Commémoration du massacre de Racak: les crimes serbes sont toujours aussi présents dans la mémoire kosovare

Les guerres yougoslaves ont été marquées par de nombreux massacres, comme celui de Rezallë, au cours duquel quatre-vingt-dix-huit Albanais du Kosovo ont été tués par les forces serbes. (AFP)
Les guerres yougoslaves ont été marquées par de nombreux massacres, comme celui de Rezallë, au cours duquel quatre-vingt-dix-huit Albanais du Kosovo ont été tués par les forces serbes. (AFP)
Le 15 janvier 2022, Arife Bilalli (à gauche) se recueille sur la tombe de son fils lors de la commémoration du massacre de Racak, survenu en 1999. (AFP)
Le 15 janvier 2022, Arife Bilalli (à gauche) se recueille sur la tombe de son fils lors de la commémoration du massacre de Racak, survenu en 1999. (AFP)
Une photographie aérienne montre l’ampleur de la destruction à Belgrade, la capitale de la Serbie, lors de l’opération militaire de bombardement de l’Otan. (AFP)
Une photographie aérienne montre l’ampleur de la destruction à Belgrade, la capitale de la Serbie, lors de l’opération militaire de bombardement de l’Otan. (AFP)
Le 15 avril 1999, le général Henry Shelton, président des chefs d’état-major des armées des États-Unis, informe le comité des forces armées du Sénat américain de la campagne en Serbie. (AFP)
Le 15 avril 1999, le général Henry Shelton, président des chefs d’état-major des armées des États-Unis, informe le comité des forces armées du Sénat américain de la campagne en Serbie. (AFP)
Le 15 janvier 2020, des Albanais du Kosovo se consolent devant une plaque commémorative dédiée aux victimes du massacre de Racak, en 1999. (AFP)
Le 15 janvier 2020, des Albanais du Kosovo se consolent devant une plaque commémorative dédiée aux victimes du massacre de Racak, en 1999. (AFP)
Le 15 janvier 2022, une Albanaise du Kosovo visite un mémorial dédié aux victimes du massacre de Racak, en 1999. (AFP)
Le 15 janvier 2022, une Albanaise du Kosovo visite un mémorial dédié aux victimes du massacre de Racak, en 1999. (AFP)
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Publié le Mardi 18 janvier 2022

Commémoration du massacre de Racak: les crimes serbes sont toujours aussi présents dans la mémoire kosovare

  • Jeune journaliste en 1999, l’ambassadeur du Kosovo en Arabie saoudite, Lulzim Mjeku, a couvert le massacre survenu le 15 janvier à Racak
  • «En tant que jeune nation, nous avons fait de grands progrès dans la reconstruction de nos vies et la guérison de nos blessures», confie-t-il à Arab News

RIYAD: Le peuple du Kosovo veut voir une plus grande implication internationale dans les Balkans occidentaux pour endiguer une vague croissante de discours de haine et préserver la paix dans une région toujours tendue, déclare son ambassadeur en Arabie saoudite à Arab News.
Dans un entretien accordé à Arab News à l’approche du jour de l’indépendance du Kosovo, le 17 février, Lulzim Mjeku cite un communiqué publié par le Haut-Commissariat des nations unies aux droits de l’homme (HCDH) le 14 janvier, alors que les Kosovars se préparaient à célébrer le 23e anniversaire du massacre de Racak.
Le communiqué indique que des individus, en Bosnie-Herzégovine et en Serbie, ont glorifié des atrocités, fait les éloges des criminels de guerre, adressé des discours de haine aux communautés et, dans certains cas, directement incité à la violence.
L’ambassadeur affirme que le HCDH «a appelé la communauté internationale à intervenir et à prendre des mesures concrètes contre les discours de haine. Malheureusement, nous avons dû faire face au déni ces derniers temps. Le déni fait référence à une pratique qui consiste à réécrire le passé et à prétendre que des événements historiques ne se sont pas produits.
Les incidents auxquels le HCDH fait référence concernent d’importants groupes de personnes qui scandent le nom de «Ratko Mladic», un criminel de guerre serbe, tout en organisant des processions aux flambeaux et en entonnant des chansons nationalistes qui appellent à la prise de contrôle de divers endroits de l’ex-Yougoslavie.

