Un médecin syrien jugé en Allemagne pour crimes contre l'humanité

Manifestation d'opposants au régime syrien devant le tribunal de Koblenz en Allemagne, où un ex-membre des services secrets d'Assad était également jugé, le 13 janvier (Photo, AFP).
Manifestation d'opposants au régime syrien devant le tribunal de Koblenz en Allemagne, où un ex-membre des services secrets d'Assad était également jugé, le 13 janvier (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 19 janvier 2022

Un médecin syrien jugé en Allemagne pour crimes contre l'humanité

  • Arrêté en juin 2020, Alaa M. est renvoyé devant le tribunal pour 18 cas de torture d'opposants au régime syrien et pour le meurtre par injection d'un détenu
  • Il est jugé par le tribunal régional de Francfort et encourt la prison à vie

BERLIN: Alaa M. est accusé d'avoir torturé des prisonniers et tué au moins un opposant de Bachar al-Assad: cet ancien médecin syrien, qui a exercé en Allemagne, est jugé pour crimes contre l'humanité à partir de mercredi à Francfort.

Arrêté en juin 2020 dans la Hesse (ouest de l'Allemagne), Alaa M. est renvoyé devant le tribunal pour 18 cas de torture d'opposants au régime syrien et pour le meurtre par injection d'un détenu.

Pour toutes ces accusations, le parquet fédéral le poursuit pour "crimes contre l'humanité" au nom de la compétence universelle de l'Allemagne. Ce principe juridique a permis la semaine dernière la condamnation à vie d'un ancien gradé syrien dans un autre procès en Allemagne, le premier de ce type.

Alaa M., qui nie fermement les faits reprochés, aurait commis ces exactions présumées dans deux hôpitaux militaires à Homs, dans le centre de la Syrie, et à Damas. Des actes qui illustrent, selon des opposants au régime, l'utilisation de ces établissements sanitaires dans la répression.

Il est jugé par le tribunal régional de Francfort et encourt la prison à vie.

Le médecin aurait aussi sévi dans une prison des renseignements militaires syriens entre avril 2011 et fin 2012 à Homs, bastion de l'opposition au régime.

Nouvelle méthode de torture

A un détenu qu'il avait frappé avec une matraque, le médecin aurait ensuite "administré une injection avec une substance létale (...) dont il est mort en quelques minutes", selon le parquet spécialisé de Karlsruhe.

Le médecin aurait pratiqué cette injection mortelle "afin de démontrer son pouvoir et de réprimer en même temps la révolte d'une partie de la population syrienne", dénonce l'acte d'accusation visant le praticien syrien.

L'accusé est également soupçonné, au cours de l'été 2011, année du déclenchement du soulèvement populaire en Syrie, d'avoir aspergé d'alcool avant d'y mettre le feu les parties génitales d'un adolescent dans la salle d'urgence de l'hôpital militaire de Homs. Il se serait alors vanté auprès d'anciens collègues d'avoir inventé une "nouvelle méthode" de torture.

Les opposants torturés ont subi, selon les cas, coups à la tête, au ventre, dans les parties génitales, sur des blessures. Le médecin aurait procédé à la correction d'une fracture osseuse sans anesthésie, arrosé une plaie avec un désinfectant contenant de l'alcool, avant d'y mettre le feu, selon des éléments recueillis par la justice.

L'accusé a quitté la Syrie mi-2015 pour rejoindre l'Allemagne grâce à un visa délivré par l'Allemagne aux Syriens exerçant certaines profession "en pénurie", dont la médecine.

Chirurgien orthopédique, Alaa M. a exercé dans plusieurs établissements hospitaliers avant d'être reconnu par des réfugiés syriens.

Paisible station thermale

Au moment de son arrestation en juin 2020, il pratiquait dans une clinique de rééducation à Bad Wildungen, paisible station thermale de Hesse. Ses collègues ignoraient tout de son passé dans des geôles syriennes.

Les procureurs de Karlsruhe considèrent Alaa M. comme un partisan fanatique d'Assad qui traitait les opposants de "cafards" et participait "sans réserve" à leur répression.

Sa loyauté envers le régime n'a apparemment pas changé et, selon l'hebdomadaire Der Spiegel, il a tenté de mettre à contribution, sans succès, un groupe de hackers lié au régime syrien pour pénétrer la messagerie d'un accusateur.

