Turquie: Erdogan sauve in extremis la livre turque du naufrage

Le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Photo, AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 21 décembre 2021

Turquie: Erdogan sauve in extremis la livre turque du naufrage

  • En début de soirée lundi, après une séance chaotique, le président Recep Tayyip Erdogan a pris de cours les marchés et son opposition en décidant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livres au cours du dollar
  • Les économistes et de nombreux Turcs essayaient toujours de comprendre comment ce nouveau mécanisme d'échange fonctionnera et comment le gouvernement entend le financer

ISTANBUL : La livre turque s'est fortement redressée mardi sur le marché des changes après les mesures d'urgence annoncées par le chef de l'Etat et un mois de pertes historiques. 

En début de soirée lundi, après une séance chaotique, le président Recep Tayyip Erdogan a pris de court les marchés et son opposition en décidant de lier la valeur de certains dépôts bancaires en livres au cours du dollar.  

Les économistes et de nombreux Turcs essayaient encore de déchiffrer comment ce nouveau mécanisme d'échange fonctionnera et où le gouvernement obtiendra l'argent pour le payer.  

Mais l'impact sur la livre turque, qui avait perdu 45 % par rapport au billet vert de début novembre à lundi en fin d'après-midi, a été considérable. 

La monnaie, qui avait encore plongé de 10% quand M. Erdogan est apparu à la télévision après la réunion hebdomadaire du gouvernement, s'échangeait quelques heures plus tard en hausse de 20% par rapport au dollar. 

"Finalement l'administration Erdogan se soucie du taux de change et a évité le contrôles des capitaux", relevait lundi l'économiste Timothy Ash, de BlueBay Asset Management, dans une note de synthèse. Le président "Erdogan a démontré qu'il

Hausse indirecte des taux

Le chef de l'Etat a invoqué les préceptes islamistes interdisant l'usure pour maintenir ses convictions - à rebours des théories économiques largement acceptées - selon lesquelles des taux d'intérêt élevés encouragent l'inflation au lieu de la contenir en ralentissant l'activité.  

Il a ainsi poussé ces derniers mois à quatre reprises la banque centrale à réduire son taux d'intérêt directeur bien en deçà du niveau d'inflation qui a atteint en novembre 21% sur un an. 

Ce qui signifie que les Turcs qui déposaient des livres sur leur compte bancaire perdaient, de fait, de l'argent tous les mois. Et les économistes craignaient de voir le système bancaire du pays paralysé en cas de ruée bancaire. 

La nouvelle politique d'Erdogan – qualifiée de "hausse indirecte des taux d'intérêt" par l'ancien conseiller au Trésor Mahfi Egilmez – va protéger la valeur des avoirs en livres contre les fluctuations des taux de change. 

Elle garantit à la population que le gouvernement couvrira toute dépréciation de ses dépôts bancaires en livres par rapport au dollar par des versements périodiques.  

"Si le taux de change augmente de 40% et le taux d'intérêt de 14%, les 26 points de différence seront versés en compensation", a expliqué M. Egilmez sur Twitter.  

L'argent devra cependant être conservé au moins trois mois sur le compte, a prévenu le ministère des Finances dans un communiqué. 

Cette politique vise à rassurer les Turcs quand ils déposent des livres à la banque.  

La mesure a contribué à rassurer les esprits, sans pour autant stabiliser entièrement le marché: la livre turque a encore gagné 22% tôt mardi, avant d'effacer tous ces gains puis de remonter de quelques points en fin de journée, poursuivant son mouvement de yoyo. 

Mardi soir, il fallait 13 livres pour acheter un dollar. Mais malgré un net redressement ces dernières heures de près de 40% par rapport à son plus bas historique, le cours de la monnaie turque a perdu 40% par rapport au dollar depuis le début de l'année. 

De nombreux économistes se demandent cependant si la nouvelle approche du président Erdogan - qui tente de redresser une cote en berne dans la perspective de la présidentielle de 2023 - est durable.  

"La garantie des dépôts augmentera la charge publique", a fait valoir devant la presse l'ancien ministre turc de l'Economie, Ali Babacan. "Le Trésor public paiera grâce aux impôts: c'est la dollarisation de l'économie du pays." 

Les économistes ont également exprimé des doutes quant à l'efficacité de cette décision pour la préservation du pouvoir d'achat des Turcs. 

"Ces mesures ont probablement fait gagner du temps et évité un crash immédiat du secteur bancaire, sans rien faire contre l'inflation", estime Tim Ash.  

Pour l'analyste Jason Tuvey de Capital Economics, c'est "le signe que les dirigeants essaient de trouver le moyen de vivre avec une livre plus faible, mais sans revenir à l'orthodoxie". 

 

 


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Short Url
  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
Short Url
  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Short Url
  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.