Nucléaire iranien: les négociateurs de retour pour tenter de boucler un accord

Le gouverneur russe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mikhail Ulyanov, est photographié au Palais de Cobourg, après la réunion visant à relancer l'accord sur le nucléaire iranien, à Vienne le 27 décembre 2021 (AFP )
Le gouverneur russe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mikhail Ulyanov, est photographié au Palais de Cobourg, après la réunion visant à relancer l'accord sur le nucléaire iranien, à Vienne le 27 décembre 2021 (AFP )
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Publié le Mardi 08 février 2022

Nucléaire iranien: les négociateurs de retour pour tenter de boucler un accord

  • Pour le porte-parole du département d'Etat américain les pourparlers sont parvenus à un stade où une conclusion devient urgente
  • Les pourparlers se déroulent entre les Iraniens et les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie), avec la participation indirecte des Américains

VIENNE : Les négociations sur le nucléaire iranien reprennent mardi à Vienne, avec l'objectif affiché par l'ensemble des protagonistes de conclure un accord au plus vite.

"Les délégations sont de retour" dans la capitale autrichienne, a indiqué à l'AFP une source proche des discussions. Elles sont attendues en début d'après-midi au palais Cobourg, hôtel de luxe où se déroulent les pourparlers. 

La veille, Washington qui ne participe pas directement aux pourparlers n'avait pas caché son impatience.

"Malgré les progrès", les pourparlers "sont parvenus à un stade où une conclusion devient urgente", a prévenu un porte-parole du département d'Etat américain, interrogé par l'AFP.

"Un accord qui réponde aux préoccupations-clés de toutes les parties est en vue, mais s'il n'est pas conclu dans les prochaines semaines, les avancées nucléaires de l'Iran rendront impossible notre retour" dans le texte de 2015, a-t-il ajouté.

"Nous avons adressé un message clair" à l'Iran: "c'est l'heure des décisions, pas de faire traîner le processus", a également insisté le chancelier allemand Olaf Scholz. "Nous espérons qu'ils saisiront cette chance".

Les négociateurs s'étaient quittés fin janvier en appelant à des "décisions politiques" après les "progrès" réalisés au cours du mois, qui avaient permis de sortir d'une longue impasse.

Les pourparlers, qui ont débuté au printemps 2021, se déroulent entre les Iraniens et les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie), avec la participation indirecte des Américains.

Pourparlers toujours indirects

Les Etats-Unis se sont retirés en 2018, sous la présidence de Donald Trump qui le jugeait insuffisant, de ce texte conclu trois ans plus tôt pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.

Ils ont rétabli dans la foulée leurs sanctions économiques; en riposte, la République islamique s'est affranchie des restrictions-clés à son programme nucléaire, placé sous surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les négociations visent à mettre en œuvre un "retour mutuel" de Washington et Téhéran dans l'accord, défendu par l'actuel président américain Joe Biden.

Selon les experts, les Iraniens ont tellement dérogé aux restrictions prévues par l'accord de 2015 qu'ils ne sont plus qu'à quelques semaines de disposer de suffisamment de matière fissile pour fabriquer une arme atomique. 

L'élaboration d'une bombe, une intention qu'a toujours niée la République islamique, requiert toutefois de nombreuses autres étapes. 

Pour accélérer le processus, les Etats-Unis avaient souhaité de nouveau la semaine dernière un dialogue "direct" pour parvenir à un compromis dans cette "dernière ligne droite".

"Nous soutenons depuis longtemps que ce serait plus productif", a souligné lundi le porte-parole de la diplomatie américaine. "Toutefois les pourparlers vont demeurer indirects, à la demande de l'Iran", a-t-il regretté.

« A cinq minutes »

La Russie a estimé qu'il s'agissait de la "dernière étape" des négociations. "Nous sommes à cinq minutes de la ligne d'arrivée", a affirmé son négociateur Mikhaïl Oulianov dans un entretien publié lundi par le quotidien russe Kommersant.

Selon lui, un "projet de document final" de vingt pages a été mis au point et peut servir de "base" pour "conclure assez rapidement" les discussions, même si "plusieurs points" doivent encore être débloqués.

