En Algérie, une tournée US dans les wilayas pour booster le secteur de l'agriculture

Filaha consacre 1 000 ha – sur les 16 000 ha que compte l’exploitation – à la production d’aliments pour bétail et se tournera prochainement vers la production de céréales. (Photo fournie).
Filaha consacre 1 000 ha – sur les 16 000 ha que compte l’exploitation – à la production d’aliments pour bétail et se tournera prochainement vers la production de céréales. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 03 février 2022

En Algérie, une tournée US dans les wilayas pour booster le secteur de l'agriculture

  • L’objectif de cette opération est d’aller à la rencontre des agriculteurs algériens afin d’étudier les opportunités d’affaires avec les opérateurs locaux
  • Les experts américains ont présenté le concept américain des fermes laitières, notamment à travers l’utilisation des nouvelles technologies et l’exploitation du matériel agricole

PARIS : Baptisée «US Agriculture Road Show to Algeria 2022» et organisée par le Conseil d’affaires algéro-américain (USABC) en collaboration avec l’ambassade d’Algérie à Washington, une délégation composée de sept entreprises américaines a effectué, du 15 au 23 janvier, une tournée dans plusieurs wilayas: Oran, Mostaganem, Mascara, Annaba, Souk-Ahras, Guelma, Khenchela, El Oued et Hassi Messaoud.

Les organisateurs expliquent que l’objectif de cette opération est d’aller à la rencontre des agriculteurs algériens afin d’étudier les opportunités d’affaires avec les opérateurs locaux. «Cette tournée a deux objectifs. Le premier consiste à faire connaître à la partie américaine le secteur de l’agriculture et son potentiel», explique le président du Conseil d’affaires algéro-américain (USABC) Smaïl Chikhoune à Arab News en français. Cette tournée – une première en Algérie – nous a permis de visiter plusieurs régions du pays.

M. Chikhoune ajoute: «Les agriculteurs américains ont eu l’occasion de découvrir les cultures traditionnelles, les petites fermes, ainsi que les grands espaces de l’agriculture intensive. Ils ont été agréablement surpris de découvrir de petites exploitations familiales, mais aussi de grands groupes dotés de cultures très bien gérées et qui utilisent les toutes dernières technologies.»

Le président du USABC donne l’exemple de Filaha, société publique qui est une filiale du groupe Cosider, champion national dans le domaine du bâtiment et les travaux publics (BTP) Filaha consacre 1 000 ha – sur les 16 000 ha que compte l’exploitation – à la production d’aliments pour bétail et se tournera prochainement vers la production de céréales.

Entreprises expérimentées

Agri International, entreprise spécialisée dans les solutions agricoles clés en main, Roberts International Agricultural Development LLC, qui s’implique dans la production laitière et dans la construction de parcs d’engraissement de bovins de boucherie, Texas Biotechnology, qui développe une gamme de produits de biorégénération des sols, Five-G Consulting, une société qui propose l’expertise de ses ingénieurs dans la planification d’installations de fermes laitières, ou encore l’entreprise Reinke, spécialisée dans les solutions d’irrigation, figurent parmi les entreprises expérimentées qui participent à cette opération.

Atlas Group, présent en Algérie via Atlas Genie Civil Company Spa, filiale active depuis 2003, emploie 7 000 collaborateurs, dont 80% d’Algériens. «Atlas Group, originaire de Houston, dispose de plusieurs filiales dans les secteurs du gaz et du pétrole, de la biotechnologie, de la construction et de l’agriculture, et travaille depuis de nombreuses années avec l’État algérien sur la construction de logements, de lycées et d’hôpitaux», nous explique Smaïl Chikhoune. En créant Atlas Filaha (Atlas Agriculture), en 2017, le groupe a obtenu une concession de 10 000 hectares dans la ville de Hassi Messaoud pour l’exploitation de la betterave sucrière, l’expérimentation de la culture du blé et l’alimentation du bétail.

Selon M. Chikhoune, dans le cadre du plan de développement d’Atlas Filaha, il est prévu des investissements à hauteur de 250 millions de dollars par an sur trois années, ce qui représente un total de 750 millions de dollars. «Ces investissements seront consacrés, entre autres, au développement d’une industrie du sucre, à la réalisation d’une raffinerie d’huile de tournesol et à la production d’aliments pour bétail», indique-t-il.

