Dans le Golan syrien annexé, espoirs et craintes d'une « israélisation »

Des ouvriers travaillent à la construction d'un bâtiment dans un nouveau quartier de Katsrin, une colonie israélienne dans les hauts du Golan annexés par Israël, le 28 décembre 2021.(AFP)
Des ouvriers travaillent à la construction d'un bâtiment dans un nouveau quartier de Katsrin, une colonie israélienne dans les hauts du Golan annexés par Israël, le 28 décembre 2021.(AFP)
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Publié le Vendredi 31 décembre 2021

Dans le Golan syrien annexé, espoirs et craintes d'une « israélisation »

  • Le gouvernement israélien a approuvé le 26 décembre un plan visant à doubler d'ici cinq ans le nombre de colons dans le Golan occupé
  • Bien qu'Israël et la Syrie soient toujours officiellement en état de guerre, ce territoire occupé était largement oublié, la ligne de cessez-le-feu étant calme depuis l'armistice de 1974

KATZRIN : Dans la colonie au décor idyllique de Katzrin, les bulldozers préparent le terrain pour construire un nouveau quartier pour des familles de la classe moyenne. But de l'opération: peupler d'Israéliens le plateau annexé du Golan, où vivent toujours des milliers de Syriens.

Le gouvernement israélien a approuvé le 26 décembre un plan visant à doubler d'ici cinq ans le nombre de colons dans le Golan occupé, une zone stratégique --en particulier en raison de ses ressources en eau-- prise à la Syrie en 1967 et annexée il y a 40 ans, une décision "inédite" dont s'est targué le Premier ministre Naftali Bennett.

Adoubé par le gouvernement, le budget d'un milliard de shekels (environ 280 millions d'euros) permettra de construire 10.000 nouvelles résidences sur le plateau du Golan annexé, dont un tiers dans la colonie de Katzrin. Au total, 23.000 habitants israéliens seront ajoutés à la population actuelle du Golan.

"Après des années de guerre civile en Syrie, tout le monde sait que le Golan est calme, vert et bourgeonnant", a plaidé M. Bennett, évoquant un lieu de vie "incroyable, avec de l'air frais, de l'espace et une bonne qualité de vie".

Le "moment" est venu de peupler davantage le Golan pour Israël, dont la souveraineté sur ces terres a été de surcroît reconnue en 2019 par les Etats-Unis, a-t-il assuré.

 Soldats et pâturages 

Bien qu'Israël et la Syrie soient toujours officiellement en état de guerre, ce territoire occupé était largement oublié, la ligne de cessez-le-feu étant calme depuis l'armistice de 1974, même si la situation dans cette zone s'est tendue avec le conflit en Syrie déclenché en 2011.

"Dans 20 ou 30 ans, la population de Katzrin passera d'environ 9.000 personnes aujourd'hui à 50.000, voire 60.000", lance tout sourire le maire de Katzrin Dimi Apartzev, qui se félicite du plan du gouvernement Bennett qui devrait transformer la démographie du Golan.

Cette colonie, située entre les vignes et les vallées verdoyantes, espère attirer davantage des Israéliens en quête de quiétude et de pavillons à bas prix que des colons dits idéologiques, c'est-à-dire souhaitant habiter le Golan pour des raisons politiques.

Environ 25.000 colons israéliens vivent aujourd'hui sur le plateau du Golan aux côtés de quelque 23.000 druzes, des Syriens ayant le statut de résidents en Israël.

"Aujourd'hui, pour la première fois, le nombre de colons est supérieur au nombre des résidents" au Golan, note Nazih Brek, un urbaniste au Centre al-Marsad pour les droits de l'homme, un institut documentant l'occupation du Golan syrien.

"Historiquement, Israël a utilisé les colonies et la présence civile pour prolonger son occupation militaire. Les deux sont interconnectés", dit-il à l'AFP dans le village druze de Majdal Shams, à 40 km au nord de Katzrin, séparé de la colonie par de vastes pâturages dont une partie sont des zones militaires où s'entraînent des soldats israéliens.