De son côté, Téhéran a insisté de nouveau sur la priorité qui doit être la suppression des sanctions asphyxiant l'économie du pays.

"L'ordre du jour été précisément défini. Un accord dans lequel les sanctions qui forment la pression maximale ne sont pas levées (...) ne peut pas être la base d'un bon accord", a souligné sur Twitter Ali Chamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, plus haute instance politique, militaire et sécuritaire du pays.

Si Washington persiste à acculer Téhéran, "le chemin des négociations ne sera pas aisé", a-t-il insisté mardi.

Le cas contraire, un accord est possible rapidement, a fait savoir la diplomatie iranienne à plusieurs reprises, tout en refusant d'être tenue par des échéances artificielles. 

Vendredi, Washington avait fait un geste en annonçant le rétablissement des dérogations-clés protégeant de la menace des sanctions américaines les pays et entreprises étrangères impliqués dans des projets nucléaires civils non militaires.


Zelensky annule de façon inattendue son intervention devant le Congrès américain

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP)
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  • Washington est le fournisseur le plus important d'aide militaire à Kiev, ayant engagé des dizaines de milliards de dollars depuis l'invasion russe en février 2022
  • Un vote de procédure, prévu mercredi au Congrès sur un nouveau volet militaire, humanitaire et macroéconomique pour Kiev, devrait sauf grande surprise échouer

WASHINGTON: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annulé de façon inattendue mardi son intervention prévue devant le Congrès américain qui négocie une nouvelle enveloppe très débattue mais capitale pour son pays en guerre.

"Zelensky ne peut pas se rendre à notre briefing à 15H00, quelque chose s'est produit à la dernière minute", a déclaré le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer, sans donner davantage de détails.

Washington est le fournisseur le plus important d'aide militaire à Kiev, ayant engagé des dizaines de milliards de dollars depuis l'invasion russe en février 2022.

Mais la promesse du président démocrate Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l'Ukraine est sérieusement mise en péril, un scénario catastrophe pour Kiev, dont la contre-offensive, décevante, n'a pas apporté les gains territoriaux espérés.

Un vote de procédure, prévu mercredi au Congrès sur un nouveau volet militaire, humanitaire et macroéconomique pour Kiev, devrait sauf grande surprise échouer.

«A court de ressources»

Le Congrès américain, responsable de valider ces gigantesques enveloppes d'aide, a deux chambres.

A la Chambre des représentants, dominée par les conservateurs, une poignée d'élus de droite appellent à cesser immédiatement l'aide à Kiev.

Au Sénat, à majorité démocrate, l'opposition républicaine est plutôt favorable à un soutien à l'Ukraine, estimant qu'elle doit tout de même être conditionnée à des concessions du camp Biden.

Les responsables ukrainiens martèlent qu'il leur faut davantage d'armement pour éviter que les frappes russes ne plongent des millions de personnes dans le noir cet hiver, comme l'an dernier.

La Maison Blanche a elle-même tiré la sonnette d'alarme lundi, assurant que l'aide militaire américaine à l'Ukraine pourrait être coupée net dans les prochaines semaines, faute d'accord budgétaire avec l'opposition républicaine.

"Si le Congrès n'agit pas, d'ici la fin de l'année nous serons à court de ressources pour livrer plus d'armes et d'équipements à l'Ukraine et pour fournir du matériel venant des stocks militaires américains", a écrit la directrice du Budget de la Maison Blanche Shalanda Young.

Aide à Israël

Conscient que le sentiment d'urgence s'est bien émoussé à Washington depuis le début de la guerre, le président Biden avait demandé le 20 octobre de coupler sa demande d'aide pour l'Ukraine -- plus de 61 milliards de dollars -- à une pour Israël, un allié des Etats-Unis, d'environ 14 milliards.

Mais le patron des députés conservateurs demande en plus un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique. Ce que les démocrates, pour l'instant, refusent.

Le speaker Mike Johnson a enfoncé le clou mardi, indiquant dans une lettre à la Maison Blanche qu'aucune nouvelle aide à l'Ukraine ne serait adoptée sans un "changement radical" de la politique migratoire américaine.

