Jordanie: la détention de 36 manifestants soulève un tollé

Des Jordaniens portent des drapeaux et des pancartes alors qu'ils manifestent contre la déclaration d'intention pour un accord eau contre énergie. (Photo, Reuters)
Des Jordaniens portent des drapeaux et des pancartes alors qu'ils manifestent contre la déclaration d'intention pour un accord eau contre énergie. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Samedi 27 novembre 2021

Jordanie: la détention de 36 manifestants soulève un tollé

  • Trente députés signent une pétition pour la libération des étudiants alors que ces derniers affirment avoir défié la directive sur la sécurité
  • L'organisation Himam a appelé à l'abolition de la loi qui «traite les manifestants pacifiques comme des criminels»

AMMAN : Plusieurs députés jordaniens se sont joints à des militants, des groupes de défense des droits de l’homme et des organisations de la société civile dans le but de demander la libération de 36 étudiants jordaniens détenus cette semaine pour avoir participé à une manifestation contre la signature par la Jordanie d'une déclaration d'intention avec Israël d'échanger de l'électricité propre contre l'eau.

Le député Khalil Atiyeh a déclaré vendredi à Arab News qu'il était «consterné» que les étudiants n'ont pas été libérés jusqu’à présent.

Atiyeh a organisé la signature d'une pétition par 30 députés protestant contre les arrestations, qui ont été critiquées par des groupes de défense des droits humains et des organisations de la société civile.

«J'ai parlé au parlement de l'affaire demandant leur libération immédiate et on m'a promis qu'ils seraient libérés, mais jusqu'à présent, ils n'ont pas été libérés», a révélé Atiyeh.

Jamal Jeet, membre du Forum national pour la défense de la liberté, a déclaré à Arab News que le gouverneur d'Amman avait ordonné que les étudiants détenus soient détenus dans des prisons éloignées de la capitale afin de les punir, eux et leurs familles.

Jeet a qualifié les ordres de détention d'«illégaux», affirmant qu'ils violent les articles 7 et 8 de la constitution jordanienne, qui garantissent le droit des citoyens à la liberté d'expression et de rassemblement.

«Ils sont arrêtés conformément à des lois qui visent à éloigner les criminels du grand public parce qu'ils sont dangereux», a-t-il expliqué.

Environ 3 000 manifestants se sont rassemblés vendredi dans le centre-ville d'Amman pour protester contre l'accord avec Israël. Beaucoup tenaient des pancartes portant les noms des étudiants détenus.

Un responsable jordanien, qui a demandé à garder l'anonymat, a démenti les allégations selon lesquelles les autorités visaient toute personne exprimant son opposition à l'accord et a souligné qu'aucun étudiant n'avait été arrêté pour avoir manifesté sur un campus universitaire.

Les 36 étudiants détenus avaient enfreint la loi en manifestant dans le cercle (intérieur) de Dakhiliyah, «une zone centrale vitale au cœur d'Amman, où ils ont bloqué le déplacement des personnes et la circulation», a signalé le responsable.

«Les responsables de la sécurité ont demandé à plusieurs reprises aux étudiants de partir et de manifester dans une autre zone afin d’éviter de compromettre la sécurité routière et de perturber la circulation, le déplacement des personnes et des marchandises, mais ils ont refusé», a ajouté le responsable. «Nos règlements protègent le droit de manifester pacifiquement et garantissent la sécurité des participants, mais lorsque la loi est violée, les autorités doivent agir».

Le responsable a souligné le fait que des centaines de citoyens avaient manifesté vendredi et a insisté sur le fait que personne ne serait arrêté pour avoir manifesté tant qu'il respecterait la loi.

«Il est toutefois injuste et inexact de prétendre que nous prenons pour cibles ceux qui s'opposent à l'accord», a réitéré le responsable.

Le Centre semi-gouvernemental des droits de l'homme a qualifié les arrestations de «violation des droits d'expression et de réunion et une violation flagrante de la constitution, qui garantit les libertés et considère la violation de la liberté des Jordaniens comme un crime».

Zaid O. Nabulsi, membre de la Commission royale pour la modernisation des systèmes politiques, a déclaré à Arab News que les arrestations envoyaient un «message dévastateur» à la jeune génération, à qui on a promis que leur voix serait entendue.

«Si vous aviez eu l'intention de détruire le travail acharné du Comité royal au cours des quatre derniers mois, vous n'auriez pas pu mieux atteindre votre objectif», a averti Nabulsi.

Himam, une coalition d'organisations de la société civile, a publié une déclaration appelant à la libération immédiate des étudiants et a mis en évidence «la nécessité d'enquêter s'ils ont été victimes d'actes de violence physique et de mauvais traitements qui sont considérés comme une forme de torture».

Himam a également appelé à l'abolition de la loi qui «traite les manifestants pacifiques comme des criminels».

Muath Momani, conseiller juridique d'Avocats sans frontières, basé en Jordanie, a déclaré à Arab News que ce qui est arrivé aux étudiants est inacceptable.

«La loi pénale est utilisée pour empêcher les gens de s'exprimer», a indiqué Momani. «L'atmosphère politique devrait être plus ouverte de manière à permettre aux gens de s'exprimer».

Ammar Borini, qui surveille les médias sociaux pour le site Web Amman Net, a déclaré à Arab News que la question de l'arrestation d'étudiants est devenue une tendance en Jordanie.

«Beaucoup expriment leur colère et citent le roi disant aux jeunes «Nous voulons entendre votre voix». Ils affirment sur les réseaux sociaux : «Voici (des jeunes) qui ont exprimé leurs opinions et ils se sont retrouvés en prison».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Short Url
  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Short Url
  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Short Url
  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.