Biden fait revenir la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis

Le président américain Joe Biden prend la parole lors de la 90e réunion d'hiver de l'USCM le 21 janvier 2022 à Washington, DC. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden prend la parole lors de la 90e réunion d'hiver de l'USCM le 21 janvier 2022 à Washington, DC. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

Biden fait revenir la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis

  • Intel envisage d'embaucher 3 000 personnes pour ces sites, dont la construction mettra à contribution 7 000 ouvriers du bâtiment
  • L'enjeu est aussi diplomatique puisque les puces sont en grande partie fabriquées à Taïwan, sur lequel la Chine a exprimé des revendications territoriales

WASHINGTON : Joe Biden s'est associé vendredi à l'annonce du géant Intel d'un investissement massif de 20 milliards de dollars pour produire aux États-Unis des puces électroniques, dont la pénurie contribue à la flambée de l'inflation, urgence économique du moment.

"C'est un investissement véritablement historique aux États-Unis et pour les travailleurs américains", a réagi le président américain depuis la Maison-Blanche, y voyant un moyen d'assurer à l'avenir l'indépendance économique du pays.

Il martèle que l'inflation galopante aux États-Unis est directement liée aux problèmes de chaînes d'approvisionnement mondiaux et presse les industriels de faire revenir la production aux États-Unis.

Ces puces informatiques sont essentielles pour un grand nombre de secteurs et de produits allant des voitures aux smartphones en passant par les équipements médicaux et même les aspirateurs.

Intel a annoncé la construction, à partir de la fin de l'année, de deux usines de semi-conducteurs à proximité de la capitale de l'État de l'Ohio, Columbus, avec l'objectif de faire démarrer la production de puces à partir de 2025.

C'est un investissement "initial", a précisé son patron Pat Gelsinger, aux côtés de Joe Biden à la Maison-Blanche, évoquant 100 milliards de dollars d'investissements pour la prochaine décennie pour répondre aux besoins des entreprises en semi-conducteurs.

Sécurité nationale et économique

Joe Biden a, lui, souligné l'énorme potentiel économique en prenant l'exemple des voitures, dont 4% des composants sont actuellement des semi-conducteurs. En 2030, ceux-ci représenteront 20% de la fabrication des automobiles.

"Mon administration va continuer à utiliser tous les outils à sa disposition pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement, renforcer notre résilience économique et fabriquer plus en Amérique, parce qu'in fine, il s'agit de sécurité nationale, de sécurité économique", a souligné l'hôte de la Maison-Blanche.

Selon lui, les nouvelles usines d'Intel dans l'Ohio sont aussi "un symbole de ce qu'est l'Amérique": des personnes de tous horizons travaillant ensemble pour avoir "l'industrie la plus sophistiquée" au monde.

Intel envisage d'embaucher 3 000 personnes pour ces sites, dont la construction mettra à contribution 7 000 ouvriers du bâtiment.

Avec la pandémie qui a mis en lumière la dépendance industrielle à l'Asie, les gouvernements, en particulier aux États-Unis et en Europe, sont devenus soucieux de sécuriser leur approvisionnement en semi-conducteurs après des années au cours desquelles la fabrication s'est déplacée vers des pays asiatiques à moindres coûts.

L'enjeu est aussi diplomatique puisque les puces sont en grande partie fabriquées à Taïwan, sur lequel la Chine a exprimé des revendications territoriales.

"Les États-Unis étaient autrefois en tête du monde dans la fabrication mondiale de semi-conducteurs", a rappelé la Maison-Blanche. "Mais au cours des dernières décennies, les États-Unis ont perdu leur avantage: notre part de la production mondiale de semi-conducteurs est passée de 37% à seulement 12% au cours des 30 dernières années", a-t-elle déploré.

Joe Biden a fait son allocution avec ce slogan en toile de fond: "A future made in America" ("Un avenir fabriqué en Amérique").

Les conseillers économiques de Joe Biden ont par ailleurs observé que l'an passé, un tiers des augmentations annuelles des prix était dû "uniquement aux prix élevés des voitures", là où la pénurie de puces a le plus sévi.

Joe Biden a donc pressé vendredi le Congrès à adopter une législation visant à renforcer la recherche et le développement ainsi que la fabrication aux États-Unis de produits essentiels.

Peu d'effet à court terme

Le patron d'Intel a, lui aussi, pressé les législateurs à aller de l'avant. "Nous prenons notre part [de travail] mais nous ne pouvons pas tout faire tout seuls", a-t-il souligné, mettant en avant les énormes retombées économiques.

Le Sénat avait adopté en juin dernier une loi sur l'innovation et la concurrence. "L'administration travaille avec la Chambre et le Sénat pour finaliser cette législation", a indiqué la Maison-Blanche.

Le texte comprend le financement du "CHIPS for America Act", qui fournira 52 milliards de dollars "pour catalyser davantage d'investissements du secteur privé et maintenir le leadership technologique américain", selon la Maison-Blanche.

Depuis le début de 2021, l'industrie des semi-conducteurs a annoncé près de 80 milliards de dollars de nouveaux investissements aux États-Unis jusqu'en 2025, selon les données de la fédération du secteur, citées par la Maison-Blanche.

Selon la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, "les consommateurs américains peuvent s'attendre à des prix plus bas" grâce au retour de la production des semi-conducteurs qui font tourner notre économie.

Pour autant, compte-tenu des délais pour commencer la production, il y aura peu d'effet sur l'inflation à court terme.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.