La déclaration de paix déstabilisera les extrémistes d’Israël

 Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (EAU), Abdallah ben Zayed, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Abdellatif al- Zayani, Benjamin Netanyahou et Donald Trump après avoir signé les accords d'Abraham (Photo, Reuters). 
 Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (EAU), Abdallah ben Zayed, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Abdellatif al- Zayani, Benjamin Netanyahou et Donald Trump après avoir signé les accords d'Abraham (Photo, Reuters). 
Short Url
Publié le Samedi 26 septembre 2020

La déclaration de paix déstabilisera les extrémistes d’Israël

La déclaration de paix déstabilisera les extrémistes d’Israël
  • Les Palestiniens méritent d'avoir un État et ils méritent que tous leurs droits civils et humains soient respectés
  •  Les gouvernements israéliens n’ont pas été à la hauteur des idéaux énoncés dans la déclaration d'indépendance du pays le 14 mai 1948

Après des années de colère, il est peut-être facile de perdre de vue le fait qu'Israël et le gouvernement israélien sont deux entités différentes. Les extrémistes qui défendent le gouvernement veulent que nous associions les deux pour qu'ils puissent nous pointer du doigt et porter à notre encontre des accusations inexactes et affreuses d'antisémitisme.

Ils soutiennent que toute critique d'Israël est antisémite. Malheureusement, nous tombons dans le piège et leur facilitons la tâche de faire valoir cet argument lorsque nous, les Palestiniens, défendant nos droits dans la Palestine historique, échouons à faire la distinction entre les deux entités.

Israël a été fondé en 1948. Je n’étais pas là à l’époque, mais je comprends pourquoi mon père et sa famille se sont opposés à sa création. Ils voulaient un État unique qui soit égalitaire et juste pour toutes les religions. Ce n'est pas ce qui s'est formé lorsque l'Organisation des Nations unies (ONU) a reconnu la partition de la Palestine et la création de deux zones rivales: l'une juive et l'autre non juive.

Mais Israël a néanmoins été fondé. Plus de soixante-dix ans de conflit ont ramené cette réalité chez la majorité des Palestiniens, qui sont un peuple épris de paix et qui veut la justice. Ils sont prêts à accepter la réalité et à adopter une solution à deux États, qui a été rejetée par les Arabes en 1948. Elle n'a été acceptée que «récemment» durant l'échec des accords de paix d'Oslo, et de la célèbre et inspirante poignée de main en 1993 entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le président de l'Organisation de libération de la Palestine Yasser Arafat, mon héros personnel.

L’existence d’Israël a été reconnue internationalement, ainsi que par près de 2 millions de Palestiniens chrétiens et musulmans qui vivent dans «l’État juif». Ces Arabes représentent plus de 20 % de la population du pays, mais ils sont malheureusement traités comme des citoyens de seconde zone – non par la simple existence de l’État, mais par les gouvernements qui ont dirigé Israël.

Cependant, ces Palestiniens jouent un rôle important dans la définition de la politique d’Israël. La Liste arabe commune détient 15 des 120 sièges du Parlement israélien, la Knesset, ce qui en fait le troisième plus grand groupe derrière les partenaires du gouvernement de coalition, le Likoud, de droite, et le parti centriste Kakhol lavan. Le nombre de membres arabes de la Knesset a le potentiel de croître, augmentant leur influence et leur pouvoir politique. Un jour, ils changeront le gouvernement israélien. Mais ils ne devraient pas avoir à le faire seuls.

Les Palestiniens méritent d'avoir un État et ils méritent que tous leurs droits civils et humains soient respectés. Les gouvernements israéliens n’ont pas été à la hauteur des idéaux énoncés dans la déclaration d'indépendance du pays le 14 mai 1948. Ils ont adopté plus de 60 lois qui traitent les non-juifs différemment des juifs. Bon nombre de ces différences sont importantes.

Les Palestiniens peuvent continuer à lutter contre ces politiques gouvernementales discriminatoires, mais ils doivent le faire intelligemment, en concentrant leurs critiques sur le gouvernement israélien. Cela signifie que nous, les Palestiniens, ne devrions pas nous opposer aux traités d’Israël avec les EAU et le Bahreïn, par exemple. En revanche, nous devrions concentrer notre opposition sur la conduite du gouvernement israélien.

Une grande partie de la majorité juive d’Israël vit dans la peur, en raison de l’éternel conflit et des actions violentes d’extrémistes des deux côtés – c’est pourquoi nombre d’entre eux choisissent de voter pour le parti Likoud. Cependant, les accords de paix des Émirats arabes unis et du Bahreïn pourraient être la première étape vers un changement de cette mentalité et pourraient, peut-être aux prochaines élections, provoquer un virage vers la gauche à la Knesset.

Les accords de paix des Émirats Arabes Unis et du Bahreïn pourraient provoquer un virage vers la gauche à la Knesset.

Ray Hanania

L'élection des Israéliens de droite a été alimentée par la crainte d'un conflit continu avec le monde arabe. Se pourrait-il que, avec une paix croissante, la peur se dissipe et que des dirigeants israéliens plus modérés soient élus?

Les gouvernements extrémistes et antipalestiniens d’Israël prospèrent grâce à la poursuite du conflit. Tant qu'il y a conflit, ces partis de droite se renforcent. Éliminez ce conflit et vous les déstabiliserez.

Il appartient aux dirigeants du monde arabe d’encourager ce changement alors qu’ils progressent vers la paix. En tant que partenaires de paix, les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont la capacité de faire pression sur Israël pour qu’il offre justice et équité aux Palestiniens, le cœur sacré du peuple arabe.

Si cela se produit, le gouvernement israélien pourrait changer, et ce serait un bon progrès pour la paix.

Ray Hanania est un ancien journaliste et chroniqueur politique primé par la Ville de Chicago. Il est joignable sur son site web à l'adresse www.hanania.com. Twitter : @RayHanania

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com