Il y a 60 ans, la première arrivée triomphale du «France» à New York

Le collectionneur français Jacques Dworczak pose derrière une reproduction de l'ancien paquebot français "Le France/Norway", le 5 février 2009, à la maison de ventes Artcurial à Paris. (Photo, AFP)
Le collectionneur français Jacques Dworczak pose derrière une reproduction de l'ancien paquebot français "Le France/Norway", le 5 février 2009, à la maison de ventes Artcurial à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 28 janvier 2022

Il y a 60 ans, la première arrivée triomphale du «France» à New York

  • Dans sa lente remontée du fleuve Hudson, le navire aux célèbres cheminées rouges et noires à ailerons est escorté par une imposante flottille de bâtiments divers
  • Parmi ses quelque 600 000 passagers entre Le Havre et New York, le mythique «palace flottant» aura transporté Salvador Dali, Alfred Hitchcock ou Audrey Hepburn

PARIS : Le 8 février 1962, le prestigieux navire "France" faisait une entrée triomphale dans le port de New York, sous la clameur des sirènes, bouclant sa première traversée transatlantique et amorçant une aventure marquée par plusieurs vents contraires.

Cet emblème des "trente glorieuses" françaises, qui finira à la ferraille en Inde en 2008, s'attire alors tous les superlatifs: "le plus long, le plus récent, le plus luxueux" des paquebots reliant l'Europe à l'Amérique, décrivent les dépêches AFP de l'époque.

Parti du Havre le 3 février, le navire s'engage dans la baie de New York à l'heure prévue cinq jours plus tard, à 9h45 locales, malgré de gros grains pendant la traversée. Il a parcouru en 101 heures les 3 000 milles marins (5 556 km) séparant Bishop Rock (à l'extrémité sud-ouest de l'Angleterre) du bateau-phare Ambrose, à une vitesse moyenne de 29,7 noeuds (55 km/h).

"Nous avons essuyé une véritable tempête pendant douze heures avec des creux de 14 mètres. Mais grâce à la vitesse du France, nous avons rattrapé le temps perdu", se félicite le commandant Georges Croisile, assailli de questions par les centaines de reporters venus de tout le pays.

Le paquebot est quasi indemme: "les hublots brisés avaient été remplacés par l'une des portes vitrées du grand salon, défoncée" par la tempête, écrit l'envoyé spécial de l'AFP.

Dans sa lente remontée du fleuve Hudson, le navire aux célèbres cheminées rouges et noires à ailerons est escorté par "une imposante flottille de bâtiments divers (...) Dans le ciel complètement couvert, d'innombrables hélicoptères de la police et des garde-côtes, des avions privés et des hydravions de l'aéronavale" l'accompagnent.

Coincée dans un ascenseur

"Une minute avant l'arrivée devant la statue de la liberté, les sirènes du France retentissent. Tous les remorqueurs et autres bateaux dans le port lui répondent dans un bruit assourdissant". Les bateaux-pompes municipaux crachent des gerbes d'eau, un accueil traditionnellement réservé aux paquebots qui entrent pour la première fois dans le port de New York.

Parmi les 1 727 passagers massées sur les ponts, se pressent des célébrités, dont le romancier Joseph Kessel et la chanteuse Juliette Greco. Un "passager clandestin", un journaliste monté en douce et découvert peu après le départ du Havre, a été "gardé à vue" pendant la traversée.

Le navire accoste à 13h00 locales (19h00 en France) sur le quai de la "Compagnie générale transatlantique" (la "French line"), tous les immeubles voisins pavoisés de bleu-blanc-rouge. Une fanfare municipale entonne la Marseillaise devant les milliers de new-yorkais venus assister au spectacle dans Battery Park, à la pointe sud de Manhattan.

Mis à l'eau le 11 mai 1960 aux chantiers de Saint-Nazaire en présence du général de Gaulle et de son épouse Yvonne, le France mesure 316 mètres de long, peut accueillir plus de 2 000 passagers en première classe ou classe touriste, propose deux piscines, une nursery, une grande bibliothèque, toutes ses cabines sont climatisées.

Ses parties communes aux meubles en formica, matériau star des années 1960, sont ornées de tapisseries abstraites et de lithographies de Picasso, Braque ou Dufy.

