L'effondrement de la livre turque au nom de «l'indépendance économique»

La dégradation de l’économie risque de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité. (Photo, AFP)
La dégradation de l’économie risque de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 04 janvier 2022

L'effondrement de la livre turque au nom de «l'indépendance économique»

  • La Turquie commence mal l'année avec une inflation à plus de 36% sur un an en décembre, un niveau record depuis 2002
  • Pour la population, la hausse des prix de base, alimentation et énergie en particulier, devient difficilement soutenable

L’année commence mal pour la Turquie avec une inflation à plus de 36% sur un an en décembre, un niveau record depuis 2002, conséquence de la politique menée par le président Recep Tayyip Erdogan au nom de " l’indépendance économique " de son pays.

Mais pour certains observateurs, la Turquie s’enfonce dans une spirale inflationniste alors que la livre turque a perdu près de 45% de sa valeur par rapport au dollar en un an.

Pourquoi cet effondrement ?

A rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan estime que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation. Il a même à plusieurs reprises avancé les préceptes de l’islam, qui interdit l’usure, pour justifier sa politique.

Conformément au souhait du chef de l’Etat, la banque centrale – officiellement indépendante – a abaissé son taux directeur, de cinq points en quatre mois, suscitant chaque fois un nouveau plongeon de la livre.

M. Erdogan a en parallèle limogé depuis juillet 2019 trois gouverneurs de la banque centrale et remplacé son ministre des Finances à trois reprises depuis juillet 2018 – dont le dernier le 2 décembre, en pleine débâcle.

Quelles conséquences ?

Des économistes turcs du Groupe de recherche sur l’inflation (ENAG) affirment que le taux réel d’inflation a atteint 82,8% sur un an, bien au-delà des chiffres officiels.

Pour la population, la hausse des prix de base – alimentation et énergie en particulier – devient difficilement soutenable. Le gaz et l’électricité ont ainsi augmenté de respectivement de 50 et 25% au 1er janvier. L’huile de tournesol de 86% et le pain de 54% sur un an.

A dix-huit mois de la prochaine échéance présidentielle, l’inflation officielle atteint désormais sept fois l’objectif fixé en début d’année par le gouvernement.

Et cette dégradation de l’économie risque de nuire à la popularité déjà entamée du président Erdogan, qui a bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité.

Qu’espère le président Erdogan ?

Le président maintient le cap envers et contre tout: lundi, il s’est encore félicité de la bonne tenue de l’économie turque, avec un taux de croissance de 7,4% sur un an au troisième trimestre 2021 – essentiellement grâce aux exportations portées par des prix bas.

" Grâce aux réformes que nous avons réalisées, nous avons réussi à libérer l’économie turque de ses chaînes et la démocratie turque de la tutelle ", a-t-il affirmé.

Le président Erdogan semble faire le pari de la croissance à tout prix et balaie les craintes d’une crise monétaire, misant sur l’investissement, la production et les exportations.

L’idée serait de faire la Turquie une grande puissance exportatrice grâce à ses prix bas, à la manière de la Chine, estime certains observateurs. Il a ainsi vanté lundi une augmentation de 32,9% des exportations sur un an en 2021, à 225,37 milliards de dollars.

Mais le mois dernier, la principale organisation patronale (Tüsiad), qui représente 85% des exportateurs, lui avait lancé une sévère mise en garde, l’appelant à corriger le tir. " Les choix politiques mis en œuvre n’ont pas seulement créé de nouvelles difficultés pour le monde des affaires, mais aussi pour nos concitoyens ", estimait la Tüsiad, en demandant au chef de l’Etat de " revenir aux principes économiques établis dans le cadre d’une économie de marché ".

Quelles sont les réponses du pouvoir?

Face au plongeon rapide de la monnaie, le chef de l’Etat a pris une série de mesures pour contrer la dégringolade de la monnaie et de sa popularité: il a engagé l’Etat à compenser toute dépréciation des dépôts bancaires en livres par rapport au billet vert, puisant ainsi dans les caisses publiques.

Le 30 décembre, les réserves nettes de l’Etat étaient passées de 12,2 milliards de dollars à 8,6 milliards en une semaine. Et plusieurs membres de l’opposition affirment que le pays va rapidement se trouver à cours d’argent.

Dans ce contexte économique fortement dégradé, le président Erdogan a relevé le salaire minimum au 1er janvier de 2.825,90 à 4.253,40 livres (environ 275 euros), une hausse de 50% en grande partie effacée par la conjoncture.

" Je crains que toutes les hausses de salaires n’aient fondu en deux mois ", a réagi sur Twitter Gizem Öztok Altinsaç, économiste en chef de l’organisation patronale turque Tüsiad.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com