Selon des responsables américains, les négociations sur le nucléaire iranien sont à la croisée des chemins

Selon le responsable américain, le temps presse et il faudra probablement «des semaines et non des mois» avant que l'Iran puisse produire des armes nucléaires fissiles. (AFP)
Selon le responsable américain, le temps presse et il faudra probablement «des semaines et non des mois» avant que l'Iran puisse produire des armes nucléaires fissiles. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 02 février 2022

Selon des responsables américains, les négociations sur le nucléaire iranien sont à la croisée des chemins

  • Si aucun progrès n'est réalisé dans les négociations, l'Iran risque de se doter de capacités nucléaires supérieures aux limites imposées par le PAGC
  • «Nous approchons de la date limite après laquelle le retour à l’accord nucléaire de 2015 ne sera plus envisageable», a affirmé un responsable du département d'État américain

Lundi, des responsables du département d'État américain ont fait savoir aux journalistes lors d'une réunion d'information que la relance du Plan d'action global commun (PAGC) était «inconcevable» en raison des avancées réalisées par l'Iran dans le domaine nucléaire.

Par ailleurs, le haut responsable du département d'État a souligné qu'il était «difficile d’imaginer» revenir à l’accord nucléaire si l'Iran refuse de libérer les quatre Américains qu’il retient en otage.

Si aucun progrès n'est réalisé, l'Iran risque de se doter de capacités nucléaires supérieures aux limites imposées par le PAGC, ce qui placerait le Moyen-Orient et le monde dans une situation «très préoccupante».

«Les discussions entrent dans la dernière ligne droite, car comme nous le répétons depuis un certain temps, compte tenu du rythme des avancées de l'Iran dans son programme nucléaire, les pourparlers ne peuvent pas traîner éternellement», a déclaré le haut fonctionnaire du département d'État qui a préféré garder l'anonymat.

«Nous ne sommes pas en train de faire des prédictions, de proférer des menaces ou de fixer une date limite arbitraire. Cela fait un certain temps déjà que nous avertissons de manière indirecte l'Iran et tous nos partenaires du P5+1, qu'il nous reste quelques semaines seulement pour parvenir à un accord, compte tenu du rythme auquel l'Iran avance dans son programme nucléaire», a-t-il expliqué. «Passé ce délai, il sera malheureusement impossible de retourner au PAGC et de bénéficier à nouveau des dispositions de cet accord relatives à la non-prolifération des armes nucléaires». 

Selon le responsable américain, le temps presse et il faudra probablement «des semaines et non des mois» avant que l'Iran puisse produire des armes nucléaires fissiles. En effet, le mois dernier, les responsables iraniens se sont engagés à renoncer à l’enrichissement de l'uranium à plus de 60 %. Toutefois, sans la relance du PAGC, l'Iran pourrait poursuivre ses efforts et enrichir l'uranium à 90 %, ce qui lui donnerait plus de chances de fabriquer une arme nucléaire.

«Nous approchons de la date limite après laquelle le retour au PAGC ne sera plus envisageable, dans la mesure où il ne présentera plus les avantages pour lesquels nous négocions aujourd'hui», a déclaré le responsable.

«Cette situation perdure depuis environ dix mois. Lors de la dernière rencontre à Vienne, en janvier, nous avons mené des négociations particulièrement intenses. Et nous avons réalisé des progrès en mettant de côté certains sujets de discorde et en abordant les sujets prioritaires pour toutes les parties.» 

D'après le responsable américain, l'heure est venue pour l'Iran de prendre des décisions politiques. Il est temps pour lui de décider s'il est disposé à faire les choix nécessaires pour un retour mutuel au PAGC. 

C'est le 14 juillet 2015 que le PAGC (accord de 159 pages) avait été ratifié par l'Iran et les pays du P5+1 (Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni et États-Unis). Il a été entériné par les Nations unies le 29 juillet 2015.

Le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump s'est toutefois retiré de l'accord et a réimposé des sanctions économiques dissuasives à l'encontre de Téhéran, en particulier de lourdes restrictions sur la vente de pétrole. Le haut fonctionnaire du département d'État voit dans l'action de Trump une «mesure catastrophique».

Les dirigeants du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) s’opposent au PAGC, soutenant que l'Iran manquerait à ses engagements. Ils réclament en outre des sanctions plus fermes pour paralyser les dirigeants oppresseurs aux commandes du pays.

«Si on observe le comportement du régime iranien, notamment au cours de l'année écoulée, on constate clairement que le Guide suprême Khamenei avance à grands pas vers la production de la bombe nucléaire et se sert des négociations pour gagner du temps. En désignant Raïssi à la tête du pays, le régime poursuit un double objectif: arracher des concessions à l'Occident et réprimer encore davantage les citoyens défiants qui souhaitent renverser le régime iranien», a déclaré le directeur adjoint du bureau du CNRI à Washington, Alireza Jafarzadeh.

«Une seule solution s’offre aux États-Unis et aux pays du P5+1: changer rapidement de cap avant qu'il ne soit trop tard, réimposer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et amener le régime iranien à rendre des comptes pour les violations flagrantes qu'il commet», a-t-il ajouté.  

Joe Biden s'est employé à rétablir le PAGC en prenant part aux négociations indirectes avec l'Iran à Vienne lancées il y a dix mois, a précisé le responsable américain. «Nous saurons tôt ou tard si nous [les États-Unis] réintégrons le PAGC et si l'Iran remplira à nouveau ses obligations prévues par cet accord ou si nous serons confrontés à une réalité bien différente, marquée par une crise plus aiguë et par davantage de tensions», a-t-il affirmé.

L'administration Biden a indiqué sans ambiguïté, au cours des négociations menées depuis dix mois à Vienne, que le retour au PAGC «servirait les intérêts fondamentaux des États-Unis» et «mettrait un terme à la crise actuelle entourant la non-prolifération des armes nucléaires».

«La relance du PAGC permettrait de désamorcer la crise dont pâtit la région dans son ensemble. En d'autres termes, cela nous sortirait de la situation engendrée par l'erreur catastrophique que l'administration précédente a commise le jour où elle s'est retirée de l’accord nucléaire, ce qui a débouché sur un programme nucléaire iranien incontrôlé et des moyens inadéquats, voire insuffisants, pour le contrer», a déclaré le haut fonctionnaire du département d'État.

«Il est probable que l’Iran refusera de suivre cette voie et nous sommes prêts à composer avec ce scénario. Nous espérons que l'Iran ne prendra pas cette décision. Nous sommes cependant disposés à réagir à ces deux éventualités». 

Il a refusé de préciser quelles actions le gouvernement américain prévoyait si les négociations n'aboutissent pas. Il n'a pas non plus abordé les inquiétudes entourant la situation des quatre Américains retenus en otage par les autorités iraniennes.

Il a toutefois déclaré que «la libération des détenus fait l'objet de négociations distinctes de celles portant sur le PAGC. Comme nous l'avons dit, il est très difficile pour nous d'imaginer un retour au PAGC alors que quatre Américains innocents sont retenus en otage en Iran». 
 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
Short Url
  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Short Url
  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
Short Url
  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.