Cuba: jusqu'à 30 ans de prison pour une vidéo ou des jets de pierres

Zoila Rodriguez Marzo montre le 10 janvier 2022, chez elle à La Havane, une photo sur son téléphone portable de son fils Exeynt Beirut, de sa fille Katia Beirut et du père de ses enfants Fredy Beirut, le premier détenu à Guantanamo depuis le 11 juillet 2021. (Photo, AFP)
Zoila Rodriguez Marzo montre le 10 janvier 2022, chez elle à La Havane, une photo sur son téléphone portable de son fils Exeynt Beirut, de sa fille Katia Beirut et du père de ses enfants Fredy Beirut, le premier détenu à Guantanamo depuis le 11 juillet 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 13 janvier 2022

Cuba: jusqu'à 30 ans de prison pour une vidéo ou des jets de pierres

  • L'ONG Cubalex a identifié au moins 158 personnes poursuivies pour sédition, dont Fredy Beirut, 64 ans, et sa fille Katia, 36 ans
  • Cette semaine, 57 d'entre elles étaient jugées à La Havane, Holguin et Santa Clara

LA HAVANE : A Cuba, Zoila était bien seule à Noël: son fils est détenu depuis les manifestations historiques du 11 juillet. Son mari et sa fille, sortis protester dans la rue contre son arrestation, ont eux écopé de 20 ans de prison.

Le couperet tombe, depuis plusieurs semaines, pour des dizaines de Cubains ayant participé à ces rassemblements inédits depuis la révolution de 1959, aux cris de "Liberté" et "Nous avons faim".

L'ONG Cubalex a identifié au moins 158 personnes poursuivies pour sédition, dont Fredy Beirut, 64 ans, et sa fille Katia, 36 ans. Cette semaine, 57 d'entre elles étaient jugées à La Havane, Holguin et Santa Clara.

Le cauchemar de la famille Beirut a commencé quand le fils, Exeynt, 41 ans, a été arrêté à Guantanamo (est) le 11 juillet. Accusé de désordre public, il a été condamné à quatre ans de prison.

En apprenant sa détention, ses proches, installés dans le quartier populaire de La Güinera, en banlieue de La Havane, étaient furieux. Le lendemain, Fredy et Katia sont sortis protester, raconte la mère Zoila Rodriguez, 59 ans, séparée de Fredy mais restée proche de lui.

La manifestation de La Güinera sera la plus violente de celles survenues les 11 et 12, avec un décès.

Le bilan total, selon Cubalex, est de dizaines de blessés et 1 355 personnes arrêtés, dont 719 restent détenues.

«Consignes contre-révolutionnaires»

"Ma fille et mon époux ont commencé à être jugés pour un délit de désordre public, requalifié ensuite en délit de sédition", dit Zoila, le regard apeuré.

Fredy a été arrêté dès le 12 juillet, en rentrant chez lui à moto. Sept jours plus tard, des agents de la sécurité de l'Etat ont convoqué Katia, qui s'est présentée en pensant n'avoir rien à craindre.

Le crime de Katia? Avoir filmé avec son téléphone, en diffusant les images en direct via internet, pour "publier tout ce qui se passait et faire en sorte que d'autres personnes se joignent à eux", selon le dossier du parquet auquel l'AFP a eu accès.

Père et fille ont défilé, avec d'autres accusés, "en criant des consignes contre-révolutionnaires" et "peu à peu d'autres personnes les ont rejoints", indique le parquet, avec "des phrases dénigrantes contre la direction du pays" afin de "montrer un climat de troubles et de violence".

Le parquet reconnaît toutefois qu'ils n'ont pas participé à des actes de violence. "Satisfaits après avoir atteint leur objectif de rendre toute cette foule agressive, ils sont rentrés chez eux".

Au terme de trois jours de procès aux côtés de 15 autres accusés, ils ont écopé le 23 décembre de 20 ans de prison.

"Je suis très en colère, toute la famille aussi, et tous ceux qui doivent affronter ça, ce n'est pas concevable que dans un pays où les gens sortent dans la rue pour manifester pacifiquement on les condamne à 20 ans", fulmine Zoila, qui partage son temps entre la garde du fils de neuf ans de Katia et les visites aux parloirs.

«Ma vie est finie»

Arrêté également à La Güinera, Dayron Martin Rodriguez, 36 ans, passera les 30 prochaines années en prison.

Sorti le 12 juillet pour acheter à manger pour ses colombes, il est tombé sur la manifestation. "Il a commencé à filmer pour envoyer la vidéo à son père" et en recevant des jets de pierres, il est tombé et a perdu son téléphone, raconte sa mère Esmeralda Rodriguez, 63 ans, installée en Equateur.

