Le feu vert de l'ONU pour l'aide à Idlib met en relief les souffrances de la guerre en Syrie

Des enfants assistent à un événement en plein air célébrant la Journée mondiale de l'enfance au camp de Haranbouch pour les Syriens déplacés, le 20 novembre 2021. (Photo, Omar Haj Kadour / AFP)
Des enfants assistent à un événement en plein air célébrant la Journée mondiale de l'enfance au camp de Haranbouch pour les Syriens déplacés, le 20 novembre 2021. (Photo, Omar Haj Kadour / AFP)
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Publié le Jeudi 13 janvier 2022

Le feu vert de l'ONU pour l'aide à Idlib met en relief les souffrances de la guerre en Syrie

  • Les Casques blancs affirment que les attaques du régime d’Al-Assad et de ses alliés militaires étrangers se sont intensifiées ces derniers mois
  • Les militants affirment que les enfants du nord-ouest de la Syrie sont traumatisés et incapables d'aller à l'école à cause des bombardements constants

WASHINGTON: Les frappes aériennes qui ciblent les infrastructures civiles dans l'enclave d'Idlib en Syrie, tenue par les rebelles, sont devenues si fréquentes ces derniers mois qu'elles ont cessé d'être prises en considération par de nombreux médias occidentaux, selon des militants des droits de l'homme.
Selon la Défense civile syrienne, les premiers intervenants affiliés aux rebelles, également connus sous le nom de Casques blancs, les attaques du régime de Bachar al-Assad et de ses alliés militaires étrangers se sont intensifiées, mutilant et tuant des dizaines d'enfants.
Une photo publiée par les Casques blancs à la mi-novembre montre des premiers intervenants soulevant le corps sans vie d'une petite fille des décombres de ce qui était sa maison. De telles images faisaient autrefois la une des journaux. Aujourd’hui, elles sont à peine visibles sur le radar des médias.
Depuis juin de cette année, les Casques blancs ont recensé la mort de 63 enfants lors d'attaques aériennes et d'artillerie contre le nord-ouest de la Syrie, sous le contrôle des rebelles. Pour souligner le problème, le groupe a lancé une campagne d’hashtag sur les réseaux sociaux, #ChildrenUnderAttack (enfants attaqués).
Le nord-ouest de la Syrie bénéficie d’un minimum d'attention médiatique chaque fois que l'ONU prolonge une mesure autorisant l'aide transfrontalière dans la région pour une période de six mois, comme ce fut le cas lundi. Environ trois millions de personnes vivent à Idlib, qui échappe toujours au contrôle du régime d'Al-Assad.
Le feu vert pour la poursuite de l’acheminement de l’aide humanitaire par le point de passage de Bab al-Hawa, à la frontière syro-turque, a été donné bien que le gouvernement d’Al-Assad n'ait pas approuvé cette décision et que le Conseil de sécurité n'ait pas voté sur la question.

Des volontaires des Casques blancs syriens fouillent les décombres d'un bâtiment détruit par l'explosion d'une bombe à Idlib. (Photo AFP)


