Un système de santé en déliquescence laminé par la pandémie

Le médecin français Pierre-Emmanuel Lebas (C) s'entretient avec un patient aux urgences de l'hôpital de Draguignan le 11 janvier 2022. Situé dans un département de la Côte d'Azur, région pourtant bien dotée en structures médicales, ce centre hospitalier dans l'arrière-pays couvre les besoins en soins d'un bassin de 100 000 habitants. Nicolas TUCAT / AFP
Le médecin français Pierre-Emmanuel Lebas (C) s'entretient avec un patient aux urgences de l'hôpital de Draguignan le 11 janvier 2022. Situé dans un département de la Côte d'Azur, région pourtant bien dotée en structures médicales, ce centre hospitalier dans l'arrière-pays couvre les besoins en soins d'un bassin de 100 000 habitants. Nicolas TUCAT / AFP
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Publié le Mardi 25 janvier 2022

Un système de santé en déliquescence laminé par la pandémie

  • Désert médical, crise de l'hôpital, soignants au plus mal: percuté par le Covid après des décennies de restrictions, le système de santé français traverse une grande dépression à l'approche de la présidentielle
  • La crise sanitaire continue de laminer un secteur pressé par dix années d'étau budgétaire, aux conséquences délétères: endettement, sous-investissement, salaires en berne

PARIS: Désert médical, crise de l'hôpital, soignants au plus mal: percuté par la Covid après des décennies de restrictions, le système de santé français traverse une grande dépression à l'approche de la présidentielle que le quinquennat Macron n'a pas su prévenir. A moins de trois mois de l'élection, des soignants interpellent les politiciens : «Qu'ils se réveillent et qu'ils viennent voir !» Des hôpitaux de proximité, loin de l'hôpital-entreprise, des embauches, de jeunes recrues notamment, la suppression des ARS... les candidats à l'Elysée ne manquent pas d'idées pour remettre d'aplomb le secteur de la santé, répondre aux besoins des hôpitaux et lutter contre les déserts médicaux.

"Quoi qu'on mette en place, tout se délite, il n'y a rien qui les retient": dans un service de réanimation parisien, une cadre de santé expérimentée peine à combler les nombreux postes vacants dans son équipe d'infirmières.
Les jeunes "ne veulent plus de ce boulot" et "ne sont pas prêts à faire tous les sacrifices" consentis par leurs aînés. "Et ils ont sûrement raison", ajoute-t-elle.
Dans chaque hôpital, les mêmes "vagues" de départs ont suivi les marées de l'épidémie.
La crise sanitaire continue de laminer un secteur pressé par dix années d'étau budgétaire, aux conséquences délétères: endettement, sous-investissement, salaires en berne. Les milliards du "Ségur de la santé", déversés entre deux confinements, ont à peine desserré l'étreinte.
Partout reviennent les mêmes témoignages de lits fermés faute de soignants pour les "armer", de plannings bouclés au prix d'heures supplémentaires et de congés abandonnés.

 

Paroles d'infirmières face à «la déliquescence de l'hôpital public»

«Qu'ils se réveillent et qu'ils viennent voir !»: des infirmières de l'hôpital public voudraient que le prochain quinquennat se traduise par une hausse des effectifs, des salaires et du nombre de lits pour pouvoir s'occuper "dignement" des patients, comme l'illustrent des témoignages recueillis par l'AFP.

«Qu'ils arrêtent de dire que tout va bien»
Séverine est infirmière en soins généraux (IDE) dans un hôpital du Val-de-Marne. Son souhait: "Qu'on nous laisse le temps de nous occuper de nos patients".
"Les soignants ne veulent plus venir travailler à l'hôpital", relate la quadragénaire, pour qui cette désaffection est liée "aux salaires", "un vrai problème".
Mais aussi au nombre insuffisant d'infirmiers. "En réanimation, nous avons la chance d'avoir un quota réglementé -deux infirmières pour cinq lits- mais ce n'est pas le cas des autres services".
"Quand il manque quelqu'un, eh bien c'est pas grave... L'infirmière prend plus et encore plus de malades, au détriment de la qualité des soins qu'elle délivre aux patients".
Quand la soignante est interrogée sur ses attentes pour le prochain quinquennat, elle répond du tac au tac: "Qu'ils arrêtent de dire que tout va bien", "alors qu'au fond, rien ne fonctionne".