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Le 15 janvier 2022, les Albanais du Kosovo rendent hommage à leurs proches et aux victimes du massacre de Racak, survenu en 1999. (AFP)


Les crimes de haine mentionnés dans le communiqué de l’ONU se sont produits en Serbie et dans plusieurs endroits de la Republika Srpska (République serbe de Bosnie, NDLR), une entité de la Bosnie-Herzégovine située au nord-ouest du Kosovo. Lors d’un incident, des coups de feu ont été tirés près d’une mosquée à Janja, dans le nord-est de la Bosnie, où des Bosniaques locaux (musulmans) ont été raillés et menacés alors qu’ils revenaient de la prière.
Les populations musulmanes de la région des Balkans occidentaux ne connaissent que trop bien la triste histoire de la haine ethnique. «Il y a quarante ans, le père de Donika Gërvalla-Schwarz, l’actuelle ministre des Affaires étrangères du Kosovo, a été assassiné», rappelle l’ambassadeur, faisant référence aux meurtres de Jusuf et Bardhosh Gërvalla, artistes, écrivains et militants politiques albanais du Kosovo, dont on suppose qu’ils ont été assassinés par la police secrète serbo-yougoslave le 17 janvier 1982 près de Heilbronn, une ville du Bade-Wurtemberg, en Allemagne.

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Les guerres yougoslaves ont été marquées par de nombreux massacres, comme celui de Rezallë, au cours duquel quatre-vingt-dix-huit Albanais du Kosovo ont été tués par les forces serbes. (AFP)


«Les hommes armés ont également tué Kadri Zeka, un ami et collaborateur des frères Gërvalla. Opposés au régime oppressif de la Serbie au Kosovo, ces trois militants œuvraient pour l’indépendance de leur province. Ils vivaient en exil depuis 1980. Les assassins n’ont jamais été traduits en justice.»
Jeune journaliste en 1999, l’ambassadeur Mjeku a couvert le massacre survenu le 15 janvier à Racak, un village du Kosovo. Quarante-cinq personnes avaient été abattues et leurs corps avaient été jetés dans un ravin à l’extérieur de Racak par des policiers et des soldats serbes de souche, semble-t-il.
D’autres massacres d’Albanais du Kosovo ont suivi, notamment à Krusha au mois de mars 1999, à Meja le 27 avril 1999 et à l’intérieur de la prison de Dubrava le 22 mai 1999.

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Le 15 janvier 2022, les Albanais du Kosovo rendent hommage à leurs proches et aux victimes du massacre de Racak, survenu en 1999. (AFP)


«Alors que nous commémorons ce mois-ci le 23e anniversaire du massacre de Racak, cet horrible crime est toujours aussi présent dans nos esprits», déclare l’ambassadeur à Arab News. «Aussi triste que cela puisse paraître, la république du Kosovo doit son existence même aux crimes qui ont été commis contre le peuple kosovar», poursuit-il.
Nikola Sainovic, ancien vice-Premier ministre de Serbie, faisait partie des responsables de la propagation de la terreur au sein de la population albanaise du Kosovo.

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Nikola Sainovic, bras droit de l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic lors de la répression serbe contre le Kosovo, sera jugé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye en 2002. (AFP)

En 2009, il a été condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis contre des civils albanais de souche pendant la guerre du Kosovo. Peu de temps après avoir obtenu une libération anticipée en 2015, il a été nommé au conseil d’administration du Parti socialiste de Serbie.
Des allégations de crimes de guerre ont également poursuivi des membres de l’Armée de libération du Kosovo, la principale force de guérilla albanaise de souche au Kosovo – qui a combattu les Serbes.
Après que les politiciens se sont livrés en vain à une lutte pacifique de plusieurs années pour une autonomie plus importante ou pour une plus grande indépendance, l’Armée de libération du Kosovo a mené un soulèvement armé contre le régime serbe dans la province yougoslave à majorité musulmane au mois de mars 1998.