Crise d'identité 

Le projet de développer les colonies du Golan n'aura pas d'impact direct sur les résidents syriens "car la confiscation des terres a été achevée dès l'occupation" israélienne du Golan syrien, assure M. Brek.

Mais elle pourrait toutefois avoir des répercussions sur l'identité même de la désormais minorité des druzes du Golan.

Pour Hany Zahwah, un jeune universitaire vivant dans le village druze de Buqata, entre Majdal Shams et Katzrin, sa génération est confrontée à une crise d'identité en raison de l'"israélisation" du Golan annexé.

Au cours des dernières années, Hany a vu plusieurs de ses amis d'enfance opter pour la nationalité israélienne. Ce qui va à l'encontre de la tradition des dernières décennies consistant à conserver une identité syrienne forte, au prix d'avoir le statut de seul résident en Israël et non pas de citoyen.

Selon Hany, Israël a aussi "joué la carte religieuse" en mettant l'emphase sur la religion druze pour ainsi considérer les druzes vivant en Israël et ceux au Golan annexé au même niveau, de façon à "neutraliser" l'identité syrienne de ces derniers. 

Si on le lui proposerait, le jeune homme refuserait de déménager à Katzrin, une terre confisquée par Israël à un village syrien. "Je suis un résident pacifique du Golan et ma priorité est de maintenir mon identité", dit-il.

A Katzrin, où les habitants viennent de multiples horizons, M. Apartzev, lui-même un immigrant de l'ex-URSS, plaide pour le "respect" de chacun. 

"Les résidents druzes du nord du Golan font partie intégrale de ce qui se passe ici, ils travaillent dans le bâtiment, la planification, l'éducation, la santé, ils sont professeurs, docteurs, infirmières", affirme-t-il, indiquant qu'une école mixte sera créée pour les écoliers juifs de Katzrin et arabes de Buqata. 


Cisjordanie : le chef de l'armée israélienne veut «mettre fin» aux violences de colons

Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
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  • Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens
  • Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes

JERUSALEM: Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies.

"Nous sommes déterminés à mettre fin à ce phénomène et nous agirons avec fermeté jusqu'à ce que justice soit rendue", a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir lors d'une visite à des troupes en exercice dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon un communiqué militaire.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé avoir enregistré en Cisjordanie "264 attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en octobre, soit "le bilan mensuel le plus élevé en près de deux décennies de collecte de données".

Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens en lien avec une descente violente menée contre la localité palestinienne de Beit Lid, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes.

Le président israélien Isaac Herzog a condamné ces exactions les qualifiant de "choquantes et inacceptables".

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons de plus en plus jeunes et violents vivant généralement dans des avant-postes (implantations illégales au regard du droit israélien et destinées à créer des faits accomplis sur le terrain) se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants anticolonisation israéliens ou étrangers, des journalistes et parfois aussi des soldats.

Plus de 500.000 Israéliens vivent en Cisjordanie dans des colonies régulièrement condamnées par l'ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.003 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


Législatives en Irak: la liste du Premier ministre remporterait une large victoire

La liste du Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, qui brigue un second mandat, a remporté une large victoire, selon des sources proches de sa formation politique, aux élections législatives tenues mardi avec une participation inattendue. (AFP)
La liste du Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, qui brigue un second mandat, a remporté une large victoire, selon des sources proches de sa formation politique, aux élections législatives tenues mardi avec une participation inattendue. (AFP)
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  • La commission électorale irakienne devrait annoncer les premiers résultats officiels de ce sixième scrutin depuis la chute de Saddam Hussein dans le courant de la soirée
  • Le taux de participation marque une forte hausse par rapport au record historiquement bas de 41% en 2021, malgré un sentiment général d'apathie et de scepticisme, ainsi que le boycott du scrutin par l'influent leader chiite Sadr

BAGDAD: La liste du Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, qui brigue un second mandat, a remporté une large victoire, selon des sources proches de sa formation politique, aux élections législatives tenues mardi avec une participation inattendue.

