre de cas, ndlr) lié à B.1.1.529 donne faussement l'impression qu'il supplante Delta", explique la spécialiste britannique Sharon Peacock, citée par l'organisme Science Media Centre.

D'un autre côté, le nouveau variant semble se répandre dans l'ensemble de l'Afrique du Sud, ce qui serait un signe de plus de sa capacité à rivaliser avec Delta. Il est facile à traquer en raison d'une caractéristique génétique aisément repérable via un simple test PCR, avant des analyses plus poussées (le séquençage).

- Peut-on empêcher son expansion?

Moins de 24 heures après la présentation du variant par les autorités sud-africaines, plusieurs pays d'Europe ont suspendu les vols en provenance d'Afrique australe.

Mais "c'est presque trop tard", estime Vincent Enouf. "C'est une mesure qui permet de ralentir" l'expansion d'un variant très contagieux "mais qui ne permettra jamais de la stopper complètement", ajoute-t-il, rappelant les précédents d'Alpha puis Delta.

Ainsi, des cas ont déjà été découverts vendredi en Israël et en Belgique.

Nombre d'experts jugent en outre une telle mesure stigmatisante pour l'Afrique du Sud et le Botswana, qui a lui aussi documenté l'émergence du variant. Ils craignent que cela dissuade d'autres pays de rendre publique l'apparition de variants à l'avenir.

L'OMS a pour l'instant également déconseillé de prendre des mesures de restriction aux voyages.

- Quel impact sur les vaccins?

Là encore, il est trop tôt pour dire si ce nouveau variant réduira l'efficacité des vaccins, même si on peut le craindre.

"Il faut vérifier si les anticorps produits par nos vaccins actuels fonctionnent toujours, à quel niveau ils fonctionnent et si cela empêche toujours les cas graves", explique Vincent Enouf.

Pour cela, on se base sur des tests en laboratoire et sur des données en vie réelle dans les pays concernés.

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, attend de premiers résultats "au plus tard dans deux semaines", a indiqué une porte-parole à l'AFP.

"Il est urgent d'adapter les vaccins à ARN et les rappels aux variants en circulation", a estimé sur Twitter le virologue français Etienne Decroly.

Quoi qu'il en soit, la vaccination reste primordiale, de même que l'accès des pays pauvres aux vaccins, insistent les scientifiques.

Car "plus le virus circule, plus il a d'occasions d'évoluer et plus on verra de mutations", a prévenu l'une des responsables de l'OMS, Maria Van Kerkhove.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.