Pour ou contre la vaccination obligatoire ? Des clivages anciens et profonds

Photographie d'illustration prise le 27 janvier 2022, à Montpellier, montrant un masque facial et un pass sanitaire (pass vaccinal) sur un écran de téléphone portable connecté à l'application de traçage Covid-19 '#TousAntiCovid'. (Pascal Guyot / AFP)
Photographie d'illustration prise le 27 janvier 2022, à Montpellier, montrant un masque facial et un pass sanitaire (pass vaccinal) sur un écran de téléphone portable connecté à l'application de traçage Covid-19 '#TousAntiCovid'. (Pascal Guyot / AFP)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Pour ou contre la vaccination obligatoire ? Des clivages anciens et profonds

  • La vaccination obligatoire cristallise la polémique entre ses adversaires, qui y voient une profonde atteinte à la liberté individuelle, et ses partisans, dont nombre de soignants épuisés
  • Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, moins bien vaccinés que leurs adversaires, les soldats français ont été nombreux à être frappés par la variole

PARIS : Faut-il forcer les gens à se faire vacciner ? L'idée, aussi ancienne que les vaccins eux-mêmes, ressurgit actuellement face au Covid et creuse toujours de profonds clivages entre gardiens des libertés publiques et défenseurs de la sécurité sanitaire

L'Autriche imposera début février à tous les adultes de se faire vacciner contre le Covid, devenant le premier pays européen à le faire, après d'autres nations comme l'Indonésie.

Le sujet «fait l'objet d'un débat très intense», a reconnu fin janvier le chancelier autrichien, Karl Nehammer.

Comme dans d'autres pays, la vaccination obligatoire cristallise la polémique entre ses adversaires, qui y voient une profonde atteinte à la liberté individuelle, et ses partisans, dont nombre de soignants épuisés qui mettent en cause la responsabilité des non-vaccinés.

Ce débat n'a pas attendu la crise du Covid. Il ressurgit régulièrement depuis deux siècles, soit quasiment depuis l'invention du premier vaccin, contre la variole, à la fin du XVIIIe siècle.

Dès les années 1800 et 1810, certains pays scandinaves imposent la vaccination obligatoire anti-variole. Quelques décennies plus tard, en 1853, le Royaume-Uni adopte une loi emblématique en ce sens.

Paradoxalement, ces pays sont aujourd'hui ceux où règnent la liberté en matière de vaccination. D'autres, comme la France, imposent au contraire de nombreux vaccins, alors qu'ils ont été initialement lents à s'y décider.

«Au moment où la France a décidé l'obligation», au début du XXe siècle, «l'Angleterre l'a abandonnée et ne l'a jamais reprise», résume la médecin et philosophe Anne-Marie Moulin, qui a participé à de multiples concertations sur la vaccination obligatoire sous l'égide de l'État.

- Violentes manifestations -

Ce double mouvement illustre l'histoire zigzagante de la vaccination obligatoire. Celle-ci s'est imposée ou a perdu son lustre selon les époques et les pays, parfois dans des circonstances plus politiques que sanitaires.

C'est le cas de la guerre franco-prussienne de 1870, lourdement perdue par la France. Moins bien vaccinés que leurs adversaires, les soldats français ont été nombreux à être frappés par la variole, ce qui a pu contribuer à leur défaite.

Dans les années suivantes, plusieurs pays européens en ont tiré les conséquences et imposé légalement le vaccin anti-variole. La France en fait partie même si, là encore, rien n'est simple: il a fallu trente ans de débats parlementaires agités.

Inversement, au Royaume-Uni, de violentes manifestations, notamment dans la ville de Leicester, ont poussé les autorités à revenir sur la vaccination obligatoire dans les années 1900.

L'obligation est donc rarement imposée ou supprimée pour des raisons purement sanitaires, d'autant que la santé publique est elle-même sujette à des modes fluctuantes.

Dans les années 2000, «les spécialistes de santé publique pensaient que politiquement, on ne pouvait plus obliger: (cela) semblait inutile, désagréable et anti-démocratique», souligne Mme Moulin. En 2007, la France supprime notamment l'obligation vaccinale du BCG (contre la tuberculose) pour les enfants, cette maladie ayant quasiment disparu en France.

