Liban: Le retour du tandem Amal-Hezbollah au gouvernement, signe de l’influence iranienne grandissante

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (Photo, Reuters).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

Liban: Le retour du tandem Amal-Hezbollah au gouvernement, signe de l’influence iranienne grandissante

  • La cessation d’un boycott qui a duré trois mois répond aux intérêts d’une politique extérieure, ont averti les analystes
  • Mikati a dit qu’il convoquerait son cabinet dès que le ministère des Finances aura soumis un projet de budget

BEYROUTH: Téhéran pourrait être à l'origine de la fin du boycott des séances du gouvernement, officiellement sur décision du Hezbollah et du mouvement Amal.
Selon Ziad Hawat, député et membre du bloc des Forces libanaises, «c’est Téhéran qui a donné l’ordre. Le «duo perturbateur» a donc décidé de ‘libérer’ les séances du gouvernement. Ce sont les conséquences des négociations externes.»
«Le duo a laissé le destin du pays aux mains des politiques extérieures. Mais les élections législatives approchent et l’heure du jugement arrive à grands pas», a-t-il ajouté.
Les deux partis ont déclaré samedi qu’ils seraient prêts à assister aux réunions des ministres, après un boycott de trois mois.  
La décision a surpris, tout en ayant un effet positif sur le taux de change, ce dimanche.
En réaction à cette déclaration, le Premier ministre Najib Mikati a précisé qu’il convoquerait son cabinet dès que le ministère des Finances aura soumis une proposition de budget.
Il a également indiqué que cette décision «s’alignait avec les multiples appels qu’[il] avait lancés pour que tout le monde assume la responsabilité nationale de façon à préserver le pacte national, surtout au moment où le pays traverse une période critique.»
Le bureau de Mikati a souligné la nécessité de «mettre en place un plan de redressement pour relancer les pourparlers avec le FMI.»
Selon des observateurs, les deux partis sont dans une impasse politique à laquelle s'additionnent des pressions populaires les accusant d’aggraver les crises que traverse le Liban.
A l'approche des législatives les deux partis veulent «faire oublier aux gens leur rancœur avant les élections qui devraient avoir lieu en mai.»
D’autres observateurs ont lié la décision prise par les deux partis aux «développements régionaux en ce qui concerne les pourparlers de Vienne.»
Ils pensent que «la décision de perturber les réunions du gouvernement répondait à des politiques extérieures – plus précisément celles de l’Iran – et que la cessation du boycott pourrait être signe de flexibilité au cœur des négociations compliquées.»
 «Nous sommes d’accord pour participer aux séances du gouvernement afin d’approuver le budget national, de discuter du plan de sauvetage économique et de tout ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des Libanais», ont annoncé les deux partis samedi, dans une déclaration commune.
Ils ont affirmé que leur décision «faisait suite à l’aggravation de la situation et des crises internes politiques et économiques, à l’effondrement de la livre libanaise, au déclin du secteur public et à la dévaluation des salaires ainsi que la baisse du pouvoir d’achat des citoyens.»
Le Hezbollah et le mouvement Amal ont également justifié leur boycott par les «mesures anticonstitutionnelles prises par le juge Tarek Bitar» dans «l’enquête de l’explosion du port de Beyrouth, les graves violations de la loi, la politisation flagrante, l’absence de justice et le manque de respect envers le processus de normalisation.»
Les deux partis ont ainsi demandé qu’un comité parlementaire se charge de l’affaire, à la place de Bitar.
Cependant, cette demande n’a pas encore été satisfaite, Mikati refusant d’«interférer avec la justice». D’ailleurs, son parti soutient fermement Bitar.
Samy Gemayel, député et chef du parti Kataëb, a dit que le Hezbollah et le mouvement Amal «pensaient [nous] rendre service en mettant fin à ce boycott.»
 «Ils ont paralysé le pays pendant un an pour former le gouvernement qu’ils souhaitaient et puis ils l’ont boycotté pour empêcher la justice de suivre son cours en ce qui concerne ‘le crime du siècle’», a-t-il ajouté.
 «Ce sont les Libanais qui payent les pots cassés. Ils ne travaillent pas, n’ont pas d’électricité, n’ont pas les moyens de se réchauffer, pas de pain, pas de médicaments», a poursuivi Gemayel.
 «Tous ceux qui contribuent à l’humiliation du peuple seront tenus responsables lors des élections.»
Dans son sermon dominical, le patriarche maronite Béchara Raï a commenté les derniers développements liés aux réunions du gouvernement.
 «Dans un système démocratique, l’autorité en matière de procédure doit opérer selon les pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution, sans être soumise à aucune pression ni condition illégale», a-t-il affirmé.
Il a averti contre «le recours à la perturbation des élections parlementaires et présidentielles – prévues en octobre prochain – à des fins personnelles suspectes.»
 «La perturbation du gouvernement, les tensions politiques croissantes, la provocation continue, l’utilisation de la justice pour discréditer les opposants et l’inversion des priorités, tout cela ne rassure ni les Libanais ni les pays frères et voisins du Liban.»
Les services internet ont été interrompus dimanche au Liban à cause des pénuries de carburant. Ce service essentiel devient ainsi, lui aussi, victime de la crise économique que traverse le pays.
Le ministère de l’Énergie a toutefois catégoriquement nié la véracité d’un reportage publié sur le canal israélien 12, intitulé «Washington approuve un accord pour approvisionner le Liban en gaz israélien.»
Le ministère a rappelé que «l’accord d’approvisionnement en gaz entre les gouvernements libanais et égyptien stipule clairement que le gaz doit provenir d’Égypte, qui en possède de grandes quantités.»
«Ce gaz passera par la Jordanie puis par la Syrie qui en profitera elle aussi.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.