Un an après, l'exécution d'un dissident iranien glace encore les opposants en exil

Le dissident Rouhollah Zam a été exécuté en décembre 2020 (Photo, AFP).
Le dissident Rouhollah Zam a été exécuté en décembre 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 11 décembre 2021

Un an après, l'exécution d'un dissident iranien glace encore les opposants en exil

  • Créateur d'une chaîne Telegram populaire honnie par les autorités pour son rôle dans les manifestations contre le régime ces dernières années, il a été exécuté le 12 décembre 2020
  • Ses proches affirment qu'il a été enlevé en Irak par des forces iraniennes, puis contraint à des aveux télévisés, avant d'être pendu

PARIS: Un an après l'exécution en Iran du dissident Rouhollah Zam, apparemment tombé dans un piège pour le faire sortir de France, les opposants à la République islamique en exil craignent de n'être à l'abri nulle part.

Créateur d'une chaîne Telegram populaire honnie par les autorités pour son rôle dans les manifestations contre le régime ces dernières années, il a été exécuté le 12 décembre 2020, quelques semaines après avoir quitté la France, où il bénéficiait du statut de réfugié et d'une protection policière, pour un intrigant voyage en Irak.

Ses proches affirment qu'il a été enlevé dans ce pays sous influence de Téhéran par des forces iraniennes, puis contraint à des aveux télévisés, avant d'être pendu.

Les amis de Rouhollah Zam s'interrogent encore sur les raisons qui l'ont conduit à prendre un tel risque et attendent des éclaircissements de la France.

Parmi eux, Sepideh Pooraghaiee, journaliste iranienne exilée en France, estime que "beaucoup de choses ne sont pas claires. Nous ne savons rien".

"Nous réclamons justice pour un journaliste assassiné, et que sa mémoire soit préservée", déclare-t-elle à l'AFP.

L'association "Unis pour Zam" considère que le gouvernement français "doit lever toute ambiguïté" sur son enlèvement en Irak.

Déçue, comme de nombreux activistes, que les droits de l'Homme ne figurent pas au programme des discussions internationales sur le programme nucléaire iranien, elle appelle la France à "poser comme condition aux négociations avec la République islamique l'arrêt des meurtres et de la répression brutale des opposants politiques".

Les détracteurs de la République islamique l'accusent d'avoir fait tuer ou enlever des centaines d'opposants en plus de quarante ans d'existence, y compris hors de son territoire.

L'un des cas les plus connus est l'assassinat du dernier Premier ministre du chah d'Iran, Chapour Bakhtiar, et de son secrétaire, en région parisienne en 1991. Un Iranien condamné à perpétuité en France dans ce dossier, Ali Vakili Rad, a été libéré en 2010 et a reçu un accueil triomphal en Iran.

Le meurtre de quatre militants kurdes iraniens en septembre 1992 dans un restaurant de Berlin, le Mykonos, avait également empoisonné pendant des années les relations euro-iraniennes.

Réseaux sociaux basés hors d'Iran

"L'enlèvement et l'exécution de Rouhollah Zam s'inscrivent dans une lignée de plusieurs décennies d'intimidations, d'exécutions sans jugement et d'enlèvements de dissidents iraniens par des agents de la République islamique", affirme Roya Boroumand, directrice exécutive du Centre Abdorrahman Boroumand, une ONG basée aux Etats-Unis.

Le centre a recensé plus de 540 Iraniens dont l'assassinat ou le rapt peut être imputé au régime, avec un pic dans les années 1990, lors desquelles plus de 397 personnes furent tuées, dont 329 au Kurdistan irakien.

Si Roya Boroumand note un "ralentissement" à la suite des retombées du Mykonos, un nombre grandissant de cas récents "montrent que le risque s'aggrave dangereusement" pour les dissidents en exil.

Selon elle, ce phénomène s'explique par l'impact croissant en Iran même de médias sociaux basés à l'étranger, comme la chaîne Amadnews de Rouhollah Zam sur Telegram, en particulier lors des manifestations de 2019.

Son enlèvement n'est pas un cas isolé. En juillet 2020, le Germano-Iranien Jamshid Sharmahd a disparu à Dubaï alors qu'il se rendait en Inde. Sa famille affirme qu'il a été enlevé, emmené en Iran en passant par Oman, puis poursuivi pour un attentat commis en 2008, des accusations rejetées par ses proches.

"Nous ne savons pas où il est exactement. Nous ne savons pas s'il est détenu dans des conditions humaines", a indiqué la famille dans un communiqué, se disant "choquée" de l'avoir vu exhibé à la télévision iranienne, le visage tuméfié et les yeux bandés.

En juillet, la justice américaine a inculpé par contumace quatre Iraniens pour un projet d'enlèvement à New York de l'opposante Masih Alinejad, qui a mené une campagne virulente contre l'obligation pour les femmes de porter le voile en Iran.

Selon l'accusation, ils prévoyaient de la conduire en hors-bord vers le Venezuela, pays allié de l'Iran.

"Même ici aux États-Unis je ne peux pas avoir une vie normale", déplore Masih Alinejad, qui habite depuis dans une résidence sécurisée. "Je ne suis pas une criminelle. Mon crime est seulement de donner une voix aux manifestants iraniens qui n'en ont pas".


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.