Selon le parquet, Dayron et d'autres "se sont armés de pierres et de bouteilles ramassées au sol", "en se lançant contre les agents de l'ordre" afin d'atteindre le commissariat, dans des échauffourées qui ont duré quatre heures.

"Ma vie est finie, j'ai 36 ans et ils m'ont condamné à 30", se lamente Dayron quand il appelle sa mère depuis la prison.

Pour Laritza Diversent, directrice de Cubalex, "les peines ont été infligées pour servir d'exemples" alors que la dure crise économique incite de plus en plus de Cubains à vouloir protester.

Les procédures ont été entachées d'irrégularités, sans avocats de la défense indépendants et avec des procès à huis clos, dénonce-t-elle.

"La majorité de leurs preuves, ce sont les témoignages des propres agents de l'Etat qui ont été violents contre les manifestants", assure-t-elle, précisant que, dans les vidéos présentées comme éléments à charge, les supposées agressions contre des policiers n'apparaissent jamais.

Certaines familles des détenus ont décidé de réagir, comme celle d'Andy Dunier Garcia Lorenzo, 34 ans, arrêté le 11 juillet à Santa Clara (centre).

Ses proches ont lancé une campagne pour collecter des aliments pour les prisonniers et écrit aux ambassades présentes à Cuba, leur demandant d'envoyer des observateurs à son procès cette semaine. Le parquet réclame sept ans de prison pour désordre public et outrage, selon sa soeur Roxana.


Trump reçoit Netanyahu lundi en vue d'un cessez-le-feu à Gaza

Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. (Photo AFP)
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  • Il s'agira de la troisième rencontre en six mois entre le Premier ministre israélien et le président américain, qui entretiennent une relation étroite, une situation tout à fait inhabituelle.
  • Elle survient deux semaines après que les États-Unis ont rejoint l'offensive militaire israélienne contre l'Iran, Washington bombardant trois sites nucléaires et obtenant peu après un arrêt des combats entre les deux pays ennemis.

WASHINGTON : L'un veut « déraciner » le Hamas, l'autre un cessez-le-feu dans la bande de Gaza : Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. Cette rencontre sera déterminante pour l'avenir du territoire palestinien, et il sera également question de l'Iran.

Il s'agira de la troisième rencontre en six mois entre le Premier ministre israélien et le président américain, qui entretiennent une relation étroite, une situation tout à fait inhabituelle.

Elle survient deux semaines après que les États-Unis ont rejoint l'offensive militaire israélienne contre l'Iran, Washington bombardant trois sites nucléaires et obtenant peu après un arrêt des combats entre les deux pays ennemis.

La fin de cette guerre de 12 jours a ravivé les espoirs d'un arrêt des combats dans la bande de Gaza, où les conditions humanitaires sont catastrophiques pour une population de plus de deux millions d'habitants.

Donald Trump, qui a déclaré cette semaine qu'il se montrerait « très ferme » avec M. Netanyahu, appelle à un cessez-le-feu de 60 jours dans la bande de Gaza, las d'une guerre sans fin.

« Je veux surtout que les habitants de Gaza soient en sécurité. Ils ont vécu l'enfer », a-t-il affirmé jeudi, alors qu'on lui demandait s'il voulait toujours que les États-Unis prennent le contrôle du territoire palestinien, comme il l'avait annoncé en février. 

« Grand marchandage » 

Une nouvelle proposition de trêve, négociée après la venue à Washington du ministre israélien Ron Dermer, a été soumise au mouvement islamiste palestinien par les médiateurs qatari et égyptien.

Donald Trump a sommé le Hamas d'accepter cette « ultime » proposition de cessez-le-feu, après 21 mois d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza déclenchée en représailles à l'attaque du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

Vendredi soir, celui-ci a déclaré être prêt à « engager immédiatement » des négociations, soutenu par son allié, le Jihad islamique.

Selon une source palestinienne, la trêve serait assortie de la libération de la moitié des otages encore en vie détenus par le Hamas, en échange de prisonniers palestiniens.

« Je crois qu'on va assister à une réunion stratégique façon « grand marchandage » comme les aime Trump », a déclaré à l'AFP Michael Horowitz, analyste géopolitique indépendant.

Selon lui, « même M. Netanyahu a conscience qu'on arrive au bout de ce qui peut être fait à Gaza, et qu'il est temps de planifier une sortie ». Netanyahu la veut sûrement graduelle. »

Le dirigeant israélien est sous pression au sein de son gouvernement de coalition et cherchera à temporiser, tout en plaidant pour qu'une « sortie graduelle de la guerre se fasse en parallèle avec un effort de normalisation avec des partenaires régionaux comme l'Arabie saoudite », explique l'expert. 

 « Rien à offrir » à l'Iran

En 2020, les accords d'Abraham, parrainés par Donald Trump lors de son premier mandat, ont mené à la normalisation des relations entre plusieurs pays arabes, dont le Maroc et les Émirats arabes unis.

