Liban: Aoun et Adib négocient sur fond de pressions de la part du Hezbollah

Le président libanais Michel Aoun (à gauche) rencontrant le Premier ministre désigné Mustapha Adib au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth. (Photo, AFP/Dalati et Nohra)
Le président libanais Michel Aoun (à gauche) rencontrant le Premier ministre désigné Mustapha Adib au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth. (Photo, AFP/Dalati et Nohra)
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Publié le Samedi 26 septembre 2020

Liban: Aoun et Adib négocient sur fond de pressions de la part du Hezbollah

  • Les experts économiques ont déclaré vendredi que les débats continus sur la formation du gouvernement sont une « perte de temps précieux »
  •  Adib, lors de sa rencontre avec des représentants du Hezbollah et du mouvement Amal jeudi soir, a refusé d'accepter de leur part une liste de noms de personnalités chiites parmi lesquelles il doit choisir un ministre des Finances. »

LIBAN: Dans le cadre de ses efforts pour former un nouveau gouvernement, le Premier ministre libanais désigné Mustapha Adib a présenté vendredi au président Michel Aoun une proposition visant à « répartir les ministères entre différentes communautés avant de dévoiler sa formule finale concernant la nomination des différents ministres. », Ont déclaré des sources. Les deux hommes se rencontreront à nouveau samedi pour de nouvelles discussions.

Adib fait face à des pressions de la part du Hezbollah et du Mouvement Amal, qui ont exprimé leurs demandes de nommer tous les ministres chiites du gouvernement et non seulement celui le du ministère clé des Finances.

Ces demandes mettent en péril les efforts pour former un « gouvernement qui satisfait tout le monde », basé sur une initiative française qui appelle à la nomination d'une petite équipe de technocrates indépendants représentant toutes les communautés, sans etre membres des principaux partis politiques.

Des sources gouvernementales ont déclaré que : « Adib, lors de sa rencontre avec des représentants du Hezbollah et du mouvement Amal jeudi soir, a refusé d'accepter de leur part une liste de noms de personnalités chiites parmi lesquelles il doit choisir un ministre des Finances. »

Après son sermon du vendredi, le lendemain, le Grand Jaafari Mufti, Ahmad Qabalan a déclaré: « Nous insistons pour nommer nos ministres et nous refusons d'accepter que quiconque le fasse pour nous, peu importe qui il soit. »

Les experts économiques ont pour leur part déclaré vendredi que les débats interminables sur la formation du gouvernement sont une « perte de temps précieux », ce qui représente un luxe que le Liban n'a pas. Ils ont également critiqué la priorisation successive des intérêts politiques au dépend des intérêts du pays, ils ont aussi averti qu’il s’agirait d’ «une question de vie ou de mort pour le peuple libanais ».

Ils ont souligné que « des milliers de personnes ont perdu leurs entreprises, des dizaines de milliers ont perdu leur emploi, et 55 pour cent de la population libanaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Il y a une pénurie de produits essentiels et les réserves de la Banque du Liban (la Banque centrale libanaise) se sont affaiblies. Pendant ce temps-là, il y a eu une fuite majeure des cerveaux de professionnels et d'hommes d'affaires quittant le pays, « ce qui menace de priver le Liban de l'un de ses atouts les plus forts et les plus importants ».

Adib a fait face à d'autres obstacles de la part des alliés du Hezbollah vendredi lorsque Suleiman Frangieh, chef du mouvement Marada, a annoncé qu'il n'était pas d'accord pour que le Premier ministre désigné choisisse qui représente son parti au sein du gouvernement sans le consulter.

Par ailleurs, Talal Arslan, chef du Parti démocratique libanais, a appelé Adib à « faire preuve de respect envers les blocs parlementaires ». D'autres ont averti que le président ne peut pas approuver une liste de ministres qu'il ne connaît pas et que donner à un parti chiite le portefeuille des finances ne doit pas priver les autres communautés du droit aux ministères qu'elles revendiquent.

« L'initiative française est paralysée en raison du conflit entre intérêts particuliers et combines régionales et internationales », a déclaré le député libanais Bilal Abdallah. « Le pays ne peut plus supporter cela et il pourrait s'effondrer si les choses continuent à ce même rythme ».

Il a ajouté qu'il espère voir Adib poursuivre ses efforts pour former un gouvernement et donner une chance à l'initiative française.

L'universitaire libanais Dr Hareth Suleiman a déclaré: « Les choix du Hezbollah et du Mouvement Amal sont déterminés par leurs priorités: veulent-ils défendre le quota de l'Iran… ou veulent-ils avoir les moyens de subsistance du peuple libanais comme priorité, y compris leurs partisans et tous les chiites du Liban? »

Suleiman a ajouté: « (Le leader du mouvement Amal et président du Parlement) Nabih Berri veut le ministère des Finances à un moment où il y a une pénurie d'argent, et la communauté internationale exige le renvoi de ceux qui sont corrompus et la mise en œuvre de réformes pour sauver l’économie libanaise. Alors, Berri accepterait-il un gouvernement indépendant qui satisfasse les demandes des manifestants dans les rues afin que le Liban bénéficie d'un soutien arabe et international? S'il faisait cela, il conspirerait contre le Hezbollah et ses alliés au pouvoir. S'il ne le fait pas, donc le gouvernement intérimaire de Hassan Diab restera, et la crise et les sanctions continueront ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com