Coup d'envoi au rêve d'une Silicon Valley saoudienne avec un garage inspiré d'Apple

(Abdallah al-Jaber)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Coup d'envoi au rêve d'une Silicon Valley saoudienne avec un garage inspiré d'Apple

  • Des centaines d'experts, de capital-risqueurs et de gourous de la technologie ont été invités au 1er événement Leap 2022 de Riyad
  • Avec The Garage, les jeunes sont sur le point de construire quelque chose de grand, comme la prochaine version saoudienne d'Apple ou d'Amazon

RIYAD: L'Arabie saoudite n’a qu’une seule vision et elle a beaucoup de rêves. L'un de ces rêves est d'avoir sa propre version de la Silicon Valley, un lieu dans lequel de jeunes Saoudiens développent des licornes – des start-up qui atteignent des valorisations d'un milliard de dollars (1 dollar = 0,87 euro) – dotées de technologies de rupture, et dans lequel Riyad devient un haut lieu des capital-risqueurs.

Un tel projet ne pourra pas être réalisé sans la mise en place d'un écosystème. C'est pourquoi des centaines d'experts, de capital-risqueurs et de gourous de la technologie ont été invités au 1er événement Leap 2022 de Riyad, la plus grande conférence sur les technologies jamais organisée dans le Royaume.

De quelle manière s'y prendre? L'une des initiatives lancées lors de cet événement a pour nom «The Garage». Elle a pour objectif d’inciter les Saoudiens à créer leur propre entreprise technologique, à l'image de sociétés géantes – comme Apple – qui ont vu le jour dans des garages familiaux.

En Arabie saoudite, The Garage agira comme un centre d'innovation axé sur le financement et le tutorat de jeunes entreprises technologiques de rupture émergentes.

Le Royaume dispose certainement des fonds nécessaires, mais il lui manque la visibilité et l'expertise.

Le financement a été mis en place avec le lancement officiel du fonds de capital-risque d'Aramco, Prosperity7 Ventures. Ce fonds d'un milliard de dollars porte le nom de son premier puits de pétrole, «Dammam 7», devenu ensuite «Prosperity Well».

Ce pays riche en pétrole a investi 6,4 milliards de dollars dans les technologies du futur, a déclaré le ministre des Communications et des Technologies de l'information du Royaume, Abdallah al-Swaha, aux représentants du Leap 2022.

Lors du forum, le PDG de la Fédération saoudienne pour la cybersécurité, la programmation et les drones (SAFCSP), Muteb Alqany, a également déclaré: «Le projet “The Garage” est un pont parfait pour mettre en relation les start-up de haute technologie avec des investisseurs potentiels.»

Il a ajouté que des subventions, qui s’élèvent à environ 100 000 riyals saoudiens (SAR), soit 26 650 dollars, seront accordées pour les idées commerciales appropriées, tandis que l'investissement pourrait atteindre 500 000 SAR pour les start-up les plus prometteuses.

Le Royaume cherche à renforcer son écosystème technologique grâce à ces efforts. Au cours des huit prochaines années, l'Arabie saoudite s'attend à ce qu'au moins 100 000 à 250 000 emplois supplémentaires soient créés grâce à la croissance rapide du secteur technologique. De fait, cela reviendra à doubler, voire à tripler le nombre de programmeurs que compte aujourd'hui le pays.

Le gouvernement prévoit également de dépenser 1,4 milliard de dollars afin d’encourager les entrepreneurs grâce à des programmes tels que The Garage.

Jad Joumblat, PDG de la société de sécurité informatique SecuriTrust, située à Paris, et cofondateur de SmartFunds Investment, a déclaré à Arab News: «Les technologies de rupture offrent des opportunités stratégiques majeures pour les gouvernements en termes d'économie et de soft power.»

«Être un leader dans les technologies de rupture permet de vendre des biens et des services à forte valeur ajoutée tout en augmentant la croissance du produit intérieur brut. Cela permet également à un pays d'avoir une plus grande influence au niveau national et international et d'être moins dépendant des nations étrangères», ajoute-t-il.

The Garage implique de multiples parties prenantes, telles que la Cité des sciences et des technologies du roi Abdelaziz, le ministère des Communications et des Technologies de l'information et le SAFCSP. Ces organismes soutiendront les entrepreneurs dans le but de renforcer la nouvelle scène technologique saoudienne.

«La Vision 2030 nous amène à adopter la technologie et à nous adapter à elle. Elle nous pousse à être les meilleurs de notre catégorie», a déclaré Bandar Khoreyf, le ministre saoudien de l'Industrie et des Ressources minérales.

Il poursuit: «Au ministère, nous nous intéressons au secteur numérique pour garantir une innovation brillante aux start-up et aux entreprises émergentes. L’existence de The Garage montre que les évolutions numériques naissent localement et ne sont pas seulement importées.»

Le cabinet de services professionnels PWC a identifié huit technologies émergentes clés qui pourraient mener le secteur : l'intelligence artificielle, les robots, les drones, la réalité virtuelle et augmentée, la blockchain, l'impression 3D et l'internet des objets.

Le magazine économique américain Forbes précise que des technologies de rupture telles que la 5G, l'apprentissage automatique non supervisé et les technologies de la santé pourraient également jouer un rôle important dans la prochaine étape de la révolution technologique mondiale.

La route des licornes saoudiennes sera longue et difficile. Néanmoins, avec The Garage, les jeunes sont sur le point de construire quelque chose de grand, comme la prochaine version saoudienne d'Apple ou d'Amazon.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.