La gestion des déchets en Tunisie, un gâchis économique

Des employés d'AFREC African Recycling, trient des tas de déchets plastiques à l'installation de recyclage de la zone industrielle de Mghira, près de la capitale tunisienne Tunis, le 25 novembre 2021. (Fethi Belaid/AFP)
Des employés d'AFREC African Recycling, trient des tas de déchets plastiques à l'installation de recyclage de la zone industrielle de Mghira, près de la capitale tunisienne Tunis, le 25 novembre 2021. (Fethi Belaid/AFP)
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Publié le Dimanche 19 décembre 2021

La gestion des déchets en Tunisie, un gâchis économique

  • Le recyclage est quasi inexistant en Tunisie, qui produit 2,6 millions de tonnes de déchets chaque année
  • Entre quatre et sept pour cent des déchets du pays d'Afrique du Nord sont recyclés, selon les chiffres officiels

MGHIRA, Tunisie : «Quand je vois du plastique, je vois de l'argent», confie Tarek Masmoudi, patron d'une des rares entreprises de recyclage de Tunisie, pays où les déchets sont majoritairement enfouis sans traitement et où les décharges arrivent à saturation.

Dans le pays maghrébin, la filière de recyclage est pratiquement inexistante. Les déchets sont envoyés dans des centres d'enfouissement techniques (CET) à 85% et le reste s'accumule dans des décharges sauvages, indique Walim Merdaci, expert en gestion de déchets.

La majorité des 11 CET sont censés fermer en 2022, selon Wassim Chaabane, un autre spécialiste contacté en Allemagne.

Et les autorités ont toutes les peines du monde à trouver de nouveaux sites pour enterrer les 2,6 millions de tonnes produits annuellement.

A Agareb (centre-est), un homme de 35 ans est mort, asphyxié par les gaz lacrymogènes, mi-novembre, lors d'une manifestation contre la réouverture de la décharge qui dessert le million d'habitants de Sfax.

Dans le grand Tunis, où vivent plus de 2,7 millions de personnes, on risque des protestations similaires. L'immense décharge de Bordj Chakir reçoit plus 3.000 tonnes de déchets par jour et est remplie à ras bord.

Seulement 4 à 7% des déchets ménagers sont recyclés.

«Quand j'ai commencé en 2009, ce n'était pas aussi rentable» de recycler, raconte à l'AFP Tarek Masmoudi, patron de l'entreprise African Recycling, installée à M'Ghira, près de Tunis.

Depuis son ouverture en 2009, l'entreprise n'a cessé de grandir et valorise aujourd'hui 6.000 tonnes de déchets par an, dont 1.000 de plastique, explique l'industriel de 42 ans, la mine réjouie à sa descente d'un 4X4 de luxe.

- «Enterrer ce qui vaut une fortune» -

La tonne de déchets plastiques qu'il achetait il y a deux mois à 200 dinars tunisiens lui est désormais cédée à 300 dinars par ses fournisseurs dont des dizaines de «barbéchas» (chiffonniers tunisiens), cheville ouvrière de ce recyclage informel.

Dans un va et vient incessant, les Tuk Tuk des chiffonniers et des camions apportent des ballots qui sont pesés, triés, broyés puis transformés en copeaux ou granulés pour l'industrie.

«Le recyclage est un secteur où tout est à faire et qui peut être pourvoyeur d'emplois et de richesses en Tunisie», estime l'entrepreneur qui fait travailler une soixantaine de personnes en direct et plus de 200 en indirect.

Ses employés sont majoritairement des femmes qui, pour la plupart, «ont un époux au chômage et font vivre toute la famille», selon la superviseuse Chadlia Guesmi.

«L'Etat paye entre 150 et 200 dinars la tonne pour l'enfouissement. On dépense de l'argent pour enterrer ce qui vaut une fortune», peste Tarek Masmoudi, furieux du «manque de stratégie et de vision» des autorités.

- «On n'a plus le temps» -

«Le système de gestion des déchets en Tunisie est à côté de la plaque à tous les niveaux, particulièrement au niveau de la collecte», abonde M. Chaabane, tout en reconnaissant que mettre en place le tri sélectif prendrait des années.

L'Anged (agence nationale de gestion des déchets) qui constate elle-même un manque de moyens, de gestion et planification, a promis dans son dernier plan stratégique, une réduction des déchets pour les années à venir, ainsi que leur traitement.

Face à la saturation des décharges, la Tunisie a opté pour un traitement mécano-biologique (combinaison d'opérations mécaniques de tri et compactage avec le compostage et la méthanisation), explique M. Merdaci. Mais les premiers projets ne verront le jour que dans deux ans. «On n'a plus le temps», s'inquiète-t-il.

Selon lui, en outre, il y a un problème de financement du retraitement des déchets. «Seuls 25% des citoyens payent la taxe d'habitation incluant une taxe sur les déchets» qui plafonne au niveau dérisoire de 800 millimes (20 centimes EUR) par an, alors que chaque Tunisien produit au moins 365 kg de déchets annuellement.

«Il faut créer une taxe de gestion des déchets et faire payer à chacun la quantité qu'il produit», préconise M. Merdaci. Cela permettrait aux municipalités qui en ont la tutelle exclusive d'avoir des fonds pour la gestion des déchets.

«Le passage de l'enfouissement au traitement coûtera plus cher, mais on gagnera en termes d'environnement», explique-t-il.

Pour son confrère M. Chaabane, «il y a urgence» et «la meilleure solution pour les villes (pour traiter de grandes quantités, ndlr) serait l'incinération, avec des technologies propres».

Même si une telle option aurait, selon lui, un coût élevé: 250 millions d'euros par incinérateur, sans compter les coûts d'exploitation.

«On a eu 10 ans de perturbations politiques, 10 ans de non prise de décisions, on a un problème avec les riverains (pour enfouir des déchets), et on a un problème d'argent. Les indicateurs de réussite sont à zéro», résume désabusé M. Merdaci.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com