Alaa M. est jugé en Allemagne au nom du principe juridique de la "compétence universelle" qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quels que soient leur nationalité et l'endroit où ils ont été commis.

Un ancien colonel des services de renseignement syrien a ainsi été condamné le 13 janvier par la justice allemande à la prison à vie pour crimes contre l'humanité dans le cadre du premier procès au monde lié aux exactions attribuées au régime de Bachar al-Assad.

Des enquêtes sont aussi ouvertes en France à la suite de plaintes de victimes après le conflit en Syrie qui a fait près de 500.000 morts et poussé à l'exil 6,6 millions de personnes.

Des plaintes ont également été déposées en Autriche, en Norvège ou en Suède qui fut en 2017 le premier pays à condamner un ex-soldat du régime pour crime de guerre.


Pour Washington, l'heure de vérité avec Israël sur Rafah

Déjà embarrassés par les plus de 32.000 morts à Gaza, les Etats-Unis insistent sur le risque de pertes civiles et un isolement accru d'Israël, prônant des "alternatives" visant les derniers bastions du Hamas palestinien. (AFP).
Déjà embarrassés par les plus de 32.000 morts à Gaza, les Etats-Unis insistent sur le risque de pertes civiles et un isolement accru d'Israël, prônant des "alternatives" visant les derniers bastions du Hamas palestinien. (AFP).
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  • Les Etats-Unis se sont abstenus lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant pour la première fois l'adoption d'une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza
  • Déjà embarrassés par les plus de 32.000 morts à Gaza, les Etats-Unis insistent sur le risque de pertes civiles et un isolement accru d'Israël, prônant des "alternatives" visant les derniers bastions du Hamas

WASHINGTON: Israël entendra-t-il l'avertissement à ne pas lancer d'offensive terrestre majeure à Rafah? La réponse reste en suspens mais près de six mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Washington prend ses distances avec l'un de ses plus proches partenaires.

Les Etats-Unis se sont abstenus lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant pour la première fois l'adoption d'une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Colère du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a aussitôt annulé la venue d'une délégation israélienne à Washington censée justement répondre aux préoccupations américaines concernant une offensive à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, territoire ravagé par la guerre.

Un haut responsable américain a cependant indiqué mercredi que les services du Premier ministre israélien "ont fait savoir qu'ils aimeraient trouver une nouvelle date" pour organiser cette réunion.

Les Etats-Unis s'opposent à un assaut terrestre sur Rafah, où une grande partie de la population de Gaza s'est réfugiée après avoir fui les bombardements dans le nord.

Déjà embarrassés par les plus de 32.000 morts à Gaza, les Etats-Unis insistent sur le risque de pertes civiles et un isolement accru d'Israël, prônant des "alternatives" visant les derniers bastions du Hamas palestinien.

"Le type de mission que nous pourrions soutenir est une campagne limitée beaucoup plus ciblée à même d'atteindre les mêmes objectifs mais sans causer de dommages massifs à la population civile", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.

Reste que M. Netanyahu a prévenu qu'il lancerait une opération à Rafah avec ou sans le soutien politique des Etats-Unis, au moment où le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se trouvait à Tel Aviv.

Pour Stephen Wertheim, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace, les Etats-Unis "s'efforcent de limiter les dégâts d'une telle opération" à Rafah, déjà intensément bombardée depuis plusieurs jours.

Aucun impact tangible

Les Etats-Unis ont affiché un soutien sans faille à Israël depuis le début de la guerre provoquée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien et continuent de lui fournir quantité d'armes.

Mais face à l'ampleur des victimes civiles et la situation humanitaire dramatique, ils ont augmenté leur pression sur Israël, le sommant en particulier de permettre l'acheminement de davantage d'aide humanitaire.

Les Etats-Unis ont aussi haussé le ton en imposant récemment des sanctions contre quelques colons accusés de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

"L'administration Biden cherche de plus en plus à prendre ses distances avec Israël et surtout avec Netanyahu", souligne Michael Singh, du Washington Institute, un centre de recherche dans la capitale.

Mais le président Joe Biden a clairement fait savoir qu'il n'utiliserait pas son principal moyen de pression: l'aide militaire à Israël.