Le prochain gouvernement irakien, dont la formation doit donner lieu à d'intenses tractations, devra répondre aux demandes de la société pour des emplois, ainsi que de meilleurs infrastructures, services éducatifs et de santé, dans un pays miné par la corruption et la mauvaise gestion.

Il devra aussi préserver le fragile équilibre entre les deux principaux alliés de l'Irak, l'Iran et les États-Unis, alors que le Moyen-Orient traverse une période de profonds bouleversements.

La liste chiite Coalition pour la reconstruction et le développement de M. Soudani a remporté "une victoire majeure", a affirmé mercredi auprès de l'AFP un responsable proche du Premier ministre. Deux autres sources proches ont indiqué qu'elle s'était assurée environ 50 sièges au Parlement, y devenant ainsi le principal bloc.

La commission électorale irakienne devrait annoncer les premiers résultats officiels de ce sixième scrutin depuis la chute de Saddam Hussein dans le courant de la soirée.

Alliance nécessaire 

M. Soudani s'est imposé sur la scène politique irakienne après avoir été porté au pouvoir en 2022 grâce au soutien d'une alliance regroupant des partis et factions chiites tous liés à l'Iran, le Cadre de coordination,

Les élections ouvrent la voie à la désignation d'un nouveau président, poste largement honorifique réservé à un Kurde, et d'un Premier ministre traditionnellement chiite. Un sunnite occupera le poste de président du Parlement.

Une majorité absolue étant de fait impossible à obtenir pour une seule liste, M. Soudani, si sa victoire est confirmée, devra à nouveau fédérer les factions chiites pour assurer sa reconduction.

Les partis sunnites se sont présentés séparément au scrutin, marqué par une participation de plus de 55% selon la commission électorale, l'ancien président du Parlement Mohamed al-Halboussi étant donné favori.

Dans la région autonome du Kurdistan, la rivalité entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) reste vive.

L'Irak a connu une stabilité inhabituelle ces dernières années, après plusieurs décennies de guerre et de répression sous Saddam Hussein et depuis l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003 qui l'a renversé.

Les électeurs étaient appelés à départager plus de 7.700 candidats, dont près d'un tiers de femmes, pour occuper 329 sièges de députés aux mandats de quatre ans.

Le taux de participation marque une forte hausse par rapport au record historiquement bas de 41% en 2021, malgré un sentiment général d'apathie et de scepticisme, ainsi que le boycott du scrutin par l'influent leader chiite Moqtada Sadr, qui a dénoncé une "élection bancale, dominée par les intérêts sectaires, ethniques et partisans".

Développement et équilibrisme 

M. Soudani s'est pendant la campagne engagé à poursuivre sa politique de reconstruction et de développement.

Durant ses trois années de mandat, Bagdad s'est métamorphosée en un vaste chantier, avec la construction de nouveaux tunnels et ponts à travers la capitale.

Il affirme par ailleurs que son gouvernement a préservé l'Irak des turbulences régionales au cours des deux dernières années.

L'issue de cette échéance électorale est suivie de près par l'Iran et les Etats-Unis.

L'Iran espère préserver son influence chez son voisin après avoir vu ses autres alliés régionaux (Hezbollah libanais, Hamas palestinien, Houthis yéménites) affaiblis depuis deux ans par leurs conflits avec Israël.

Téhéran a en outre perdu un allié majeur avec la chute de Bachar al-Assad en Syrie fin 2024.

Et l'Irak est sous pression des Etats-Unis (qui maintiennent quelque 2.500 soldats dans le pays) pour désarmer les groupes pro-iraniens.

L'administration du président Donald Trump a nommé un envoyé spécial pour le pays, Mark Savaya, d'origine irakienne, qui a insisté sur la nécessité de voir l'Irak "libéré des ingérences étrangères malveillantes, notamment celles de l'Iran et de ses supplétifs".