De nombreux analystes soutiennent qu'Al-Assad a «gagné» la guerre civile syrienne et que la communauté internationale doit donc accepter le nouveau statu quo. Cependant, les enseignants des zones contrôlées par les rebelles ont souligné que le monde avait tort de fermer les yeux sur les crimes du régime.
Le personnel scolaire d'Idlib a récemment publié une lettre ouverte avec l'aide d'une organisation caritative basée au Royaume-Uni, The Syria Campaign, exhortant les dirigeants mondiaux à ne pas oublier les enfants de la région qui vivent sous des bombardements quasi quotidiens.
«Nous sommes les enseignants des élèves du nord-ouest de la Syrie qui sont délibérément pris pour cibles dans leurs maisons, leurs salles de classe et alors qu'ils se rendent à pied à l'école», peut-on lire dans la lettre. «Nous allons au travail craignant une autre attaque et une autre journée traumatisante qui, nous le savons, affectera nos élèves pour le reste de leur vie.»
«Notre lettre ne pourrait être plus urgente. Tôt le mercredi 20 octobre, quatre élèves et notre collègue, le professeur d'arabe Qamar Hafez, ont été tragiquement tués sur le chemin de l'école lorsque les forces gouvernementales syriennes ont attaqué la ville d'Ariha, dans le sud d'Idlib, avec des obus d'artillerie.
«Un million d'enfants à Idlib sont terrifiés à l'idée d'être les prochaines victimes ou de perdre leur meilleur ami à tout moment. Comme les enseignants du monde entier, nous sommes profondément engagés envers les enfants que nous enseignons, et nous faisons tout notre possible afin d’essayer de les protéger, mais cela ne suffit pas. Nous avons besoin que les dirigeants mondiaux mettent fin aux attaques et veillent à ce que les enfants soient en sécurité et puissent poursuivre leur éducation.»
Les enfants ont été les plus durement touchés par le conflit syrien, qui a commencé il y a plus de dix ans lorsque des manifestations antigouvernementales se sont heurtées à une répression violente, déclenchant une guerre civile.
Selon le Réseau syrien pour les droits de l'homme, un autre observateur basé au Royaume-Uni, au moins 29 661 enfants ont été tués en Syrie depuis mars 2011, dont 22 930 aux mains des forces du régime.
Dans son dernier rapport, publié le 20 novembre pour coïncider avec la Journée mondiale de l'enfance, le réseau indique qu'au moins 1 197 écoles et 29 crèches ont été complètement ou partiellement détruites en Syrie depuis mars 2011.

Des enfants se rendent à la première journée d'école dans un village de la campagne de la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 9 octobre 2021. (Photo, Omar Haj Kadour / AFP)


On estime que 2,5 millions d'enfants en Syrie ne sont pas scolarisés, et 1,6 million d’autres risquent d'abandonner l’école, selon l'UNICEF, qui évalue que neuf enfants sur dix en Syrie vivent dans la pauvreté et plus de 5 700 enfants, certains âgés de sept ans seulement, ont été recrutés pour combattre.
Selon l'UNICEF, 512 enfants ont été tués dans des attaques l'année dernière, la plupart dans le nord-ouest de la Syrie. Environ 1,7 million d'enfants vulnérables résident dans les zones tenues par les rebelles, la plupart ayant été déplacés à plusieurs reprises par les offensives successives du régime. Il y a actuellement au moins 2,5 millions d'enfants déplacés en Syrie.
Les premiers intervenants ont répertorié l'impact de la guerre sur la santé mentale des enfants vivant dans les camps de déplacés de la région. Les travailleurs humanitaires ont qualifié cette tendance de «catastrophe psychologique qui menace cette génération et les générations futures de la Syrie».
S'adressant à Arab News, Layla Hasso, directrice du plaidoyer syrien pour le réseau Hurras, une ONG de protection de l'enfance, a déclaré: «L'objectif est de terrifier le demi-million d'enfants qui vivent dans la province d'Idlib et d'envoyer un message clair à leurs familles qu'il n'y a pas d'avenir pour leurs enfants ici. C'est pourquoi les civils sont pris pour cible dans leurs maisons, leurs écoles et leurs hôpitaux.
«C'est ce que j'appelle du terrorisme et cela doit cesser. La communauté internationale ne peut pas continuer à fermer les yeux sur cette horreur.»
Cependant, des preuves non confirmées suggèrent que le public international est fatigué par le flux incessant d'images de dévastation qui proviennent de la région. Par conséquent, l'inquiétude mondiale à l’égard de la Syrie et son peuple a sensiblement diminué ces dernières années.
Les analystes affirment que cette indifférence, associée à l'inaction du Conseil de sécurité de l'ONU, a encouragé le régime à poursuivre sa campagne de bombardements. En donnant à la crise syrienne un visage humain, l’organisation des droits de l'homme «The Syria Campaign» espère raviver l'intérêt international pour le sort des enfants d'Idlib.
«Les enseignants se sont réunis dans le but d’écrire cette lettre afin de rappeler aux dirigeants mondiaux que les forces syriennes et russes continuent de bombarder des civils, surtout des enfants, dans le nord-ouest de la Syrie, sans aucune responsabilité», a déclaré à Arab News, Sara Hachach, directrice des communications chez «The Syria Campaign».
«Les enfants du nord-ouest de la Syrie sont traumatisés et incapables d'aller à l'école à cause des bombardements et des déplacements constants. Un enfant a été tué presque tous les deux jours au cours des quatre derniers mois.»
«Le 15 novembre, deux enfants ont été tués par des tirs d'artillerie du régime syrien sur Kafr Nouran, dans la campagne d'Alep. Il est frustrant que beaucoup de ces attaques ne bénéficient plus d'une large couverture médiatique.»