Cependant, de nombreux pays arabes, en particulier l'Arabie saoudite, ont jusqu'à présent refusé de se joindre à ce processus, tant que la guerre à Gaza se poursuit et qu'il n'y a pas de trajectoire définie vers la création d'un État palestinien, ce que le gouvernement israélien rejette catégoriquement.

Concernant le dossier du nucléaire iranien, Donald Trump a affirmé lundi dernier qu'il n'avait « rien à offrir » à l'Iran, avec qui il « ne parle pas ».

Fort des frappes de la nuit du 21 au 22 juin, qui, selon lui, ont « anéanti » le programme nucléaire iranien, le président américain a prévenu qu'il n'hésiterait pas à bombarder à nouveau le pays s'il cherchait à se doter de l'arme atomique.

Les relations entre MM. Netanyahu et Trump n'ont pas toujours été de tout repos.

Lors de leur précédent entretien, en avril, Donald Trump avait stupéfait M. Netanyahu en annonçant des négociations directes avec l'Iran.

Mais « Bibi », le surnom donné à M. Netanyahu, a été le premier dirigeant étranger invité du second mandat de Donald Trump.

Et leur alliance contre l'Iran semble avoir scellé leur réconciliation.

Le président américain a dit voir en lui « un grand héros », allant même jusqu'à appeler à l'abandon des poursuites judiciaires pour corruption le visant dans son pays. 


Trump estime qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine"

Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, au centre de la bande de Gaza, le 2 juillet 2025, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe armé palestinien Hamas. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, au centre de la bande de Gaza, le 2 juillet 2025, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe armé palestinien Hamas. (AFP)
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  • Donald Trump a déclaré vendredi qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine"
  • A la question d'un journaliste à bord d'Air Force One lui demandant s'il était optimiste quant à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le président américain a répondu "très", mais a ajouté "cela change de jour en jour"

Morristown, États-Unis: Donald Trump a déclaré vendredi qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine", avant une visite à la Maison Blanche prévue lundi du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

A la question d'un journaliste à bord d'Air Force One lui demandant s'il était optimiste quant à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le président américain a répondu "très", mais a ajouté "cela change de jour en jour".

En réponse aux informations selon lesquelles le Hamas avait répondu positivement aux propositions de négociations pour un cessez-le-feu, il a déclaré : "C'est bien. Ils ne m'en ont pas informé. Nous devons en finir avec cela. Nous devons faire quelque chose pour Gaza".


Turquie: l'un des feux près d'Izmir maîtrisé, mais la forêt brûle encore

Les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine. (AFP)
Les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine. (AFP)
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  • "Grâce à la lutte acharnée de nos héros forestiers toute la nuit durant et aux interventions aériennes dès les premières lueurs du jour, l'incendie de Çesme a été maîtrisé. Notre intense lutte aérienne et terrestre continue à Ödemis et Buca",
  • En revanche la lutte contre les flammes attisées par le vent, sur un terrain boisé et sec, continue en deux autres endroits, a précisé Ibrahim Yumakli

ISTANBUL: L'un des incendies qui ravagent la région touristique d'Izmir, près de la station balnéaire de Cesme sur la côte égéenne de la Turquie (ouest), a été maîtrisé, a annoncé vendredi le ministre de l'Agriculture et des Forêts.

En revanche la lutte contre les flammes attisées par le vent, sur un terrain boisé et sec, continue en deux autres endroits, a précisé Ibrahim Yumakli.

"Grâce à la lutte acharnée de nos héros forestiers toute la nuit durant et aux interventions aériennes dès les premières lueurs du jour, l'incendie de Çesme a été maîtrisé. Notre intense lutte aérienne et terrestre continue à Ödemis et Buca", aux abords d'Izmir, la troisième ville du pays, a déclaré le ministre sur X.

Ces incendies poussés par des vents à plus de 85 km/heure ont fait deux morts, un employé des forêts qui participait à la lutte contre le feu et un octogénaire coincé chez lui.

Au moins cinq districts ont dû être évacués jeudi dans la région d'Ödemis.

Six avions et une vingtaine d'hélicoptères restent mobilisés sur ce site, selon l'agence étatique Anadolu.

"Le vent souffle de manière irrégulière et change constamment de direction rendant l'intervention depuis les airs et au sol très difficile car le feu se propage rapidement et change lui aussi rapidement de direction" a déploré jeudi le gouverneur provincial d'Izmir, Süleyman Elban.

En outre les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine.

La Turquie a enregistré "624 incendies juste au cours de la semaine écoulée dont 621 ont été éteints" a précisé le ministre.

Depuis le début de l'année, le pays confronté à une sécheresse récurrente a constaté le départ de plus de trois mille feux dont 1.300 dans les zones forestières.