INTERVIEW : Bill Gates, les vaccins et la lutte contre la COVID-19

Illustration de Luis Grañena.
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Publié le Mercredi 01 juillet 2020

INTERVIEW : Bill Gates, les vaccins et la lutte contre la COVID-19

  • Hassan Damluji, directeur adjoint de la Fondation Bill & Melinda Gates, dresse un tableau inquiétant sur la pandémie de COVID-19.
  • La Fondation Bill & Melinda Gates est l'organisation philanthropique de plusieurs milliards de dollars créée par le fondateur de Microsoft et son épouse.

Hassan Damluji, le directeur adjoint de la Fondation Bill & Melinda Gates, expose un point de vue franc et peut-être pessimiste sur la pandémie de coronavirus qui a bouleversé la vie de tous.

« Certaines personnes pensent que tout est fini et que la maladie est peut-être en train de reculer dans leur pays. Mais en réalité, au niveau mondial, le tableau est très inquiétant », confie-t-il à Arab News. « Nous sommes au milieu de la troisième vague. »

La Fondation Bill & Melinda Gates est l'organisation philanthropique de plusieurs milliards de dollars créée par le fondateur de Microsoft et son épouse. Cette fondation est aujourd'hui l'un des protagonistes les plus importants dans la lutte contre le virus.

« La première vague a frappé la Chine, d'autres pays étaient alors relativement peu touchés. La Chine a eu de gros problèmes alors que d'autres pays sous-estimaient le risque », explique Damluji. « La deuxième vague a vraiment touché les pays les plus riches du monde, en Europe, en Amérique du Nord, mais aussi en Asie de l'Est. Cette vague est en train de diminuer, bien que le nombre de cas en Amérique soit encore assez élevé. La troisième vague touche maintenant les pays à revenus moyens et faibles, en particulier l'Amérique latine qui est au centre de la pandémie, mais aussi le Pakistan qui se trouve dans ma région et que je suis donc de près, et également toute l'Afrique, où on a constaté une augmentation des cas. »

Damluji est directement responsable des activités du fonds au Moyen-Orient, et est donc bien placé pour évaluer la réponse régionale à la crise. Il a récemment participé à un cycle de collecte de fonds de cinq ans pour GAVI, l'alliance mondiale pour les vaccins.

Lors de l'événement, l'Arabie Saoudite a joué un rôle de premier plan et a contribué avec 150 millions de dollars à un fonds qui a finalement atteint 8,8 milliards de dollars, soit environ 1,2 milliard de dollars de plus que ce qui était demandé. Le Royaume s'était précédemment engagé à verser un total de 500 millions de dollars pour des activités de lutte contre les virus lors d'une réunion du G20 à Riyad. Des efforts appréciés par Damluji.

"C'était très généreux, et cela a constitué un lancement vraiment puissant pour la collecte de fonds, dit-il. Les Saoudiens sont arrivés tôt. Ce n'était pas seulement le fait qu'ils investissaient de l'argent qui était puissant, mais le fait qu'ils envoyaient un signal que d'autres avaient l'obligation de suivre. Il s’agit d’un excellent exemple de leadership, étant donné que l'Arabie Saoudite est le président du G20 ».

Et d’ajouter : « Cette décision a dépassé les attentes, et nous aurons besoin de davantage de soutien avec ce qui se passe avec le virus. L'Arabie saoudite a vraiment fait un pas en avant en ce qui concerne l'achat de vaccins contre le coronavirus lorsqu'ils seront disponibles ; c'est très important. L'argent collecté par GAVI — dont la Fondation Gates est l'un des principaux contributeurs — sera utilisé pour acheter des vaccins contre le coronavirus lorsqu'ils seront prêts, et les distribuer équitablement dans le monde. »

Par ailleurs, Damluji présente une évaluation des progrès actuels dans la recherche d'un vaccin, une évaluation qui donne à réfléchir.

