Perspectives 2022: Epuisés par la guerre, les Syriens au devant de nouvelles souffrances

Un homme évacue une jeune victime d'un attentat à la bombe après une frappe aérienne signalée par les forces du régime et leurs alliés dans la ville syrienne de Maarat Al-Numan, détenue par des extrémistes. (Photo, AFP)
Un homme évacue une jeune victime d'un attentat à la bombe après une frappe aérienne signalée par les forces du régime et leurs alliés dans la ville syrienne de Maarat Al-Numan, détenue par des extrémistes. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 02 janvier 2022

Perspectives 2022: Epuisés par la guerre, les Syriens au devant de nouvelles souffrances

  • Des réfugiés syriens appauvris et persécutés se sont rendus en Biélorussie l'année dernière dans une tentative désespérée d'atteindre l'Europe
  • Les observateurs des droits de l’homme affirment que les détenus ont été soumis à des «souffrances inimaginables» dans les prisons du régime Assad

MISSOURI / WASHINGTON : Si 2020 a été l'année où des fissures ont commencé à apparaître dans les rangs du clan syrien au pouvoir d’Assad, alors 2021 a été l'année des tentatives déterminées des dirigeants pour resserrer leur emprise et récupérer leur légitimité.

Bien que plusieurs États aient récemment tenté de ramener le régime dans le giron arabe, optant même pour la réouverture de leurs ambassades à Damas, la dépendance du président syrien Bashar Assad vis-à-vis de ses bienfaiteurs russes et iraniens n'a fait que croître.

En effet, le président russe Vladimir Poutine a reçu Assad à Moscou en septembre pour la première fois depuis 2018, sans doute afin d’aider à la réintégration de son homologue syrien mais aussi pour réprimander la Turquie et les États-Unis pour leur implication continue en Syrie.

La dépendance d'Assad à l’égard de la Russie et de l'Iran est due en grande partie à l'état précaire de l'économie syrienne, aux effets paralysants des sanctions occidentales, à l'isolement diplomatique du pays, à ses vulnérabilités militaires, à sa partition de facto et au manque de soutien populaire.

Un homme évacue une jeune victime d'un attentat à la bombe après une frappe aérienne signalée par les forces du régime et leurs alliés dans la ville syrienne de Maarat Al-Numan, détenue par des extrémistes. (Photo, AFP)

La Syrie est géographiquement divisée entre les zones contrôlées par le régime, les rebelles dans le nord-ouest et l'auto-administrassion kurde dans le nord-est, ce qui rend la distribution de l'aide, en particulier des vaccins contre la Covid-19, d'autant plus difficile.

Les forces russes, turques et américaines positionnées en Syrie ont maintenu une impasse difficile, les fissures entre leurs sphères d'influence respectives étant comblées par des mercenaires, des trafiquants et les restes de plus en plus enhardis de Daech.

De nombreuses villes syriennes sont toujours en ruines et des millions de citoyens restent déplacés, à l'intérieur comme à l'extérieur, souvent dans des circonstances précaires, trop terrifiés pour rentrer chez eux et faire face aux représailles du régime.

Une boule de feu éclate à partir du site d'une explosion qui aurait visé une patrouille conjointe turco-russe sur l'autoroute stratégique M4, près de la ville syrienne d'Ariha. (Photo, AFP)

Un rapport publié en septembre par Amnesty International, intitulé “You’re Going to your Death,” (Vous allez vers la mort), a documenté une liste de violations horribles commises par le régime contre des Syriens qui ont été contraints de rentrer après avoir cherché refuge en Europe.

L'ampleur des crimes du régime a été martelée en novembre lorsque Omar Alshogre, un ancien détenu du régime de 25 ans et survivant de la torture, s'est adressé à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'impunité qui prévaut en Syrie et la nécessité d'assurer la responsabilité.

«Nous avons aujourd'hui des preuves plus solides que celles que nous avions contre les nazis à Nuremberg», a révélé Alshogre. «Nous savons même où se trouvent les fosses communes. Mais toujours pas de cour internationale et pas de fin aux massacres en cours pour les civils en Syrie».

Un rapport publié en septembre par la Commission d'enquête internationale indépendante des Nations Unies sur la République arabe syrienne a conclu que des milliers de détenus ont été soumis à des «souffrances inimaginables» pendant la guerre, notamment la torture, la mort et la violence sexuelle contre les femmes, les filles et les garçons.

Un enfant syrien déplacé, l'un des milliers qui ont fui leurs maisons dans les campagnes de Raqa et Deir Ezzor, porte un sac de déchets recyclables. (Photo, AFP)

La condamnation par un tribunal allemand de Coblence en février de l'ancien agent de renseignement syrien Eyad Al-Gharib à quatre ans et demi de prison pour complicité de crimes contre l'humanité a été saluée comme historique.

Néanmoins, peu de Syriens croient qu'ils obtiendront un jour justice pour les abus de la dernière décennie, et ils n'ont pas beaucoup d'espoir d'une amélioration de la situation humanitaire.

En effet, au cours des derniers mois de 2021, des milliers de Syriens ont fait la queue à l'aéroport de Damas après avoir payé des milliers de dollars à une agence de voyages biélorusse pour les transporter dans une région sauvage isolée à la frontière avec l'UE dans l'espoir désespéré de commencer une nouvelle vie.

