Frankly Speaking : L'Arabie saoudite peut être « le premier exportateur de pétrole et lutter contre le changement climatique »

Dr Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, sur Frankly Speaking. (Capture d'écran)
Dr Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, sur Frankly Speaking. (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 24 janvier 2022

Frankly Speaking : L'Arabie saoudite peut être « le premier exportateur de pétrole et lutter contre le changement climatique »

Dr Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, sur Frankly Speaking. (Capture d'écran)
  • Le problème ne réside pas dans les hydrocarbures mais dans les émissions, a déclaré le responsable de la politique environnementale du Royaume
  • Les mesures visant à inverser la dégradation des terres ont été une réalisation majeure du sommet du G20 sous la présidence saoudienne en 2020

DUBAÏ: L'Arabie saoudite peut conserver son rôle de premier exportateur de pétrole au monde tout en poursuivant une stratégie ambitieuse pour atténuer les effets du changement climatique, a déclaré l'un des principaux décideurs de la politique environnementale du Royaume à Arab News

Le Dr Osama Faqeeha, vice-ministre de l'environnement, de l'eau et de l'agriculture, a déclaré que l'enjeu pour le Royaume et pour le monde était de faire face aux émissions polluantes de la production d'hydrocarbures, tout en explorant d'autres usages des produits pétroliers et des alternatives renouvelables. 

« Nous voyons que le problème n’est pas dans les hydrocarbures mais dans les émissions », a-t-il indiqué, soulignant que « les produits pétrochimiques, le plastique, les fournitures médicales, les vêtements ainsi que d’autres objets sont fabriqués à partir d'hydrocarbures; les émissions constituent le problème, à savoir les émissions de CO2. » 

Faqeeha, qui est étroitement impliqué dans la mise en œuvre des mesures de la « Saudi Green Initiative » dévoilées l'an dernier, est apparu sur Frankly Speaking, la série d'entretiens vidéo avec des décideurs politiques et des hommes d'affaires de premier plan. 

Il a également évoqué le plan ambitieux de plantation de 10 milliards d'arbres dans le Royaume, la campagne de protection de son écosystème environnemental et de sa biodiversité, et les efforts en cours pour améliorer la qualité de l'air dans la capitale Riyad et dans d'autres grandes villes. 

Faqeeha a souligné que la campagne environnementale lancée dans le cadre de la SGI fait partie d'une stratégie globale pour relever les défis du changement et du réchauffement climatiques. 

« Dans ce contexte, l'Arabie saoudite s’est lancée dans l’économie circulaire du carbone, une démarche qui consiste vraiment à traiter le CO2 comme n'importe quel autre déchet, en le prenant et en le recyclant de différentes manières. 

« Nous devons réaliser qu'il n'y a pas d'approche unique qui puisse à elle seule relever le défi du changement climatique mondial. 

« Nous avons besoin d'énergies renouvelables, nous avons besoin de l'économie circulaire du carbone, nous avons besoin de recyclage, nous devons arrêter cette déforestation, préserver les habitats, réduire les plastiques marins. Nous devons nous concentrer sur tout cela », a-t-il déclaré. 

Le projet de planter 10 milliards d'arbres en Arabie saoudite au cours des prochaines décennies est une particularité frappante de la SGI, reconnue comme un défi compte tenu du climat désertique aride du Royaume et du niveau relativement faible des précipitations. 

 « Il s'agit certainement d'un objectif ambitieux très stimulant. Comme Son Altesse Royale le Prince héritier (Mohammed bin Salman) l'a annoncé, l'échéancier s'étalera sur les prochaines décennies. Nous visons vraiment la pérennité de l’environnement. Nous avons l'intention d'atteindre cet objectif en tenant dûment compte de cette pérennité.  

« Pour y parvenir, nous nous concentrerons tout d'abord sur l'utilisation des espèces végétales indigènes du Royaume. Croyez-le ou non, il existe plus de 2 000 espèces de flore documentées dans le Royaume qui se sont adaptées au climat sec et aride de l'Arabie saoudite. 

« Ces plantes ont donc vraiment prospéré dans cet environnement et s'y sont (pleinement) adaptées », a-t-il déclaré. 

