France: le grand désarroi des personnes obèses face au Covid

Un patient Covid-19 allongé sur un lit à l'unité de soins intensifs (USI) de l'hôpital del Mar à Barcelone le 4 août 2021. (Josep Lago / AFP)
Un patient Covid-19 allongé sur un lit à l'unité de soins intensifs (USI) de l'hôpital del Mar à Barcelone le 4 août 2021. (Josep Lago / AFP)
Short Url
Publié le Mardi 18 janvier 2022

France: le grand désarroi des personnes obèses face au Covid

  • Le ministère de la Santé rappelle que «le lien est avéré entre obésité et risque de complications Covid-19, en raison des pathologies associées mais également indépendamment de celles-ci»
  • Plus de 47% des patients infectés entrant en réanimation sont en situation d’obésité

PARIS : Isolées, craignant d'être davantage stigmatisées, et avec un plus fort risque de se retrouver en réanimation si elles sont infectées par le coronavirus: en France, les personnes obèses subissent douloureusement les effets de la pandémie de Covid-19.

«Ça fait deux ans que je sors la boule au ventre et ça commence à peser». Avec humour mais non sans gravité, Catherine Fabre raconte sa vie sous cloche depuis bientôt deux ans.

Cette habitante de Lançon-de-Provence (sud), âgée de 55 ans, a été opérée en 2011 d'une sleeve (technique consistant à retirer une partie de l'estomac). Mais malgré la chirurgie, «(elle) reste en obésité».

En février 2020, elle est avec son mari en Italie, au moment où la pandémie commence à déferler sur l'Europe. Ils fêtent leur anniversaire de mariage au carnaval de Venise. «C'était un dimanche. Tout s'est arrêté brusquement, on est rentré en catastrophe».

La vie depuis s'apparente à un confinement sans fin pour cette fonctionnaire aux impôts, en télétravail. «On a beaucoup de stress, un sentiment d'isolement. On n'a plus de vie sociale».

Membre du conseil d'administration de la Ligue contre l'obésité, Catherine Fabre a fondé en 2013 l'association Histoire de poids, qui accompagne les personnes obèses, à travers le sport ou des conseils de nutrition. Là encore, «le contact a été perdu avec certains adhérents, beaucoup ont baissé les bras».

Psychologue à Nancy (est), spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire, Alexandra Tubiana explique que «les personnes obèses ont eu très peur; on est arrivé à des stress dépassés, qui aggravent les problèmes alimentaires». S'est aussi ajoutée «l'inquiétude de mourir».

Sur son site internet, le ministère de la Santé rappelle que «le lien est avéré entre obésité et risque de complications Covid-19, en raison des pathologies associées mais également indépendamment de celles-ci».

- «Bombe à retardement» -

«Hier, dans mon service, un homme né en 1981 est décédé du Covid au bout de plusieurs jours de réanimation. Son seul antécédent était un surpoids», témoigne le Dr Alexandre Cortes, chef du service chirurgie viscérale et digestive du Grand Hôpital de l’Est Francilien (GHEF), en région parisienne.

«Si vous regardez qui est mort du Covid, on a beaucoup focalisé sur les sujets âgés mais, globalement, les gens qui occupaient les réas étaient des malades obèses», assure ce spécialiste.

D'après le ministère de la Santé, «les données issues des études successivement conduites ont confirmé les résultats que recueillaient dès avril 2020 les équipes du CHRU de Lille (nord): plus de 47% des patients infectés entrant en réanimation sont en situation d’obésité».

Ce constat est conforté par une étude récente menée en Angleterre et publiée en juin 2021 dans la revue The Lancet sur «les liens entre indice de masse corporelle (IMC) et les formes sévères du Covid-19» («Associations between body-mass index and COVID-19 severity»).

«L'aggravation du risque santé n'est pas seulement physique (respiratoire, réanimatoire) mais aussi mentale et sociétale», insiste pour sa part Alexandra Tubiana, qui craint que «la stigmatisation, associée à la culpabilité d'être trop gros, participe à la grossophobie ambiante».

Selon l’enquête épidémiologique nationale Obépi-Roche, publiée en juin 2020, une personne sur deux est en surpoids ou obèse en France, rappelle Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses (CNAO). Elle s'alarme du retard pris dans le suivi de l'obésité, une pathologie dont elle voudrait que la France fasse une grande cause nationale: «Les obèses sont les premiers à être déprogrammés (pour leurs opérations de chirurgie bariatrique). Si on ajoute la peur du patient de sortir pour aller consulter, c'est une énorme bombe à retardement».

Catherine Fabre devait être réopérée le 8 décembre dernier. «Le matin où je devais entrer à l'hôpital, on m'a appelée pour m'informer que l'intervention était repoussée. Je le comprends mais sur le moment, ça a été très dur à vivre».


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».