Anticipant le risque de lassitude du grand allié américain, le président Zelensky s'était rendu à Washington en personne en septembre, rencontrant Joe Biden mais aussi des élus du Congrès avec lesquels il a eu de longs échanges.

Mais sa visite n'avait pas eu l'effet escompté: embourbé dans une série de crises internes qui ont mené à la destitution du précédent speaker, le Congrès n'avait finalement pas validé de nouveaux fonds pour son offensive.

Les tractations actuelles auront-elles une issue plus favorable?

"Je reste plutôt confiant sur le fait que, malgré la dramatisation du moment, on est plutôt bons sur 2024", a indiqué une source européenne lundi, n'excluant toutefois pas un "blocage", compte tenu des dissensions très fortes au sein du parlement de la première puissance économique mondiale.


En visite au Moyen-Orient, Poutine poursuit son retour sur la scène internationale

Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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  • M. Peskov a confirmé que le président russe évoquerait notamment le conflit israélo-palestinie
  • Entre la pandémie et l'offensive en Ukraine, M. Poutine limite ses déplacements depuis bientôt quatre ans

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine se rend mercredi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite avant de recevoir le président iranien à Moscou jeudi, poursuivant son retour sur la scène internationale en dépit des tentatives occidentales de l'isoler.

Traité en paria par les Occidentaux et visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour la "déportation" d'enfants ukrainiens, Vladimir Poutine réservait jusque-là ses rares voyages à l'étranger à ses plus proches alliés.

Il était par exemple absent des dernières grandes rencontres internationales: le sommet du G20 en Inde en septembre et celui des BRICS en Afrique du Sud en août. M. Poutine avait expliqué éviter ces réunions pour ne pas "causer de problème" aux organisateurs.

Avec l'échec de la grande contre-offensive estivale ukrainienne sur le front, l'absorption du choc des sanctions occidentales par l'économie russe et l'attention internationale focalisée sur Gaza et Israël, M. Poutine semble plus confiant.

Selon le Kremlin, M. Poutine rencontrera aux Emirats le président Mohammed ben Zayed al-Nahyane pour évoquer leurs perspectives de coopération et la situation au Moyen-Orient.

M. Peskov a confirmé que le président russe évoquerait notamment le conflit israélo-palestinien, ainsi que les réductions de la production de pétrole dans le cadre de l'Opep+ dont la Russie est membre.

S'agissant du Proche-Orient, M. Poutine s'est montré critique d'Israël depuis le début de la guerre avec le Hamas, dénonçant la "catastrophe" humanitaire à Gaza et appelant à la création d'un Etat palestinien. Un message qu'il devrait marteler lors de ce déplacement dans le monde arabe.

Lors d'un sommet virtuel du G20 à ce sujet fin novembre, il avait accusé les Occidentaux de faire preuve d'indignation sélective en dénonçant son offensive en Ukraine, les interpellant sur l'"extermination des civils en Palestine".


L'UE met en garde la Chine sur le déséquilibre des échanges, avant un sommet à Pékin

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Photo, AFP).
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  • Le déficit commercial de l'Union européenne avec la Chine a doublé en deux ans pour atteindre le chiffre record de 390 milliards d'euros en 2022
  • Mme von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel sont attendus jeudi à Pékin

BRUXELLES: L'Union européenne ne tolérera pas indéfiniment un déséquilibre de ses échanges avec la Chine, a mis en garde mardi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, tout en affirmant sa préférence pour "des solutions négociées", à deux jours d'un sommet à Pékin.

"Les dirigeants européens ne toléreront pas dans la durée un déséquilibre dans les échanges commerciaux", a-t-elle déclaré dans un entretien à Bruxelles avec l'AFP, au nom de la European Newsroom, qui regroupe des agences de presse européennes.

"Nous avons des outils pour protéger notre marché", a-t-elle poursuivi, tout en disant sa préférence pour "des solutions négociées".

Mme von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel sont attendus jeudi à Pékin pour un sommet entre l'UE et la Chine.

