En Syrie, la misère d’après-guerre pousse les migrants à se rendre en Europe

Bushra, une Kurde syrienne qui n’a donné que son prénom, pose pour une photo à Minsk,  en Biélorussie, le 22 septembre 2021. Elle a entrepris un voyage périlleux vers l’Europe à  travers la Biélorussie. (AP)
Bushra, une Kurde syrienne qui n’a donné que son prénom, pose pour une photo à Minsk, en Biélorussie, le 22 septembre 2021. Elle a entrepris un voyage périlleux vers l’Europe à travers la Biélorussie. (AP)
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Publié le Mercredi 22 décembre 2021

En Syrie, la misère d’après-guerre pousse les migrants à se rendre en Europe

  • Plus de 78 000 Syriens ont demandé l’asile au sein de l’Union européenne jusqu’à présent cette année, soit une augmentation de 70% par rapport à l’année dernière
  • La monnaie syrienne s’est effondrée et le salaire minimum est à peine suffisant pour acheter deux kilos de viande par mois, dans l’hypothèse où la viande est disponible

GIESSEN (Allemagne): Soixante longues heures de marche à travers les forêts humides et sombres de Pologne se sont déjà écoulées, et Bushra, une Kurde syrienne de 29 ans, tente de se frayer un chemin jusqu’en Allemagne, lorsqu’elle se tord le genou.
Ce n’est pas la première difficulté qu’elle rencontre lors de son périple.Un peu plus tôt, sa compagne de route et meilleure amie s’est évanouie, en proie à une crise de panique alors que les gardes-frontières polonais étaient à leurs trousses. Les deux jeunes femmes se sont cachées dans des fossés, derrière des arbres, pendant que l’amie en question essayait de reprendre son souffle, mais en vain. Elles doivent se rendre et les gardes les renvoient de l’autre côté de la frontière, en Biélorussie. En loques, trempées, elles reprennent rapidement le même sentier. Bushra persévère, malgré son genou douloureux. Pendant deux jours de plus, elle traîne son pied droit à travers la pluie et les températures glaciales des forêts. Les deux jeunes femmes atteignent enfin un village polonais, où une voiture les conduit de l’autre côté de la frontière allemande pour une vie que Bushra espère libre.
«La douleur est insupportable. Fuir quelque chose est parfois la partie la plus facile», déclare Bushra une fois arrivée à Giessen, en Allemagne, où elle demande l’asile en tant que réfugiée. «Il n’y a plus aucun avenir pour nous en Syrie», déplore-t-elle. Bushra, qui a demandé pour sa propre sécurité que son nom de famille ne soit pas divulgué, est le visage du nouveau migrant syrien. De plus en plus de Syriens quittent leur foyer, même si la guerre civile qui dure depuis dix ans tire à sa fin et que les lignes de conflit sont gelées depuis des années.
Ils ne fuient pas les horreurs de la guerre, qui ont poussé des centaines de milliers de personnes à se rendre en Europe lors de la vague massive de 2015, mais la misère qui résulte de la guerre. Ils ont perdu espoir dans l’avenir dans leur pays compte tenu de la pauvreté extrême, de la corruption généralisée, des infrastructures détruites, des hostilités continues, de la répression gouvernementale et des représailles menées par plusieurs groupes armés. Jusqu’à présent, plus de 78 000 Syriens ont demandé l’asile au sein de l’Union européenne (UE) cette année – une augmentation de 70% par rapport à l’année dernière, selon les documents de l’UE. Parmi les 500 000 demandeurs d’asile cette année, les Syriens sont les plus nombreux après les Afghans.
Neuf personnes sur dix vivent dans la pauvreté en Syrie. Environ treize millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire – soit une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente. Le gouvernement est dans l’incapacité de répondre aux besoins les plus élémentaires, et près de sept millions de personnes sont déplacées de force à l’intérieur du pays.
Les routes, les télécommunications, les hôpitaux et les écoles ont été ravagés par la guerre et l’accroissement des sanctions économiques rend la reconstruction impossible. La pandémie de Covid-19 a aggravé la crise économique – la pire depuis le début de la guerre, en 2011. La monnaie syrienne s’est effondrée et le salaire minimum est à peine suffisant pour acheter deux kilos de viande par mois, dans l’hypothèse où la viande est disponible. Les crimes et la production de drogue sont en augmentation alors que les milices, soutenues par des puissances étrangères, mènent des activités de contrebande, contrôlant des villes et des villages entiers.
Si les chiffres sont nettement inférieurs à ceux de 2015, des Syriens désespérés déploient tous les efforts possibles pour sortir du pays. Sur les réseaux sociaux, des groupes se chargent de les aider à trouver un moyen pour le faire. Certains utilisateurs demandent où ils peuvent faire une demande de visa de travail ou de bourse d’études. D'autres demandent des conseils sur les dernières routes migratoires, le coût des passeurs et dans quelle mesure il serait risqué d’utiliser de fausses identités pour sortir de la Syrie et pour entrer dans d’autres pays.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.