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Un Mirage 2000N français qui participe à la campagne contre la Serbie se ravitaille auprès d’un KC-135R de l’US Air Force au-dessus de la mer Adriatique. (Photo AFP/Usaf)


Cet événement a provoqué une réponse disproportionnée du régime politique serbe. Ce dernier n’a fait aucune distinction entre les combattants albanais kosovars et les civils, forçant des milliers de personnes à se réfugier dans des pays voisins comme l’Albanie et la Macédoine du Nord.
En réponse à cette montée de la violence, et notamment devant le massacre de Racak, l’Otan a lancé une opération militaire de bombardement de soixante-dix-huit jours qui a finalement forcé les policiers et les soldats serbes à se retirer du Kosovo.

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Un missile de croisière Tomahawk est lancé de la proue du croiseur de la marine américaine USS Philippine Sea sur des cibles à travers la Yougoslavie et le Kosovo, le 24 mars 1999. (Photo de la marine américaine via l’AFP)

Après que la Yougoslavie a accepté une proposition de paix, au mois de juin 1999, l’Otan a mis fin à l’opération militaire de bombardement et le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 1244, qui suspend le régime yougoslave au Kosovo et qui forme la mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo avec la Force pour le Kosovo (Kfor), une entité de maintien de la paix de l’Otan.
La fin de la violence a apporté un peu d’espoir aux Kosovars dans une période de grande souffrance. Elle a ouvert la voie à une nouvelle réalité et a entraîné le retour des réfugiés.

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Une photographie aérienne montre l’ampleur des dégâts à Belgrade, la capitale de la Serbie, lors de l’opération militaire de bombardement de l’Otan. (AFP)

De nombreux dirigeants de l’Armée de libération du Kosovo se sont reconvertis dans la politique. Hashim Thaci, ancien président du Kosovo et commandant de cette armée, est accusé par un tribunal des Pays-Bas d’être le responsable de près de cent meurtres.
En ce qui concerne l’ambassadeur Mjeku, le moment est venu pour la diplomatie de prendre le dessus. «Pendant toutes ces années, le Kosovo a voté pour la stabilité et la sécurité non seulement de sa propre population, mais aussi de la région des Balkans au sens large et de l’Europe», affirme-t-il à Arab News.

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Lulzim Mjeku, ambassadeur du Kosovo en Arabie saoudite.

Le Kosovo, pays de près de deux millions d’habitants, est composé à 90% d’Albanais de souche. Après avoir été soumis au contrôle de l’ONU pendant neuf ans, le Kosovo a proclamé son indépendance au moyen de son assemblée le 17 février 2008. Depuis, plus de cent pays l’ont reconnu.
Les États-Unis, plusieurs pays membres de l’Union européenne et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont reconnu très tôt l’indépendance du Kosovo. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite, qui faisait partie des trente-cinq États qui ont soumis des déclarations destinées à soutenir le Kosovo, couvre le pays sur une base non résidentielle de son ambassade à Tirana, en Albanie.
L’ambassadeur affirme que le Kosovo réussit à panser les blessures du passé grâce à l’aide généreuse de ses amis. 60% de la population a moins de 30 ans et de nombreuses personnes ont peu de souvenirs des années de douleur et de violence, précise-t-il.
Les Balkans occidentaux sont plus calmes qu’il y a vingt ans, bien que les tensions ethniques augmentent à nouveau avant les élections qui se déroulent en Serbie, en avril, et celles qui ont lieu eu Bosnie-Herzégovine, en octobre.