Une résolution "envoie un signal, mais elle n'a aucun impact tangible sur la capacité d'Israël à poursuivre le conflit", souligne M. Singh, tandis que les restrictions en matière d'armement "auraient un coût beaucoup plus élevé" sur les plans stratégique et politique.

Le ver est dans le fruit depuis le début de la guerre, alors que tout oppose l'administration démocrate de Joe Biden et la coalition formée par M. Netanyahu, qualifiée par le président américain de "gouvernement le plus à droite" dans l'histoire d'Israël.

Pas de « volte-face »

Au-delà de la conduite de la guerre, les Etats-Unis et Israël divergent aussi fondamentalement sur l'après-conflit et le dégagement d'une voie vers la création d'un Etat palestinien, auquel M. Netanyahu est farouchement opposé.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, fervent partisan d'Israël et proche de Joe Biden, a lancé un pavé dans la mare en critiquant personnellement M. Netanyahu et en exhortant à la tenue d'élections, un "bon discours" selon le président américain.

Des responsables américains ont vite assuré qu'il ne parlait pas au nom du gouvernement. Mais d'aucuns s'interrogent pour savoir s'il n'a pas dit tout haut ce que beaucoup au sein de l'administration Biden pensent tout bas.

A quelques mois de la présidentielle de novembre, M. Biden est confronté à une pression politique de plus en plus grande émanant de la population musulmane et arabe américaine ainsi que des jeunes électeurs et l'aile gauche de son parti.

Selon un sondage Gallup publié mercredi, seuls 36% des Américains approuvent les actions d'Israël, contre 50% en novembre.

James Ryan, directeur exécutif du Middle East Research and Information Project, dit s'attendre à ce que "les critiques se durcissent" mais pas à "un grand volte-face" des Etats-Unis vis-à-vis d'Israël.


Washington dit avoir abattu quatre drones houthis en mer Rouge

Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué dans un communiqué publié sur X que ses forces ont "détruit quatre systèmes aériens sans pilote de longue portée" vers 02H00 locales mercredi (23H00 GMT mardi). (AFP).
Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué dans un communiqué publié sur X que ses forces ont "détruit quatre systèmes aériens sans pilote de longue portée" vers 02H00 locales mercredi (23H00 GMT mardi). (AFP).
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  • Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué dans un communiqué publié sur X que ses forces ont "détruit quatre systèmes aériens sans pilote de longue portée"
  • "Il a été déterminé que ces armes présentaient une menace imminente pour les navires marchands et les bâtiments de la marine américaine dans la région"

WASHINGTON: L'armée américaine a annoncé mercredi avoir abattu quatre drones lancés par les houthis du Yémen qui ciblaient un navire de guerre des Etats-Unis en mer Rouge.

Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué dans un communiqué publié sur X que ses forces ont "détruit quatre systèmes aériens sans pilote de longue portée" vers 02H00 locales mercredi (23H00 GMT mardi). Aucun blessé ni dégât n'a été rapporté, selon la même source.

"Il a été déterminé que ces armes présentaient une menace imminente pour les navires marchands et les bâtiments de la marine américaine dans la région", ajoute le communiqué.

"Ces actions sont prises pour protéger la liberté de navigation et rendre les eaux internationales plus sûres" pour ces mêmes navires, explique la même source.

En novembre, les Houthis, soutenus par l'Iran, ont débuté une campagne de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge, une région essentielle pour le commerce mondial, expliquant agir en solidarité avec les Palestiniens, au moment où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Ils ont ensuite élargi leurs cibles aux navires associés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, après les frappes menées par ces deux pays contre leurs positions au Yémen.


Le ministre saoudien des Affaires étrangères reçoit un appel téléphonique de son homologue britannique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron. (Photo, AFP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron. (Photo, AFP)
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  • Les deux ministres ont discuté des derniers développements dans la bande de Gaza
  • D’autres questions régionales et internationales d’intérêt commun ont également été abordées

RIYAD: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a reçu un appel téléphonique de son homologue britannique, David Cameron, mercredi.

Les deux ministres ont discuté des derniers développements dans la bande de Gaza ainsi que des relations bilatérales, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’autres questions régionales et internationales d’intérêt commun ont également été abordées.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com