Macron aux Émirats arabes unis: importants contrats en perspective

Le président français Emmanuel Macron. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron. (AFP)
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Publié le Vendredi 03 décembre 2021

Macron aux Émirats arabes unis: importants contrats en perspective

  • Emmanuel Macron sera accompagné des ministres Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Économie), Florence Parly (Armées) et Roselyne Bachelot (Culture)
  • Un contrat qui porte sur «une trentaine, voire une soixantaine» d'avions Rafale de Dassault Aviation pourrait être signé

ABOU DHABI: Le président français, Emmanuel Macron, entame une tournée diplomatique dans le Golfe Arabique ce vendredi 3 décembre.

Ce déplacement sera rapide, puisque le chef de l'État arrivera à Dubaï vendredi, avant se rendre au Qatar dans la soirée. Il terminera sa visite samedi à Djeddah, la grande ville portuaire d'Arabie saoudite. Aux Émirats arabes unis (EAU), ce déplacement devrait être notamment marqué par la signature d’importants contrats avec la France.

Emmanuel Macron sera accompagné des ministres Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Économie), Florence Parly (Armées) et Roselyne Bachelot (Culture). Seront également avec lui des femmes et des hommes d’affaires, quelques parlementaires, des patrons de grands groupes comme Airbus, Thales, Safran, Air Liquide, Engie ou EDF, des représentants des ETI (entreprises de taille intermédiaire, NDLR), ainsi que des personnalités du monde de la culture.

Sur le plan économique, un contrat qui porte sur «une trentaine, voire une soixantaine» d'avions Rafale de Dassault Aviation pourrait être signé, selon les informations publiées le 19 novembre par Challenges.

Un représentant de l'Élysée qui s’exprimait devant des journalistes a refusé de confirmer ou d’infirmer la signature d'un contrat portant sur des avions Rafale.

Côté émirien, le conseiller diplomatique du président des EAU, Anouar Gargach, a également choisi d’éluder la question: «Je ne veux pas dévoiler le cadeau de Noël», a-t-il ainsi répondu à l’agence Reuters.

Ce déplacement sera l'occasion pour le président Macron de promouvoir les entreprises françaises.

«Il s'agit d'une excellente relation et plusieurs accords seront signés. Après la visite du président, les rapports seront renforcés dans différents domaines», déclare Anouar Gargach, qui évoque le secteur des technologies et celui de la santé.

Lors de sa dernière visite aux EAU, les 21 et 22 novembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, avait annoncé une nouvelle ère de coopération économique avec le pays.

La France souhaite notamment initier de nouvelles collaborations dans les domaines de l'hydrogène, de l’espace (avec la création de lanceurs réutilisables), ainsi que dans les infrastructures et les ports, avait fait savoir le ministre.

Note d'information de l'Elysée

Voici un extrait de la note d'information de l'Elysée communiquée à l'occasion du déplacement du Président de la République aux Emirats arabes unis, au Qatar et au Royaume d'Arabie saoudite :

Ce déplacement sera l’occasion pour le Président de la République de renforcer la coopération entre la France et ces trois pays du Golfe sur plusieurs enjeux. Tout d’abord, la lutte contre le terrorisme, l'islamisme radical et leur financement. Coopérer avec ces Etats et en particulier dans la lutte contre Daesh, est en effet essentiel pour garantir la sécurité des Français et Européens. Le Président entend également poursuivre avec ces trois le pays le dialogue concernant la radicalisation, afin de lutter contre les séparatismes en France et préserver nos valeurs. 

Par ailleurs, il s’agira pour le Président de poursuivre ses efforts en faveur de la stabilité régionale, face aux tensions dans le Golfe, avec l'Iran, et aux situations de crises en Irak, en Libye ou encore au Liban. A cet égard, l’action du Président de la République contribue à renforcer le statut de la France comme puissance d’équilibre, et de partenaire fiable et incontournable qui dialogue avec tous les acteurs pertinents dans la région.

Enfin, le déplacement du Président de la République sera également l’occasion de valoriser l’attractivité de l’économie française et promouvoir le savoir-faire des entreprises françaises à l’exportation, en particulier sur les secteurs d’avenir tel que les énergies et les transports décarbonés, ou les technologies du numérique.

En matière d’investissements, la France et les EAU pourraient renforcer leur partenariat à travers la création de nouveaux fonds, à l’instar du mégafonds public géré par la BPI (Banque publique d’investissement, NDLR), qui a déjà permis d'investir la majorité de 2.6 milliards d'euros ; Mubadala Development Company en est un investisseur très important. «Cette coopération est très positive entre nos deux pays, c’est un succès», a indiqué M. Le Maire à Arab News en français lors de sa dernière visite. «Je pense qu’il y a des possibilités pour lancer éventuellement de nouveaux fonds», a-t-il ajouté.

La France, partenaire incontournable de la stabilité régionale

Au menu du déplacement du président français, outre les contrats commerciaux: des discussions approfondies avec les leaders de ces trois pays (Mohammed ben Zayed al-Nahyane, cheikh Tamim al-Thani et Mohammed ben Salmane) sur les enjeux de la sécurité régionale, la lutte contre le terrorisme et le radicalisme islamiste, la crise au Liban et les élections en Libye.

Le président Macron entretient une relation «de proximité» avec le prince héritier d’Abu Dhabi, Mohamed ben Zayed al-Nahyane, rapporte l’Élysée. Les deux pays sont des alliés très proches.

L’émirat d’Abu Dhabi abrite trois bases militaires françaises (marine, armée de l’air et armée de terre). En outre, dans la région, Paris dispose d’accords de défense avec les Émirats ainsi qu’avec le Qatar et il apporte un soutien opérationnel à l’armée saoudienne.

Ainsi, la France a pour ambition de demeurer un partenaire incontournable et fiable dans la région qui agira comme une puissance d’équilibre, en renforçant notamment le dialogue avec et entre les différents acteurs. La France, engagée pour répondre à l’urgence humanitaire et politique, compte également contribuer à résoudre la crise diplomatique entre le Liban et les pays du Golfe, comme l’indiquent certains médias.

Ce déplacement intervient dans un contexte d’incertitude des pays du Golfe sur l'implication des États-Unis dans la région. Il a lieu à quelques jours de la reprise, à Vienne, des négociations indirectes entre les États-Unis de Joe Biden et l'Iran au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien.


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.