Initiative koweïtienne: le Liban fait état de saisies de drogue, Mikati «arrondit les angles»

Le ministre libanais de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, donne une conférence de presse sur la saisie d'un dépôt secret de comprimés de captagon dans la capitale libanaise, Beyrouth, le 25 janvier 2022. (Photo, AFP)
Le ministre libanais de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, donne une conférence de presse sur la saisie d'un dépôt secret de comprimés de captagon dans la capitale libanaise, Beyrouth, le 25 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 janvier 2022

Initiative koweïtienne: le Liban fait état de saisies de drogue, Mikati «arrondit les angles»

  • L'initiative appelle à des mesures sérieuses pour rétablir la confiance avec les États du Golfe au milieu d'inquiétude concernant les armes du Hezbollah
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, donnera samedi une réponse officielle à l'initiative koweïtienne

BEYROUTH : Le ministre de l'Intérieur Bassam Mawlawi a promis que l'État libanais «n'épargnera aucun effort pour contrecarrer toutes les opérations de contrebande et empêcher de nuire à nos frères arabes».

Il a également annoncé jeudi soir que le Bureau de lutte contre la drogue rattaché à la police judiciaire, en coopération avec la division de lutte contre la drogue de la douane, avait saisi environ 12 tonnes de drogue dissimulée dans des boîtes de jus en poudre à destination initiale du Soudan.

Deux jours plus tôt, le ministre avait révélé que les autorités avaient saisi une grande quantité de captagon dissimulée dans une cargaison de thé acheminée par voie maritime vers un pays africain puis vers le Golfe.

Les saisies interviennent alors que le Liban s'efforce de montrer qu'il prend au sérieux le trafic de drogue vers les pays du Golfe et de souligner l'efficacité de ses mesures de sécurité et de renseignement pour lutter contre le commerce illicite.

en bref

Le ministre koweïtien des Affaires étrangères a récemment déclaré qu'il avait donné aux autorités libanaises une liste de mesures suggérées pour atténuer la rupture diplomatique avec les pays du Golfe.

Dans le cadre des efforts visant à améliorer les relations tendues entre le Liban et les États du Golfe, le ministre koweïtien des Affaires étrangères Ahmed Nasser al-Mohammed al-Sabah a présenté une nouvelle initiative lors des pourparlers au Liban la semaine dernière. Cette initiative comprend dix éléments qui «représentent les conditions des pays arabes, des pays du Golfe et de la communauté internationale pour rétablir la confiance envers le Liban», a-t-il souligné lors de sa visite.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, donnera samedi une réponse officielle à l'initiative koweïtienne.

Le Premier ministre Najib Mikati tente d’arrondir les angles de cette réponse, selon une source proche du Premier ministre, en incluant un appel au dialogue sur la question des armes du Hezbollah au motif que les fermes de Chebaa et Kfar Chouba sont toujours occupées par les Israéliens.

La source a aussi révélé que Mikati réitère l'adhésion continue du Liban à l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile dans le pays, aux résolutions internationales et aux efforts pour assurer les meilleures relations possibles avec la région et le monde.

L'initiative koweïtienne a été largement discutée parmi les membres de la classe dirigeante libanaise et il semble que la réponse a subi plusieurs révisions.

Des informations fuitées laissent entendre que l'initiative comprend «des conditions difficiles, dont certaines sont impossibles à mettre en œuvre, comme la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui appelle à la dissolution et au désarmement de toutes les milices libanaises».

Elle appellerait également le Liban à adhérer aux réformes politiques, économiques et financières, à renforcer les institutions de l'État, à adopter la neutralité, à respecter la souveraineté des pays arabes et du Golfe, à cesser toute ingérence politique, médiatique ou militaire dans ces pays, à respecter les décisions de la Ligue arabe et s'engager à respecter les résolutions internationales.

D'autres conditions incluent le désarmement de toutes les milices et l'extension du contrôle gouvernemental sur tout le territoire libanais ; des mesures sérieuses pour contrôler les passages frontaliers libanais et prévenir le trafic de drogue, notamment l'adoption d'une politique de sécurité claire et décisive qui empêche de prendre pour cible les pays du Golfe par des opérations de trafic de drogue ; des mesures pour empêcher l'ingérence du Hezbollah dans la guerre au Yémen ; et des mesures fermes pour empêcher toute réunion ou rassemblement qui pourrait affecter les affaires intérieures des États du Golfe.

Gebran Bassil, le chef du Courant patriotique libre, a signalé que l'initiative koweïtienne comprend des conditions qui prendraient du temps à être mises en œuvre, et certaines qui sont même controversées pour les Libanais.

«Discuter de la question des armes est dangereux», a affirmé à la chaîne Russia Today Bassil, dont le bloc constitue l'équipe du président Michel Aoun au Parlement.

«Il y a une agression israélienne et une invasion palestinienne sur les territoires libanais, et la pression extérieure sur le Liban conduit à une implosion interne alors que le conflit devient un conflit entre ceux qui soutiennent les armes du Hezbollah et ceux qui sont contre ces armes.»

Nabih Berri, le président du Parlement, a assuré que sa position sur les armes du Hezbollah n'avait pas changé.

«Certaines terres libanaises sont toujours occupées par Israël, ce qui donne à ces armes une raison d'exister et donne au Hezbollah et au Liban le droit de résister à l'occupation», a-t-il expliqué.

Bien que le Hezbollah n'ait pas répondu directement à l'initiative koweïtienne, le parti a annoncé que son secrétaire général Hassan Nasrallah prononcera un discours lundi. On ne sait pas s'il soutiendra l'initiative ou renouvellera sa critique des États du Golfe.

L’agence de presse libanaise Al-Markazia a cité une source proche du parti déclarant: «Nasrallah se concentrera sur les raisons et les motifs qui dictent l’adhésion du Hezbollah à la résistance tant qu’il y aura un millimètre de territoire libanais occupé».

Dans son sermon du vendredi, le Cheikh Ahmed Qabalan, un religieux chiite affilié au Hezbollah et au mouvement Amal, s'est adressé aux «frères du Conseil de coopération du Golfe» et a indiqué: «L'ennemi est Israël, pas les Arabes, et le danger réside à Tel-Aviv, pas dans la banlieue sud de Beyrouth».

«La solution ne commence pas par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Les armes de la résistance sont une garantie pour les Arabes et non contre eux.

«Aujourd'hui, les armes de la résistance sont une garantie pour le Liban et sont le plus grand besoin national pour empêcher toute guerre civile, conflits sectaires ou invasion israélienne ou takfiriste».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com