Khartoum quadrillée avant une nouvelle mobilisation des anti-putsch contre la répression

 Des manifestants soudanais descendent dans les rues de la capitale Khartoum alors que des dizaines de milliers de personnes protestent contre le coup d'État militaire du 25 octobre, le 30 décembre 2021. (AFP)
Des manifestants soudanais descendent dans les rues de la capitale Khartoum alors que des dizaines de milliers de personnes protestent contre le coup d'État militaire du 25 octobre, le 30 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 janvier 2022

Khartoum quadrillée avant une nouvelle mobilisation des anti-putsch contre la répression

  • Alors que 53 personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, le pays a connu un nouveau pic de violence jeudi
  • Avant même qu'ils ne sortent, les forces de sécurité bloquaient les ponts vers les banlieues et les principaux axes de Khartoum

KHARTOUM, Soudan : Les forces de sécurité soudanaises bloquent dimanche les ponts reliant Khartoum à ses banlieues et sont déployées en masse dans la capitale, où les militants appellent à une manifestation "en mémoire des martyrs" après une nouvelle répression sanglante jeudi.

Alors que 53 personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, le pays a connu un nouveau pic de violence jeudi. Cinq manifestants réclamant un pouvoir civil au Soudan ont été tués par balles à Khartoum, déjà coupée de sa périphérie et du monde avec une interruption totale des communications et des attaques contre des médias.

Dimanche, les manifestants entendent descendre de nouveau dans les rues face aux autorités de transition dominées par le général Burhane. L'homme fort du pays peine à présenter aux 45 millions de Soudanais le gouvernement civil qu'il a promis en réinstallant le Premier ministre civil Abdallah Hamdok le 21 novembre, après un mois de résidence surveillée.

Avant même qu'ils ne sortent, les forces de sécurité bloquaient les ponts vers les banlieues et les principaux axes de Khartoum, parfois juchées sur des blindés armés d'imposantes mitrailleuses, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un déploiement qui ne semble pas affecter les militants qui appellent à faire de 2022 "l'année de la poursuite de la résistance" sur les réseaux sociaux.

Ils ne cessent de réclamer justice pour les dizaines de manifestants tués depuis le putsch, mais aussi pour les plus de 250 civils abattus lors de la "révolution" qui en 2019 a mis un point final à 30 ans de dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir.

 

Internet coupé 

Les autorités ont à nouveau coupé l'accès à l'internet mobile dimanche au Soudan où les militants appellent à manifester "en mémoire des martyrs" de la répression sanglante et à braver un déploiement sécuritaire massif.

Depuis tôt dimanche, les forces de sécurité bloquent les ponts reliant Khartoum à ses banlieues et les principaux axes de la capitale, comme à chaque appel à manifester, parfois juchées sur des blindés armés d'imposantes mitrailleuses.

Alors que 53 personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre, le pays a connu un nouveau pic de violences jeudi.

Cinq manifestants réclamant un pouvoir civil au Soudan ont été tués par balles à Khartoum, selon un syndicat de médecins pro-démocratie.

Des violences qui se sont déroulées à huis-clos ce jour-là car les forces de sécurité avaient installé à l'aide de grues des containers qui bloquent toujours les ponts reliant Khartoum à ses banlieues. Les autorités avaient aussi coupé les communications téléphoniques et l'internet mobile tandis que des officiers ont arrêté et même passer à tabac les journalistes de deux chaînes saoudiennes.

Mais, dimanche, les manifestants entendent descendre une nouvelle fois dans les rues face aux autorités de transition chapeautées par le général Burhane.

L'homme fort du pays a prolongé son mandat de deux ans avec son putsch qu'il décrit comme "une correction du cours de la révolution" ayant mis un point final en 2019 à 30 ans de dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir.

Le général peine toutefois à présenter aux 45 millions de Soudanais le gouvernement civil qu'il a promis en réinstallant le Premier ministre civil Abdallah Hamdok le 21 novembre, après un mois de résidence surveillée.

- «Ni partenariat ni négociation» -

Les partisans d'un pouvoir civil au Soudan, eux, appellent sur les réseaux sociaux à faire de 2022 "l'année de la poursuite de la résistance", réclamant justice pour les dizaines de manifestants tués depuis le putsch, mais aussi pour les plus de 250 civils abattus lors de la "révolution" de 2019.

Dans un pays quasiment toujours sous la férule de l'armée depuis son indépendance il y a 65 ans, les manifestants veulent aussi, comme le proclament leurs slogans, que "les militaires rentrent dans leurs casernes" et que le pays reprenne le chemin de la démocratie.