«Qu'on arrête de fermer des lits»
Lilas, infirmière anesthésiste diplômée d'État (IADE) à Paris depuis 15 ans, explique attendre "un petit peu comme tout le monde" qu'on "arrête de fermer des lits".
"Les urgences sont saturées, des personnes âgées, isolées, sont opérées en ambulatoire parce qu'il n'y a pas de lit pour elles, même pour 24h", détaille-t-elle. "Mais une petite mamie de 86 ans qui s'est fait opérer de la hanche, si elle tombe, elle ne se relève pas".
Sans parler des délais d'attente pour avoir un rendez-vous. "Tout le monde ne peut pas aller dans le privé !", fait valoir la quinquagénaire, parlant "de système à deux vitesses".
L'infirmière espère également voir arriver embauches et revalorisations salariales. "Quand une infirmière est toute seule pour 35 malades, elle fait comment ?"
Avec la crise du Covid, "nous avons répondu présent, mais les politiques ne répondent pas présent: c'est toujours l'austérité". "Nous sommes fatigués, nous sommes désabusés, nous sommes dégoûtés".

«Qu'ils recrutent du personnel et revalorisent les salaires»
Les politiques ? "Qu'ils se réveillent et qu'ils viennent voir exactement comment ça se passe dans un service, qu'ils se rendent compte des difficultés qu'on rencontre", exhorte Magali, infirmière à l'hôpital Bicêtre en région parisienne.
La trentenaire demande une chose: "qu'il y ait plus de personnels soignants -médecins et paramédicaux- auprès des patients pour s'occuper dignement d'eux". Mais "avec le Covid, l'hôpital attire encore moins. Les gens n'ont plus envie de venir y travailler", constate la jeune infirmière, en poste dans un service de réanimation.
"On veut bien soigner les gens, mais il faut mettre le personnel pour et traiter ces derniers convenablement pour qu'ils restent", poursuit-elle, jugeant nécessaire "qu'ils recrutent du personnel et revalorisent les salaires".

«Que la politique de santé soit une réelle priorité»
Aurélie, infirmière anesthésiste dans les Hauts-de-Seine depuis six ans, raconte assister "à la déliquescence de l'hôpital public". "Un scénario déjà en route avant le Covid mais qui s'est précipité avec la crise sanitaire".
"Il faut que la politique de santé soit une réelle priorité" du prochain quinquennat "avec un mot d'ordre: attractivité des métiers du soin".
Pour cela, outre les revalorisations et la révision des ratios de patients par infirmier, la quadragénaire juge nécessaire de "donner des perspectives d'évolution aux infirmiers".
"Nous sommes sur le qui-vive concernant la fin de cette législature et le prochain quinquennat", explique l'infirmière anesthésiste, rappelant que les IADE se battent depuis un an pour "une reconnaissance statutaire". Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'y est engagé. Reste à savoir "si les paroles vont être actées concrètement".
Et plus généralement, Aurélie voudrait voir stopper "la démédicalisation de la gouvernance des hôpitaux" pour que les décisions ne se fassent plus uniquement sous le prisme financier. "L'hôpital n'est pas une entreprise de soins". "On a déshumanisé les métiers du soin, sabotant toute vocation".

 

Mais vu du ministère, "il n'y a pas de saturation générale". Au contraire, "il y a encore de la place" dans la plupart des services, malgré la réduction continue des "capacités": 20% en vingt ans, soit 100.000 lits de moins.
Pendant ce temps, la fréquentation des urgences a doublé. Avec 22 millions de passages par an, l'engorgement est manifeste, la tension palpable. La longue grève de 2019 n'avait pas surgi de nulle part. Là aussi les bras manquent, au point que certains services ne tournent qu'avec des intérimaires recrutés à prix d'or.
D'autres affichent porte close la nuit, laissant dans le dénuement ceux pour qui l'hôpital est devenu le premier recours.

Gérer la pénurie

Leur nombre s'accroît à mesure qu'avancent les "déserts médicaux". Selon les définitions, entre 3,7 et 7,4 millions de personnes habitent une "zone sous-dense", où l'accès aux généralistes est limité à deux ou trois consultations par an.
Chez les spécialistes, les délais de rendez-vous se comptent parfois en mois. La faute au choix malthusien du "numerus clausus", supprimé l'an dernier après avoir asséché le vivier pendant un demi-siècle.