Le programme de forestation — déjà en cours — se concentrera sur quatre domaines principaux : la restauration de la flore naturelle dans les montagnes et les vallées; un programme de « verdissement urbain » pour les grandes villes; la plantation dans les zones agricoles pour soutenir la production alimentaire et les communautés rurales; et la plantation d'arbres le long des principales autoroutes pour contrer l'avancée du sable et améliorer l'expérience des voyageurs. 

Des sources d'eau renouvelables seront également utilisées dans le programme de plantation d'arbres pour éviter de mettre en danger les précieuses eaux souterraines. Les eaux usées traitées et la collecte des pluies faisaient partie des techniques validées par les décideurs en matière de politique environnementale, ainsi qu'une plus grande utilisation des ressources maritimes. 

« L'Arabie saoudite possède des milliers de kilomètres de côtes sur le golfe Arabique et la mer Rouge. Il existe deux espèces de palétuviers indigènes qui poussent réellement dans l'eau de mer, nous avons donc l'intention de nous concentrer également sur ces espèces », a-t-il déclaré. 

La pratique traditionnelle qui consiste à couper du bois naturel pour faire des feux de camp a provoqué un débat dans le Royaume car elle est tenue pour responsable d'une partie de la désertification que la SGI s'est engagée à éliminer. 

« L'exploitation forestière illégale était un problème important. Les habitants ont une affinité pour les atouts locaux, ils aiment vraiment les pique-niques et les activités de plein air, ils aiment allumer les feux de bois et organiser des réunions de famille autour et ce sont des traditions locales que nous chérissons vraiment. Cependant, cela a coûté cher à la végétation locale. La nouvelle loi sur l'environnement a imposé des sanctions sévères sur l'exploitation forestière illégale. 

« D'autre part, nous avons beaucoup incité à importer des alternatives, comme le charbon et d'autres substituts au feu de bois, qui permettront essentiellement aux membres de la communauté de passer encore un bon moment sans nuire à la végétation », a-t-il déclaré.  

L'Organisation mondiale de la santé a critiqué l'Arabie saoudite et d'autres pays du Moyen-Orient pour leurs faibles normes de matière de qualité de l'air, mais Faqeeha a contesté quelques-unes des conclusions de l'OMS. 

« Je voudrais mettre en valeur une distinction entre la pollution de l'air et la qualité dégradée de l'air. Vous avez parfois une qualité dégradée de l'air et ce n’est pas parce qu'elle est polluée par les activités humaines. L'OMS utilise les matières particulaires comme principaux paramètres pour mesurer la qualité de l'air. 

« C'est un très bon paramètre pour (des endroits comme) l'Europe et les États-Unis, où la surface végétale est étendue, et où les matières particulaires proviennent principalement des centrales électriques, des usines et d’autres activités humaines. Nous appelons ces matières particulaires des particules anthropiques ou MP. 

« Ici en Arabie saoudite et dans la région dans son ensemble, les matières particulaires ont des causes naturelles, provenant principalement de tempêtes de poussière. Il est certain que la qualité de l'air se dégrade pendant les tempêtes de poussière - personne ne prétend qu'il est sain d'aller à l'extérieur et d'inhaler la tempête de poussière.  

C'est donc vraiment à cela qu'ils (l'OMS) font référence. C'est une qualité de l'air dégradée à cause des particules naturelles émanant des tempêtes de poussière », a-t-il déclaré. 

Le ministère travaille sur des mesures globales pour réduire les tempêtes de poussière et améliorer la qualité de l'air, a déclaré Faqeeha. 

Lors du sommet COP26 sur le changement climatique à Glasgow l'année dernière, certains experts ont averti que l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe souffriraient plus que d'autres parties du monde des effets du réchauffement climatique sur la santé, notamment de la chaleur extrême, des maladies et de la pollution de l'air. 

Faqeeha a reconnu qu'il s'agissait d'un problème auquel les décideurs étaient confrontés. « Indéniablement, le changement et le réchauffement climatiques sont un défi mondial majeur que nous prenons très au sérieux. Il existe très peu d’études permettant d’établir des perspectives en termes de température. (Les études) sont très rares.

« En fait, dans toute la région, nous n'avons pas de centre climatique pour les études sur le climat et c'est pourquoi le prince héritier a annoncé la création du Centre régional d'études sur le climat ici, qui sera défendu par le Centre national de météorologie en Arabie saoudite. Son travail consiste à vraiment faire des études nationales et régionales sur les perspectives à moyen et long terme du changement climatique », a-t-il déclaré. 