« En ce qui concerne la mise au point d'outils pour le combattre, nous en sommes encore à la phase de recherche et de développement », explique-t-il. « Les gens veulent savoir à quelle date un vaccin sera disponible, mais la vérité est qu'en matière d'innovation, parfois les choses n'arrivent jamais, parfois elles arrivent beaucoup plus vite qu'on ne le pensait, et parfois elles prennent un chemin détourné. »

« Par exemple, personne ne pensait que le meilleur des mondes serait l'iPhone dans votre poche, pense-t-il. Il est donc très difficile de prévoir comment la R&D va se dérouler. Mais en ce qui concerne des efforts pour créer un vaccin, il est clair qu'il s'agit de l'effort le plus rapide, le plus concerté et le mieux financé. Il existe quelques candidats-vaccin qui ont montré tôt des résultats prometteurs, il y a donc des raisons d'être optimiste. Les premiers que nous voyons, que ce soit celui d'Oxford-AstraZeneca ou d'autres, appartiennent généralement à la même plate-forme technologique, et c'est grâce à cette similitude qu'ils ont pu avancer rapidement. Mais si l'un d'entre eux échoue, ils échoueront probablement tous, parce qu’il s’agit de la même approche de base sur le plan scientifique. »

Pour Damluji, il y a toutefois une lueur d'espoir pour un résultat rapide. « Si nous avons de la chance, plusieurs d'entre eux fonctionneront assez rapidement et, d'ici le milieu de l'année prochaine, nous aurons beaucoup de vaccins sur le marché. » « Mais ce succès n'est pas garanti », prévient-il. « Si nous n'avons pas de chance, aucun d'entre eux ne fonctionnera et nous aurons alors des centaines (de vaccins possibles) sur le marché, selon des calendriers différents. Nous finirons par obtenir un vaccin, mais il est trop optimiste de penser que le milieu de l'année prochaine sera une date définitive. »

Toutefois, il existe un risque que l'attention soit détournée par d'autres maladies infectieuses graves qui affligent le monde, en particulier dans les pays les plus pauvres, pendant que les meilleurs cerveaux scientifiques se concentrent sur la recherche d'un vaccin contre le coronavirus.

Par exemple, la Fondation Gates a investi beaucoup de temps et d'efforts dans une campagne d'éradication de la polio, qui a frappé particulièrement les pays du Moyen-Orient et d'Asie. Elle avait presque gagné la bataille contre cette maladie, quand elle est réapparue comme une menace au Pakistan.

« Il y a un grand risque, affirme Damluji. Les campagnes de vaccination contre la polio au Pakistan, qui compte le plus grand nombre de cas de polio "sauvage", ont cessé depuis plusieurs mois. Nous avions espéré les relancer ce mois-ci, mais le cours de la pandémie au Pakistan — elle n'a pas encore atteint son point culminant — a fait que nous n'avons pas encore relancé ces campagnes. Nous espérons à présent le faire en août ».

« Ainsi, les vaccinations contre la polio au Pakistan viennent de s'arrêter. On pourrait également espérer que certaines des mesures de distanciation sociale contre la COVID-19 réduiraient la transmission d'autres maladies. Mais en réalité, pour la polio en particulier, le programme a été fortement touché, » déplore M. Damluji, ajoutant que les pays en développement avaient du mal à combattre plus d'une maladie grave à la fois. « Dans les pays pauvres, quand on fait plus d'une chose, on en fait moins d'une autre », dit-il. « Lorsque la crise d'Ebola a frappé l'Afrique de l'Ouest, beaucoup plus de personnes sont mortes à cause du manque de disponibilité des services de santé de base, qu’à cause d'Ebola. Il est très probable que l'on observe le même phénomène avec le coronavirus. »

Sur un autre plan, la Fondation Gates et en particulier son fondateur, ont été la cible de certaines théories de conspiration extravagantes depuis que la pandémie a éclaté. Malgré l'engagement de Bill Gates à utiliser les milliards qu'il a obtenus de Microsoft à des fins philanthropiques, et notamment pour lutter contre le coronavirus, certains médias sociaux l'accusent de vouloir dominer le monde.

Damluji, lui, n'a pas de temps à perdre avec les conspirateurs.

« Je pense que cette attitude montre l'importance du journalisme de qualité, déclare-t-il. Dans le monde en ligne, rien ne vous empêche d'écrire ce que vous voulez. Si les gens trouvent quelque chose qu'ils considèrent comme intéressant, ils le diffuseront. Nous avons constaté que généralement, si les sources journalistiques de qualité publient ce type de théories de conspiration, elles les présentent comme quelque chose de très étrange plutôt que comme une réalité, et elles les réfutent. Cela est vraiment rassurant. »

Et de poursuivre : « Toute personne soucieuse de savoir si ces choses sont vraies devrait consulter des sources fiables, et elle ne trouvera que très peu de preuves pour le prouver. Dans « l'ouest sauvage » de WhatsApp, on dit toutes sortes de choses. »

La Fondation Gates se concentre sur les normes éthiques, mais adopte une approche pragmatique du processus de financement. « Notre approche de base est que nous travaillons avec les gouvernements du monde entier, afin de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver des vies et atteindre les objectifs fixés. Beaucoup de gouvernements sont critiqués. Certaines critiquées sont méritées, d'autres non, et cela s'applique à tous les niveaux », confie Damluji.