Des photos de victimes du régime syrien sont affichées lors d'une manifestation à Coblence, en Allemagne, lors du procès de deux anciens responsables syriens accusés de crimes contre l'humanité. (Photo, AFP)


Le résultat du silence des médias sur la question s'est traduit par une inaction politique. Le régime d'Al-Assad est déjà accueilli de nouveau dans le giron régional. Nombreux sont ceux qui pensent que ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que les puissances occidentales et arabes modérées acceptent qu'Al-Assad soit là pour rester.
Dans des commentaires aux journalistes le 11 novembre, Ned Price, porte-parole du département d'État américain, a déclaré que l'administration Biden «n’exprimera aucun soutien aux efforts visant à normaliser ou à réhabiliter Bachar al-Assad, qui est un dictateur brutal.»
Il a affirmé qu'«il n'y a eu aucun changement dans notre position et Bachar al-Assad n'a certainement rien dit qui puisse redorer son image ou qui puisse suggérer que lui ou son régime change de voie.»
Dans sa chronique dans Asharq al-Awsat, le commentateur syrien Ibrahim Hamidi a récemment développé: «En l'état actuel des choses, la marge de manœuvre pour la confrontation se limite désormais à deux options: la première consiste à engager Assad et à mettre fin à l'isolement de Damas dans l'espoir d’atténuer l'influence de l'Iran. Certains pays arabes sont en effet allés de l'avant avec la normalisation, exigeant que Damas commence à réduire l’influence de l'Iran en Syrie et dans la région.
«La deuxième option consiste à miser sur le leadership du président russe, Vladimir Poutine, et sur sa capacité à maîtriser l'Iran. Cette option découle de la position selon laquelle la guerre avait rapproché Poutine et le guide suprême iranien, Ali Khamenei, en Syrie, mais la paix et la normalisation les sépareront.»

Les enfants au nord-ouest de la Syrie ne peuvent pas aller à l'école à cause des bombardements et des déplacements constants. (Photo, AFP)

 

EN CHIFFRES

2,5 millions d'enfants non scolarisés en Syrie.
9/10 vivent dans la pauvreté.
5 700 recrutés pour combattre.
(Source: UNICEF)

Un avion MiG-23 de l'armée de l'air syrienne largue une charge d’explosifs lors d'une frappe aérienne dans la ville d'Arbin, tenue par les rebelles, dans la région de la Ghouta orientale, dans la banlieue de Damas, le 7 février 2018. (Photo, AFP)

Selon Sara Hachach, l'effort de normalisation reste limité aux dirigeants régionaux, pour le meilleur ou pour le pire. «Au niveau international, Al-Assad est toujours largement isolé et dépendant du soutien de la Russie et de l'Iran, et lourdement sanctionné par les États-Unis et l'UE», a-t-elle déclaré à Arab News.
«Il faut rappeler aux dirigeants régionaux qui semblent être prêts à tourner la page sur les crimes d'Al-Assad qu'il ne peut y avoir de paix réelle en Syrie sans justice et sans responsabilité.»
Selon les Casques blancs, le nombre de victimes civiles a augmenté de façon spectaculaire depuis que le régime syrien et la Russie ont commencé à utiliser l'artillerie à guidage laser de Krasnopol. Le groupe des Casques blancs affirme que plusieurs membres d'une même famille sont souvent tués dans de telles frappes.
Les Casques blancs prétendent que l'artillerie du régime syrien et les avions à réaction russes ont délibérément pris pour cibles des écoles et privé les enfants d’éducation.
Les rapports de la Commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies sur la République arabe syrienne corroborent nombre de leurs affirmations selon lesquelles des zones résidentielles, des marchés et des installations médicales ont été délibérément ciblés, souvent sans discrimination.