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Ce garçon albanais du Kosovo porte un chapeau traditionnel. Il joue du tambour dans le centre-ville de Pristina, le 17 février 2020, jour du 12e anniversaire de la déclaration d’indépendance du Kosovo. (AFP)

La mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo, qui a été amenée à déployer plus de 50 000 soldats, ne compte aujourd’hui que 3 500 hommes. Son siège est à Pristina, la capitale du Kosovo. La mission soutient l’application de l’accord de Bruxelles, un traité de normalisation entre Belgrade et Pristina négocié par l’Union européenne en 2013.
«En tant que jeune nation, nous avons accompli de grands progrès dans la reconstruction de nos vies et la guérison de nos blessures», confie l’ambassadeur à Arab News.
«Dans ce périple de longue haleine, nous n’avons pas été seuls. Nous avons reçu l’aide de pays amis comme le royaume d'Arabie saoudite et les institutions de nos alliés, notamment les États-Unis et l’Union européenne», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tractations très tendues au Congrès américain sur l'aide à l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • Démocrates et républicains se sont vivement écharpés mardi lors d'une réunion du Congrès américain consacrée à l'aide à l'Ukraine
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui devait participer à ce briefing à huis clos par visioconférence, a annulé son intervention à la dernière minute, sans donner de raison

WASHINGTON: Démocrates et républicains se sont vivement écharpés mardi lors d'une réunion du Congrès américain consacrée à l'aide à l'Ukraine, la nouvelle enveloppe capitale pour l'offensive de Kiev étant au coeur de tractations très acrimonieuses.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui devait participer à ce briefing à huis clos par visioconférence, a annulé son intervention à la dernière minute, sans donner de raison.

Washington est le fournisseur le plus important d'aide militaire à Kiev, ayant engagé des dizaines de milliards de dollars depuis l'invasion russe en février 2022.

Mais la promesse du président Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l'Ukraine est sérieusement mise en péril, un scénario catastrophe pour Kiev, dont la contre-offensive à l'été n'a pas apporté les gains territoriaux espérés.

Un premier vote de procédure, prévu mercredi au Congrès sur un nouveau gigantesque volet militaire, humanitaire et macroéconomique pour Kiev, devrait sauf grande surprise échouer.

Cris et hurlements

Conscient que le sentiment d'urgence s'est bien émoussé à Washington depuis le début de la guerre, le dirigeant démocrate Joe Biden avait demandé le 20 octobre de coupler sa demande d'aide pour l'Ukraine -- plus de 61 milliards de dollars -- à une d'environ 14 milliards pour Israël, allié historique des Etats-Unis en guerre contre le Hamas.

Mais les élus conservateurs conditionnent l'aide à un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique. Ce que les démocrates, pour l'instant, refusent.

Les négociations autour de cette enveloppe sont si tendues que plusieurs membres du Congrès ont fait état de cris et hurlements lors de la réunion mardi après-midi. Les républicains ont ensuite quitté la salle en bloc.

"Ils ont choisi de mettre en péril le financement de l'Ukraine et ils devront tous vivre avec ce choix lorsque Vladimir Poutine marchera sur Kiev et sur l'Europe", a fustigé le sénateur démocrate Chris Murphy.

"Nous pourrons nous considérer responsables de la défaite de l'Ukraine si nous n'arrivons pas à lui fournir ce financement", a abondé mardi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, en visite au Mexique.

"L'Ukraine est tout simplement à court d'argent" a-t-elle alerté, indiquant s'être entretenue avec les membres du Congrès à propos de cette "situation désastreuse".

«A court de ressources»

Les responsables ukrainiens martèlent qu'il leur faut davantage d'armement pour éviter que les frappes russes ne plongent des millions de personnes dans le noir cet hiver, comme l'an dernier.

La Maison Blanche a elle-même tiré la sonnette d'alarme lundi, assurant que l'aide militaire américaine à l'Ukraine pourrait être coupée net dans les prochaines semaines, faute d'accord budgétaire avec l'opposition républicaine.

"Si le Congrès n'agit pas, d'ici la fin de l'année nous serons à court de ressources pour livrer plus d'armes et d'équipements à l'Ukraine et pour fournir du matériel venant des stocks militaires américains", a écrit la directrice du Budget de la Maison Blanche Shalanda Young.