Lors de son voyage inaugural aux îles Canaries en janvier 1962, sa marraine Yvonne de Gaulle avait subi une petite mésaventure, brièvement coincée dans un ascenseur au moment de débarquer à Tenerife.

Rebaptisé «Norway»

Inauguré en période faste, le France est vite confronté aux impératifs économiques. Concurrencé par le "Queen Elizabeth", puis par l'essor du transport aérien, ce gros consommateur de mazout reçoit le coup de grâce avec le choc pétrolier de 1973.

Le 30 octobre 1974, l'exploitation du paquebot déficitaire est arrêtée après 377 traversées de l'Atlantique Nord, le gouvernement ayant décidé de ne plus le subventionner.

A l'abandon sur un quai du Havre, le France est racheté par un homme d'affaires saoudien puis, en 1979, par un armateur norvégien qui le rebaptise "Norway" et l'affecte aux croisières dans les Caraïbes.

Après l'explosion d'une chaudière qui tue huit marins à Miami (Floride), le Norway, devenu propriété d'un groupe malaisien, est désarmé en 2003 puis démantelé cinq ans plus tard en Inde.

Parmi ses quelque 600 000 passagers entre Le Havre et New York, le mythique "palace flottant" aura transporté Salvador Dali, Alfred Hitchcock ou Audrey Hepburn...


Glissements de terrain en Tanzanie: le bilan monte à 68 morts

Une vue générale de Dar es Salaam, Tanzanie. (AFP)
Une vue générale de Dar es Salaam, Tanzanie. (AFP)
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  • L'Afrique de l'Est est touchée depuis des semaines par des pluies torrentielles et des inondations liées au phénomène climatique El Niño
  • Ces pluies balaient depuis samedi la ville de Katesh, dans le nord de la Tanzanie, à environ 300 kilomètres au nord de la capitale Dodoma

DAR ES SALAAM: Au moins 68 personnes ont été tuées dans des glissements de terrain causés par des pluies diluviennes dans le nord de la Tanzanie, selon un nouveau bilan communiqué lundi par les autorités, qui craignent d'autres victimes.

Un précédent bilan faisait état de 63 morts.

Ces pluies balaient depuis samedi la ville de Katesh, dans le nord de la Tanzanie, à environ 300 kilomètres au nord de la capitale Dodoma, nourrissant d'épaisses coulées de boue qui ont emporté des dizaines de véhicules et habitations.

"Nous avons déjà compté 68 morts et les recherches se poursuivent", a indiqué une responsable régionale, Queen Sendiga.

"Nous pensons qu'il y a davantage de corps à récupérer", avait auparavant dit le Premier ministre Kassim Majaliwa en visite à Katesh, en ajoutant que 116 autres personnes avaient été blessées.

Les recherches et opérations de secours étaient toujours en cours avec l'aide de l'armée, pour retrouver les personnes qui pourraient avoir été ensevelies par la boue.

Des images diffusées par les chaînes de télévision locales montraient des rues jonchées de divers débris de maisons, alors que la circulation et la distribution d'électricité étaient perturbées.

Paschal Paulo, un habitant de la zone, a indiqué à l'AFP que les flots avaient tout emporté sur le marché où il travaillait. Un autre, également employé sur place, James Gabriel, a déclaré être à la recherche de ses proches, et "angoissé".

Une centaine de maisons ont été avalées par les flots de boue, a indiqué une responsable régionale, Queen Sendiga.

L'Afrique de l'Est est touchée depuis des semaines par des pluies torrentielles et des inondations liées au phénomène climatique El Niño, qui ont déplacé plus d'un million de personnes en Somalie et fait plus de 300 morts dans la région.

El Niño, généralement associé à une augmentation des températures, à des sécheresses dans certaines parties du monde et des fortes pluies dans d'autres, devrait se prolonger jusqu'en avril.

Ce phénomène météorologique a déjà fait des ravages dans l'est de l'Afrique. D'octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations nourries par les pluies torrentielles qu'il avait causées avaient fait plus de 6 000 morts dans cinq pays de la région.