Dans de nombreux cas, des familles entières sont tuées dans les bombardements et les obus aveugles du régime Assad. (Photo, AFP)


L'armée russe contrôlant l'espace aérien d'Idlib et exploitant une base aérienne dans la province voisine de Lattaquié, les travailleurs médicaux et humanitaires locaux sont sans équivoque les seuls qui peuvent dénoncer les responsables.
Le gouvernement russe a constamment et vigoureusement nié toute responsabilité dans les frappes aériennes, ainsi que les accusations selon lesquelles ses forces attaquent sans discrimination les civils.
Dans ce contexte de récits contradictoires, Hachach a un message pour les médias internationaux : ils doivent s’adresser aux Syriens pour amplifier leurs voix et s'assurer que leur récit est mis en avant lorsqu’ils rendent compte de ce pays déchiré par la guerre.
«Quand les histoires sont racontées, le monde écoute», a-t-elle soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Après un an de guerre, des Soudanais se remémorent leurs rêves partis en fumée

Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
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  • Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», témoigne depuis les Etats-Unis l’ancienne employée d’une société d'investissement à Khartoum
  • De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR

LE CAIRE : Au début, en 2018, de la révolution au Soudan, Omar Ushari n'aurait jamais imaginé être un jour réfugié au Caire, après avoir fui la guerre sanglante qui ravage son pays depuis maintenant un an.

A l'époque, cet avocat de 37 ans était derrière les barreaux, comme de nombreux opposants emprisonnés par le régime islamo-militaire d'Omar el-Béchir et, comme eux, il s'était réjoui de ce soulèvement populaire.

Libéré, dans un Soudan assoiffé de changement après la chute d'Omar el-Béchir en 2019, Omar Ushari a décidé de réaliser son rêve: ouvrir un petit café littéraire qu'il a appelé Rateena, un havre de paix où les militants de Khartoum réfléchissaient collectivement à construire «un meilleur Soudan».

Mais quand le 15 avril 2023, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo sont entrés en guerre, M. Ushari a vu son projet «peu à peu partir en fumée».

Pendant des mois, bravant les combats de rue, il s'est rendu à Rateena pour, dit-il, «m'asseoir dans la pénombre, prendre note des pillages survenus depuis ma dernière visite, et me souvenir».

Longtemps, il est resté sidéré, incapable de comprendre «comment la musique, les conférences et les débats avaient disparu au profit des balles perdues éparpillées au sol et l'écho des tirs d'artillerie».

- Une «révolution volée» -

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Le rêve de M. Ushari «n'est qu'un des milliers de rêves qui ont volé en éclat», à l'aune de ce qu'il appelle «une révolution volée».

La transition démocratique enclenchée au départ d'Omar el-Béchir, après 30 ans de pouvoir, a libéré «les espoirs, l'inspiration et l'audace» de la jeunesse, explique à l'AFP Sarah Salmane, qui travaillait à l'époque dans une société d'investissement à Khartoum.

Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», ajoute-t-elle depuis les Etats-Unis.

A elle seule, Mme Salmane a examiné plus de 50 projets de start-up dans des secteurs variés, allant de la télé-santé à la finance.

Un boom initié par l'«énergie de la révolution», ce moment où «les gens avaient espoir que le Soudan emprunte enfin la bonne voie, sorte des ténèbres et atteigne, via une transition civile, la liberté», se souvient M. Ushari.

Comme nombre de ses compatriotes, l'experte en communication Raghdan Orsud, âgée de 36 ans, a pris part au changement.