Fermes laitières

Les experts américains ont présenté le concept américain des fermes laitières, notamment à travers l’utilisation des nouvelles technologies, l’exploitation du matériel agricole et la gestion des programmes agricoles de grande envergure.

«Texas Biotechnology utilise une technologie innovante en matière de fertilisation: elle permet de nourrir les sols qui manquent de bactéries ou de champignons», souligne Smaïl Chikhoune. Ce dernier rappelle que ce laboratoire spécialisé dans la production de fertilisant bio stimulant, de grains de semence et d’engrais, et qui travaille avec les universités de Houston et de Californie, a recensé plus de 8 000 bactéries qui peuvent être bénéfiques aux sols et aux plantes.

Lors d’une rencontre avec des agriculteurs et des éleveurs algériens dans la wilaya d’Oran, les opérateurs américains ont émis le souhait de construire des projets communs dans les meilleurs délais. Le président de l’USABC nous révèle que les opérateurs américains savent saisir les opportunités d’affaires et détecter le potentiel des investissements à travers le monde. «Les agriculteurs ont bien vu le potentiel de l’Algérie, avec son climat favorable aux diverses cultures et aux plantations dans toutes les régions du pays: le Centre, les Hauts Plateaux, et l’immense Sud. Ils savent aussi que le marché est relativement inexploité», nous explique-t-il.

«En raison de sa position géographique stratégique, l’Algérie constitue une porte d’entrée pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. Ses sols, qui ne sont pas souillés par les produits chimiques, offrent de remarquables opportunités pour développer la culture biologique, très demandée aux États-Unis», poursuit-il. «À Oran, nous avons visité la célèbre ferme de culture d’agrumes, là où le père Clément a inventé la clémentine. Nos partenaires ont beaucoup apprécié ce produit biologique de très haute qualité qui se vend localement entre 1 et 2 dollars, alors qu’il coûte entre 14 et 15 dollars aux États-Unis.»

«Concrétiser des projets»

Don Roberts, agriculteur et éleveur de plus de 5 000 vaches laitières dans l’Utah et responsable de la firme Robert Legacy LLC, spécialisé dans le design des fermes agricoles, estime pour sa part que le terrain est très propice pour nouer des partenariats dans le domaine agricole. «La volonté, l’enthousiasme et le savoir-faire sont présents pour concrétiser des projets», fait-il savoir lors de son intervention. Il se dit prêt à concrétiser des projets de partenariat dans le domaine de la production de l’alimentation pour le bétail, de l’engraissement des bovins et de la production laitière.

De son côté, Dave Staheli, gérant du groupe Staheli West, une entreprise spécialisée dans les équipements agricoles, souligne que le marché algérien est très ouvert pour cette filière. «Nous avons pour ambition de vendre nos produits dans ce vaste pays et de faire l’assemblage des machines en Algérie», déclare-t-il.

Quant à Gideon Dell, gérant de plusieurs firmes, il exprime son désir de renforcer les liens de coopération qu’il avait déjà noués avec des partenaires algériens, notamment dans le cadre de la production céréalière et la fertilisation. Il est ainsi prévu que soit conclu un partenariat avec un opérateur local pour lancer la fabrication d’engrais biologiques.

Pour M. Chikhoune, l’objectif est de s’orienter vers la production de grandes surfaces. Cela permettra, d’une part, de garantir une autosuffisance ainsi que des créations d’emplois, et, d’autre part, de donner la possibilité à l’Algérie d’aller vers l’exportation grâce à la création de consortiums et de coopératives agricoles.

«Composés de gestionnaires, de designers de fermes, experts du sol, de l’irrigation, de l’équipement agricole, de l’alimentation du bétail ou encore le recyclage des déchets, les consortiums sont présents dans de nombreux comme l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, Kenya et Égypte.

«C’est le même consortium qui est venu en Algérie, l’idée est de reproduire ces expériences qui sont très réussies dans ces pays », nous révèle -t-il. Des discussions pour des partenariats gagnant-gagnant sont en cours et seront poursuivies lors de la visite des agriculteurs algériens programmée pour le mois de mai prochain aux États-Unis», conclut-il.


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.