Visage du réseau social, Jack Dorsey va quitter Twitter, une page se tourne

Le PDG et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, à New Delhi,  le 12 novembre 2018. (Photo, AFP)
Le PDG et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, à New Delhi, le 12 novembre 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 29 novembre 2021

Visage du réseau social, Jack Dorsey va quitter Twitter, une page se tourne

Le PDG et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, à New Delhi,  le 12 novembre 2018. (Photo, AFP)
  • «J'ai décidé de quitter Twitter parce que je pense que la société est prête à couper le cordon avec ses fondateurs», a expliqué Jack Dorsey
  • Alors que Jack Dorsey s'efface, il laisse Twitter avec un portefeuille de 211 millions d'utilisateurs quotidiens dits «monétisables», c'est-à-dire qui sont exposés aux publicités sur la plateforme

NEW YORK: Twitter a annoncé lundi le départ, avec effet immédiat, de son directeur général et cofondateur charismatique, Jack Dorsey, qui va être remplacé par le directeur technologique du groupe, Parag Agrawal. 

« J'ai décidé de quitter Twitter parce que je pense que la société est prête à couper le cordon avec ses fondateurs », a expliqué Jack Dorsey, dans un communiqué, qui marque la fin d'une époque. 

Pour achever la rupture, le natif de St. Louis (Missouri) prévoit de quitter aussi le conseil d'administration en 2022 et ne briguera pas un nouveau mandat lors de l'assemblée générale du groupe. 

« On parle beaucoup de l'importance pour une société d'être dirigée par son fondateur », a écrit le dirigeant sortant dans une lettre aux salariés. »Au bout du compte, je pense que c'est un facteur limitant et l'ouverture possible à l'échec. J'ai travaillé dur pour que cette entreprise puisse échapper à sa création et à ses fondateurs. » 

Avec son allure reconnaissable, crâne rasé et longue barbe, et son style atypique, sorte de gourou tech, Jack Dorsey incarne, depuis des années, à lui seul, Twitter. 

Il avait effectué un premier passage comme directeur général de Twitter entre 2007 et 2008, finalement évincé par le conseil d'administration, insatisfait de sa gestion. 

Depuis son retour à la tête de l'entreprise à l'oiseau bleu, en octobre 2015, l'entrepreneur au style décontracté était régulièrement critiqué pour n'avoir pas lâché les rênes de son autre entreprise, le spécialiste des paiements mobile Square, pour se consacrer uniquement à Twitter. 

Alors que Jack Dorsey s'efface, il laisse Twitter avec un portefeuille de 211 millions d'utilisateurs quotidiens dits « monétisables », c'est-à-dire qui sont exposés aux publicités sur la plateforme. 

Avec Jack Dorsey à sa tête, Twitter a publié son premier trimestre bénéficiaire, pour les trois derniers mois de 2017, puis deux exercices entiers dans le vert, avant de replonger dans le rouge en 2020. 

Le quadragénaire s'est attaché à monétiser le trafic de la plateforme, point faible de l'entreprise jusque-là, alors qu'elle est un relais d'opinion majeur, à la place unique dans le paysage médiatique. 

Pour ce faire, le groupe a amélioré ses outils de modération pour rendre le réseau plus présentable et plus facile à utiliser pour les annonceurs mais aussi les utilisateurs. 

Il a supprimé les comptes de personnalités accusées de discours haineux ou de relayer des théories complotistes ou des affirmations mensongères. 

Dorsey vs Trump  

Point d'orgue de cette campagne de nettoyage, la suspension permanente du compte du président des États-Unis, Donald Trump, en janvier 2021. 

La décision a encore renforcé, aux yeux de nombreux conservateurs, l'image d'un réseau au service des progressistes et de la gauche et prêt à museler la liberté d'expression. 

« Les gens ont tendance à associer Jack Dorsey avec la censure sur Twitter, mais je pense qu'il a fait ce qu'il a pu, ces dernières années, pour que la plateforme reste relativement ouverte », a commenté, sur Twitter, Mike Solana, à la tête de la société de capital investissement Founders Fund. « Sans lui, les choses vont empirer, pas s'améliorer. » 

« Le bilan de Dorsey est mitigé », a estimé Paul Barrett, directeur adjoint du centre pour les affaires et les droits humains du Stern Center de l'université NYU. « Une plateforme utile et efficace pour communiquer rapidement, mais qui a aussi été exploitée par quantité d'acteurs mal intentionnés. » 

Pour améliorer sa rentabilité, Twitter a aussi lancé une série d'initiatives, notamment la possibilité d'abonnements payants à certains comptes très suivis. 

En juin, le réseau avait aussi démarré une version payante de Twitter au Canada et en Australie assortie de fonctionnalités supplémentaires pour les utilisateurs qui y souscrivent. 

Ces derniers trimestres, Jack Dorsey avait insisté sur la nécessité de personnaliser, avec l'aide de l'intelligence artificielle,  l'utilisation que fait chaque abonné du service, notamment en créant de nouveaux fils propres à des sujets spécifiques. 

« Je veux que vous sachiez que c'était ma décision », a écrit Jack Dorsey dans sa lettre aux équipes de Twitter, au sujet de son départ. « Il n'y a pas beaucoup de groupes qui arrivent à ce niveau, et pas beaucoup de fondateurs qui privilégient leur société plutôt que leur ego. Je sais que nous allons prouver que c'était la bonne décision. » 

Chez Twitter depuis plus de dix ans, Parag Agrawal est un spécialiste de l'ingénierie informatique, qui a joué un rôle majeur dans l'accélération de l'intelligence artificielle au sein du groupe. 

Après avoir gagné jusqu'à 11% à l'ouverture de la séance à Wall Street, le cours de l'action Twitter, suspendu durant quelques minutes avant l'annonce, était morose, abandonnant 1,18%. 

« Twitter est en plein bouleversement de son modèle économique », a réagi Jasmine Enberg, analyste du cabinet eMarketer, avec, en ligne de mire l'objectif « ambitieux » d'un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dollars en 2023, soit le double de celui de 2020. « C'est au nouveau DG de relever le défi. » 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".