La Maison Blanche «à court d'argent» pour aider l'Ukraine

La directrice du Bureau de la gestion et du budget, Shalanda Young (Photo, AFP).
La directrice du Bureau de la gestion et du budget, Shalanda Young (Photo, AFP).
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  • La lettre de Shalanda Young est publiée au moment où l'Ukraine a reconnu l'échec de sa contre-offensive estivale
  • Les Etats-Unis se trouvent depuis des mois dans le plus grand flou budgétaire

WASHINGTON: "Nous sommes à court d'argent et bientôt à court de temps": selon la Maison Blanche, l'aide militaire américaine à l'Ukraine pourrait être coupée net dans les prochaines semaines, faute d'accord budgétaire avec l'opposition républicaine.

"Je veux être claire: si le Congrès n'agit pas, d'ici la fin de l'année nous serons à court de ressources pour livrer plus d'armes et d'équipements à l'Ukraine et pour fournir du matériel venant des stocks militaires américains", écrit la directrice du Budget de la Maison Blanche Shalanda Young, dans un courrier adressé à Mike Johnson, patron de la Chambre des représentants, à majorité républicaine.

Lequel lui a renvoyé sèchement la balle sur le réseau social X (anciennement Twitter): "L'administration Biden est incapable de répondre aux inquiétudes légitimes (des conservateurs) de mon groupe parlementaire sur l'absence de stratégie claire pour l'Ukraine, sur une issue au conflit, ou sur la manière de superviser l'emploi de l'argent des contribuables américains."

La lettre de Shalanda Young est publiée au moment où l'Ukraine a reconnu l'échec de sa contre-offensive estivale, et alors que la Russie lance des assauts répétés en particulier contre la ville d'Avdiïvka, dans l'est du pays.

"Il n'y a pas de financement magique disponible pour faire face à l'urgence. Nous sommes à court d'argent et bientôt à court de temps", assène Shalanda Young dans son courrier.

Le président démocrate Joe Biden avait demandé le 20 octobre au Congrès de voter une enveloppe exceptionnelle de plus de 100 milliards de dollars pour répondre aux urgences du moment, à savoir aider Israël et l'Ukraine, tenir tête à la Chine et répondre aux arrivées de migrants à la frontière sud.

Sur ce montant, plus de 60 milliards de dollars doivent aller à l'Ukraine, dont les Etats-Unis sont de loin le premier soutien depuis l'invasion par la Russie à la fin du mois de février 2022.

"Couper l'arrivée d'armes et d'équipements américains briserait l'effort de guerre de l'Ukraine, cela mettrait en danger les avancées obtenues par l'Ukraine et cela augmenterait la probabilité de victoires russes", ajoute encore Shalanda Young.

"Nos livraisons d'aide militaire ont déjà diminué", constate-t-elle.

«C'est maintenant»

"Ce n'est pas un problème pour l'année prochaine. C'est maintenant qu'il faut aider l'Ukraine démocratique à se battre contre l'agression russe", conclut la directrice du Budget.

La Maison Blanche tient à assurer le financement de l'aide à l'Ukraine au moins jusqu'à la présidentielle de novembre 2024, qui pourrait bien confronter de nouveau Joe Biden à l'ancien président Donald Trump.

Le président russe Vladimir "Poutine ne s'engagera pas vers la paix avant de voir le résultat de notre élection", confiait récemment un haut responsable de la diplomatie américaine.

Les Etats-Unis se trouvent depuis des mois dans le plus grand flou budgétaire, en raison de turbulences parlementaires à n'en plus finir.

Le Congrès de la première puissance mondiale - composé du Sénat à majorité démocrate et de la Chambre des représentants à majorité républicaine - n'a toujours pas voté de budget pour l'année fiscale entamée le 1er octobre dernier.

L'Etat fédéral fonctionne pour l'instant grâce à une rallonge d'urgence qui expirera à la mi-janvier.

Lorsque Joe Biden avait demandé, très solennellement, son énorme enveloppe budgétaire, la Chambre des représentants se trouvait en plein chaos pour cause de dissensions au sein du parti républicain.

Elle s'est depuis dotée d'un chef, ou "speaker", Mike Johnson, ce qui a permis la reprise des débats budgétaires.

Lesquels s'annoncent donc ardus.

Le patron des députés conservateurs demande, en échange du soutien à une nouvelle enveloppe pour l'Ukraine, un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique.