«La situation en Syrie est plus calme maintenant, mais cela ne veut pas dire qu'elle est meilleure», a déclaré à Arab News, Asaad Hanna, un militant et réfugié syrien. «Dans les zones contrôlées par le régime, les gens vivent au jour le jour. Ils ne peuvent pas satisfaire leurs besoins fondamentaux. L'économie s'effondre et la monnaie perd de sa valeur».

«Le régime d'Assad arrête toujours quiconque se plaint, alors les personnes qui souffrent quittent le pays. Imaginez : depuis 2011, ceux qui terminent leurs études sont soit enrôlés dans l'armée, soit ont quitté le pays».

Selon Hanna, le pays suit le chemin des autres parias internationaux.

«Avec l'augmentation de la pauvreté, 10 ans de destruction, la Syrie obtient le genre de stabilité de la Corée du Nord», a-t-il ajouté.

Dans le nord-ouest de la Syrie, de l'autre côté de la ligne de démarcation entre le régime d'Assad et les derniers rebelles restants, 2021 a été une nouvelle année remplie de tragédies, alors que des écoles, des hôpitaux et même des camps de déplacés ont été la cible d'attaques aériennes et d'artillerie.

Les casques blancs à Idleb. (Photo, Twitter : @syriacivildef)

Mousa Zidane, qui travaille pour la défense civile syrienne affiliée aux rebelles, également connue sous le nom de Casques blancs, a signalé que 2021 était une année difficile pour les premiers intervenants.

«Les bombardements et les morts ont continué malgré la décision de cessez-le-feu », a-t-il déclaré à Arab News. «Le coronavirus a envahi les camps de personnes déplacées (personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays) et les villes de Syrie. Le fardeau pour nous était grand.

«En plus de tout cela, les attaques du régime et de la Russie contre nous ont continué. Trois de mes collègues des Casques blancs sont morts à la suite d'attaques directes visant nos équipes lors de leurs missions humanitaires, et plus de 14 autres volontaires ont été blessés».

Le bombardement quasi quotidien des zones tenues par les rebelles a épuisé le moral du public, laissant peu d'espoir de changement cette année, a indiqué Zidane.

«Bien que nous ayons toujours cherché l'espoir, nous doutons que l'année à venir soit meilleure pour les Syriens», a-t-il jugé. «Mais nous ne perdons pas espoir en nous-mêmes et nous ne perdons pas espoir dans les vrais amis de la Syrie et des Syriens. Nous continuerons notre travail et nos revendications légitimes».

Comme de nombreux Syriens, Hanna pense que le régime d'Assad ne sera probablement jamais traduit en justice pour le meurtre de manifestants, le bombardement de zones civiles, la torture et le meurtre d'opposants ou l'utilisation présumée d'armes chimiques.

Un homme se tient à l'entrée d'un salon de coiffure à côté d'un portrait du président syrien Bashar Al-Assad dans la capitale Damas, le 15 décembre 2021. (Photo, AFP)

«De toute évidence, la communauté internationale n'est pas intéressée à lancer une piste de responsabilité pour le moment, mais cela ne signifie pas que nous devons nous arrêter. Cela nous donne plus de responsabilités pour continuer à réclamer justice et les comptes pour les crimes commis contre le peuple syrien».

Hanna craint que l'ouverture de l'administration Biden à l'assouplissement des sanctions contre le régime et les récentes ouvertures diplomatiques des pays arabes signifient que la pression internationale pour un changement de régime en Syrie est pratiquement terminée. En effet, Damas pourrait très bien retrouver son siège dans la Ligue arabe.

«Je ne vois cela que grâce à la nouvelle administration démocrate aux États-Unis», a affirmé Hanna.«L’administration précédente était claire sur l'absence de relations avec le régime d'Assad. Mais maintenant, nous voyons l'administration Biden assouplir sa position sur tout ce qui concerne l'Iran».

Bien sûr, presque tout en Syrie reste lié à l'Iran. Les milices armées et financées par le Corps des gardiens de la révolution islamique continuent de consolider leur emprise sur de vastes zones du pays.

Une alliance de longue date entre Téhéran et Damas a permis à l'Iran d'utiliser la Syrie pour étendre son influence régionale et faire passer en contrebande des armes avancées. Le Hezbollah libanais, un autre mandataire iranien, a également joué un rôle décisif afin d’empêcher une victoire rebelle sur le régime Assad en difficulté.

L'exploitation de la Syrie par l'Iran a attiré l'attention d'Israël, qui est de plus en plus en désaccord avec l'approche plus conciliante de Washington à l'égard de Téhéran.

En décembre, Israël a attaqué à deux reprises des cargaisons d'armes iraniennes présumées dans le port du régime syrien à Lattaquié. Les prochains mois pourraient voir de nombreuses autres frappes israéliennes unilatérales visant les intérêts régionaux de l'Iran.

Malgré les souffrances, les revers et les attentes sombres pour 2022, des militants comme Hanna restent rebelles.

«Pour moi, personnellement, je ne considère pas cela comme un travail ; c'est devenu un mode de vie», a-t-il soutenu. «Tant que cela continue, nous continuerons à soutenir ce pour quoi nous sommes descendus dans la rue en 2011».

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*David Romano est le professeur Thomas G. Strong de politique du Moyen-Orient à l'Université d'État du Missouri.

 

*Oubai Shahbandar est un ancien officier du renseignement de défense et analyste du Moyen-Orient au Pentagone

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.