Dimanche encore, les autorités soudanaises seront observées par la communauté internationale qui dénonce une escalade de la violence.

Outre les morts et la coupure des télécommunications, les forces de sécurité sont également accusées d'avoir eu recours en décembre à un nouvel outil de répression: le viol d'au moins 13 manifestantes, selon l'ONU.

En outre, chaque jour et dans chaque quartier, les Comités de résistance, les groupuscules qui organisent les manifestations, annoncent de nouvelles arrestations ou disparitions dans leurs rangs.

Les Européens ont déjà exprimé leur indignation, de même que le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken et l'ONU. Tous plaident régulièrement pour un retour au dialogue comme préalable à la reprise de l'aide internationale coupée après le putsch dans ce pays, l'un des plus pauvres au monde.

La rue, elle, scande à l'envi qu'elle ne veut "ni partenariat, ni négociation" avec l'armée tandis qu'en face, un conseiller du général Burhane a jugé vendredi que "les manifestations ne sont qu'une perte d'énergie et de temps" qui ne mènera "à aucune solution politique".


Gaza: un camion de vivres se retourne sur la foule, 20 morts selon la Défense civile

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
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  • "Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal
  • "Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué

GAZA: La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de vingt personnes dans l'accident d'un camion de vivres qui s'est retourné sur la foule dans la nuit de mardi à mercredi.

"Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué.

"Malgré la récente autorisation limitée de quelques camions d'aide, l'occupant (ndlr:Israël) entrave délibérément le passage sûr et la distribution de cette aide. Elle oblige les conducteurs à emprunter des itinéraires surchargés de civils affamés qui attendent depuis des semaines les produits de première nécessité", a accusé dans un communiqué mercredi matin le gouvernement de Gaza, sous l'autorité du Hamas.

Ce "comportement délibéré et criminel se solde souvent par des foules désespérées qui se ruent sur les camions et s'emparent de leur contenu par la force", a expliqué le gouvernement, faisant lui aussi état de 20 civils tués et de dizaines de blessés.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué vérifier ces informations.


La famille d'un étudiant saoudien tué au Royaume-Uni rend hommage au «meilleur des frères»

Les membres de la famille ont rendu hommage à Mohammed Al-Qasim, tragiquement tué à Cambridge, au Royaume-Uni. (X/@ShathaAlQassem)
Les membres de la famille ont rendu hommage à Mohammed Al-Qasim, tragiquement tué à Cambridge, au Royaume-Uni. (X/@ShathaAlQassem)
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  • Mohammed Al-Qasim, 20 ans, a été poignardé à mort à Cambridge vendredi
  • En hommage, ses proches ont organisé une collecte de fonds pour fournir de l'eau potable aux familles saoudiennes dans le besoin

RIYADH : La famille et les amis de Mohammed Al-Qasim, l'étudiant saoudien de 20 ans qui a été poignardé à Cambridge, au Royaume-Uni, vendredi, ont partagé leurs condoléances et leurs souvenirs en ligne.

Ses proches ont également mis en place une collecte de fonds pour fournir de l'eau potable aux familles démunies d'Arabie saoudite en guise d'hommage. À l'heure où nous écrivons ces lignes, cette collecte a permis de récolter plus de 30 000 SR (8 000 $).

M. Al-Qasim effectuait un stage de dix semaines à l'EF International Language Campus, dans la ville, lorsqu'il a été tué. Deux hommes originaires de Cambridge ont été arrêtés pour suspicion de meurtre et d'aide à un criminel.

L'oncle d'Al-Qasim, Majed Abalkhail, a déclaré sur X que la mort de son neveu "a été un choc énorme pour nous tous - d'autant plus que Mohammed était venu à Cambridge en tant qu'étudiant, ne portant que des rêves et des espoirs pour l'avenir".

"Nous espérons vraiment que ce sera la dernière tragédie de ce genre et que la justice sera rendue et que tous les responsables devront répondre de leurs actes. Qu'Allah ait pitié de Mohammed et lui accorde la plus haute place au paradis".

M. Abalkhail a décrit son neveu comme "un jeune homme élevé dans la bonté, et nos cœurs pleurent encore sa perte".

La sœur d'Al-Qasim, Jana, a écrit sur X qu'il était "un homme qui valait mille hommes, le vrai sens du soutien, de la force et de la dignité".

"Je n'ai jamais connu le goût de la peur un seul jour, parce que je savais que Mohammed était ma colonne vertébrale et mon soutien après Allah", a-t-elle déclaré.