Il est craint également que, compte tenu de la crise économique mondiale, les contributions aux organisations philanthropiques comme la Fondation Gates diminuent à mesure que les gouvernements et les individus perçoivent la nécessité d'une approche du type « la charité commence chez soi ».

« L'une des choses dont il faut se préoccuper est l'aide à long terme, avertit le directeur adjoint. Pas seulement la philanthropie, mais plus généralement l'aide gouvernementale pour des choses comme la GAVI ou d'autres programmes, qui sauvent des vies et améliorent les moyens de subsistance de la population. Si ceux-ci sont endommagés à long terme, alors il y a des raisons de s'inquiéter. »

« Si ces programmes sont affectés sur le long terme, c'est très préoccupant », poursuit Damluji. « Ce n'est pas à moi de dire si les gouvernements ont raison ou tort. Il y a des équilibres à trouver, et seule une société individuelle peut décider du difficile compromis entre la mort et les dommages économiques. »

Mais il est catégorique sur une chose : les gouvernements du monde entier doivent adopter des politiques pour prévenir une autre pandémie. « Si nous avions mis en place un système de préparation aux pandémies plus solide, nous ne serions pas dans la situation que nous traversons actuellement », affirme-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com le 21 juin 2020.


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.


Quatre banques françaises accusées par des ONG de financer la déforestation en Amazonie

Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
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  • Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance
  • BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG

PARIS: Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil.

Les deux négociants, les géants de l'agroalimentaire américains Bunge et Cargill, ont cumulé 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2024.

Les ONG ont comparé la localisation des zones déforestées en Amazonie, cartographiées par le réseau MapBiomas, qui surveille par satellite l'occupation des sols, et celle des entrepôts de Bunge et Cargill, recensés par les cadastres brésiliens.

Les associations ont remarqué qu'à 273 reprises, ces silos étaient situés à moins de 50 kilomètres de fermes implantées sur des champs déforestés, suggérant que Bunge et Cargill s'y approvisionnent.

Or, entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance.

BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG.

BNP Paribas a indiqué à l'AFP que ses clients devaient avoir mis en oeuvre l'objectif "zéro déforestation" d'ici à fin 2025. "La conformité des clients avec cette politique sera évaluée (...) courant 2026", a indiqué à l'AFP la banque.

En l'occurrence Bunge et Cargill ont pris des engagements pour éliminer la déforestation d'ici à fin 2025.

Côté Société Générale, leur politique de lutte contre la déforestation "inclut des critères d'exclusion spécifiques pour les clients opérant dans les chaînes de valeur du soja en Amérique du Sud", a affirmé à l'AFP l'entreprise.

Crédit Agricole a également indiqué avoir pris des engagements "zéro déforestation", et suivre leur mise en oeuvre auprès des clients.

Le groupe BPCE a lui critiqué vivement le travail des deux ONG, fustigeant des "chiffres invérifiables, sans méthodologie explicite", ni "preuve apportée", et ajoute qu'il "publiera sa démarche sur la déforestation fin 2025".

L'Amazonie joue un rôle majeur contre le réchauffement climatique via l'absorption de carbone. C'est un des principaux thèmes de la COP30 à Belém, au Brésil, qui s'achève vendredi.

Un moratoire signé en 2006 bannit la commercialisation du soja issu de terres déboisées en Amazonie après 2008.

 


Forum sur l'investissement Arabie saoudite - États-Unis: des milliards d'euros de transactions privées, un partenariat technologique et énergétique renforcé

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
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  • La coopération technologique, y compris l'intelligence artificielle et la fabrication avancée, est apparue comme un pilier central du partenariat en pleine évolution
  • Les chefs d'entreprise ont exprimé leur optimisme quant à l'élargissement des opportunités, considérant le partenariat comme une plateforme de croissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée

WASHINGTON D.C. L'élan économique généré par la rencontre à la Maison Blanche entre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Donald Trump mardi s'est rapidement déplacé vers le Forum d'investissement américano-saoudien au Kennedy Center à Washington.

