Jordanie : Réactions contestées à l'amendement qui étend le pouvoir du roi

Trente amendements constitutionnels ont été présentés au Parlement jordanien. (Reuters/ Photo d’archive)
Trente amendements constitutionnels ont été présentés au Parlement jordanien. (Reuters/ Photo d’archive)
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Publié le Dimanche 28 novembre 2021

Jordanie : Réactions contestées à l'amendement qui étend le pouvoir du roi

  • Un militant politique : l'amendement « garantit à la population que nous nous rapprochons de plus en plus de ce gouvernement élu qui transformera la manière dont la Jordanie est gouvernée ».
  • Les changements portent notamment sur la « constitutionnalisation du Conseil national de sécurité qui sera doté de pouvoirs étendus en matière de politique et de sécurité ».

AMMAN, Jordanie : Trente amendements constitutionnels ont été présentés au Parlement jordanien. Ils ont pour objectif de réformer la loi électorale et d'accorder au roi un plus grand pouvoir au sein du pouvoir exécutif.

Parmi les opposants à ce projet figurent le député Salah Armouti, ancien chef du barreau de Jordanie, et Mamdouh Abadi, ancien maire d'Amman et ancien vice-Premier ministre. Ils ont critiqué ce qu'ils ont qualifié d’ « amendements inutiles ».

Les changements portent notamment sur la « constitutionnalisation du Conseil national de sécurité qui sera doté de pouvoirs étendus en matière de politique et de sécurité ».

Ce nouveau conseil sera dirigé par le roi et réunira le Premier ministre, le commandant de l'armée, les directeurs des forces de sécurité, les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur, ainsi que deux autres membres nommés par le roi.

On craint en effet que le conseil ne « crée un nouvel organe qui jouera un rôle parallèle aux pouvoirs exécutif et législatif du gouvernement ».

Par ailleurs, le monarque jordanien pourra nommer et destituer le juge suprême, le chef du tribunal islamique, le mufti général, le juge suprême de la Cour royale hachémite et ses conseillers. Le roi contrôle déjà les commandants de l'armée, de la gendarmerie et des services de renseignement.

Il revenait par le passé au Premier ministre de proposer des recommandations concernant l'ensemble de ces nominations.

Dans un entretien accordé à Arab News, Samar Mhareb, directrice de l'Arab Renaissance for Democracy and Development (Renaissance arabe pour la démocratie et le développement), affirme que « rien ne justifie » ces amendements.

 

« Ces amendements aggraveront le manque de confiance vis-à-vis du gouvernement et permettront au roi de prendre des décisions unilatérales au nom des organes souverains qui sont supposés gérer les affaires nationales », explique Mme Mhareb.

Ces amendements véhiculent le message suivant : les organes élus ne pourront pas prendre des décisions importantes, ajoute-t-elle.

« En tant que militants de la société civile, nous refusons ces amendements qui décideront de façon patriarcale de la partie qui tranchera sur les questions importantes en matière de sécurité et de relations extérieures ».

De son côté, l'avocat et militant politique Haytham Ereifej exprime dans un entretien à Arab News son soutien aux amendements constitutionnels qui, d'après lui, poursuivent « un seul objectif ».

Il précise que « l'objectif est de paver la voie à la création d’un gouvernement élu alors que le roi décidera des questions de sécurité et des affaires étrangères.

« Le pouvoir du Premier ministre élu portera sur les affaires intérieures dans les domaines de l'économie, de la santé et de l'éducation, et dans bien d'autres domaines encore », précise M. Ereifej.

Selon lui, l'amendement « est une source de réconfort dans la mesure où il garantit à la population que nous nous rapprochons de plus en plus de ce gouvernement élu qui transformera la manière dont la Jordanie est gouvernée ».

Saad Hattar, ancien correspondant de la BBC et instructeur de journalisme d'investigation, explique à Arab News que ces amendements ne sont « pas indispensables » et « fragiliseront les efforts en faveur d'une réforme démocratique ».

« En cédant le pouvoir du gouvernement au palais, le roi se retrouvera dans une position vulnérable ; il est à présent à l'abri des critiques, mais lorsqu'il nommera de nouveaux fonctionnaires sans recommandation du gouvernement, il sera critiqué si les choses tournent mal », poursuit M. Hattar.

La directrice de Radio Al-Balad et membre du Comité WAN/IFRA pour l'égalité des sexes dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Etaf Roudan, affirme à Arab News que les amendements « n'ont pas été soumis à un débat public ».

« Pour certains, ces amendements sont imputables à la faiblesse du gouvernement, mais il convient de souligner que la décision de nommer et de destituer les Premiers ministres appartient au roi ».

Le fondateur et directeur du Phenix Center for Economic and Informatics Studies Ahmad Awad affirme à Arab News que les auteurs de ces amendements « n'ont pas pris en considération leurs incidences sur le fonctionnement du gouvernement ni leurs répercussions sur le roi lui-même qui est un symbole d'unité nationale ».

« Je pense que cette décision risque de plonger le roi dans des problématiques administratives, même si la Constitution stipule qu'il n'a pas de comptes à rendre. Je pense que le roi doit rester au-dessus des reproches et cela est possible si l'on conserve le système actuel d'équilibre des pouvoirs prévu par la Constitution », affirme M. Awad.

Par ailleurs, le gouvernement jordanien a réagi aux critiques par l'intermédiaire du ministre des Affaires politiques, Musa Maaytah.

Celui-ci a précisé que les amendements à la Constitution prévoient la mise en place d'un conseil de sécurité nationale « qui favorisera la coordination entre les institutions militaires et civiles en Jordanie ».

En réponse à une question posée mardi au parlement, M. Maaytah a affirmé que « les défis auxquels nous avons été confrontés récemment, tels que les conflits armés, les guerres, les actes terroristes et la drogue, sont tous des enjeux qui menacent la sécurité nationale du pays ; c'est ce qui nous a amenés à proposer et à inclure cet amendement dans la Constitution ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.

 


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com