Zelensky à Washington en septembre

Anticipant le risque de lassitude du grand allié américain, le président Zelensky s'était rendu à Washington en personne en septembre, rencontrant Joe Biden mais aussi des élus du Congrès avec lesquels il a eu de longs échanges.

Mais sa visite n'avait pas eu l'effet escompté: embourbé dans une série de crises internes qui ont mené à la destitution du précédent speaker, le Congrès n'avait finalement pas validé de nouveaux fonds pour son offensive.

Les tractations actuelles auront-elles une issue plus favorable?

"Je reste plutôt confiant sur le fait que, malgré la dramatisation du moment, on est plutôt bons sur 2024", a indiqué une source européenne lundi, n'excluant toutefois pas un "blocage" compte tenu des dissensions très fortes au sein du parlement de la première puissance économique mondiale.


En visite au Moyen-Orient, Poutine poursuit son retour sur la scène internationale

Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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  • M. Peskov a confirmé que le président russe évoquerait notamment le conflit israélo-palestinie
  • Entre la pandémie et l'offensive en Ukraine, M. Poutine limite ses déplacements depuis bientôt quatre ans

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine se rend mercredi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite avant de recevoir le président iranien à Moscou jeudi, poursuivant son retour sur la scène internationale en dépit des tentatives occidentales de l'isoler.

Traité en paria par les Occidentaux et visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour la "déportation" d'enfants ukrainiens, Vladimir Poutine réservait jusque-là ses rares voyages à l'étranger à ses plus proches alliés.

Il était par exemple absent des dernières grandes rencontres internationales: le sommet du G20 en Inde en septembre et celui des BRICS en Afrique du Sud en août. M. Poutine avait expliqué éviter ces réunions pour ne pas "causer de problème" aux organisateurs.

Avec l'échec de la grande contre-offensive estivale ukrainienne sur le front, l'absorption du choc des sanctions occidentales par l'économie russe et l'attention internationale focalisée sur Gaza et Israël, M. Poutine semble plus confiant.

Selon le Kremlin, M. Poutine rencontrera aux Emirats le président Mohammed ben Zayed al-Nahyane pour évoquer leurs perspectives de coopération et la situation au Moyen-Orient.

M. Peskov a confirmé que le président russe évoquerait notamment le conflit israélo-palestinien, ainsi que les réductions de la production de pétrole dans le cadre de l'Opep+ dont la Russie est membre.

S'agissant du Proche-Orient, M. Poutine s'est montré critique d'Israël depuis le début de la guerre avec le Hamas, dénonçant la "catastrophe" humanitaire à Gaza et appelant à la création d'un Etat palestinien. Un message qu'il devrait marteler lors de ce déplacement dans le monde arabe.

Lors d'un sommet virtuel du G20 à ce sujet fin novembre, il avait accusé les Occidentaux de faire preuve d'indignation sélective en dénonçant son offensive en Ukraine, les interpellant sur l'"extermination des civils en Palestine".


L'UE met en garde la Chine sur le déséquilibre des échanges, avant un sommet à Pékin

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
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  • Le déficit commercial de l'Union européenne avec la Chine a doublé en deux ans pour atteindre le chiffre record de 390 milliards d'euros en 2022
  • Mme von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel sont attendus jeudi à Pékin

BRUXELLES: L'Union européenne ne tolérera pas indéfiniment un déséquilibre de ses échanges avec la Chine, a mis en garde mardi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, tout en affirmant sa préférence pour "des solutions négociées", à deux jours d'un sommet à Pékin.

"Les dirigeants européens ne toléreront pas dans la durée un déséquilibre dans les échanges commerciaux", a-t-elle déclaré dans un entretien à Bruxelles avec l'AFP, au nom de la European Newsroom, qui regroupe des agences de presse européennes.

"Nous avons des outils pour protéger notre marché", a-t-elle poursuivi, tout en disant sa préférence pour "des solutions négociées".

Mme von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel sont attendus jeudi à Pékin pour un sommet entre l'UE et la Chine.