L'un des grands axes de la stratégie environnementale saoudienne, a-t-il ajouté, est la volonté d'inverser la tendance à la dégradation des terres et à la désertification, un contributeur majeur à la génération d'émissions de gaz à effet de serre polluants qui coûtent environ mille milliards de dollars dans le monde (881 milliards d’euros). 

« La dégradation des terres est le deuxième contributeur de gaz à effet de serre. En fait, la dégradation des terres est la cause d'environ plus de 50 % de la perte de biodiversité, ce qui représente une contribution importante. En outre, cela a un impact énorme sur les terres agricoles et la sécurité alimentaire », a déclaré Faqeeha. 

Les mesures visant à inverser la dégradation des terres ont été une réalisation majeure du sommet du G20 sous la présidence saoudienne en 2020. 

Faqeeha a également décrit la nouvelle stratégie du Royaume en matière de gestion des déchets, qu'il considère comme un domaine propice à la participation du secteur privé et aux investissements étrangers. 

 « La participation du secteur privé est un catalyseur important pour atteindre les objectifs de la stratégie environnementale nationale », a-t-il déclaré. 

« De nombreuses entreprises internationales arrivent et elles estiment que l'environnement réglementaire est désormais très propice à leur participation. » 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.


La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour 2025 et 2026 

La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
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  • L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025
  • La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB)

PARIS: La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1.

Lors de la publication prévue le 19 décembre, "nous allons remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine. Nous étions à 0,7% pour cette année, à 0,9% pour l'année prochaine", a-t-il indiqué en ajoutant qu'il ne pouvait pas encore donner de chiffres.

L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025.

La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,5% au trimestre précédent, a-t-elle indiqué jeudi.

"Evidemment, même si on allait à 1% (de croissance l'année prochaine, NDLR), ça ne suffit pas. C'est résilient, mais non suffisant", selon le gouverneur.

"L'économie, l'activité, résistent malgré cette incertitude" politique estime le gouverneur qui rappelle qu'il y a un an "beaucoup craignaient une récession", qui a été évitée.

"Il y a une estimation assez convergente qui dit qu'au total, l'incertitude nationale plus internationale nous coûte à peu près 0,5 point de croissance (...) et que la part nationale là-dedans, c'est au moins 0,2. Donc, si on arrivait à sortir avec une stratégie budgétaire et une stabilisation politique, on peut espérer gagner 0,2%", selon le gouverneur.

Le vote du budget de la sécurité sociale mardi "je relève simplement que c'est une étape franchie", "c'est pas du tout la fin de ce chemin", a insisté M. Villeroy de Galhau.

Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026.

Les discussions sur le budget de l'Etat se poursuivront en janvier si le Sénat et l'Assemblée ne parviennent pas à un accord, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, excluant de facto le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.

"Baisser suffisamment le déficit total" 

Le gouverneur de la Banque de France a aussi rappelé mercredi qu'"on ne sait pas aujourd'hui si on va arriver à baisser suffisamment le déficit total".

"On part de 5,4% du PIB, du poids de notre économie, pour ce déficit total. Il faut être à 3% dans quatre ans (...) Donc, si on doit faire ce chemin en quatre ans, il faut faire le quart du chemin la première année. C'est pour ça que moi, j'ai plaidé un déficit à 4,8% l'an prochain".

Le gouverneur "croit qu'il reste très important d'être aussi proche que possible de ce chiffre de 4,8%", à la fois "pour sortir de l'étouffement progressif par la dette, parce que les intérêts de la dette prennent de plus en plus notre marge de manœuvre", et puis "pour ramener la confiance".

Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a pour sa part dit mercredi sur RTL souhaiter toujours que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales réunis) soit à "5% (du PIB) et pas au-dessus" en 2026.

Cela implique que l'Etat renfloue les caisses de la Sécurité sociale de 4,5 milliards d'euros après le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, celui-ci aggravant le déficit de la Sécu par rapport au projet initial du gouvernement.

M. Lescure considère que le vote la veille du budget de la Sécurité sociale, avec un déficit alourdi, faisait "remonter d'un cran" la difficulté d'obtenir un vote du budget de l'Etat, qui va devoir compenser.