Le ministre saoudien du Hajj discute des préparatifs avec des responsables de pays musulmans

Le ministre saoudien du Hajj et de la Omra, Tawfiq ben Fawzane Al-Rabiah, a tenu lundi une réunion semestrielle avec les responsables des bureaux du Hadj et d'autres responsables de pays musulmans. (SPA)
Le ministre saoudien du Hajj et de la Omra, Tawfiq ben Fawzane Al-Rabiah, a tenu lundi une réunion semestrielle avec les responsables des bureaux du Hadj et d'autres responsables de pays musulmans. (SPA)
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  • La réunion semestrielle à Riyad a permis de faire le point sur les préparatifs du Hajj 2026, avec la participation de ministres et muftis de plus de cent pays musulmans
  • Le ministre Al-Rabiah a appelé à une meilleure coordination et au respect des délais, soulignant que toutes les démarches — des visas aux paiements — devront désormais passer par la plateforme numérique Nusuk Masar

RIYAD : Le ministre saoudien du Hajj et de la Omra, Tawfiq ben Fawzane Al-Rabiah, a tenu lundi une réunion semestrielle avec les chefs des bureaux du Hajj et d’autres responsables issus de pays musulmans, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La réunion a rassemblé plus d’une centaine de ministres, de grands muftis et de responsables des bureaux du Hajj venus de pays musulmans afin d’examiner les préparatifs pour la saison du Hajj 2026 et de discuter des dernières mises à jour concernant les procédures organisationnelles et opérationnelles destinées à servir les pèlerins.

L’événement s’est tenu en marge de la cinquième édition de la Conférence et Exposition du Hajj, selon la SPA.

Al-Rabiah a remercié les bureaux du Hajj pour leurs efforts et leur coopération qui ont contribué au succès de la saison du Hajj 2025.

Il a salué les bureaux ayant déjà finalisé leurs contrats et a exhorté les autres à achever leurs procédures de contractualisation avant le 4 janvier 2026, afin de garantir la préparation et d’assurer aux pèlerins des services de qualité.

Le ministre a mis en avant une série d’exigences réglementaires clés pour la période à venir, notamment :

  • Finaliser les contrats de services des camps avant le 4 janvier et les contrats d’hébergement à La Mecque et à Médine avant le 1er février ;

  • Soumettre les visas du Hajj avant le 20 mars, sans prolongation possible, et renforcer la sensibilisation pour prévenir les pèlerinages non autorisés ;

  • Lancer des campagnes d’information en coopération avec les ministères et les bureaux du Hajj afin de protéger les pèlerins contre toute exploitation ou désinformation ;

  • Exiger un « certificat d’aptitude sanitaire » signé par le chef du bureau et le responsable de la délégation médicale, comme condition préalable à la délivrance du visa, avec vérification via la plateforme électronique Masar ;

  • Effectuer tous les paiements relatifs aux sacrifices d’animaux exclusivement par le biais des bureaux officiels du Hajj et du Projet saoudien pour l’exploitation du Hady et de l’Adahi, en interdisant tout recours à des entités non autorisées ;

  • Rendre obligatoire la carte Nusuk pour accéder à la Grande Mosquée et aux lieux saints ;

  • Télécharger les données du personnel administratif, médical et médiatique à partir du 10 novembre et achever les soumissions avant le 21 décembre ;

  • Finaliser la sélection des compagnies aériennes et la réservation des créneaux de vol avant le 4 janvier ;

  • Réaliser toutes les transactions administratives et financières via la plateforme Nusuk Masar.

Al-Rabiah a déclaré que ces mesures visent à renforcer l’efficacité des services aux pèlerins et à améliorer la coordination avec les organismes nationaux et internationaux concernés, reflétant ainsi le rôle de premier plan du Royaume dans le service des pèlerins du monde entier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com