Un rééquilibrage de ces échanges est aussi dans l'intérêt de la Chine, a-t-elle souligné, ajoutant que Pékin devait maintenant "soigneusement examiner" les options qui sont sur la table.

Ce sommet UE-Chine est un "sommet des choix", a-t-elle insisté, et "plusieurs choix positifs peuvent être décidés pour améliorer la situation".

Le déficit commercial de l'Union européenne avec la Chine a doublé en deux ans pour atteindre le chiffre record de 390 milliards d'euros en 2022, a souligné Mme von der Leyen.

Le "déséquilibre est visible", les exportations chinoises vers l'UE sont trois fois plus importantes que celles de l'UE vers la Chine, a fait remarquer la responsable allemande.

"En d'autres termes, quand vous avez trois containers venant de Chine vers l'Europe, deux d'entre eux repartent à vide" vers la Chine, a-t-elle souligné.

La croissance chinoise ralentit et plusieurs experts s'interrogent sur la marge de manoeuvre des Européens pour obtenir un rééquilibrage significatif des échanges entre les deux géants commerciaux.

Ce ralentissement de l'activité en Chine a eu des conséquences pour l'économie globale, a reconnu Mme von der Leyen.

Des acteurs importants ont fermé leur marché et cela a eu des conséquences "énormes" pour le marché européen, a-t-elle expliqué, soulignant aussi le problème des "surcapacités" de production en Chine et des subventions.

L'UE pour une «concurrence loyale»

"Nous allons discuter de ces sujets, avec des faits et des chiffres, et sur la manière de rééquilibrer le commerce entre l'UE et la Chine", a indiqué la présidente de la Commission, qui se rend en Chine pour la seconde fois cette année.

Les entreprises européennes ne peuvent accéder librement au marché chinois, a encore déploré Mme von der Leyen, en raison d'un "traitement préférentiel" accordé aux entreprises chinoises.

"Nous examinerons aussi les subventions déguisées, directes ou indirectes, en faveur des entreprises chinoises", a-t-elle assuré. L'UE défend la "concurrence loyale", y compris lorsqu'il s'agit d'entreprises opérant sur le marché européen, a-t-elle rappelé.

Elle a évoqué à ce propos les voitures électriques produites en Chine, qui font l'objet d'une enquête de la Commission européenne depuis la mi-septembre sur des subventions jugées illégales.

"Nous sommes au beau milieu de cette enquête, donc cela prendra encore du temps", a-t-elle indiqué, sans plus de détail.

Mme von der Leyen et M. Michel vont aussi évoquer avec leurs interlocuteurs chinois, dont le président Xi Jinping, l'Ukraine et la question du contournement des sanctions occidentales. Des entreprises chinoises sont accusées d'aider la Russie à obtenir des produits et technologies utiles à son effort de guerre contre l'Ukraine.

"Nous sommes dans un dialogue intense avec la Chine, et nous leur montrons différents exemples" à ce sujet, a assuré la présidente de la Commission européenne, ancienne ministre allemande de la Défense. "Nous demandons à la Chine d'agir sur ces cas", a-t-elle souligné.

Interrogée sur le rôle de la Chine dans la négociation sur le réchauffement climatique ouverte à Dubaï dans le cadre de la COP28, Ursula von der Leyen a souligné l'importance de la phase actuelle des discussions.

"La façon dont la Chine agira à la COP28 sera un moment décisif", a-t-elle souligné.

La Chine est responsable de 28% des émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement climatique, contre 7% pour l'Union européenne, a-t-elle rappelé.

Mme von der Leyen a aussi l'intention d'évoquer avec ses interlocuteurs chinois le cas des parlementaires européens sanctionnés par Pékin. "J'ai toujours considéré ces sanctions comme injustifiées", a-t-elle affirmé.

Les eurodéputés français Raphaël Glucksmann et allemand Reinhard Bütikofer, président de la délégation pour les relations avec la Chine du Parlement européen, ont fait l'objet de sanctions de la part de Pékin en 2021, pour avoir dénoncé la répression chinoise contre la minorité musulmane des Ouïghours, dans l'ouest de la Chine.