Syrie: des mineurs pris au piège d'une prison après une attaque djihadiste

Les combats ont diminué en intensité dimanche soir alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, et la coalition emmenée par les Etats-Unis consolident lundi leurs positions autour de la prison. (AFP).
Les combats ont diminué en intensité dimanche soir alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, et la coalition emmenée par les Etats-Unis consolident lundi leurs positions autour de la prison. (AFP).
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Publié le Mardi 25 janvier 2022

Syrie: des mineurs pris au piège d'une prison après une attaque djihadiste

  • Fer de lance de la lutte contre l'EI, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, et la coalition emmenée par les Etats-Unis ont consolidé leurs positions autour de la prison, en vue de mener un assaut
  • ais leur progression est entravée par la présence de mineurs dans la prison, utilisés comme boucliers humains

HASSAKE: Les combattants kurdes ont été déployés lundi dans le nord-est de la Syrie en vue d'un assaut contre une prison attaquée par des jihadistes, suscitant de vives inquiétudes quant au sort de centaines de mineurs, dont beaucoup d'étrangers, qui y sont encore détenus.

Jeudi dernier, plus d'une centaine de membres du groupe Etat islamique (EI) ont pris d'assaut avec des camions piégés et des armes lourdes la prison de Ghwayran à Hassaké, l'une des plus grandes abritant des jihadistes en Syrie.

De violents combats opposant forces kurdes et combattants de l'EI se déroulent depuis plusieurs jours à l'intérieur et aux alentours de la prison à la suite de cette attaque, la plus importante revendiquée par l'EI depuis sa défaite il y a près de trois ans en Syrie.

Selon un nouveau bilan établi lundi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 154 personnes ont été tuées en cinq jours de combats entre forces kurdes et jihadistes --102 jihadistes, 45 combattants kurdes et sept civils.

Près de 45.000 personnes ont fui leur domicile après l'assaut de la prison et les intenses combats qui ont suivi, selon l'ONU.

Fer de lance de la lutte contre l'EI, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, et la coalition emmenée par les Etats-Unis ont "commencé à s'introduire dans des parties de la prison, qui reste sous le contrôle de l'EI" après avoir libéré plusieurs combattants kurdes et des membres du personnel détenus par l'EI, selon l'OSDH.

Les combattants de l'EI se sont terrés dans un immeuble situé dans le côté nord de la prison, toujours selon l'ONG.

Les FDS ont indiqué dans un communiqué qu'environ 300 combattants de l'EI s'étaient rendus à la suite d'un raid contre un des immeubles où ils s'étaient regroupés au sein du centre pénitentiaire.

Un correspondant de l'AFP sur place a vu des bus et des véhicules militaires en train de transporter des combattants présumés de l'EI de la prison.

Selon des groupes de défense des droits de l'homme et l'ONU, plus de 700 mineurs seraient détenus à Ghwayran, une ancienne école reconvertie en centre de détention très surpeuplé, abritant au moins 3.500 membres présumés de l'EI, dont beaucoup d'étrangers, y compris occidentaux.

Les mineurs y sont originaires de Syrie, d'Irak mais aussi de dizaines d'autres pays étrangers, selon l'ONG Save the Children.
Mineurs pris au piège

Selon Eva Hinds, la porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), le sort des mineurs piégés, dont environ 10% auraient 15 ans ou moins, était une source de "grave préoccupation".

"Les FDS avaient initialement alloué une section spéciale pour les enfants", a déclaré Mme Hinds. "Beaucoup d'entre eux ont des proches adultes à l'intérieur (de la prison) et les ont depuis rejoints dans d'autres sections."

Pour Sara Kayyali, chercheuse chez Human Rights Watch (HRW), des "enfants sont en effet pris au piège" dans la prison.

La chercheuse a indiqué avoir reçu un message vocal d'un mineur blessé à Ghwayran disant qu'"il y a des cadavres partout". "Les enfants encourent un risque considérable des deux côtés."

Save the Children, qui a aussi reçu un message vocal de la part d'un mineur implorant de l'aide et faisant état de multiples décès de mineurs, a appelé à évacuer immédiatement les enfants de la prison.

Dans leur communiqué, les FDS ont signalé la présence de mineurs dans la prison, pris "en otage" et utilisés comme "boucliers humains" par les jihadistes, pour se protéger des attaques.

Soutien de la coalition

Principal soutien des forces kurdes lors de leurs offensives contre l'EI, les forces de la coalition basées dans la région se sont massivement déployées à Hassaké.

Dans un communiqué publié lundi, la coalition, menée par Washington, s'est dite "déterminée à faire échouer" l'attaque de l'EI.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a ensuite précisé que les forces américaines étaient impliquées dans les combats.

"Nous avons mené une série de frappes" de précision visant "les combattants de l'EI qui attaquent les FDS depuis les bâtiments de la zone", et les forces américaines fournissent également un soutien au sol "limité", notamment en positionnant des blindés sur les routes menant à la prison, a-t-il ajouté.

Les autorités kurdes ont décrété "un couvre-feu complet à Hassaké et ses alentours pour sept jours à compter du 24 janvier", afin "d'empêcher les membres de cellules terroristes de s'échapper".

Hormis ceux de première nécessité, les commerces sont fermés.

Alors que le nord-est de la Syrie est en proie à un froid glacial, des civils habitant près de la prison ne savent pas vers où fuir.

Selon Nicholas Heras, du Newlines Institute à Washington, "les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l'EI de retrouver sa force et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée".

Les Kurdes, qui contrôlent des régions du nord et nord-est de la Syrie, réclament en vain depuis des années le rapatriement de quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités --européennes et autres-- détenus dans leurs prisons.

Malgré sa défaite en 2019, l'EI parvient toujours à mener des attaques meurtrières grâce à des cellules dormantes.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.