Elle a co-fondé la plateforme de lutte contre la désinformation Beam Reports, «convaincue du rôle que les médias peuvent jouer dans une transition démocratique», dit-elle à l'AFP depuis Londres.

Mais deux mois après le lancement de sa plateforme, cette fragile transition a déraillé lorsqu'en octobre 2021, les deux généraux aujourd'hui en guerre ont mené ensemble un coup d'Etat et confisqué le pouvoir aux civils.

«C'était une période douloureuse, des manifestants étaient tués toutes les semaines», se souvient M. Ushari.

Pourtant, malgré la répression, la jeunesse soudanaise a continué à battre le pavé pour exiger le retour des civils au pouvoir.

- Rateena incendié -

Puis un samedi, à la fin du ramadan, les habitants de Khartoum se sont réveillés au son des tirs d'artillerie.

En une nuit, les cadavres d'habitants abattus par des snipers ou fauchés par des balles perdues ont jonché les rues de Khartoum.

Plusieurs millions d'habitants ont fui la capitale. Raghdan Orsud a dû abandonner l'équipement sonore flambant neuf qu'elle venait d'acquérir. «Tout était encore empaqueté» quand les paramilitaires se sont emparés de son immeuble.

Omar Ushari tentait de s'établir au Caire quand il a reçu un message vidéo montrant un immense incendie.

«C'est comme ça que j'ai appris que Rateena avait brûlé». Avec le café, des milliers de livres et d'oeuvres d'art ont été réduits en cendres.

De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR.

La cheffe pâtissière Chaimaa Adlan, âgée de 29 ans, raconte que son père, qui vit en Arabie saoudite, «priait pour qu'un bombardement touche la maison». «Il aurait préféré la voir détruite plutôt que transformée en base paramilitaire», ajoute-t-elle.

- «Le Soudan est à nous» -

Mme Adlan, qui venait de lancer une activité de traiteur, s'est retrouvée au Caire, déracinée et sans emploi.

Un an plus tard, elle slalome dans une cuisine animée de la capitale égyptienne, hurlant des ordres à ses équipes tout en mettant la touche finale à ses plats mêlant subtilement arômes soudanais et occidentaux.

Sur scène, M. Ushari, qui s'est associé à Mme Adlan et à d'autres pour ouvrir un restaurant éphémère doublé d'un espace culturel, présente un musicien soudanais qui s'apprête à jouer le répertoire classique du pays.

Cette même jeunesse qui organisait les manifestations rêve toujours de démocratie et chapeaute l'entraide à travers le pays, constituant, d'après l'ONU, «la première ligne» de la réponse humanitaire à la guerre.

Malgré l'exil et la douleur, il reste une «étincelle révolutionnaire» vivace dans le «coeur de tous les Soudanais», dit M. Ushari.

«Le Soudan est à nous tous, alors que faire si ce n'est s'atteler à le reconstruire?», ajoute Mme Orsud.


La province orientale, Qassim et Riyadh se préparent à de fortes averses de pluie et de grêle

Manifa, dans la province orientale de l'Arabie saoudite, a reçu plus de 42 mm de pluie en une heure mardi. (NCM/ X)
Manifa, dans la province orientale de l'Arabie saoudite, a reçu plus de 42 mm de pluie en une heure mardi. (NCM/ X)
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  • Le NCM prévoit de fortes pluies, des vents violents et des tempêtes de grêle dans ces régions mardi
  • Fermeture des écoles, cours en ligne dans certaines parties du Royaume en raison du mauvais temps

Riyad : L'Arabie saoudite recevra davantage de précipitations mardi, la province orientale, la région d'Al-Qassim et la capitale Riyad et sa périphérie étant susceptibles de connaître de fortes pluies, accompagnées de vents violents, de grêle et d'un manque de visibilité, selon les prévisions du Centre national de météorologie (NCM).

Les prévisions du NCM pour mardi sont les suivantes : "Il y aura des vents violents, des tempêtes de sable suivies de fortes pluies et de grêle à Qassim, Riyad, dans la province de l'Est, dans la région de la frontière nord et dans la région de la grêle.