"Les élus républicains à la Chambre veulent que tout financement supplémentaire de notre sécurité nationale commence par notre propre frontière", a indiqué lundi Mike Johnson.


Les troupes russes accentuent encore leurs attaques sur Avdiïvka, selon l'Ukraine

La médecin militaire ukrainienne Vasylyna (à droite), 28 ans, de la 80e brigade d'assaut aérien distincte, soigne un militaire blessé dans une voiture d'évacuation médicale dans une zone non divulguée de la région de Donetsk, le 30 novembre (Photo, AFP).
La médecin militaire ukrainienne Vasylyna (à droite), 28 ans, de la 80e brigade d'assaut aérien distincte, soigne un militaire blessé dans une voiture d'évacuation médicale dans une zone non divulguée de la région de Donetsk, le 30 novembre (Photo, AFP).
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  • Ailleurs en Ukraine, le corps sans vie d'un enfant a été extrait des décombres à Novogrodivka
  • L'armée ukrainienne affirme de son côté repousser les attaques russes et infliger de lourdes pertes à son adversaire

KIEV: Les troupes russes ont encore accentué leurs assauts sur la ville d'Avdiïvka, dans l'Est de l'Ukraine, en attaquant depuis deux directions supplémentaires dans le but d'encercler la ville, ont rapporté lundi les autorités locales.

L'armée russe tente de s'emparer de cette cité industrielle fortifiée du Donbass depuis près de deux mois, si bien qu'Avdiïvka est devenu le principal point chaud du front depuis l'échec de la contre-offensive estivale ukrainienne.

Selon son maire, Vitaly Barabach, les assauts russes ont été "beaucoup plus nombreux" ces deux derniers jours, tout comme les bombardements d'artillerie.

"La troisième vague d'assauts de l'ennemi diffère des deux précédentes en ce qu'elle est lancée depuis deux nouvelles directions", a expliqué le responsable ukrainien.

Selon lui, ces assauts visent à "détourner le plus possible l'attention" des soldats ukrainiens, tandis que les forces russes poursuivent en parallèle leurs tentatives d'encercler Avdiïvka par le Sud et le Nord.

"Il est très probable qu'ils attendent des conditions météorologiques plus favorables pour utiliser des équipements militaires dans ces zones", a-t-il dit.

"Le lancement de nouvelles directions prouve que l'ennemi a reçu l'ordre de s'emparer de la ville à tout prix", a-t-il estimé, précisant que 1.295 civils se trouvaient encore dans la ville.

Selon l'Institute for the Study of War (ISW), centre de réflexion basé aux Etats-Unis qui se fonde sur des images géolocalisées, les troupes russes ont "réalisé des avancées confirmées" ces derniers jours dans la zone d'Avdiïvka.

La chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, a fait état dimanche soir d'une situation "tendue" sur le front et de "succès partiels" de l'armée russe près de Stepove, village situé au nord-est d'Avdiïvka.

Pertes 

L'armée ukrainienne affirme de son côté repousser les attaques russes et infliger de lourdes pertes à son adversaire.

Ailleurs en Ukraine, le corps sans vie d'un enfant a été extrait des décombres à Novogrodivka, dans l'Est, après un bombardement russe qui avait touché un immeuble résidentiel mercredi dernier, a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur ukrainien.

A Lougansk, l'une des deux grandes villes du Donbass sous contrôle russe depuis 2014, une frappe de drone ukrainienne a détruit un dépôt de carburant, selon le gouverneur régional ukrainien Artem Lyssogor.

Cette frappe ukrainienne a été confirmée par les autorités d'occupation russe locales à l'agence Ria Novosti, qui ont précisé qu'elle avait provoqué un incendie sans faire de victimes.

La Russie a elle mené dans la nuit une nouvelle série de bombardements, la défense antiaérienne ukrainienne affirmant avoir abattu un missile Kh-59 et 18 des 23 drones tirés.

Les régions méridionales de Kherson et Mykolaïv ont été visées, ainsi que celle d'Ivanov-Frankivsk, Khmelnytski et Lviv (ouest), selon l'armée ukrainienne.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé la semaine dernière à son armée d'"accélérer" la construction de structures défensives sur le front face à la nouvelle offensive russe, au 22e mois de l'invasion.