- Pas une stricte obligation -

Ces considérations «impures», selon les termes de Mme Moulin, sont favorisées par la difficulté d'évaluer l'efficacité de l'obligation.

Nombre de pays, notamment scandinaves, enregistrent d'excellents taux de vaccination alors qu'ils laissent la liberté à leurs citoyens. Mais ce libre choix est-il une cause ou une conséquence de la bonne volonté à se faire vacciner ?

Autre difficulté: définir précisément ce qui constitue une obligation. A ce titre, la crise du Covid a vu émerger un nouveau concept, comme en France, celui du pass sanitaire ou vaccinal.

Ce n'est pas une stricte obligation. Les citoyens gardent théoriquement le choix de se faire vacciner, mais s'ils ne le font pas, ils sont privés de nombreux endroits comme les restaurants.

Faut-il y voir une simple déclinaison dans la longue histoire de la vaccination obligatoire, ou une réelle nouveauté ?

«Il y a une vraie différence de fond», tranche l'historien français Laurent-Henri Vignaud. «Dans un cas, on dit: +c'est l'Etat protecteur qui prend ses responsabilités et qui vous dit ce qu'il faut faire+».

«Dans l'autre cas c'est: +Faites ce que vous voulez, mais en fonction du choix que vous ferez, vous serez appelés à participer complètement à la vie sociale ou pas+», conclut-il, y voyant la raison pour laquelle le Parti socialiste, représentant historique de la gauche française, défend la vaccination obligatoire.

Deux siècles de défiance

Le rejet des vaccins et le refus de l'obligation vaccinale par une frange de la population sont des phénomènes aussi anciens que le procédé lui-même, mis au point à la fin du 18e siècle.

La «contestation de la vaccination» - aujourd'hui accentuée par l'empressement des autorités à vacciner le plus grand nombre contre le Covid-19 - «a toujours existé», souligne ainsi l'historien de la santé Patrick Zylberman.

Rappels historiques sur une défiance bien ancrée:

- Variolisation «diabolique» -

La variole a été durant des siècles une maladie virale terrible jusqu'à son éradication en 1980 grâce aux vaccins.

Avant l'invention de la vaccination, un procédé d'immunisation existait depuis le début du 18e siècle: la «variolisation» consistait à inoculer le virus à travers des scarifications sur les bras, une infection par voie sanguine étant bien moins dangereuse que par voie respiratoire.

La méthode a suscité des controverses tout au long du 18e siècle en Europe, sur le plan scientifique et religieux. Un clergyman anglais, Edmund Massey, comparait en 1772 la variolisation à  une opération «diabolique fondée ni sur les lois de la nature ni sur celles de la religion».

- Peur du «produit animal» -

En 1796, un médecin anglais, Edward Jenner, a l'idée d'inoculer la «vaccine», sorte de variole des vaches, bénigne pour l'homme, à un enfant pour en stimuler la réaction immunitaire.

Le procédé fonctionne mais suscite immédiatement scepticisme et crainte. Une caricature de 1802 montre une séance de vaccination où les personnes inoculées se transforment en monstres mi-homme mi-vache.

«Avec la vaccination, il s'agit de greffer un produit animal sur un organisme humain. C'est l'abomination, l'animalisation de l'être humain», explique Patrick Zylberman.

- Obligations et exemptions -

Au Royaume-Uni, à partir du milieu du 19e, une série de lois, les «Vaccination Acts», imposent la vaccination antivariolique aux enfants et prévoient des amendes pour les parents récalcitrants.

A la liste des griefs contre la vaccination s'ajoute dès lors «l'atteinte aux libertés individuelles», expliquent les chercheuses Annick Guimezanes et Marion Mathieu.

Conséquence: une «clause de conscience» est introduite dans la loi britannique, en 1898 et 1907, pour permettre aux parents hostiles d'échapper aux amendes et de se justifier de la non-vaccination de leurs enfants.