"La province orientale, Qassim et Riyadh enregistreront des températures basses, et il y a un risque de crues soudaines dans ces régions", a ajouté le communiqué.

Hussein Al-Qahtani, porte-parole du NCM, a appelé à la plus grande prudence et à la vigilance en raison des fluctuations météorologiques dans ces régions.

"Manifa, dans la province orientale, a reçu plus de 42 mm de pluie en l'espace d'une heure, et les risques de pluie se poursuivent dans les zones touchées. Nous appelons tout le monde à être prudent et à surveiller les informations météorologiques à travers le centre, étant donné les fluctuations météorologiques qui affectent les régions du Royaume", a déclaré Al-Qahtani.

Suite aux intempéries, les autorités éducatives de plusieurs régions d'Arabie saoudite ont suspendu les cours en présentiel mardi et ont ordonné le transfert des cours en ligne.

La suspension a été annoncée pour les classes de la province orientale, d'Al-Qasim et d'Unaizah dans le centre de l'Arabie saoudite et de Hafr Al-Batin dans le nord-est du Royaume.

Une mesure similaire a été prise pour les écoles de certains gouvernorats de la région de Riyad, notamment Wadi Al-Dawasir, Afif, Dawadmi, Al-Aflaj, Al-Zulfi, Shaqra, Al-Ghat et Al-Majma'ah, sur la base des prévisions émises par le NCM, afin d'assurer la sécurité des élèves et du personnel.

Selon les prévisions du NCM, les régions de Najran, Jazan et Aseer connaîtront des vents violents et des précipitations modérées.

Les villes de la province orientale ont été frappées par des pluies fortes et torrentielles lundi, tandis que le NCM prévoit que le temps pluvieux se poursuivra dans la région, accompagné de vents forts, d'une faible visibilité, de tempêtes de grêle, d'orages et d'inondations soudaines.

Dans un contexte d'instabilité météorologique dans la région du Golfe, une dépression pluvieuse a frappé Oman en début de semaine et les Émirats arabes unis lundi, provoquant des inondations, et elle pourrait s'étendre plus loin.

La défense civile saoudienne et les autorités chargées de la circulation ont mis en garde les automobilistes contre le risque de dérapage des voitures en cas de pluie, et conseillé aux habitants d'être prudents lorsqu'ils sortent.

La direction générale de la défense civile saoudienne a mis en garde la population contre les dangers potentiels, le NCM ayant prévu que les mauvaises conditions météorologiques se poursuivraient.

La direction a déclaré mardi que les prévisions du NCM indiquent des pluies fortes à modérées dans tout le Royaume.

"La défense civile appelle tout le monde à la prudence et à se conformer à ses instructions en raison des conditions météorologiques dans la province de l'Est. Votre coopération est nécessaire. Votre sécurité est notre objectif", a déclaré la défense civile.


Des Libanais réfugiés en Israël face au spectre d'une autre guerre

De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, au sud du Liban, le 15 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, au sud du Liban, le 15 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Des deux côtés de la frontière, dans une bande de plusieurs kilomètres devenue de facto une zone de guerre, des dizaines de milliers de Libanais et d'Israéliens ont fui la région
  • Israël réplique par des frappes de plus en plus profondes en territoire libanais contre des cibles du mouvement de Hassan Nasrallah

TIBERIADE: "Ils nous ont dit de nous préparer pour passer deux semaines à l'hôtel, à Tibériade. Ca fait déjà six mois", lance Claude Ibrahim, un Libanais réfugié de longue date en Israël de nouveau déplacé par la guerre.

Depuis le 7 octobre, le conflit larvé entre Israël et le Hezbollah libanais ravive les traumatismes de l'exil des anciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS) et de leurs familles, réfugiés il y a plus de 20 ans en Israël.

Les "Tsadalnikim", littéralement en hébreu "ceux de l'ALS", sont les anciens membres de la milice, en grande majorité chrétienne, alliée à Israël dans les années 80 et 90 lors de la guerre dans le sud du Liban.