"Devant l'ampleur de sa fierté et de son amour pour moi, j'étais fière de lui et je l'aimais encore plus. Depuis notre enfance, j'ai entendu dire que les frères se fâchent, se disputent et se battent souvent avec leurs frères et sœurs, mais par Allah, il n'a jamais élevé la voix contre moi une seule fois, et je n'ai jamais vu de sa part que de la gentillesse et de l'amour".

Une autre sœur, Thekra, a dit : "Ô Allah, ton serviteur Mohammed Al-Qasim était le meilleur des frères. Gentil, doux et craignant ta présence parmi nous. Il n'a jamais élevé la voix depuis le jour où ma mère l'a mis au monde jusqu'à ce que vous le rameniez à vous."

Abdallah Al-Matrafi, qui s'est décrit comme un voisin de la famille, a déclaré sur X que "le défunt père d'Al-Qasim, ses frères et ses fils sont parmi les personnes les plus raffinées que nous ayons connues en termes de manières, de caractère, d'appréciation, de respect et de bon voisinage".

"Aujourd'hui encore, nous nous souvenons d'eux avec tendresse et nous continuerons à le faire jusqu'à la fin de nos jours.

Le professeur Fahad Al-Olayan a déclaré : "Qu'Allah ait pitié de Mohammed. J'ai eu l'honneur de l'avoir parmi mes étudiants à l'université le semestre dernier. C'était un étudiant assidu, désireux d'apprendre".

Nawaf Al-Darrab, un ami d'Al-Qasim, a déclaré qu'il connaissait le jeune homme comme étant "proche d'Allah ... toujours souriant, dévoué à ses prières et indulgent envers tout le monde".

"Jusqu'à ce que nous nous retrouvions, mon bien-aimé et mon frère, au paradis le plus élevé avec les prophètes, les véridiques, les martyrs et les justes - quelle excellente compagnie !

Dans une déclaration publique, sa famille a décrit Al-Qasim comme un "jeune homme débordant d'enthousiasme, de galanterie et de courage", et a déclaré qu'il était "le charisme de la famille" et "le soutien de son père".

"Il était la personne la plus compatissante qui ait jamais visité le cœur d'une mère", ont-ils ajouté.

La collecte de fonds organisée au nom d'Al-Qasim peut être consultée à l'adresse suivante : https://ehsan.sa/donationcampaign/details/1828254.


Un élargissement des opérations israéliennes à Gaza aurait «des conséquences catastrophiques» 

Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël. (AFP)
Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël. (AFP)
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  • La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire une nouvelle escalade des opérations dans le territoire palestinien
  • "Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël" a affirmé le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, au cours d'une visite sur une base militaire

NATIONS-UNIES: Un haut responsable de l'ONU a mis en garde mardi contre "les conséquences catastrophiques" que pourrait avoir un élargissement des opérations militaires israéliennes à Gaza, au moment où la presse israélienne fait état d'un projet d'occupation de tout le territoire palestinien.

"Le droit international est clair à cet égard, Gaza est et doit rester une partie intégrante d'un futur État palestinien" a déclaré Miroslav Jenca, sous-secrétaire général de l'ONU pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques, à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité consacrée à ce conflit.

La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire une nouvelle escalade des opérations dans le territoire palestinien.

"Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël" a affirmé le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, au cours d'une visite sur une base militaire.

Il a également tenu dans l'après-midi une réunion restreinte de sécurité de près de trois heures au cours de laquelle "le chef d'état-major de l'armée lui a présenté les options pour la poursuite des opérations à Gaza", selon ses services.

La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU était organisée à l'initiative d'Israël, qui souhaite alerter sur la situation humanitaire des otages du 7-Octobre toujours entre les mains du Hamas. Le mouvement islamiste a récemment diffusé une vidéo de propagande montrant l'un d'eux, Evyatar David, 24 ans, décharné et très affaibli, creusant un trou dont il affirme qu'elle est sa propre tombe.

"Je suis venu ici pour mettre la question des otages au devant et au centre de la scène mondiale" et appeler à leur "libération immédiate et inconditionnelle", a avancé à New York juste avant la rencontre le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, dénonçant "les crimes ignobles" du Hamas.

S'exprimant dans l'enceinte du Conseil de sécurité, Miroslav Jenca a également réitéré l'appel du secrétaire général de l'ONU à "une libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" retenus dans la bande de Gaza.

Mais il a également déploré qu'Israël "continue de restreindre sévèrement l'aide humanitaire entrant dans Gaza", "largement insuffisante". "La faim est partout à Gaza, visible sur le visage des enfants et dans le désespoir des parents qui risquent leur vie pour accéder aux produits les plus basiques", a-t-il ajouté.

Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël.