Liban: de l'explosion au port de Beyrouth au renoncement du Premier ministre

Manifestants à Beyrouth portant des cordes à pendre, un mois après l’explosion au port qui a occasionnée près de 200 morts et des milliers de blessés sur fond de faillite de l’État. (Anwar Amro/AFP)
Manifestants à Beyrouth portant des cordes à pendre, un mois après l’explosion au port qui a occasionnée près de 200 morts et des milliers de blessés sur fond de faillite de l’État. (Anwar Amro/AFP)
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Publié le Samedi 26 septembre 2020

Liban: de l'explosion au port de Beyrouth au renoncement du Premier ministre

  • L’explosion au port, le 4 aout dernier, a frappé un pays plongé depuis des mois dans une grave crise économique, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie
  • Samedi, le Premier ministre désigné Moustapha Adib s’est récusé, présentant ses excuses aux Libanais pour son "incapacité" à réaliser leurs "aspirations pour un gouvernement réformiste"

BEYROUTH : De l'explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août au renoncement samedi du Premier ministre désigné, rappel des principaux événements au Liban.

Dévastation

Le 4 août, une double-explosion détruit pratiquement le port et dévaste des quartiers entiers de Beyrouth.

Les déflagrations ont été déclenchées par un incendie dans un entrepôt abritant - de l'aveu-même des autorités - depuis six ans, des tonnes de nitrate d'ammonium. La tragédie fait plus de 190 morts, plus de 6.500 blessés et près de 300.000 sans abri, selon le dernier bilan officiel.

Elle frappe un pays plongé depuis des mois dans une grave crise économique, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.

"Situation apocalyptique"

Le lendemain, Beyrouth se réveille sous le choc, des habitants cherchant encore des disparus au milieu d'immeubles éventrés. Les secouristes poursuivent leurs recherches pour trouver d'éventuels survivants sous les ruines.

"La situation est apocalyptique", lance le gouverneur de Beyrouth, Marwan Aboud. L'état d'urgence est décrété.

L'aide internationale commence à affluer.

Macron en sauveur

Le 6, Emmanuel Macron effectue une visite de quelques heures à Beyrouth, s'offrant un bain de foule dans le quartier dévasté de Gemmayzé, applaudi par des Libanais meurtris, exaspérés par leurs dirigeants qu'ils accusent de corruption et d'incompétence.

Il réclame une enquête internationale et appelle à une "refondation d'un ordre politique" et à de "profonds changements" que la population réclame depuis des mois.

Mais le président libanais Michel Aoun rejette dès le lendemain toute enquête internationale, estimant qu'elle ne ferait que diluer la vérité.

Manifestants en colère

Le 8, des milliers de Libanais réclament vengeance contre leurs dirigeants qu'ils accusent d'être responsables de l'explosion. Les manifestants installent des guillotines en bois sur la place des Martyrs à Beyrouth.

Des heurts violents opposent les forces de sécurité, qui tirent des gaz lacrymogènes, à de jeunes protestataires ripostant avec des pierres.

Dans la soirée, des manifestants prennent brièvement d'assaut plusieurs ministères et l'Association des banques.

Plusieurs députés démissionnent après l'explosion et ces heurts.

Aide internationale

Le 9, 252,7 millions d'euros d'aide -immédiate ou mobilisable à brève échéance - sont collectés au cours d'une visioconférence co-organisée par la France et l'ONU.

La communauté internationale promet de ne "pas laisser tomber" le Liban, mais exige que son aide soit "directement" distribuée à la population et qu'une enquête "transparente" soit menée.

Démission du gouvernement

Le 10, le Premier ministre, Hassan Diab, annonce la démission de son gouvernement, après le départ de plusieurs membres de son équipe sous la pression de la rue.

De nouveaux heurts opposent des dizaines de manifestants et les forces de l'ordre à Beyrouth, les contestataires réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique.

"Système confessionnel" critiqué

Le 28, Emmanuel Macron évoque les "contraintes d'un système confessionnel" qui ont conduit "à une situation où il n'y a quasiment plus de renouvellement (politique) et où il y a quasiment une impossibilité de mener des réformes".

"Si nous lâchons le Liban (...) ce sera la guerre civile", prévient-il.

Le 30, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, Hassan Nasrallah, annonce que sa formation est disposée à discuter d'un nouveau "pacte politique".

Michel Aoun appelle à déclarer le Liban "État laïc".

Nouveau Premier ministre

Le 31, le Liban se dote d'un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, qui s'engage à appliquer les réformes réclamées par la communauté internationale et à conclure un accord avec le Fonds monétaire international.

Dans la soirée, Emmanuel Macron arrive à Beyrouth, où il appelle à la mise en place d'un "gouvernement de mission" au "plus vite".

Le Premier ministre renonce

Le 26 septembre, le Premier ministre jette l'éponge, sur fond d'insistance de deux partis chiites, Hezbollah et Amal, d'obtenir le portefeuille des Finances.

Il présente ses excuses aux Libanais pour son "incapacité" à réaliser leurs "aspirations pour un gouvernement réformiste".


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.