Ils se sont réfugiés du côté israélien de la frontière après le retrait israélien de la zone en mai 2000, de crainte de mesures de représailles du Hezbollah, contre lequel ils se sont battus pendant des années au Liban.

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, la mouvement chiite, allié de l'Iran comme le mouvement islamiste palestinien, tire quasi-quotidiennement sur le nord du pays voisin.

Israël réplique par des frappes de plus en plus profondes en territoire libanais contre des cibles du mouvement de Hassan Nasrallah. Une escalade qui fait craindre le déclenchement d'une guerre.

Des deux côtés de la frontière, dans une bande de plusieurs kilomètres devenue de facto une zone de guerre, des dizaines de milliers de Libanais et d'Israéliens ont fui la région.

«Génération après génération»

Bras droit de l'ancien commandant de l'ALS Antoine Lahad après le retrait israélien du sud du Liban, Claude Ibrahim a été à nouveau évacué, en octobre dernier, avec sa famille, de Kyriat Shmona, ville complètement vidée de ses habitants.

"C'est comme si l'histoire se répétait (…) génération après génération", déplore-t-il, en soulignant que l'évacuation de 2000 faisait elle-même suite à une série d'autres déplacements de la population pendant la guerre civile au Liban dans les années 70.

Sur les 6.000 à 7.000 Libanais passés en Israël en mai 2000, environ 3.500 y vivent encore avec leurs familles, selon les chiffres des autorités israéliennes. Ils sont enregistrés comme "Libanais" d'Israël et ont obtenu la nationalité israélienne en 2004.

Peu après leur arrivée dans le pays, où les autorités ne les ont que partiellement et tardivement pris en charge, beaucoup sont partis en Suède, en Allemagne ou au Canada. D'autres, plus rares, sont rentrés au Liban, où ils ont fait face à la justice, accusés de collaboration avec Israël.

Tous les anciens de l'ALS en Israël ont de la famille au Liban, la plupart dans des villages à quelques kilomètres de la frontière.

Rares sont ceux qui acceptent d'être interviewés, craignant des représailles contre leurs proches, avec lesquels ils ne sont en contact que via des tierces personnes.

Maryam Younnes, 28 ans, étudiante en communication à l'université de Bar-Ilan, près de Tel-Aviv, avait cinq ans lorsqu'elle est arrivée en Israël avec ses parents.

«Gros coup au Hezbollah»

Lorsque son père, un ancien officier de l'ALS, est décédé il y a une dizaine d'années, il a pu être inhumé dans leur village de Debel à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau de Maalot-Tarshita, la petite localité israélienne où ils se sont installés.

Le reste de leur famille est resté à Debel et Beyrouth.

"Je suis très inquiète pour ma famille, pour mon village (...) J'espère qu'il y aura un moyen de les protéger" en cas d'escalade entre Israël et le Hezbollah, dit la jeune femme qui se définit comme "à moitié libanaise et à moitié israélienne".

Des inquiétudes partagées par Claude Ibrahim qui dit cependant espérer qu'en cas de guerre, Israël "finira" le Hezbollah et que ce sera la "dernière" guerre contre ce mouvement.

"La seule solution, c'est un gros coup au Hezbollah pour qu'il comprenne qu'il n'y a pas d'autre voie que de faire la paix", dit-il.

Il dit croire en la paix entre Israël et le Liban, deux pays, qui, selon lui, n'ont pas de "raison de principe" d'être en guerre.

Mais pour Asher Kaufman, professeur d'histoire spécialiste du Liban à l'université américaine Notre-Dame (Indiana), cette vision "d'une relation idéale entre les chrétiens libanais et les Israéliens, qui était à la base de l'invasion de 1982 (du Liban par Israël) s'est complètement effondrée".

Israël a cessé de "considérer le Liban comme la Suisse du Moyen-Orient" pour le voir comme "un bourbier violent avec lequel on ne veut pas avoir à faire".