C'est là, mercredi, que les accords gouvernementaux de haut niveau annoncés dans le bureau ovale et lors d'un dîner de gala de la Maison-Blanche la veille se sont rapidement traduits par des accords concrets avec le secteur privé, d'une valeur de plusieurs milliards.

Le forum, organisé par le ministère des investissements d'Arabie saoudite sur le thème "Leadership for Growth : Renforcer le partenariat économique entre l'Arabie saoudite et les États-Unis", a rassemblé des hauts fonctionnaires, des investisseurs et des PDG de certaines des entreprises américaines les plus puissantes.
S'adressant au forum mercredi après-midi, le prince héritier a déclaré que les bases d'un partenariat plus fort entre l'Arabie saoudite et les États-Unis avaient été jetées et que d'autres accords d'investissement dans les domaines de la défense, de l'énergie, de l'IA et des services financiers pouvaient être attendus.

Dans ses propres remarques, le président Trump a déclaré que 270 milliards de dollars d'accords et de ventes étaient signés entre des dizaines d'entreprises. Il a fait l'éloge du prince héritier, le qualifiant de dirigeant audacieux qui s'est engagé dans la relation entre l'Arabie saoudite et les États-Unis.

M. Trump a également déclaré qu'il commencerait à "travailler" sur la guerre au Soudan après que le prince héritier lui a demandé d'aider à mettre fin au conflit, qui fait rage depuis avril 2023 et qui a pris une tournure plus sombre le mois dernier après la chute d'El-Fasher.

"Sa majesté aimerait que je fasse quelque chose de très puissant en rapport avec le Soudan. Ce n'était pas dans mon programme, je pensais que c'était quelque chose de fou et d'incontrôlable", a déclaré M. Trump.

"Mais je vois à quel point c'est important pour vous, et pour beaucoup de vos amis dans cette salle, le Soudan. Et nous allons commencer à travailler sur le Soudan".

Lors de l'ouverture du forum mercredi matin, le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a souligné l'ampleur de la coopération entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, annonçant que l'événement donnerait lieu au lancement "d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars".

"Hier, à la Maison Blanche, nous avons assisté à la signature d'une série d'accords stratégiques G2G dans plusieurs secteurs verticaux, notamment la défense, l'IA, les chaînes d'approvisionnement en minerais et en métaux critiques, entre autres", a déclaré M. Al-Falih.

Il a déclaré que la visite du prince héritier à Washington démontrait "la force du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis et notre ambition commune."

M. Al-Falih a ajouté qu'une "étape importante" avait été franchie lors de la discussion de mardi concernant le "cadre stratégique américano-saoudien sur l'accélération des investissements, un mécanisme qui soutient les approbations d'investissements en temps opportun entre nos deux pays".

"Aujourd'hui, nous assisterons également, une fois de plus, au lancement d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, soulignant ainsi la force de notre partenariat et de notre ambition commune."

Le ministre de l'investissement a souligné que les États-Unis sont le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, "un dollar sur quatre investis par des investisseurs internationaux dans le Royaume d'Arabie saoudite provenant des États-Unis".

Le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, qui s'est adressé au forum après M. Al-Falih, a ajouté que les accords récemment finalisés "ouvrent la voie aux entreprises américaines pour qu'elles deviennent des leaders mondiaux (en) matière d'innovation, de sécurité et de déploiement".

L'événement a été conçu pour consolider les dimensions économiques de l'alliance en alignant les ambitions d'investissement saoudiennes - en particulier celles qui sont à l'origine de la transformation Vision 2030 - sur l'innovation et la technologie américaines.

Il a souligné l'importance stratégique de la technologie, en particulier de l'intelligence artificielle, en tant que pierre angulaire du nouveau partenariat.

Après la signature officielle du partenariat stratégique sur l'intelligence artificielle entre le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, et le secrétaire d'État américain Marco Rubio, les deux parties ont affirmé qu'il s'agissait d'une étape historique pour faire progresser l'innovation et le progrès technologique.

Ce partenariat vise à tirer parti des avantages concurrentiels de l'Arabie saoudite en termes de terres disponibles, de ressources énergétiques et de situation géographique pour créer des pôles technologiques d'intelligence artificielle répondant à la demande locale, régionale et mondiale.