Dans le Lot, département rural du Sud-Ouest, Philippe Dumont, 70 ans, cherche en vain depuis trois mois un médecin traitant pour lui et surtout sa femme Véronique, 66 ans, atteinte de deux cancers.
Sa quête l'a mené jusqu'à 60 kilomètres autour de leur village de Gigouzac. Mais il n'a essuyé que des refus.
"La galère" a commencé en octobre, se souvient-t-il, lorsqu'ils essaient de prendre rendez-vous avec leur généraliste à Cahors, à une trentaine de minutes de route de chez eux.
"Un message laconique nous apprend que ce radical antivax, par ailleurs très compétent, a été suspendu par l'ARS."
Depuis, les refus des autres médecins s’accumulent. "Quelle que soit la façon dont on s'y prenne, par téléphone ou par Doctolib, la réponse est toujours la même: +on ne prend plus de patients+"!

Dans ce contexte, le couple envisage de déménager près de Toulouse, à 130 kilomètres de là, où Véronique Dumont est suivie par un oncologue.
C'est déjà dans cette ville qu'ils vont "voir, après avoir pris rendez-vous six mois plus tôt, l'ophtalmo ou les autres spécialistes qui ont déserté le Lot".

"J'ai 62 ans, je vais essayer de tenir encore un peu" avant la retraite: à moins de trois mois de la présidentielle, Dominique Bassenne, l'un des deux derniers gynécologues de Bar-le-Duc déplore, comme plusieurs collègues, le manque de clarté des candidats sur la santé.
Il en est certain: quand il aura définitivement fermé la porte de son cabinet, ouvert en 1996 avec deux associés partis à la retraite depuis, personne ne viendra le remplacer.
"En 2021, j'ai fait 7.500 consultations", raconte le médecin, parfois obligé d'orienter des patientes vers des généralistes. "Mais c'est pareil, ils sont débordés, alors les patientes vont finir aux urgences", elles aussi "débordées", selon lui.
Et pour une consultation à son cabinet, qui ne désemplit pas de 08H30 à 20H00, pas de rendez-vous "avant fin mars", précise le praticien pour qui la situation reste "gérable" mais qui n'a jamais "eu ce délai-là".
La Meuse compte encore huit gynécologues-obstétriciens en activité, en cabinet ou à l'hôpital, selon l'Ordre des Médecins, soit 8,5 praticiens pour 100.000 habitants. La médiane française est de 14,2 pour 100.000, et le département "le moins bien loti" est la Creuse, avec 3,3 praticiens pour 100.000 habitants, précise l'Ordre.
Désormais la démographie médicale recule, quand la population française augmente et vieillit. Un "creux" est attendu dans les prochaines années, qui serait comblé "à l'horizon 2030" grâce au relèvement des quotas d'étudiants admis par les universités.

Au total, les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur prévoient de former 51.505 médecins entre 2021 et 2025. Emmanuel Macron a promis une enveloppe de 19 milliards pour le Ségur de la Santé et la suppression du numerus clausus, laissant la porte ouverte à la possibilité de créer une 4e année obligatoire des études de médecine dans les déserts médicaux, une idée que défend la candidate LR Valérie Pécresse.
En attendant il faudra gérer la pénurie. Les tentatives répétées pour encadrer la liberté d'installation des praticiens échouent immanquablement: trop conflictuel, pour un résultat incertain, la contrainte risquant d'agir comme un repoussoir.
Même rejet systématique pour l'obligation d'exercer quelques années dans un "désert" après dix ans d'études. Une proposition vécue comme une provocation par des internes déjà pressurés bien au-delà du maximum légal de 48 heures hebdomadaires et sans qui l'hôpital s'écroulerait.

Avec la campagne présidentielle ressurgit aussi l'idée de "débureaucratiser" les établissements publics, reprise en choeur par trois des favoris de droite et d'extrême droite - Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour - à grand renfort de chiffres erronés: loin des 30% à 35% avancés à la volée, les postes administratifs ne représentent que 10% du million de salariés du secteur, contre 13% dans le privé.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, promettent 100.000 soignants supplémentaires et de nouvelles hausses de salaires, mais la facture du "Ségur", financée à crédit, ne laisse pas de marge de manoeuvre budgétaire, sauf à plomber un peu plus le déficit de la Sécu.
Reste la piste du partage de tâches, qui consiste à élargir les compétences des infirmiers, kinés et autres paramédicaux pour alléger le fardeau des médecins. Mais ces derniers freinent toute évolution, rechignant à échanger leur pouvoir - et l'argent qui va avec - contre ce temps qui leur manque si cruellement.

