L’exposition d’ouverture de Hayy Jameel analyse les habitudes alimentaires à Djeddah

L’installation de Sancintya Mohini Simpson intitulée Jahajin (2021) explore les questions de genre dans la production agricole. (Photo fournie)
L’installation de Sancintya Mohini Simpson intitulée Jahajin (2021) explore les questions de genre dans la production agricole. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

L’exposition d’ouverture de Hayy Jameel analyse les habitudes alimentaires à Djeddah

  • Lorsque les visiteurs entrent dans la structure, ils sentent les arômes des épices, de la cardamome et de la terre
  • Ces œuvres incitent à réfléchir aux siècles de commerce mondial et de colonialisme qui ont conduit à la situation difficile dans laquelle se trouve le monde aujourd’hui

DJEDDAH: L’exposition inaugurale, qui se tient au sein du nouveau complexe artistique multidisciplinaire Hayy Jameel de Djeddah, se penche sur le lien entre la nourriture que nous consommons et l’écologie, la mémoire personnelle et collective ainsi que le temps et l’espace.

L’exposition, qui a pour nom «Staple: What’s on Your Plate?» («Aliments de base: qu’y a-t-il dans notre assiette?»), présente les œuvres d’artistes originaires non seulement du Royaume, mais aussi de la République démocratique du Congo (RDC), de l’Allemagne, de la Thaïlande, de l’Inde, de l’Espagne, du Liban, de la Russie, des Émirats arabes unis et du Bangladesh, reflétant ainsi la diversité démographique de Djeddah.

«C’est une exposition internationale qui représente l’histoire de Djeddah», explique Rahul Gudipudi, commissaire des expositions à Art Jameel et créateur du centre. «Djeddah est une ville portuaire qui, à travers des siècles de commerce, d’échanges culturels et de pèlerinage, dispose d’une communauté véritablement diversifiée. À bien des égards, cette exposition reflète ce dialogue que Djeddah entretient avec le monde depuis des siècles», poursuit-il.

«Nous avons organisé cette exposition en collaboration avec la fondation Delfina. Elle soulève des questions très simples, mais qui revêtent un caractère d’urgence, au sujet de l’incidence de nos choix alimentaires sur le monde en général et sur nos sociétés en particulier», affirme M. Gudipudi à Arab News.

art jameel
Ghost Agriculture (2018) est une œuvre qui utilise un tissu en coton égyptien cousu à la main par Asuncion Molinos Gordo. (Photo fournie)

Au second étage, on entend la voix douce d’une femme indienne qui chante à partir d’une structure en tôle ondulée grandeur nature. Il s’agit de Jahajin, une œuvre de l’artiste indienne Sancintya Mohini Simpson. Elle rappelle les maisons occupées par des ouvrières envoyées de l’Inde à la province de Natal (aujourd’hui KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud) au début du XXe siècle pour travailler comme esclaves dans les champs de canne à sucre. Lorsque les visiteurs découvrent cette structure, ils sentent les arômes des épices, de la cardamome et de la terre tout en écoutant cette femme entonner de sa voix envoûtante la chanson folklorique bhojpuri de la mère de Simpson. À l’intérieur, on peut visionner un film qui montre des champs s’offrant à perte de vue.

L’artiste Simpson se sert de son travail pour réfléchir à l’expérience de ses ancêtres maternels et aux histoires qu’elle a trouvées grâce à des recherches d’archives sur les travailleuses des plantations.

L’exposition présente les œuvres d’artistes originaires non seulement du Royaume, mais aussi de la République démocratique du Congo, de l’Allemagne, de la Thaïlande, de l’Inde, de l’Espagne, du Liban, de la Russie, des Émirats arabes unis et du Bangladesh, reflétant ainsi la diversité démographique de Djeddah.

Comme le montrent les œuvres de l’artiste, les questions liées au genre se reflètent dans tous les aspects de l’agriculture. Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les femmes représentent 47% des personnes engagées dans l’agriculture.

Africa Empty Europe Full Up (2021) présente une série de têtes et un corps entier qui, à première vue, semblent être en bronze. En y regardant de plus près, on remarque toutefois qu’ils ont été construits à partir de chocolat.

Ces sculptures sont le fruit du travail du Cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC), un collectif artistique situé à Lusanga, dans la République démocratique du Congo. Ce collectif se compose d’anciens ouvriers qui récoltaient l’huile de palme et travaillaient dans les plantations. Comme ils n’ont pas les moyens de vivre des salaires qu’ils reçoivent, ils utilisent des matériaux issus du cacao pour donner naissance à leurs œuvres, créées et produites dans un cadre collaboratif. Les matériaux utilisés rappellent l’économie d’exploitation du commerce mondial et la remplacent.

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L’œuvre Africa Empty Europe Full Up (2021) est une série de sculptures faites en chocolat par le Cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC).

Le CATPC présente un nouveau modèle. Alors que, en Occident, le travail des plantations a historiquement financé le monde de l’art au moyen de dons, ici, c’est l’art qui finance une nouvelle forme de commerce «postplantation» grâce auquel le groupe réinvestit les bénéfices des ventes de ses œuvres d’art dans la production agricole en RDC.

Des telles œuvres incitent à réfléchir aux siècles de commerce mondial et de colonialisme qui ont conduit à la situation difficile dans laquelle se trouve le monde aujourd’hui.

Au rez-de-chaussée du Centre, on peut admirer des œuvres plus colorées. La plus importante d’entre elles est une installation, Absent Dinner (2021), réalisée par le cabinet de design saoudien Bricklab et Misht Studio. Cette installation à grande échelle, qui utilise des techniques mixtes, est composée à 100% de mousseline de coton. Elle est suspendue au plafond et colorée avec des teintes à base de curcuma, de galanga, de noix de muscade et de graines de fenouil. Des moulages d’un repas jawi d’Asie du Sud et de l’Ouest, avec leurs couleurs vives, se dressent sur une série de socles blancs sinueux.

Un repas simple, l’akil jawi, montre que l’intégration était autrefois transparente dans la communauté hijazi. Aujourd’hui, disent les artistes, la diversité de la société hijazi est de plus en plus marginalisée à cause de la mondialisation. Cette diversité remonte à des centaines d’années, lorsque des travailleurs d’Afrique, de Java, d’Asie centrale et d’Asie du Sud se sont installés dans les centres-villes du Hijaz, attirés par le commerce, l’éducation et la religion. On retrouve aujourd’hui encore leurs influences culturelles dans ces régions.

À proximité se trouvent les œuvres multimédias de l’artiste saoudien Mohammed Alfraji. Jasb 'Al'aesh (2021) est une projection sur des morceaux de troncs d’arbres. L’artiste explore les pratiques alimentaires de la région Al-Hassa, en Arabie saoudite, dans la province orientale, connue pour son abondance agricole. Son installation vidéo, pleine de poésie, présente les différentes pratiques alimentaires de la région, de la cuisine à la plantation en passant par les politiques agricoles et met en avant le lien qui existe entre l’alimentation et le patrimoine familial.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com