La fondatrice de Theranos, qui voulait révolutionner les tests sanguins, condamnée pour fraude

Elizabeth Holmes, ancienne star de la Silicon Valley a été condamnée lundi pour fraude (Photo, AFP).
Elizabeth Holmes, ancienne star de la Silicon Valley a été condamnée lundi pour fraude (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 janvier 2022

La fondatrice de Theranos, qui voulait révolutionner les tests sanguins, condamnée pour fraude

  • Cette condamnation expose cette femme de 37 ans à plusieurs dizaines d'années de prison, mais la peine sera prononcée à une date ultérieure par le tribunal fédéral
  • Elle avait fondé Theranos en 2003, à l'âge de seulement 19 ans, et promettait des outils de diagnostic plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels

SAN JOSE: Elizabeth Holmes, ancienne star de la Silicon Valley qui promettait de révolutionner les tests sanguins avec sa start-up Theranos, a été condamnée lundi pour fraude par un tribunal de Californie, une sanction rare dans le monde de la "tech" les désillusions sont pourtant monnaie courante. 

Après plus de trois mois de procès et sept jours de délibérations, le jury du tribunal de San José l'a reconnue coupable d'escroquerie envers des investisseurs mais l'a acquittée de certains chefs d'accusation et n'a pu se mettre d'accord sur d'autres faits qui lui étaient reprochés. 

Cette condamnation expose cette femme de 37 ans à plusieurs dizaines d'années de prison, mais la peine sera prononcée à une date ultérieure par le tribunal fédéral. 

Le verdict "reflète la culpabilité de Mme Holmes dans cette fraude à grande échelle", a affirmé la procureure Stephanie Hinds dans une déclaration lue à l'extérieur du tribunal par un représentant. 

Elizabeth Holmes reste en liberté sous caution, une mesure dont les conditions doivent être réexaminées la semaine prochaine. Pressée de dire si elle comptait faire appel de sa condamnation, la patronne déchue n'a fait aucun commentaire à sa sortie du tribunal. 

Elle avait fondé Theranos en 2003, à l'âge de seulement 19 ans, et promettait des outils de diagnostic plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels. 

A l'aide d'un récit soigné, elle était parvenue en quelques années à gagner la confiance de sommités et à lever des fonds auprès de prestigieux investisseurs, attirés par le profil de cette jeune femme, une rareté dans le monde masculin des ingénieurs californiens. 

Elle arborait notamment au début des années 2010 un pull noir à col roulé en référence explicite au fondateur d'Apple Steve Jobs, à qui l'univers de la "tech" comparait sans cesse la jeune chef d'entreprise lorsqu'elle était au faîte de sa gloire. 

L'ex-secrétaire d'Etat Henry Kissinger l'a soutenue, comme l'ancien ministre de la Défense James Mattis ou le magnat des médias Rupert Murdoch, qui investit plus de 100 millions de dollars dans Theranos. 

Au plus fort, l'entreprise est valorisée à près de 10 milliards de dollars, et Elizabeth Holmes, actionnaire majoritaire, est la tête d'une fortune de 3,6 milliards, selon le magazine Forbes. 

L'histoire était belle. Enfant, elle avait horreur des piqûres d'aiguilles lors des prises de sang. Elle inventera donc une machine simple, rapide et efficace qui permettra à tous de mener des centaines de diagnostics sanguins à partir d'une seule goutte de sang prélevée sur le bout du doigt. 

Mais en 2015, le Wall Street Journal relève l'immense pot aux roses: la fabuleuse machine promise par Theranos n'a jamais fonctionné. 

Elizabeth Holmes, étoile déchue de la Silicon Valley

Vraie visionnaire ou vendeuse de rêve ? L'Américaine Elizabeth Holmes, a connu une chute aussi sensationnelle que son ascension, qui a exposé les limites de la culture de la Silicon Valley. 

Fille d'une assistante parlementaire et d'un ancien directeur chez Enron -un groupe qui a sombré dans un immense scandale de fraude- elle n'a que 19 ans quand elle fonde Theranos, en 2003.  

Comme Steve Jobs, elle avait été admise à la prestigieuse université de Stanford, et comme lui, elle abandonne rapidement ses études. Elle choisit d'utiliser l'argent mis de côté par ses parents pour financer le démarrage de sa startup, basée à Palo Alto, au coeur de la Silicon Valley. 

Elle met alors en avant des motivations personnelles: la mort subite d'un oncle chez lequel aucune maladie n'avait auparavant été diagnostiquée. 

"Pour moi, rien n'a plus d'importance que ce que les gens traversent quand quelqu'un qu'ils aiment devient vraiment très malade", affirmait-elle dans une vidéo sur le site de Theranos. "Le sentiment d'être impuissant est déchirant et si je peux construire quelque chose qui peut changer cela, c'est ce que je veux faire de ma vie". 

En 2014, Forbes évalue la fortune de Mme Holmes à 4,5 milliards de dollars et la décrit comme la plus jeune femme milliardaire n'ayant pas hérité de sa fortune. 

Aujourd'hui mariée et maman d'un petit garçon né cet été, son histoire a fasciné les médias américains, car elle incarne une certaine image de la Silicon Valley, la confiance affichée peut tenir lieu d'innovation 

Choix criminel 

Devant le tribunal de San José le procès s'était ouvert début septembre 2021, une femme enceinte a raconté comment elle avait cru, à tort, avoir fait une fausse couche après avoir utilisé l'un des tests de Theranos. 

Des employés ont témoigné avoir prévenu la patronne de leurs doutes sur le fonctionnement des machines. Certains ont aussi raconté à la presse les mensonges à répétition de Mme Holmes à ses équipes et à des investisseurs. 

Pour certains, elle a incarné ce mantra de la Silicon Valley: "fake it till you make it" ("fais semblant jusqu'à ce que tu y arrives"). Elizabeth Holmes a plaidé cette bonne foi devant le tribunal.  

"Nous étions sur la bonne voie pour accomplir nos objectifs" avant que l'entreprise ne s'effondre", avait-elle raconté à la barre. "L'échec n'est pas un crime, persévérer et ne pas y arriver n'est pas un crime", avait de son côté lancé son avocat Lance Wade au début du procès. 

"Mme Holmes a tenté jusqu'au bout de sauver sa société, ne vendant jamais une part", a ajouté l'avocat, voulant pour preuve de la bonne foi de sa cliente le fait qu'elle a "coulé avec le bateau". 

L'accusation a fait, elle, une toute autre lecture de ce conte de fées ayant tourné au cauchemar financier. 

"Mme Holmes a choisi la fraude plutôt que la faillite, elle a choisi d'être malhonnête", avait asséné dans ses réquisitions le procureur Jeff Schenk. "Ce choix était non seulement impitoyable mais encore criminel", avait-il lancé aux jurés. 

Selon les services du procureur, l'ex-entrepreneuse a délibérément trompé ses partenaires pour lever des fonds, plus de 700 millions de dollars en tout. 

En forme de réponse, Elizabeth Holmes a assuré aux jurés que sa relation amoureuse avec son ex-directeur des opérations, Ramesh "Sunny" Balwani - qui sera jugé séparément -, avait été émaillée de relations sexuelles forcées et qu'il était responsable des problèmes techniques de son entreprise. 


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.