Après le repli des rebelles, quelle évolution pour le conflit en Ethiopie?

Un Éthiopien vivant au Kenya manifestent lors d'une manifestation intitulée #NoMore à l'ambassade d'Éthiopie à Nairobi le 19 décembre 2021, contre la prétendue ingérence étrangère en Éthiopie. (Photo, AFP)
Un Éthiopien vivant au Kenya manifestent lors d'une manifestation intitulée #NoMore à l'ambassade d'Éthiopie à Nairobi le 19 décembre 2021, contre la prétendue ingérence étrangère en Éthiopie. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 27 décembre 2021

Après le repli des rebelles, quelle évolution pour le conflit en Ethiopie?

  • Officiellement, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) s'est retiré des régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, où il avait progressé ces derniers mois, afin d'"ouvrir la porte" à l'aide humanitaire et à une cessation des hostilités
  • Le Tigré occidental, une zone revendiquée par les Tigréens et les Amhara mais occupée par ces derniers depuis le début de la guerre, devrait représenter un des principaux points d'achoppement en cas de négociations

NAIROBI : L'annonce par les rebelles de leur retrait au Tigré a ravivé la semaine dernière l'espoir de voir s'ouvrir des négociations de paix en Ethiopie, après plus de 13 mois d'un conflit marqué par des exactions meurtrières. 

Mais, tandis que les forces fédérales considèrent le repli des Tigréens comme une preuve de leurs déconvenues militaires, un cessez-le-feu reste hypothétique. 

Voici un résumé de la situation actuelle et des défis qui vont maintenant se poser. 

Pourquoi les rebelles se sont-ils retirés ?

Officiellement, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) s'est retiré des régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, où il avait progressé ces derniers mois, afin d'"ouvrir la porte" à l'aide humanitaire et à une cessation des hostilités.

Jusqu'ici, le TPLF qualifiait d'"absolument pas envisageable" un retrait de ces deux régions, réclamé par le gouvernement comme préalable à des négociations pour mettre fin à ce conflit démarré en novembre 2020. 

"Aucune armée ne se replie par sa propre volonté. Les forces tigréennes ont été contraintes de le faire et le gouvernement fédéral et ses alliés le savent", analyse pour l'AFP Awet Weldemichael, spécialiste de la Corne de l'Afrique à l'université canadienne de Queen's.  

Comment expliquer les succès militaires du gouvernement ?

La bataille des airs a toujours été à l'avantage de l'armée fédérale, même lorsque le TPLF semblait prendre la main sur le conflit et affirmait se trouver à environ 200 km de la capitale Addis Abeba. 

Contrairement aux rebelles, l'armée dispose d'avions de combats et de drones armés, qui ont bombardé le Tigré ces derniers mois. L'Ethiopie a notamment signé en août un accord de coopération militaire avec la Turquie.

"Le large déploiement de drones tueurs par Addis Abeba a été crucial pour handicaper les opérations mécanisées et la mobilité des véhicules tigréens", poursuit M. Awet. 

Il ajoute que les troupes érythréennes, qui se battent aux côtés de l'armée depuis le début du conflit, pourraient aussi avoir joué un rôle clé dans la contre-offensive en aidant à "repousser physiquement" les rebelles, au sol. 

La guerre se termine-t-elle ?

Pas vraiment. Le gouvernement a annoncé vendredi que ses troupes n'avanceraient pas à l'intérieur du Tigré mais a ajouté que cette position pourrait changer si la "souveraineté territoriale" du pays était menacée. Il n'a pas non plus déclaré de cessez-le-feu.

Si elle se confirme, cette trêve de facto dans les combats pourrait calmer la situation mais les observateurs restent prudents avant d'envisager une fin prochaine du conflit. 

"Le Premier ministre n'a pas fait de concession quand ses forces perdaient du terrain, pourquoi le ferait-il maintenant ?", questionne M. Awet.

Quels sont les potentiels défis à venir ?

Au sein d'une coalition qu'il dominait, le TPLF a régné pendant près de 30 ans d'une main de fer sur l'Ethiopie, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de M. Abiy en 2018. Il a également mené la guerre sanglante face à l'Erythrée entre 1998 et 2000. 

Le conflit en cours a exacerbé les rivalités ethniques. La tension entre les Tigréens et les Amhara - deuxième plus grand groupe du pays, allié des troupes fédérales - est particulièrement vive. 

"Les Amhara sont très réticents à voir une réhabilitation du TPLF", pointe William Davison, analyste senior à l'International Crisis Group.

Le Tigré occidental, une zone revendiquée par les Tigréens et les Amhara mais occupée par ces derniers depuis le début de la guerre, devrait représenter un des principaux points d'achoppement en cas de négociations, ajoute-t-il. 

Le TPLF a d'ores et déjà demandé au Conseil de sécurité de l'ONU le retrait des forces amhara et des troupes érythréennes du Tigré occidental.

"L'Erythrée et les Amhara voient tous le TPLF comme une menace existentielle", poursuit M. Davison. 

Que peut faire la communauté internationale ?

Malgré les embuches, une pause dans les combats peut constituer une opportunité de dialogue, face à une guerre qui a tué des milliers de personnes et créé une profonde crise humanitaire. 

"C'est un moment opportun pour exercer une pression diplomatique", ajoute M. Davison. 

Mais, ajoute-t-il, "il faudrait des efforts diplomatiques concertés pour encourager (les belligérants) à conclure un accord de cessation des hostilités et à ouvrir des négociations".

De plus, les efforts internationaux de médiation ont de grandes chances d'échouer s'ils n'impliquent pas l'Erythrée et son leader Issaias Afeworki, affirme M. Awet.

"Etant donné le rôle d'Issaias dans ce conflit et son influence sur (M. Abiy), le refus de la communauté internationale d'impliquer de manière soutenable et constructive l'Erythrée reste un talon d'Achille majeur" des efforts diplomatiques.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.