- En rage contre Pasteur -

En 1885, Louis Pasteur met au point un vaccin contre la rage à partir d'une souche atténuée du virus. Mais là encore, le procédé suscite défiance, rejet, soupçon.

Pasteur est accusé de s'enrichir en fabricant une «rage de laboratoire». Les journaux La Lanterne et L'Intransigeant mènent une violente campagne contre le scientifique.

- BCG, diphtérie, tétanos et sels d'aluminium -

Les années 1920 voient se multiplier les vaccins: contre la tuberculose (BCG, 1921), la diphtérie (1923), le tétanos (1926) et la coqueluche (1926).

C'est aussi dans les années 1920 qu'on commence à utiliser les sels d'aluminium comme adjuvant pour accroître l'efficacité des vaccins.

Plus d'un demi-siècle plus tard, ces sels deviennent source de suspicions, accusés en France par l'association E3M de causer une maladie non reconnue, la myofasciite à macrophages.

- ROR: fausse étude, vraie défiance -

En 1998, une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet suggère un lien entre vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et autisme.

L'étude s'avère être un «trucage» de son auteur Andrew Wakefield. Ni le démenti officiel de la revue, ni les multiples travaux postérieurs démontrant l'absence de lien, ne feront taire les craintes sur ce vaccin combiné.

Radié en 2010 de l'ordre des médecins britanniques, Andrew Wakefield rebondit aux Etats-Unis pour mener une croisade anti-vax aux accents complotistes, comme illustré dans son film conspirationniste «Vaxxed» (2016).

-Vaccin H1N1 et narcolepsie -

En 2009, une pandémie de grippe H1N1 fait sonner l'alerte à l'OMS. Des campagnes de vaccination sont organisées à la hâte mais l'épidémie s'avère moins grave que prévu.

Des millions de doses non utilisées doivent être jetées. Les reproches de mauvaise gestion renforcent la défiance, d'autant qu'un des vaccins, le Pandemrix, s'avère accroître le risque de narcolepsie.

En Suède, sur 5,5 millions de personnes vaccinées, 440 personnes ont été officiellement reconnues comme souffrant de ce trouble du sommeil, et indemnisées.

- Revirement taliban sur l'anti-polio -

Officiellement éradiquée d'Afrique grâce à la vaccination, la poliomyélite fait de la résistance en Asie: au Pakistan et Afghanistan, cette maladie qui provoque des paralysies chez les jeunes enfants, reste endémique.

En Afghanistan, les talibans qui dénonçaient les campagnes de vaccination comme un complot occidental pour stériliser les enfants musulmans, ont changé d'attitude à l'été 2021, date de leur retour au pouvoir, et collaborent désormais aux campagnes de vaccination de l'OMS et de l'Unicef.


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.

 


La mère du journaliste français Christophe Gleizes a adressé une demande de grâce au président algérien

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
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  • Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice"
  • La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP

PARIS: La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP.

"Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu'il puisse retrouver sa liberté et sa famille", écrit Sylvie Godard dans cette missive du 10 décembre, assurant faire appel à la "haute bienveillance" du président algérien.

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.

Le 3 décembre 2025, la Cour d'appel de Tizi-Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.

"La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense", indique Mme Godard dans sa lettre au chef de l'État algérien, qu'elle dit écrire "avec gravité et une profonde émotion".

"Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils", développe-t-elle. "Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d'un quelconque propos hostile à l'Algérie et à son peuple."

Deux jours après la décision en appel, le président français Emmanuel Macron avait jugé "excessif" et "injuste" le jugement prononcé contre Christophe Gleizes, se disant déterminé à trouver "une issue favorable".

"Grave injustice" 

Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice".

"Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible", détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l'association, cité dans le communiqué.

M. Gleizes est actuellement le seul journaliste français en détention à l'étranger.

Sa condamnation en première instance en juin 2025 avait été prononcée au pic d'une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.

Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d'apaisement après l'octroi d'une grâce et la libération par Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre

Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d'adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s'accompagner "d'une demande d'aménagement de sa peine".

"Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l'a dit à la Cour, il n'a fait que son métier et n'a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique", assure l'avocat, cité dans le communiqué publié lundi.