Un rééquilibrage de ces échanges est aussi dans l'intérêt de la Chine, a-t-elle souligné, ajoutant que Pékin devait maintenant "soigneusement examiner" les options qui sont sur la table.

Ce sommet UE-Chine est un "sommet des choix", a-t-elle insisté, et "plusieurs choix positifs peuvent être décidés pour améliorer la situation".

Le déficit commercial de l'Union européenne avec la Chine a doublé en deux ans pour atteindre le chiffre record de 390 milliards d'euros en 2022, a souligné Mme von der Leyen.

Le "déséquilibre est visible", les exportations chinoises vers l'UE sont trois fois plus importantes que celles de l'UE vers la Chine, a fait remarquer la responsable allemande.

"En d'autres termes, quand vous avez trois containers venant de Chine vers l'Europe, deux d'entre eux repartent à vide" vers la Chine, a-t-elle souligné.

La croissance chinoise ralentit et plusieurs experts s'interrogent sur la marge de manoeuvre des Européens pour obtenir un rééquilibrage significatif des échanges entre les deux géants commerciaux.

Ce ralentissement de l'activité en Chine a eu des conséquences pour l'économie globale, a reconnu Mme von der Leyen.

Des acteurs importants ont fermé leur marché et cela a eu des conséquences "énormes" pour le marché européen, a-t-elle expliqué, soulignant aussi le problème des "surcapacités" de production en Chine et des subventions.

L'UE pour une «concurrence loyale»

"Nous allons discuter de ces sujets, avec des faits et des chiffres, et sur la manière de rééquilibrer le commerce entre l'UE et la Chine", a indiqué la présidente de la Commission, qui se rend en Chine pour la seconde fois cette année.

Les entreprises européennes ne peuvent accéder librement au marché chinois, a encore déploré Mme von der Leyen, en raison d'un "traitement préférentiel" accordé aux entreprises chinoises.

"Nous examinerons aussi les subventions déguisées, directes ou indirectes, en faveur des entreprises chinoises", a-t-elle assuré. L'UE défend la "concurrence loyale", y compris lorsqu'il s'agit d'entreprises opérant sur le marché européen, a-t-elle rappelé.

Elle a évoqué à ce propos les voitures électriques produites en Chine, qui font l'objet d'une enquête de la Commission européenne depuis la mi-septembre sur des subventions jugées illégales.

"Nous sommes au beau milieu de cette enquête, donc cela prendra encore du temps", a-t-elle indiqué, sans plus de détail.

Mme von der Leyen et M. Michel vont aussi évoquer avec leurs interlocuteurs chinois, dont le président Xi Jinping, l'Ukraine et la question du contournement des sanctions occidentales. Des entreprises chinoises sont accusées d'aider la Russie à obtenir des produits et technologies utiles à son effort de guerre contre l'Ukraine.

"Nous sommes dans un dialogue intense avec la Chine, et nous leur montrons différents exemples" à ce sujet, a assuré la présidente de la Commission européenne, ancienne ministre allemande de la Défense. "Nous demandons à la Chine d'agir sur ces cas", a-t-elle souligné.

Interrogée sur le rôle de la Chine dans la négociation sur le réchauffement climatique ouverte à Dubaï dans le cadre de la COP28, Ursula von der Leyen a souligné l'importance de la phase actuelle des discussions.

"La façon dont la Chine agira à la COP28 sera un moment décisif", a-t-elle souligné.

La Chine est responsable de 28% des émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement climatique, contre 7% pour l'Union européenne, a-t-elle rappelé.

Mme von der Leyen a aussi l'intention d'évoquer avec ses interlocuteurs chinois le cas des parlementaires européens sanctionnés par Pékin. "J'ai toujours considéré ces sanctions comme injustifiées", a-t-elle affirmé.

Les eurodéputés français Raphaël Glucksmann et allemand Reinhard Bütikofer, président de la délégation pour les relations avec la Chine du Parlement européen, ont fait l'objet de sanctions de la part de Pékin en 2021, pour avoir dénoncé la répression chinoise contre la minorité musulmane des Ouïghours, dans l'ouest de la Chine.