La collaboration englobe la fourniture de semi-conducteurs avancés, le développement d'applications et d'infrastructures d'IA avancées, le renforcement des capacités nationales et l'expansion des investissements à forte valeur ajoutée.

Le secteur privé a immédiatement tiré parti de cette orientation en créant d'importantes coentreprises. Advanced Micro Devices, Cisco Systems et la startup saoudienne Humain ont annoncé la création d'une coentreprise pour construire des centres de données au Moyen-Orient.

Cette initiative débutera par un projet de centre de données de 100 mégawatts en Arabie saoudite.

Le PDG de Humain, Tareq Amin, a confirmé que la startup de vidéo générative Luma AI a déjà signé un contrat pour acheter la totalité de la capacité de ce premier cluster, dont la construction est prévue pour 2026 et qui utilisera une énergie entièrement renouvelable.

La coentreprise vise à construire jusqu'à un gigawatt de nouveaux centres de données d'ici 2030 pour desservir un marché massif couvrant l'Asie, l'Europe, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Elon Musk, PDG de Tesla, et Jensen Huang, PDG de Nvidia, ont également participé à une discussion sur les progrès de l'IA. Elon Musk a confirmé par la suite que son entreprise d'IA, XAI, et l'Arabie saoudite travaillaient sur un projet de 500 mégawatts avec Nvidia.

En marge du forum, Wassim Chourbaji, président du Moyen-Orient et de l'Afrique pour Qualcomm, a déclaré à Arab News : "L'ambiance est très positive. Le partenariat est excellent et solide. Je vois des opportunités à long terme.

"Dans le cas de Qualcomm, nous avons annoncé la création d'un centre d'ingénierie de l'IA dans les locaux de Humain. Nous avons annoncé un partenariat avec Humain et Adobe pour exécuter tout le contenu créatif sur notre solution de centre de données avec Humain.

"Nous avons annoncé précédemment la mise en place de nos puces et solutions d'IA les plus avancées avec Humain dans le Royaume d'Arabie saoudite pour construire ce que l'on appelle l'IA hybride... Et l'autre partie est la partie industrielle, où l'IA transforme les industries, y compris le pétrole et le gaz."

Le secteur de l'énergie, qui constitue traditionnellement le socle de la relation, a connu un regain d'intérêt pour les investissements à long terme. Amin Nasser, PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, a annoncé que l'Arabie saoudite signerait des accords dans le secteur de l'énergie avec les États-Unis pour un montant de 30 milliards de dollars.

En outre, un accord important a été annoncé pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement en minerais essentiels, un pilier clé de la Vision 2030.

MP Materials, qui exploite la seule mine américaine de terres rares, s'associe au ministère américain de la défense et à la société minière saoudienne Maaden pour construire une raffinerie de terres rares en Arabie saoudite.

Cette coentreprise vise à développer le traitement au Moyen-Orient de ces minéraux critiques, qui sont essentiels pour les avions de chasse, les véhicules électriques et d'autres technologies clés.

La Chine domine actuellement le raffinage mondial, et cette nouvelle installation représente un effort coordonné pour trouver d'autres sources d'approvisionnement stables.

En vertu de l'accord, l'entreprise commune entre MP et le ministère américain de la défense détiendra une participation combinée de 49 % dans la raffinerie saoudienne, Maaden détenant les 51 % restants.

L'installation raffinera des terres rares lourdes et légères qui seront utilisées par les industries manufacturières et de défense américaines et saoudiennes et vendues aux pays alliés.

De plus petites entreprises étaient également représentées au forum afin de trouver des moyens de pénétrer le marché saoudien dans des domaines aussi divers que le sport et le divertissement.

Nicholas Cooper, fondateur et PDG de Convergenz, société spécialisée dans les infrastructures de divertissement et de création, a déclaré à Arab News : "Il est très excitant d'être présent au forum d'investissement pour une raison essentielle.

"Je pense que beaucoup de gens sont venus en Arabie saoudite pour prendre, et mon objectif est de pouvoir apporter une valeur ajoutée.

"Je reconnais qu'il existe actuellement un positionnement unique permettant de jeter un pont entre les mondes de la technologie, du style de vie et du divertissement, et de contribuer réellement à influencer la culture. Mais surtout, j'aimerais apporter une valeur ajoutée à la prochaine génération.