Dans la ville irakienne de Mossoul, la santé publique peine à se relever

Un médecin travaille dans un laboratoire de l'hôpital de Naplouse, dirigé par Médecins sans frontières (MSF), à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)
Un médecin travaille dans un laboratoire de l'hôpital de Naplouse, dirigé par Médecins sans frontières (MSF), à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 30 décembre 2021

Dans la ville irakienne de Mossoul, la santé publique peine à se relever

  • Dans un pays pourtant parmi les plus riches en pétrole, entre équipements vétustes, bâtiments délabrés et budget insuffisant, le public est loin de faire l'unanimité
  • En Irak où depuis des décennies les infrastructures de santé sont vétustes, le secteur médical n'échappe pas aux lenteurs de la reconstruction à Mossoul

MOSSOUL : Ca aurait pu être un banal accident de moto, mais après une opération chirurgicale ratée à Mossoul, Amer a dû subir quatre autres interventions dans l'hôpital d'une ONG. Un calvaire illustrant le délabrement du secteur médical dans la métropole irakienne ravagée par la guerre.

En Irak où depuis des décennies les infrastructures de santé sont vétustes, le secteur médical n'échappe pas aux lenteurs de la reconstruction à Mossoul.

Quatre années après sa reconquête par les forces irakiennes et la mise en déroute du groupe jihadiste Etat islamique (EI), la métropole du Nord reste un patchwork de bâtiments en ruines et d'immeubles en construction.

Cinq hôpitaux sont en cours de réhabilitation ou de construction, selon un responsable public, tandis que neuf autres établissements sont actuellement fonctionnels, soit 1.800 lits pour 1,5 million d'habitants.

Mais, dans un pays pourtant parmi les plus riches en pétrole, entre équipements vétustes, bâtiments délabrés et budget insuffisant, le public est loin de faire l'unanimité.

Des enfants sont soignés à l'hôpital de Naplouse, géré par Médecins sans frontières (MSF), à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)
Des enfants sont soignés à l'hôpital de Naplouse, géré par Médecins sans frontières (MSF), à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)

"Dans les hôpitaux publics, nous devions tout payer: médicaments, bandages, anesthésie", fustige Amer Chaker, se remémorant son expérience dans un de ces établissements. 

Avec sa première opération, non seulement cet ouvrier du bâtiment dit avoir déboursé une petite fortune --environ 8.000 dollars-- mais ses trois fractures à la jambe n'ont pas été bien soignées. 

"Le médecin m'avait installé une plaque, ce n'était pas fait correctement", déplore le jeune homme de 21 ans en béquilles.

Depuis plus de sept mois, il est heureusement soigné gratuitement à l'hôpital d'al-Wahda, ouvert par l'ONG Médecins sans frontières (MSF) en 2018.

A la jambe gauche, les médecins de MSF ont posé un fixateur externe, système impressionnant de broches et de vis, quasi-impossible à trouver ailleurs à Mossoul, dit-il.

« Manque de lits »

Dans les prochaines semaines, Amer subira une sixième opération pour lui couper 13 cm d'os.

Le long des allées de l'hôpital d'al-Wahda, les préfabriqués installés en 2018 côtoient désormais des bâtiments en béton.

Le profil des patients varie. Khawla Younes, femme au foyer sexagénaire, s'est cassé la jambe en tombant. Mahmoud al-Meemari, lui, en est à sa "16 ou 17ème opération". Il soigne une blessure de 2017, causée par une bombe lors de la guerre avec l'EI.

Majid Ahmed, un responsable de la santé publique dans la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale, déplore un "manque de lits hospitaliers et de centres de soins à cause des destructions qui ont touché 70% des établissements de santé".

Avant l'arrivée des jihadistes en 2014, Ninive avait 3.900 lits hospitaliers, explique-t-il. En 2017 après la libération, il n'en restait que 600. Aujourd'hui, la province en compte 2.650, dont 1.800 à Mossoul.

"Les destructions ayant frappé les institutions de santé dans la province nécessitent des budgets importants", souligne-t-il.

Après le conflit, le secteur médical était "reparti de zéro", reconnaît le chirurgien orthopédiste Hicham Abdel-Rahmane, engagé depuis 2018 avec MSF et qui travaille aussi dans le public. "On constate une amélioration, mais c'est très lent".

Et d'énumérer les besoins pour la ville: "la construction de nouveaux hôpitaux, l'installation d'équipements dans les établissements fonctionnels, des médicaments, notamment les traitements pour le cancer".

« Combler un vide »

A Mossoul, MSF gère également l'hôpital Nablus et sa maternité, où chaque mois près de 900 accouchements sont pratiqués en moyenne, dont 180 par césarienne. Le service pédiatrie dispose de 47 places.

"L'hôpital comble un vide", reconnaît Kyi Pyar Soe, directrice des activités médicales pour MSF dans ce centre, précisant que les deux autres maternités publiques sont "surchargées".

Un infirmier se désinfecte les mains à l'hôpital Al-Wahda, ouvert par Médecins sans frontières (MSF) en 2018, à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)
Un infirmier se désinfecte les mains à l'hôpital Al-Wahda, ouvert par Médecins sans frontières (MSF) en 2018, à Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 16 décembre 2021.(AFP)

Dehors, la ville tente de renouer avec un semblant de normalité, comme en témoignent les embouteillages, les restaurants et les cafés bondés ayant parfois rouvert au pied d'immeubles défigurés par des trous béants aux étages supérieurs.

Selon la Croix-Rouge, 35% des habitants de Mossoul-Ouest et moins de 15% de ceux de Mossoul-Est ont "suffisamment d'eau pour répondre à leurs besoins quotidiens".

Et malgré les restaurations de certains sites historiques, des pans entiers du Vieux Mossoul ne sont que des océans de décombres. La lenteur de la reconstruction est telle qu'il n'est pas rare de trouver encore des cadavres sous les gravats. Rien qu'en décembre, la défense civile y a retrouvé une dizaine de squelettes "datant de la libération de Mossoul".


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.