 

Présidentielle: cinq propositions des candidats sur la santé passées au crible

Une multitude de propositions: avec la crise sanitaire qui a mis en évidence les besoins des hôpitaux et les difficultés pour nombre de Français d'accéder à un médecin, les candidats à l'Elysée fourmillent d'idées pour remettre d'aplomb le secteur de la santé. En voici cinq d'entre elles:

Adieu à l'hôpital-entreprise (gauche)
A gauche, c'est la gestion elle-même des hôpitaux qui est remise en cause par les candidats. Christiane Taubira souhaite ainsi "sortir l’hôpital public de la tyrannie comptable de la tarification à l'activité". Pour y parvenir, elle entend notamment recruter "100.000 soignantes et soignants" et les rémunérer correctement, dignement, à la hauteur des meilleurs de nos partenaires européens", afin de soulager le personnel des hôpitaux fortement éprouvé par la crise sanitaire.
Sa rivale à gauche, la PS Anne Hidalgo, veut elle aussi "tourner la page de l’hôpital-entreprise". Elle prévoit également de recruter massivement et promet de mettre sur pied "une conférence sur les salaires avec les organisations patronales et syndicales".
Au-delà de la gauche, l'ensemble des candidats à l'Elysée proposent de recruter. Mais le chef de l'Etat élu en avril devra aussi trouver le moyen de financer ces mesures, la facture du "Ségur", financée à crédit, ne laissant pas beaucoup de marge de manoeuvre budgétaire.

Des hôpitaux de proximité (Roussel et Mélenchon)
S'il était élu président le 24 avril prochain, le communiste Fabien Roussel entend lutter contre les déserts médicaux en construisant un hôpital public de proximité à moins de 30 minutes de chaque bassin de vie. Le candidat, qui présente la santé comme "un bien commun", prévoit que ces hôpitaux disposent d’une maternité, d'un service d'urgence et de chirurgie.
Dans le même esprit, le LFI Jean-Luc Mélenchon propose un service d'urgence hospitalière, un EHPAD et une maternité à moins de 30 minutes de chaque Français.

"Docteur junior" à la campagne (Pécresse)
Pour lutter contre les déserts médicaux, où les généralistes font défaut, la candidate LR Valérie Pécresse souhaite puiser dans le vivier des étudiants en médecine. "Je proposerai à 4.000 étudiants en médecine générale une année de « docteur junior » pour qu’ils viennent exercer dans les territoires sous-dotés".
Elle souhaite aller ainsi plus loin que la suppression du numérus clausus adoptée par le président sortant Emmanuel Macron, qui n'a pas encore officialisé sa candidature. Cette mesure, votée en 2019 et mise en oeuvre en 2021 par le gouvernement, laisse les universités fixer elle-mêmes leurs capacités d'accueil et ses résultats ne devraient être visibles que dans plusieurs années, lorsque les nouveaux étudiants de 2021 seront diplômés.

Embauches d'urgence de médecins (Zemmour)
Le polémiste d'extrême-droite Eric Zemmour entend lutter contre les déserts médicaux grâce à "l'embauche en urgence" par l'Etat de 1.000 médecins salariés, envoyés dans ces territoires. Pour y parvenir, il cite régulièrement en exemple le département de Saône-et-Loire qui a salarié des médecins dans ses centres de santé. Il défend aussi des services d'urgence de proximité.
Suppression des ARS (Le Pen et Zemmour)
Les Agences régionales de santé (ARS) dont l'action lors du premier confinement avait été fortement critiquées par les élus locaux, se retrouvent malgré elles dans le programme des deux candidats d'extrême droite. Marine Le Pen veut les supprimer et confier leur mission aux préfets de région. Eric Zemmour compte également supprimer les ARS, car il trouve qu'on a "technocratisé la gestion de la médecine". D'une manière générale, la débureaucratisation du secteur de la santé revient chez de nombreux candidats.
Et aussi... des expropriations
A l'extrême gauche, le candidat du NPA Philippe Poutou, veut "exproprier les grands groupes de l’industrie pharmaceutique" afin de "nous réapproprier les outils de production, sans indemnité ni rachat".

(Avec AFP)


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.


Paris convoque l'ambassadrice d'Italie après des propos "inacceptables" de Matteo Salvini

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  • La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie, Emanuela D’Alessandro, pour dénoncer les propos du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, jugés contraires au climat de confiance entre les deux pays
  • Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron "y aille lui-même" en Ukraine, casque et fusil, provoquant un tollé diplomatique

PARIS: La France a convoqué l'ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, "à la suite des propos inacceptables" tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l'encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l'envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.

"Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine", a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.

Interrogé lors d'un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu'Emmanuel Macron "y aille lui-même" en mettant un casque et prenant un fusil.

Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de "fou", l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.

La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d'une "coalition des volontaires", envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s'y refuse.